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les Grecs appelloient Diafia, & elle fe celebroit en l'honneur de Jupiter. Les Megalefes, chez l'un & l'autre Peuple, étoient inftituées en l'honneur de Cybele, ou de la grande Mere. Les Romains qui celebroient cette Solemnité au mont Palatin, près du Temple de cette Déeffe, y avoient ajoûté deux jours, nommés Megalefiens.

La Fête Heria, que les Grecs avoient établie en l'honneur 'de Junon, fe nommoit à Rome, Junonia, & étoit la même. Les Cereales & les Ambarvales des Romains, étoient auffi les mêmes que les Demetries & les Thefmophories des Grecs, & les unes & les autres, des Fêtes de Cerès ; comme les Mangelies de ceux-là étoient les Panathenées des Grecs en l'honneur de Minerve; les Mercurialia des Romains, les mêmes que les Hermia des Grecs. Chez l'un & chez l'autre Peuple, les Orgies, les Triéteries, les Nyctilées & les Bacchanales, étoient les Fêtes de Bacchus. Mais parce qu'à l'occasion de ces dernieres Fêtes les Romains firent quelques changemens, il eft bon de les indiquer. D'abord ils ne celebroient leurs Bacchanales, que trois fois l'année; enfuite on les folemnifa (1) Quatrié tous les mois. Voici ce qu'au rapport de Tite-Live (1), Hifme Dec. L. 9. pala Fecenia, Affranchie, declara fur cela au Conful Pof

thumius.

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de

jour.

Dans les premiers temps, lui dit-elle, les Bacchanales » n'étoient celebrées que par des femmes, fans qu'on y ad» mît aucun homme. Il y avoit trois jours de l'année, choi» lis pour initier à ces myfteres, & la ceremonie s'en faifoit Les Matrones choififfoient entre elles les Prêtreffes qui devoient y prefider. Paculla Minia changea tout; initia »fes deux fils, fit faire la ceremonie la nuit, & au-lieu de trois jours, elle en établit cinq dans chaque mois de l'année. Ce mêlange d'hommes & de femmes, donna lieu à des defordres affreux, & s'il fe trouvoit quelqu'un dans la to compagnie qui en marquât de l'horreur, on l'immoloit » comme une victime agreable au Dieu qu'on honoroit, ou on le faifoit difparoître par le moyen de quelque machine, » & on publioit qu'il avoit été enlevé dans le ciel.

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» Pendant cette Fête, c'est toujours le recit de l'Affranchie, » les hommes contrefaifant les infenfés, & faifant divers

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» mouvemens de leur corps, prédisent l'avenir, pendant que
» les femmes vêtues en Bacchantes, & toutes échevelées
> courent vers le Tybre, des torches allumées à la main,
qu'elles plongent dans le fleuve, où elles ne s'éteignent
point, parce qu'elles font faites avec du fouphre & de la
chaux. Le Senat, pour remedier à ce defordre, fit un
Decret qui fupprima la celebration de ces infames mysteres
dans Rome, & dans toute l'Italie; mais on conferva les Li-
berales, autre Fête de Bacchus, furnommé Liber Pater, qu'on
folemnifoit le 17. de Mars, parce qu'elles étoient moins
licentieufes. On y offroit une liqueur, compofée de miel
qu'on jettoit au feu.

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(1) Liv. 1. 5.

(2)

in Rom. (3) Liv. 43. 8.

Les Lupercales étoient celebrées également en Grece & à Rome, en l'honneur de Pan. Ce fut Evandre, au rapport de Tite-Live (1), de Plutarque (2), & de Juftin (3), qui en apporta les ceremonies d'Arcadie en Italie. Les jeunes gens, pendant cette Fête, couroient tout nuds, tenant des fouets à la main, frappant indifferemment tous ceux qu'ils rencontroient. Les femmes, même celles de qualité, croyant que ces coups de fouët avoient la vertu de les rendre fecondes, ou de les faire accoucher heureufement quand elles étoient enceintes, s'approchoient pour les recevoir. Valere Maxime (4) prétend que cette Fête ne commença que du temps (4) L. 11.0.2. de Romulus, à la perfuafion du Berger Fauftulus. Dans la premiere celebration on immola des chevres au Dieu Pan. Les Bergers qui y étoient invités, s'étant échauffé la tête dans le feftin, fe partagerent en deux bandes, & coururent en folâtrant, revêtus des peaux des victimes qu'on venoit d'immoler. Pour rendre cette Fête plus folemnelle, les Romains avoient établi deux Colleges de Luperces, nommés les Fabiens, & les Quintiliens; dans la fuite on en créa un troifiéme en l'honneur de Cefar, encore vivant.

Les Efculapies des Romains, les Mufees, les Anaces, & quelques-autres, étoient des Fêtes empruntées des Grecs, que les uns & les autres celebroient en l'honneur d'Efculape, des Diofcures, & des Mufes. Parlons maintenant de celles qui étoient d'inftitution Romaine.

Les Agonales, ou Agonies, inftituées par Numa Pompilius,

fe celebroient trois fois l'année, le 11. de Janvier, le 21. de Mai, & le 13. Decembre. On croit communément que Janus étoit l'objet de cette Fête; cependant Feftus dit que c'étoit le (1) L. 1.de Dieu Agonius. Varron nous apprend (1) qu'on y immoloit un Ling. Lat. Belier. L'étymologie du nom de cette Fête eft contestée. Il y en a qui penfent qu'elle étoit tirée de la Formule que prononçoit le Prêtre avant que de facrifier, Agon', ferai-je ? D'autres prétendent que ce nom vient du mont Agon où l'on celebroit cette folemnité; mais l'opinion la plus fuivie, & qui eft celle d'Ovide, eft que cette Fête fut ainsi nommée, à caufe des Jeux, ou plûtôt des combats qui l'accompagnoient, que les Grecs nomment ayvas.

Les Angeronales, Fête d'Angerona, Déeffe du filence, comme Harpocrate en étoit le Dieu parmi les Grecs, fe celebroient le 21. Decembre.

L'Armiluftre, Fête du dix-neuvième jour d'Octobre, avoit cela de particulier, qu'on étoit tout armé au Sacrifice qu'on y offroit. On confond fouvent cette folemnité avec celle que celebroient les Saliens, Prêtres du Dieu Mars, & pendant laquelle ils portoient les Anciles, qui étoient de petits boucliers, dont je parle ailleurs : mais il faut les diftinguer, 1o. Parce que cette derniere Fête arrivoit le deux de Mars, 2°. On jouoit de la flûte à la fête de l'Armiluftre, & de la trompette à celles des Anciles.

Les Caprotines, celebrées le neuf Juillet, étoient une Fête de Junon furnommée Caprotine, où il n'y avoit que des femmes pour Miniftres des Sacrifices. Les Servantes, pour qui on la celebroit, couroient pendant cette folemnité, & se battoient à coups de poing & de fouët.

Celle des Carmentales, celebrée le quinze Janvier, étoit pour les Meres de famille. Je parle ailleurs de la Prophetesse Carmenta, mere d'Evandre.

Dans les Charities, dont la fête tomboit au onziéme des Calendes de Mars, les parens s'affembloient, & se faifoient des prefens les uns aux autres.

Comme les Caprotines étoient pour les Efclaves du fexe, les Compitales, ou la fête des Carrefours, inftituée par le vieux Tarquin, étoit celle des hommes Efclaves, qui feuls pouvoient

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affifter, & y offrir les facrifices aux Genies des carrefours, en l'honneur de qui fe faifoit la fête (1).

Les Confuales, dediées au Dieu Confus, étoient célebrées dans une Chapelle foûterraine du Cirque, confacrée à cette Divinité. Pendant ce jour-là les chevaux & les mulets ne travailloient point. Cette fête, comme la plupart des autres, avoit des jeux, ainfi que des facrifices & des libations.

Dans les Faunales, celebrées aux Nones de Decembre en l'honneur de Faunus, on immoloit des boucs, & on faifoit des libations de vin : c'étoit au milieu des bois qu'on s'affembloit pour cela.

Les Ferales, qu'Ovide dit avoir été inftituées par Enée, étoit une fête des Morts, dans laquelle on portoit aux fepulcres des viandes, pour y célebrer un festin.

Les Fontinales, ainfi nommées parce que ce jour-là on jettoient dans les fontaines des couronnes, qu'on mettoit sur la tête des enfans, tomboient le 13. d'Octobre.

Les Fordicales, du mot forda, qui veut dire, une vache pleine, arrivoient le 15. d'Avril, & on immoloit une vache avant qu'elle eût mis bas.

Les Fornacales, qui devoient leur inftitution à Numa Pompilius, & qu'on célebroit le 12. avant les Kalendes de Mars, étoient une fête au jour de laquelle on mettoit de la farine dans une fournaife, en l'honneur de la Déeffe Fornax.

Comme Laverna étoit parmi les Grecs la Divinité des voleurs, Furina l'étoit chez les Romains, qui avoient inftitué une Fête en fon honneur, nommée Furinalia, qu'on célebroit, felon Rofin, le 12. des Kalendes de Juillet. Le Prêtre de cette Déeffe étoit appellé Flamen Furinalis. Elle avoit auffi un Bois facré, dans lequel, au rapport de Plutarque, C. Grac

chus fut tué.

Les Hilaries, dont le nom marque affez que la fête étoit gaye, fe célebroient en l'honneur de Cybele, le 8. avant les Kalendes d'Avril. On y portoit fes plus beaux habits; on y changeoit même ceux de fa condition, contre ceux d'une autre, & on faifoit conduire devant foi, ce qu'on avoit de plus beau & de plus fingulier dans fa maison.

Les Laurentales, inftituées en l'honneur d'Acca Lauren-
Tome I.
Oo

(1) Denys

d'Hal. liv.

tia, femme du Berger Fauftulus, & nourrice de Romulus & de Remus, tomboient fur le dixiéme avant les Kalendes de Janvier. Les Pontifes y offroient les facrifices dans le Velabre près du Tybre.

Les Feries Latines ne fe celebroient pas à Rome, mais à Albe, où les villes Latines, au nombre de quarante - fept, avec les Magiftrats Romains s'affembloient, pour y facrifier tous de concert, en l'honneur de Jupiter Latialis, un Taureau, dont chacun après l'immolation, avoit une partie. On offroit auffi du lait, du fromage, & d'autres efpeces de libation, que ceux qui venoient à cette folemnité, y apportoient. D'abord elle ne duroit que deux jours, puis on y en (1) Sat. liv. ajouta un troifiéme, & enfin un quatriéme. Macrobe (1) obferve qu'il n'étoit pas permis de commencer la guerre pendant les jours de cette Ferie, qu'il nomme, après Varron,

I.ch. 16.

y

Latiar.

Les Lemuries étoient établies pour appaifer les Genies malfaifans, qu'on nommoit Lemuria. On croyoit qu'on pouvoit les chaffer des maisons, où ils caufoient de l'épouvante pendant la nuit, en leur jettant des féves.

Les Fêtes Romaines avoient toujours quelque motif de leur inftitution; on y demandoit aux Dieux, ou une bonne récolte, ou quelqu'autre bien. On y appaifoit ceux qu'on croyoit avoir offenfés; on vouloit détourner les maux dont on étoit menacé, comme on peut l'avoir jugé par l'hiftoire de celles dont je viens de parler. Souvent c'étoit pour se reffouvenir d'un bienfait reçu, & telle étoit la Fête nommée les Luceries, mot tiré de Lucus, bois facré. Cette folemnité fe célebroit dans un de ces bois, qui étoit entre la Voye Salarie & le Tybre, en memoire de ce que les Romains pourfuivis par les Gaulois, y avoient trouvé une retraite qui les avoit fauvés: ou bien pour conferver la memoire d'un mauvais évenement ; telle étoit la Fête des Populifugies, établies pour renouveller le fouvenir du jour auquel le Peuple, & les Gardes mêmes de Romulus, avoient pris la fuite, lorfqu'on apprit la Confpiration des Fidenates & des autres peuples Latins, contre les Romains. Quelquefois feulement pour s'exciter à la joye; telle étoit la Fête des Maiames, ainsi nommée, parce qu'on

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