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& un autre dans l'Elide (1). Un à Thebes & à Meroé (2); un (1) Strabon. près d'Antioche, & plufieurs autres. Efculape étoit confulté (2) Herodote. dans la Cilicie, à Apollonie, dans l'Ifle de Cos, à Pergame, à Epidaure, à Rome, & ailleurs. Mercure à Patras, fur l'Hemon, & en d'autres endroits encore. Mars, dans la Thrace, dans l'Egypte & ailleurs. Hercule, à Gadès, à Athenes, en Egypte, à Tivoli, dans la Mefopotamie, où, fuivant Tacite, rendoit fes Oracles par les fonges; ce qui lui avoit fait donner le nom de Somnialis, ainfi qu'on le voit dans une Infcription de Spon, & dans une autre rapportée par Reinefius. Ifis, Ofiris, & Serapis, rendoient de même leurs reponfes par les fonges, comme nous l'apprennent Paufanias, Tacite, Arrien, & plufieurs autres. Cette maniere de rendre des Oracles, pour le dire en paffant, étoit très-ordinaire: de là le fens de ces Infcriptions rapportées par Gruter, dans lesquelles on lit; Ex vifu Dea: vifu jusa posuit: visu monitus: fomnio monitus, &c. Celui d'Amphilocus dont parle Dion, fe rendoit auffi en fonge. Le bœuf Apis avoit auffi fon Oracle en Egypte; la maniere dont on le confultoit, étoit finguliere. S'il mangeoit ce que le confultant lui offroit, c'étoit une bonne marque ; & une mauvaife lorfqu'il le refufoit, comme il arriva à Germanicus. C'étoit à peu près ce qui fe pratiquoit à Rome pour les Augures bons ou mauvais, par rapport aux Poulets facrés; comme fi l'avenir avoit dépendu de l'appetit ou de la fatieté du bocuf Apis, & des Poulets.

Les Dieux Cabires fi nous nous en rapportons à S. Athanafe, avoient leur Oracle dans la Béotie. Diane, foeur d'Apollon, n'en manquoit pas : elle en avoit un en Egypte (3), dans (3) Herodote. la Cilicie, à Ephefe, fans parler de plufieurs autres. Virgile fait mention de celui de Faunus en Italie. Ceux de la Fortune à Preneste, & des Sorts à Antium, font trop connus, pour qu'il foit neceffaire de s'étendre fur ce fujet. Les Fontaines, qui avoient, comme on fçait, chacune leur Divinité, rendoient auffi des Oracles: telles étoient en particulier, la Fontaine de Caftalie à Delphes, une autre de même nom dans le faubourg d'Antioche, & la Fontaine veridique, près du Temple de Cerès dans l'Achaïe. Ce que dit Pline de celle de Limyre, eft fort fingulier : elle rendoit fes Oracles par le moyen

Tome I.

S s

des poiffons. Les confultans leur prefentoient à manger: fi les poiffons fe jettoient deffus, c'étoit un augure favorable pour l'évenement fur lequel on venoit les interroger; s'ils le refufoient, en le rejettant avec leur queüe, c'étoit la marque d'un mauvais fuccès (a).

Junon avoit plusieurs Oracles: un près de Corinthe, à Nyfa, & en d'autres endroits. Latone, felon Herodote, en avoit un à Butès en Egypte. Leucothoé avoit le fien dans la Colchide, fuivant Strabon. Memnon, dans l'Egypte, comme Tacite & Lucien nous l'apprennent. Machaon, à Gerania dans la Laconie, fuivant Paufanias. Minerve, qui portoit le nom de Fatidica, ne manquoit pas par consequent d'Oracles: elle en (1) Herodote. avoit un en Egypte (1), dans l'Espagne, fur le mont Ethna, à Mycenes, dans la Colchide, & encore ailleurs. Ceux de Neptune étoient à Delphes & à Calaurée, près de Neocesa(2) Paufanias. rée, & ailleurs (2). Les Nymphes avoient le leur dans l'Antre de Corycie. Pan en avoit plufieurs, dont le plus celebre étoit celui d'Arcadie. Celui des Palices, felon Macrobe, Virgile,

(3) Voyez & Stephanus, étoit dans la Sicile (3).

leur histoire.

Pluton en avoit un à Nyfa, comme on l'apprend de Stra bon. Saturne en avoit en plufieurs endroits, mais les plus celebres étoient celui de Cumes en Italie, & celui d'Alexandrie en Egypte. Lucien parle de celui de la Déeffe de Syrie; Gruter, de celui de Sylvain. Ceux de Venus étoient repandus en plufieurs endroits, à Gaze, fur le mont Liban, à Paphos, dans l'Ifle de Cypre, &c. Serapis en avoit un à Alexandrie, que Vefpafien alla confulter; le Prêtre qui le deffervoit, ne voulut lui reveler qu'en fecret les chofes qu'il avoit à lui dire, fur les grands deffeins qu'il meditoit : furquoi je remarquerai en paffant, qu'il étoit très-rare que ceux qui venoient confulter les Oracles, euffent la permiffion d'entrer dans le Sanctuaire ; & Van-Dale qui a épuisé la matiere, n'en connoît que deux exemples, celui d'Alexandre, qui au rapport de Plutarque après Callifthene, entra feul dans le Sanctuaire d'Ammon; & celui de Vefpafien, lequel fuivant Tacite, fut introduit dans celui de Serapis.

(a) Fons Limyra tranfire folet in loca vicina, portendens aliquid : nimirum quod cum

Je ne fçaurois paffer fous filence celui de Venus Aphacite, dont parle Zozime, & qui fut confulté par les Palmyreniens, revoltés fous l'Empire d'Aurelien, vers l'an de Jefus-Chrift 272. Aphaca étoit un lieu entre Heliopolis & Byblos, où Venus avoit un Temple, près duquel étoit un lac femblable à une citerne. Ceux qui venoient confulter l'Oracle de cette Déeffe, jettoient dans le lac des prefens, & il n'importoit de quelle efpece ils fuffent. S'ils étoient agréables à Venus, ils alloient au fond; fi elle les rejettoit, ils furnageoient, fust-ce de l'or ou de l'argent. L'Hiftorien que je viens de nommer ajoute, que l'année qui preceda la ruine des Palmyreniens, leurs prefens allerent à fond, mais que l'année fuivante tout furnagea.

Un Dieu, fort peu connu des Mythologues, nommé Befa, avoit fuivant Ammian Marcellin, à Abyde dans l'extrêmité de la Thebaïde, un Oracle, qui fe rendoit par des billets cachetés. Zozime raconte que l'on envoya à Conftantius, de ces billets qui avoient été laiffés dans le Temple de ce Dieu. L'Empereur fit faire des informations très-rigoureuses, & jetta en prison, ou envoya en exil un affez grand nombre de perfonnes: apparemment qu'on avoit confulté cet Oracle fur la deftinée de l'Empire, ou fur le fuccès de quelque dessein que l'on avoit formé contre l'Empereur.

On ne croiroit pas que Geryon, ce monftre à trois têtes qui fut tué par Hercule, eût du avoir un Oracle : il en avoit dû un cependant, auffi bien que fon vainqueur. Cet Oracle étoit en Italie, près de Padoue, & Tibere même alla le confulter,

au rapport de Suetone (1). Là étoit la fontaine d'Apon, la- (1) in Tiber; quelle, fi on en veut croire Claudien, rendoit la parole aux muets, & guériffoit toutes fortes de maladies. Celui d'Hercule étoit à Tibur, & fe rendoit par les Sorts; comme le dit Stace, à peu près comme ceux de la Fortune à Preneste & à Antium, ainfi que je l'expliquerai dans la fuite.

J'ai parlé des Fontaines dont l'eau avoit le don de prédire l'avenir. Les Fleuves ne jouiffoient pas de la même prérogative: on en trouve cependant un qui étoit privilegié, & qui, pifcibus tranfit. Refponfa ab his petunt incolæ cibo, quem rapiunt annuentes : Si verò eventum negent, caudis abigunt. Plin. Liv. 31. C. 2.

413. du Liv. 7.

me Auteur.

Liv. 9. v. 658.

(3) Strabon.

(4) Greg. de Naziance.

felon Pline le jeune, avoit un Oracle. C'étoit Clitumne, fleuve
d'Ombrie. Le Temple de ce Dieu, dit cet Auteur, eft an-
cien & fort refpecté: Clitumne eft là habillé à la Romaine.
Les Sorts marquent la prefence & le pouvoir de la Divinité.
Il y a auffi dans le même lieu plufieurs Chapelles dont quel-
ques unes ont des fontaines & des fources; car Clitumne
eft comme le
pere de plufieurs autres petits fleuves, qui vien-
nent fe joindre à lui.

Ce n'étoient pas feulement les Dieux, qui avoient des Ora(1) Sur le vers cles : les Demi-Dieux & les Heros en avoient auffi. Lutatius (1) de la Thebaid. parle de celui de Caftor & Pollux, qui étoit à Lacedemone. (2) Sur le mê- Barthius (2) fait mention de celui d'Amphiaraus à Orope dans la Macedoine; & Mopfus en avoit auffi un dans la Cilicie, comme les Anciens nous l'apprennent. La tête d'Orphée, felon Ovide, en rendoit à Lefbos; Amphiloque, à Malles, Sarpedon, dans la Troade, Hermione, dans la Macedoine, Pafiphaé, dans la Laconie, ainfi que nous l'apprenons de Tertullien, qui cite dans fon Livre de l'Ame, l'Ouvrage d'Hermippus: Calchas, dans l'Italie (3); Ariftée, dans la Béotie (4); Autolycus, à Sinope (5); Phryxus, chez les Colques : celui de (5) Strabon. Rhefus étoit à Pangée: Ulyffe, fi nous en croyons l'ancien Commentateur de Lycophron, avoit auffi un Oracle ; ainsi que Zamolxis parmi les Gétes, fi nous nous en rapportons à Strabon, fans parler d'un grand nombre d'autres. Il n'y eut pas jufqu'à Epheftion favori d'Alexandre, & Antinoüs, qui n'euffent des Oracles. Après la mort du premier, Alexandre voulut abfolument, pour fe confoler, qu'Ephestion fût Dieu, & tous les Courtifans de ce Prince y confentirent fans peine. Auffi-tôt voila des Temples que l'on bâtit en plufieurs villes ; des Fêtes qu'on inftitue en fon honneur, des Sacrifices qu'on lui fait; des guerifons qu'on lui attribue : & afin qu'il n'y manquât rien, des Oracles qu'on lui fait rendre.

Hadrien fit les mêmes folies pour Antinous : il fit bâtir en memoire de lui la ville d'Antinopolis, lui donna des Temples & des Prophetes, dit S. Jerôme, or il n'y avoit des Prophetes que dans les Temples à Oracles. Nous avons encore une Infcription grecque qui porte,

A Antinous, le Compagnon des Dieux

d'Egypte M. Ulpius Apollonius fon
Prophete.

Après cela on ne fera plus furpris qu'Augufte ait auffi rendu des Oracles à Rome, ainfi que nous l'apprenons de Prudence. Ces nouveaux Oracles ne furent pourtant jamais en auffi grand credit que les anciens, & on ne faifoit rendre à ces Dieux de nouvelle création, qu'autant de reponfes qu'il en falloit pour faire fa cour aux Princes qui les avoient divinifés. Du refte, on ne les confultoit pas bien ferieusement, & dans les grandes affaires on en revenoit à Delphes, à Claros, ou à l'antre de Trophonius.

Mais je ne finirois pas si je voulois entrer dans le détail de tous les Oracles du Paganisme. Van-Dale après avoir parlé des principaux, fe contente de nommer à la fin de fon Ouvrage, ceux dont il avoit recueilli la lifte dans les Anciens; & dans cette lifte, que l'on peut confulter, il en nomme près de trois cens, dont le plus grand nombre étoit dans la Grece mais il ne les a pas fans doute tous nommés; car il y avoit peu de Temples où il n'y eût quelqu'Oracle, ou quelqu'2autre forte de Divination.

il

De toutes les parties de la Grece, la Béotie étoit celle où

y en avoit le plus, à cause des montagnes & des cavernes dont elle étoit remplie : car il eft bon de remarquer avec M. de Fontenelle, que rien ne convenoit mieux aux Oracles, que les cavernes & les montagnes (a). C'étoit dans ces Antres, dont la vue infpiroit je ne fçais quelle horreur religieufe, que les Prêtres pouvoient ménager des iffues, pour y entrer & en fortir fans être apperçus; des machines, des ftatues creufes où ils fe plaçoient, & plufieurs commodités donner plus de reputation à leurs Oracles. Car enfin, quoique je fois perfuadé, avec les plus fçavans Peres de l'Eglife, que le Demon prefidoit aux Oracles, & qu'il avoit rendu lui-même, ou par les Prêtres, des reponfes fur l'avenir, puisque,

pour

(a) Plutarque remarque qu'il y en avoit plus de vingt cinq dans la feule Béotie qui étoit une trés petite Province. On en comptoit autant dans le Peloponnese, & quiaze autour de Delphes, ou en même temps, ou fucceffivement.

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