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en d'autres endroits de la Grece. Les Calliftes, ainsi nommées parce que les femmes s'y difputoient le prix de la beauté, étoient particulieres à l'Ifle de Lefbos. Les Carnées, dont parlent Herodote (1) & Thucydide (2), fe celebroient furtout chez les Lacedemoniens, en l'honneur d'Apollon Carnéen ; & les Caries en l'honneur de Diane, furnommée Cariatis. Les Charities étoient la Fête des Graces. Les Ciffotonies, ainsi nommées du lierre qu'on portoit à cette Fête, instituée en l'honneur d'Hebé, Déeffe de la jeunesse. Les Corées étoient la Fête de Proferpine, nommée Coré. Les Corybantiques étoient celebrées dans l'Ifle de Crete, en l'honneur des Corybantes, dont nous parlerons en fon lieu. Les Chronies, celebrées à Athenes à l'honneur de Saturne, étoient à peu près les mêmes que les Saturnales des Romains. Cynophoris étoit une Fête d'Argos celebrée aux jours caniculaires, pendant laquelle on tuoit tous les chiens; ce qui donna le nom à cette Solemnité.

(1) Liv. 7. ( 2 ) Liv. 5.

Dades, Fête qui prenoit fon nom des torches (3) qu'on y (3) dáídos. allumoit, durant trois jours le premier étoit en memoire des douleurs de Latone lorfqu'elle accoucha d'Apollon ; le fecond étoit pour honorer la naiffance de Glycon, & des Dieux; & le troifiéme en faveur des noces de Podalirius & de la mere d'Alexandre. Les Dedales dont parle au long Paufanias (4), étoient de deux fortes: les petites, que les Pla- (1) In Beot, téens celebroient tous les ans ; & les grandes, qui n'étoient celebrées que tous les foixante ans, en memoire de l'exil des Platéens, qui avoit duré un pareil nombre d'années. Les Argiens avoient une Fête nommée Daulis, pour renouveller le fouvenir du combat de Protus contre Acrifius. A Egine étoit la Fête nommée Delphinie, en l'honneur d'Apollon de Delphes. Les Delies devoient leur origine à Thefée, lorsqu'à fon retour de Crete, il plaça dans un Temple la Statue de Venus, qu'Ariadne lui avoit donnée.

Les Ephefties étoient des Fêtes de Vulcain, où trois jeunes garçons portant des torches allumées, couroient de toute leur force, & celui qui atteignoit le but le premier fans avoir éteint fa torche, gagnoit le prix deftiné à cette course. Les Epheftries, qu'on celebroit à Thebes, avoient quelque chose Tome I.

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de bien fingulier. On habilloit le Devin Tirefias en femme, puis on le deshabilloit, & on lui donnoit un autre habit, pour marquer qu'il avoit changé de fexe, comme nous le dirons dans fon hiftoire ; & comme Epheftrie fignifie une forte d'habit, une espece de furtout, ce mot devint celui de la Fête.

Il arrivoit souvent auffi que les Fêtes des Grecs tiroient leur nom du lieu où elles étoient celebrées. Les Gerefties, Fêtes de Neptune, étoient ainsi nommées de Gerefte, bourg de l'Eubée. Les Ithomées, pendant lefquels les Muficiens jouoient à l'envi de leurs inftrumens en l'honneur de Jupiter, tiroient leur nom d'un lieu nommé Ithome. Les Geronthées, Fêtes du Dieu Mars, du lieu appellé Geronthé, ainsi de plufieurs autres.

Quelquefois elles prenoient leur nom de la chofe qu'on y offroit aux Dieux. Les Hecatombées, étoient ainsi appellées, parce qu'on y immoloit cent boeufs. Les Galexies, Fêtes d'Apollon, parce qu'on offroit à ce Dieu une bouillie d'orge & de lait. Les Hecatonphonies, marquoient chez les Lacedemoniens qu'ils avoient tué cent de leurs ennemis. Les Elaphobolies, dans laquelle on immoloit à Athenes des cerfs à Diane, , parce que ce mot fignifie que cette Déeffe les tuoit à la chaffe.

Plus fouvent encore des Dieux ou des Heros en l'honneur defquels elles étoient inftituées; ainfi on voit bien, fans qu'il foit befoin de s'étendre fur ce fujet, que les Heraclées étoient les Fêtes d'Hercule, les Hermées, les Fêtes de Mercure; les Hyacinthinées, la folemnité ou le deuil que les Lacedemoniens celebroient en l'honneur d'Hyacinthe. Les Eumenides, les Fêtes des Furies : les Erotides, celles de l'Amour, ou de Cupidon; c'étoient les Thefpiens qui celebroient cette Fête: les Iolées, celles d'Iolaus, compagnon d'Hercule: les ljées, celles d'Ifis. Les Leonidées, celles de Leonidas. Les Inoées, celles d'Ino. Les Limnatides, celles de Diane furnommée Limnatis. Les Linies, celles de Linus. Les Lycurgies, celles de Lycurgue. Les Mufées, celles des Mufes. Les Pelopies, étoient les Fêtes de Pelops; les Paufanies, celles de Paufanias, Roi de Sparte: les Promethées, celles de Promethée. Les Proteft lées, celles de ce Protefilas qui fut tué fur le rivage de Troye

Les Pofidonies, celle de Neptune, furnommé par les Grecs Pofeidon. Les Titanies, celles des Titans; les Trophonies, celles de Trophonius. Les Thefeides, celles de Thefée; les Diocléides, celles du Heros Dioclès, fans parler d'une infinité d'autres.

Enfin elles prenoient leur dénomination des furnoms des Dieux; comme les Eleutheries, de Jupiter Eleutherien, ou Liberateur; les Dystinnies, de Diane Dyetinne, & plufieurs

autres.

Voici deux Fêtes qui demandent un peu plus de détail. La premiere étoit les Daphnephories, qui fe celebroient tous les neufs ans. On mettoit un Globe de cuivre fur une branche

d'Olivier, duquel pendoient plufieurs autres petits Globes : le premier defignoit le Soleil, ou Apollon; le fecond, un peu plus petit, defignoit la Lune; & les autres, les Etoiles. Les couronnes qui environnoient ces Globes, marquoient les jours de l'année. Cette branche ainfi ornée étoit portée en pompe par un jeune homme, qui tenoit auffi en main une branche de laurier, & pour cela étoit nommé Daphnephore. Ce jeune homme, choifi parmi les meilleures familles, devoit être bien fait, fort & robufte, comme nous l'apprend Paufanias (1). La feconde étoit la Fête de la flagellation, nommée Diamaftigote par les Grecs. Tertullien qui en parle, dit qu'à Lacedemone, où cette Fête étoit celebrée, les jeunes enfans de la premiere Nobleffe, fe tenoient devant l'Autel, où en prefence de leurs parens ils étoient fouettés avec tant de cruauté, que quelquefois ils en mouroient, & cela fans fe plaindre, ni donner la moindre marque d'impatience: ceux qui étoient les victimes de cette barbarie, étoient couronnés avant que d'être mis en terre. Dans la fuite on fe contentoit de fuftiger ces jeunes gens, jufqu'au premier fang. Pendant la ceremonie le Prêtre tenoit à la main une Statue de Diane, très-legere; mais qu'il difoit s'appefantir lorfqu'on fe relâchoit durant cette operation.

Les Dionyfiaques étoient auffi des Fêtes celebres, non feulement à Athenes, mais auffi dans toute la Grece; leur nom marque affez qu'elles étoient inftituées en l'honneur de Bacchus, nommé Dionyfus. Elles fe divifoient en grandes, en petites, en anciennes & en nouvelles ; & chacune avoit des fingularités qui les diftinguoient: dans toutes, regnoient la

(1) In Beot.

licence & la debauche. Će Dieu avoit auffi plufieurs autres Fêtes, comme, les Triéterides, ainfi nommées parce qu'on les celebroit tous les trois ans ; on les appelloit à Rome les Triennales, pour la même raifon.

Le jour de la Dedicace de chaque Temple, étoit celebré par une Fête particuliere, qu'on nommoit les Encenies. Les quatre Saifons de l'année avoient auffi leurs Fêtes, qu'on nommoit Horées, du nom grec des Saifons, ; & dans chacune de ces Fêtes on faifoit un repas folemnel des fruits de la terre. A chaque nouvelle Lune fe faifoient les Fêtes nommées Neomenies. Les Fêtes des morts, étoient appellées les Nemifees, parce qu'on croyoit que la Déeffe Nemefis prenoit foin d'eux. Au mois de Janvier, étoit la Fête des noces, celebrée en l'honneur de Junon Gamelia, qui prefidoit aux mariages. C'eft de cette Fête que le mois auquel elle fe celebroit, a pris le nom de Gamelion.

La Fête des Lampes fe celebroit trois fois l'an. La premiere s'appelloit Athenée, la feconde Hepheftiée ou Vulcanie, & la troifiéme Promethée. La ceremonie confiftoit fut-tout à allumer des Lampes pendant la nuit. Celle qu'on celebroit à Pellene en l'honneur de Bacchus, & dans laquelle on allumoit aussi des Lampes, étoit nommée les Lampteries. Les Egyptiens du temps des Ptolemées, avoient une Fête qu'on nommoit la Enophorie, parce que ceux qui devoient affister au feftin qu'on faifoit dans le temps de cette Fête, portoient à la main des bouteilles de vin. Les Pelories, celebrées par les Thessaliens, & inftituées par Pelorus, avoient beaucoup de rapport avec les Saturnales: les maîtres y fervoient leurs valets à table, comme dans les Chronies celebrées à Athenes en l'honneur de Chronos ou Saturne. Les Sabafies étoient des Fêtes nocturnes en l'honneur de Jupiter Sabafien, ou de Bacchus qui avoit le même furnom ; nous examinerons ce que ce mot fignifioit, dans l'hiftoire des myfteres de Mithras. Les Thargelies, Fête qui donna fon nom au mois Thargelion, qui repond à notre mois d'Avril, étoient diftinguées des autres par le Sacrifice de deux hommes, ou d'un homme & d'une femme, qu'on avoit foin d'engraiffer auparavant. Les Plynteries étoient des jours de Fête de Minerve, qu'on croyoit malheureux, &

pendant lefquels, felon Xenophon, on fermoit les Temples de cette Déeffe. Il étoit défendu expreffement de travailler. à quelqu'ouvrage que ce fut, pendant les jours que devoit durer cette Fête, même en cas de neceffité. Il étoit permis alors, par la Loy de Solon, de jurer par les trois noms de Jupiter, propice, expiateur, & défenfeur.

Telles étoient les principales Fêtes des Grecs: celles dont je n'ai point fait mention, font refervées pour l'hiftoire des Dieux ou des Heros, dont je parlerai dans la fuite. Ainfi on trouvera la defcription des Panathenées & des Pan-Hellenies dans l'Hiftoire de Minerve; les Olympies dans la defcription de ces Jeux ; les Leontiques dans les myfteres de Mithras, dont elles faifoient partie; les Eléufines, & Thefmophories, dans l'hiftoire de Cerès; les fêtes Egyptiennes, à la fuite de l'article d'Oliris, &c.

Le Calendrier Romain étoit encore plus chargé de Fêtes que celui des Grecs (a), puifqu'outre celles qu'ils en avoient empruntées, ils en avoient inftitué plufieurs inconnues aux autres Peuples: commençons par celles qu'ils avoient prises

des Grecs.

,

Fêtes des

Romains,

Comme ceux-ci celebroient les Chronies en l'honneur de Saturne, les Romains avoient leurs Saturnales qui furent cele brées pour la premiere fois, au mois de Decembre, l'an de Rome 157. Pendant cette Fête, fi nous en croyons Accius, cité par Macrobe, qui a décrit fort au long cette Fête (1), le (1) L. Sar. Senat ne s'affembloit point & les Ecoles publiques étoient 7fermées. Tout le monde prenoit le bonnet nommé Pileus pour marque de la liberté, & des habits particuliers à cette Fête. On fe régaloit; on s'envoyoit des prefens; les Maîtres fervoient les valets à table, & les traitoient magnifiquement: enfin tout refpiroit la liberté, & rappelloit le fouvenir du fiécle d'or, pendant lequel Saturne avoit regné, & où tout étoit commun. Selon Macrobe que nous venons de citer, cette Fête commençoit anciennement le 14. avant les Kalendes de Janvier; mais lorfque Cesar eut ajoûté deux jours à ce mois, elle fut reculée au 16.

La Fête nommée Jovialia, étoit la même que celle que (a) Voyez pour cet article Qvide, Rofinus; Beger, & Demfpterus.

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