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L'EXECUTION DE CE QUE J'AI ORDONNE.
JE SUIS LA FILLE AINE E DE SATURNE, LE
PLUS JEUNE DES DIEUX.

JE SUIS LA SEUR ET LA FEMME DU ROI
OSIRIS.

JE SUIS LA MERE DU ROI ORUS.

JE SUIS CELLE QUI SE LEVE DANS LA CA-
NICULE.

LA VILLE DE BUBASTE FUT BATIE EN MON
HONNEUR.

REJOUIS-TOI O EGYPTE, QUI M'AS TENU
LIEU DE NOURRICE, ET DE MERE.

La feconde, qui étoit fur un marbre trouvé à Capouë, por◄ toit ces mots, ainfi que nous l'avons dit :

DEESSE ISIS, QUI ETES UNE ET TOUTES
CHOSES,

ARRIUS BABINUS VOUS FAIT CE VŒU.

La troifiéme étoit, felon Plutarque (1), à Saïs, gravée sur le pavé du Temple de Minerve.

*

JE SUIS TOUT CE QUI A ETE', CE QUI EST
ET QUI SERA, ET NUL D'ENTRE LES MOR-
TELS N'A ENCORE LEVE' MON VOILE.

Quoique nous mettions ces Infcriptions en lettres capitales, comme font ordinairement écrits ces fortes de Monumens, on comprend bien que nous ne prétendons pas infinuer que ces Legendes foient effectivement dans la forme que nous les donnons ici, avec les mêmes caracteres & en notre Langue; mais feulement une traduction litterale. Il est très-vraifemblable que celles qu'on lit dans Diodore & dans Plutarque, n'étoient pareillement que des traductions qu'ils avoient faites, au lieu de les rapporter dans le propre idiome des Originaux. Au regard du Marbre trouvé à Capoue, on entend bien que l'Infcription eft originairement Latine.

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CHAPITRE II.

Des autres Dieux d'Egypte.

E n'ai pas deffein de parler dans ce Chapitre de tous les Dieux qu'honoroit l'Egypte, parce que la plupart ayant été connus des Grecs & des Romains, qui ont mêlé dans l'Hiftoire qu'ils nous en ont laiffée, plusieurs fables que les Egyptiens ne connoiffoient pas, je referve ce que j'ai à en dire pour le Tome fecond. Ainfi quoique Pluton, Hercule, Apollon, Mercure & plufieurs autres, aient réellement une origine Egyptienne, ils n'auront point de Place dans ce Chapitre.

ARTICLE PREMIER.

Serapis, ou Sarapis.

LES Sçavans font fort partagés au fujet de Serapis ou Sarapis, car on écrit fon nom de ces deux manieres. Quelquesuns croient que c'étoit un Dieu étranger, dont le culte ne fut connu en Egypte que du temps de Ptolemée, fils de Lagus; d'autres, parmi lesquels eft M. Cuper (a), foutiennent qu'il y étoit connu & honoré dès les temps les plus anciens, que les Egyptiens le regardoient comme un de leurs plus grands Dieux, & qu'il étoit le même qu'Ofiris. Une courte expofition des raisons des uns & des autres, mettra le Lecteur en état de fe determiner.

Celles des premiers paroiffent très-plaufibles. Herodote qui s'eft fi fort étendu (1) fur les Dieux Egyptiens, ne fait aucune mention de Serapis : l'auroit-il oublié, s'il avoit été, comme le prétendent quelques Sçavans, une des grandes Divinités de ce Peuple? La Table Isiaque (b), fur laquelle paroiffent tant de Dieux Egyptiens, ne laiffe rien appercevoir qui reffemble à Serapis. On conferve dans les Cabinets des Curieux, & on trouve dans les Livres des Antiquaires, plufieurs figures d'O(a) Dans fon Harpocrate, p. 83, &c. (b) Voyez le Chapitre fixiéme..

(1) Liv. zo

firis & de Serapis, & il eft aifé de voir que celles du premier, avec lequel on prétend le confondre, font auffi differentes que Hift. L. 4. le font leurs noms. Enfin ce que raconte Tacite (1), doit entie

c. 83.

(2) De Ifid. & Ofir.

(3) In Att.

rement decider la queftion. Serapis, dit cet Hiftorien, apparut en fonge à Ptolemée (a), fous la figure d'un jeune homme d'une extrême beauté, & lui ordonna d'envoyer les plus fidelles amis à Sinope, ville du Pont, où il étoit honoré, & d'en rapporter fa Statue. Ptolemée ayant communiqué cette vision, deputa une celebre Ambaffade à Sinope, & on en rapporta la Statue de ce Dieu : d'où il est aifé de conclure qu'il étoit inconnu en Egypte avant cet événement.

L'illuftre M. Cuper ne s'eft point rendu à ces raisons, & a foutenu que Serapis étoit un des grands Dieux d'Egypte, où il avoit été honoré long-temps avant les Ptolemées. Les preuves de fes adverfaires ne l'ont point ébranlé, & celle qu'ils tirent de la relation de Tacite, lui paroît foible; car pour qu'elle eût quelque force, il faudroit prouver que c'étoit Serapis qui étoit honoré à Sinope; ce qui eft faux : c'étoit Pluton qu'on honoroit dans cette ville, & ce ne fut qu'après que fa Statue fut portée en Egypte, qu'on lui donna le nom de Serapis. » Lorfque ce Dieu fut arrivé en Egypte, dit l'Hifto» rien que je viens de nommer, Timothée, Maître des Ceremonies, & Manethon Sebennite, voyant fa Statue, & y remarquant le Cerbere & un Dragon, jugerent que c'étoit Dis, ou Pluton, & perfuaderent à Ptolemée qu'il étoit le même que Serapis ». Plutarque dit la même chofe (2): Il ne portoit pas ce nom quand il vint en Egypte ; mais quand il fut arrivé à Alexandrie, il prit celui que les Egyp> tiens donnoient à Pluton, qui étoit Serapis

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Lorfque Paufanias (3) rapporte que les Alexandrins reçurent de Ptolemée le culte de Serapis, il dit en même temps qu'il y avoit deja à Alexandrie un Temple très-magnifique de ce Dieu; & un autre moins grand, mais très-ancien, dans la ville de Memphis. Tacite lui-même, en difant que Ptolemée, après la tranflation dont nous venons de parler, fit conftruire en l'honneur de Serapis un Temple superbe, dans le lieu

(a) Tacite ne dit point quel fut le Ptolemée qui eut cette vision; mais Macrobe dit que c'étoit le fils de Lagus.

nommé

nommé Racotis, affûre auffi qu'il y en avoit un autre, mais plus petit, qui étoit confacré au même Dieu, & à Ifis; ce qui prouve, non que Serapis ne fut honoré en Egypte qu'au temps de l'Ambaffade de Sinope, mais feulement que le culte de ce Dieu, peut-être negligé depuis long-temps, y fut rétabli avec folemnité.

Comme M. Cuper ne s'eft point fait ces deux objections, dont l'une eft tirée du filence d'Herodote, l'autre de la Table Hiaque, je vais y repondre pour lui. 1°. Quoiqu'il foit vrai que cet Hiftorien ait deftiné fon fecond Livre à l'Histoire de la Religion des Egyptiens, on ne peut pas affûrer qu'il n'a oublié aucun de leurs Dieux. D'ailleurs ayant parlé au long d'Ofiris, qui étoit peut-être le même que Serapis, il n'a pas cru qu'il fût neceffaire de rien dire de particulier de ce dernier. 2o. On peut penfer la même chofe de la Table Ifiaque : quoiqu'on y trouve un grand nombre de Dieux Egyptiens, je ne crois pas qu'on puiffe affûrer qu'ils y foient tous, encore moins qu'on puiffe les y diftinguer toujours par leurs fymboles particuliers.

La preuve qu'on tire de la diverfité des representations, eft encore moins concluante. Les Egyptiens varioient beaucoup au fujet des figures de leurs Dieux, & des fymboles qu'ils y joignoient. Souvent même les figures étoient chargées d'un grand nombre d'attributs qui ne pouvoient pas convenir à une feule Divinité : c'étoient ce que l'on appelle des figures Panthées, qui reprefentoient plufieurs Dieux, ainsi qu'on peut s'en convaincre à l'infpection de quelques-unes de celles d'Ifis, d'Harpocrate, & de plufieurs autres.

M. Cuper refute enfuite le fentiment de Macrobe, qui dit que les Egyptiens furent forcés par les Ptolemées de recevoir le culte de Serapis, venu de Sinope; car il faudroit prouver que ce Dieu portoit ce nom dans cette ville du Pont; ce qui eft faux, comme on l'a prouvé.

Il est donc très-probable, quoiqu'en difent plufieurs fçavans Antiquaires, que Serapis étoit un Dieu Egyptien, connu & honoré par ce Peuple long-temps avant les Ptolemées. J'ajoute qu'il étoit le même que Pluton ; & quand les temoignages de Tacite & de Plutarque que nous avons rapportés, Tome I.

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1

(1) Liv. z. C. 144.

ne feroient pas auffi concluants qu'ils le font, une des plus belles Statues de ce Dieu, donnée par Fabretti à M. Cuper, au pied de laquelle on voit le Cerbere avec fes trois têtes, ne laifferoit aucun lieu d'en douter (a).

Nous avons dans les Antiquaires plufieurs autres figures, toujours reconnoiffables pour être celles de Serapis, par le boiffeau, ou une efpece de bonnet qu'il portoit fur la tête. Quelquefois il eft joint avec Ifis, & reprefenté comme un jeune homme, & alors il eft pris pour Ofiris ou pour le Soleil; fouvent comme un vieillard barbu & fort reffemblant à Jupiter, dont il portoit auffi le nom; du moins depuis le temps que les Grecs furent maîtres de l'Egypte.

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ORUS, felon Herodote (1), étoit fils d'Ofiris & d'Ifis, & le dernier des Dieux qui regnerent en Egypte. Ce fut après. avoir tué Typhon qu'il monta fur Thrône. Diodore, qui a (2) L. 22. fuivi en cela Herodote (2), raconte que les Titans l'ayant fait

mourir, fa mere, qui poffedoit les fecrets les plus rares de la Medecine, celui même de rendre immortel, ayant trouvé fon corps dans le Nil où les Titans l'avoient jetté, lui rendit la vie, & lui procura l'immortalité. Enfuite elle lui apprit la Medecine, & l'art de la Divination. Avec ces talens, continue Diodore, Orus fe rendit celebre, & combla l'univers de fes bienfaits.

Nous avons déja rapporté dans l'hiftoire de Typhon de quelle maniere Orus, par le confeil d'Ifis, vengea la mort de fon pere en ôtant la vie à ce Tyran, qu'il fit perir dans la baffe Egypte; c'eft-là tout ce qu'on fçait de ce dernier Dieu d'Egypte, après lequel les Demi-Dieux commencerent à regner. On ne s'étend pas ici fur le prodigieux nombre d'années, que les Egyptiens donnoient aux regnes de leurs Dieux, qui, (3) Loc, cit. ainfi que le rapporte Diodore (3), enfermoient un espace de vingt-trois mille ans, depuis le regne du Soleil jufqu'au temps.

(*) Cette figure eft gravée à la page 298. du Tome II. de l'Antiquité expliquée,

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