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où Alexandre fit la conquête des Indes. Car foit qu'on prenne ces années pour des années Lunaires, ou feulement pour les Saifons, chaque année en comprenant quatre, le nombre de vingt- trois mille ans eft toujours vifiblement fabuleux, & Diodore fait de vains efforts pour excufer en cela les Egyp

tiens.

Les Grecs prétendoient, comme le dit l'Auteur que je viens de citer, que leur Apollon étoit le même que l'Orus des Egyptiens. Apollon étoit en effet, comme Orus, habile dans la Medecine & dans l'art de prédire l'avenir, & ce Dieu étoit parmi eux le Soleil, comme Orus l'étoit en Egypte. Ainfi on le trouve fouvent nommé dans les Anciens; Orus Apollo. Il feroit inutile de m'objecter que c'étoit Ofiris qui en Egypte reprefentoit le Soleil, puifqu'il eft aifé de repondre que cet Aftre, le premier & le plus grand des Dieux, portoit plufieurs noms, non feulement dans les differens pays où il étoit honoré, mais fouvent auffi dans le même. On objecteroit aussi vainement, que les fymboles d'Ofiris étoient differens de ceux d'Orus; car on fçait que la Mythologie Egyp→ tienne confond des Dieux très-differens entr'eux, & que quelquefois elle les diftingue par des attributs particuliers. Il eft conftant, par exemple, ainfi que le foutiennent les plus fçavans Antiquaires, qu'Harpocrate, dont nous parlerons dans l'Article fuivant, reprefentoit le Soleil chez les Egyptiens, auffi bien qu'Ofiris & Orus, quoique les figures fous lesquelles on reprefentoit ces Dieux ne fe reffemblaffent nullement.

Quoiqu'il en foit, Orus fe trouve dans la Table Ifiaque, fous la figure d'un enfant emmaillotté, & couvert depuis les pieds jufqu'à la tête d'un habit bigarré en lofanges. Il tient avec fes deux mains un bâton, dont le bout eft terminé par la tête d'un oiseau, & un fouet (a), femblable à celui qu'on voit dans quelques figures d'Ofiris. Dans un Manuscript de M. de Peirefc, confervé dans la Bibliotheque de S. Victor, le même Orus se voit fur une figure groupée entre Ifis & Ofiris : il y eft reprefenté comme un jeune enfant, vétu d'une tunique. Quoique la tête d'Ofiris manque, celle d'Ifis y eft recon(a) Ce fouet qu'on remarque fouvent dans les figures qui representent Ofiris, Orus, & Harpocrate, étoit le fymbole du Dieu du Soleil.

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noiffable à sa coëffure, fur laquelle est la feuille de Lotus en Croiffant. Obfervons avant que de finir cet Article, que dans toutes les figures qui nous reftent d'Orus, il est toujours reprefenté comme un enfant, pour nous marquer fans doute qu'il étoit encore fort jeune, lorfque Typhon fit mourir fon pere, & qu'lfis fa mere fut obligée de differer la punition du Tyran, jufqu'à ce que fon fils fût en état de fervir fa vengeance.

ARTICLE III

Harpocrate.

A l'infpection des figures d'Harpocrate que le temps nous a confervées en affez grand nombre, on juge aifément qu'il étoit le Dieu du filence, puifque dans toutes, fon attitude eft de porter le doigt fur la bouche; les Egyptiens, dont la Theologie étoit extrêmement mysterieuse, voulant marquer par-là qu'il falloit honorer les Dieux dans un filence refpectueux; (1) De If. & ou, comme dit Plutarque (1), que les hommes qui connoiffoient ces Dieux, n'en devoient pas parler temerairement. If (2) Apud y avoit même, au rapport de Varron (2), une Loi, qui défenAug. de Ĉiv. Dei, Liv. 18. doit fous peine de la vie de dire que Serapis eût été un homme mortel; & comme dans les Temples d'Ifis & de Serapis il y avoit une Idole, c'est-à-dire, un Harpocrate qui mettoit le doigt fur la bouche, le même Varron difoit qu'il étoit-là pour recommander le filence fur cet article.

Ofir.

C. 5.

(3) Voyez

Plat. De I. &
Of

&

Les Anciens conviennent qu'Harpocrate étoit fils d'Ifis (3), que sa mere l'ayant perdu dans le temps qu'il étoit encore fort jeune, elle prit la refolution de le chercher par mer & par terre, jufqu'à ce qu'elle l'eût trouvé. On affûre que ce fut en cette occafion qu'elle inventa les voiles des Navires, au lieu des rames dont on fe fervoit auparavant ; c'eft ce que (4) Var. 1. 5. nous apprend Hygin (a). Caffiodore dit la même chose (4). & femble avoir copié Hygin; avec cette difference, qu'au lieu d'Harpocrate il met Harpocras: voilà, pour le dire en paffant, ce qui fit donner à cette Déeffe l'épithete de Pela

C. 17.

(a) Velificia primùm invenit Ifis : nam dum invenit Harpocratem filium fuum, rate velificavit. Fab. ult.

gia, qu'on voit dans une ancienne Infcription rapportée par Gruter.

Cette circonftance de la recherche d'Harpocrate reffemble trop à ce que nous avons rapporté d'Orus, d'après Diodore de Sicile, pour ne pas croire qu'Orus & Harpocrate étoient la même perfonne; & c'eft le fentiment des plus fçavans Mythologues. Dans Diodore à la verité, Orus eft tué par les Titans, & Ifis lui rend la vie ; au lieu que dans Hygin, Harpocrate n'étoit qu'égaré : mais vû la varieté furprenante qui regne dans les Auteurs au fujet de ces anciennes Hiftoires Diodore aura bien pu nous dire qu'Orus avoit été tué, & que fa mere ayant trouvé fon cadavre, lui avoit redonné la vie, quoique veritablement il ne fût qu'égaré.

ciens,

L'Illuftre M. Cuper qui a fait fur Harpocrate un Traité rempli de fçavantes recherches, ne doute nullement que ce ne foit la même avanture racontée differemment par les An& ne fait qu'une même perfonne d'Orus & d'Harpocrate & comme le premier étoit parmi les Egyptiens le fymbole du Soleil, il conclut que le fecond reprefentoit auffi le même Aftre. On le voit en effet fur quelques Antiques, fous la figure d'un enfant, fortant de la fleur du Lotus, la tête environnée de rayons, & tenant un fouet à la main, pour marquer le Soleil levant : & fi on refusoit de fe rendre à cette preuve, cet Aftre & la Lune qui font peints dans la même Antique, ne laifferoient aucun lieu d'en douter. L'attitude du doigt fur la bouche, prouve prouve évidemment que c'eft un Harpocrate. Ce Dieu eft à peu près dans la même fleur de Lotus, fur une Medaille d'Antonin. Quoique ces deux monu mens, dont l'un eft un Abraxas des Bafilidiens, l'autre une Medaille de l'Empereur que je viens de nommer, ne foient pas d'une affez grande antiquité pour prouver qu'ils étoient une expreffion du fentiment des Egyptiens, Plutarque, dans. le fçavant Traité que nous avons cité fi fouvent, affûre qu'on le reprefentoit ainfi en Egypte ; non qu'on y crût qu'il étoit né de la fleur du Lotus, comme l'a penfé Tristan (1); mais (1) Tome I pour nous apprendre que le Soleil fe nourriffoit de vapeurs. Le doigt que ce Dieu porte à la bouche, dans les deux. figures, étoit toujours pour marquer que les myfteres de la

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P. 604.

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Religion & de la Philofophie devoient être cachés au peuple. Le fçavant Auteur d'où je viens de tirer cet article, ajoute une infinité d'autres raifons, pour prouver qu'Harpocrate étoit le Soleil, que les Sçavans pourront voir dans l'Ouvrage même. Je me contenterai avant que de finir, d'observer qu'il y a des figures de ce Dieu, veritablement Egyptiennes, où paroît avoir la tête couverte de rayons, ou avec des cornes : quelques-unes où il a des ailes; qu'on en trouve où il tient un fouet à la main ; d'autres enfin où il porte une Corne d'abondance; symboles qui marquent tous, qu'on le prenoit pour le Soleil, & qu'il étoit le même qu'Orus ou Apollon. La Chouette même qui l'accompagne dans quelques-unes de ces Antiques, & qui eft derriere la figure, fignifie, felon M. Cuper, que le Soleil tourne le dos à la nuit, marquée par cet oifeau. Le Pavot qui l'accompagne quelquefois, étoit fe(1) Apud. lon Porphyre (1), le symbole de la fecondité que procure le Soleil. La Corne d'abondance fignifie la même chofe: fon carquois & fes fleches defignent les rayons du Soleil ; & le Serpent, qui à replis tortueux embraffe un cippe, qui est au bas de quelques-unes de ces figures, defigne Tobliquité de l'Ecliptique. On peut voir tous les Monumens qui nous reftent de ce Dieu, dans l'Ouvrage de M. Cuper, & dans le second Tome de l'Antiquité expliquée.

Euf. Præp.

L. 3. c. 11.

ARTICLE I V.

Macedo, Anubis.

OSIRIS dans le voyage des Indes, avoit pris avec lui les plus grands Perfonnages de l'Egypte, & en avoit laiffé d'autres pour fervir de confeil à Ilis pendant fa Regence. Dio(2) Liv. 1. dore de Sicile (2), qui nous apprend cette partie de l'histoire d'Ofiris, dit que Macedo, Anubis, & Pan l'accompagnerent dans fon expedition. Le même Auteur ajoute qu'il établit Bufiris Gouverneur des Provinces qui étoient du côté de la Phenicie, & Antée, de celles qui étoient vers l'Ethiopie & la Libye.

Il y a des Auteurs qui prétendent que Macedo étoit fils d'Osiris; mais Diodore de Sicile dit feulement, qu'il étoit

un de fes Generaux, & qu'il portoit pour habillement de guerre, une peau de loup, & Anubis celle d'un chien, & que c'eft pour cette raifon que les Egyptiens avoient une fi grande veneration pour ces animaux. C'eft-là tout ce qu'on fçait de Macedo; mais la Mythologie nous apprend plufieurs particularités au fujet d'Anubis, que je ne dois pas omettre.

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Ce Dieu, dont le culte paffa dans la Grece, dans l'Italie, & même dans tout l'Empire Romain, étoit dans ces differens pays, le même que Mercure, & il paroît en effet avec le caducée à la main, dans une des figures que Boiffard nous en a confervées. Plutarque (1) l'a penfé ainfi, lorfqu'il a dit (1) De If. & qu'il s'appelloit Herm-Anubis, c'est-à-dire, Mercure Anubis. Servius interprétant les vers où Virgile appelle ce Dieu, Latrator Anubis (2), dit que ce Prince fe nommoit ainfi parce (2) n. L. 8y qu'on le reprefente avec une tête de chien, & qu'il paffoit pour Mercure, parce que le chien eft celui de tous les animaux, qui a le plus de fagacité (a).

Apulée appelle Anubis » l'Interprete des Dieux du ciel, » & de ceux de l'enfer. Il a, continue cet Auteur, la face » tantôt noire, tantôt de couleur d'or. Il tient élevée fa grande » tête de chien, portant de la main gauche un caducée, &

D

de la droite une palme verte, qu'il femble agiter ». Ille Superum commentor & Inferum; nunc atrâ, nunc aureâ facie fublimis, attollens canis facies arduas Anubis, lævâ caduceum gerens, dextrâ palmam virentem quatiens.

V. 688..

'C'eft ainfi que la Mythologie Grecque a fouvent tout confondu. Jamais Anubis ne fut le Mercure d'Egypte, le fameux Trifmegifte, fi celebre dans l'Hiftoire de ce Pays par fes belles découvertes, par l'invention des caracteres, & par le nombre prodigieux de Livres qu'il compofa fur toutes fortes de fciences; ce que nous aurons lieu d'examiner plus à fond dans l'Hiftoire de Mercure (3). On ne doit pas appuyer l'opi- (3) Tome II. nion des Auteurs Grecs & Romains fur les figures de ce Dieu qui portent le caducée; elles font incontestablement Grecques ou Romaines, de même que les Medailles de Gorlay, où Anubis paroît avec le symbole de Mercure; les autres

(a) Latrator Anubis, quia canino capite pingitur. Hunc volunt esse Mercurium ideo, quia nibil eft cane fagacior..

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