་ reprefentations qui font Egyptiennes, ne le lui donnent pas. Au refte fi Anubis eft toujours peint avec une tête de chien c'eft ou parce qu'il avoit porté la dépouille de cet animal dans la guerre des Indes, ou pour marquer par le fymbole (1) Loc. cit. de cet animal, qu'ayant été, comme le dit Diodore (1), Capitaine des Gardes d'Ifis & d'Ofiris, il s'étoit acquité de cet employ, avec une grande fidelité. (2) De If. & OL Plutarque (2), qui nous a confervé d'anciennes traditions fur la famille d'Ofiris, dit qu'on croyoit qu'Anubis étoit fils de Nephté, qui en accoucha avant terme, par la terreur qu'elle eut de Typhon fon mari; & que ce fut lui qui, quoiqu'encore fort jeune, apprit à Ifis fa tante, la premiere nouvelle de la mort d'Ofiris. Quoiqu'il en foit, Anubis étoit au nombre des grands Dieux d'Egypte ; c'est l'idée qu'en avoit Ifias, qui lui dedia la belle Statue que nous avons dit être dans Boiffard. Cet Ifias n'étoit pas apparemment du fentiment de Plutarque, puisqu'il croyoit qu'Anubis étoit frere d'Ofiris. En effer on lit dans l'Infcription qui eft au haut de cette Statue, beoì adexpoi, les Dieux freres, & on remarque à la gauche d'Anubis, qui a la tête d'un chien, celle d'Ofiris ; & à fa droite celle du Taureau Apis avec fes cornes, l'un & l'autre avec le boisseau de Serapis voilà donc les trois Dieux freres, Serapis ou Ofiris, Apis, & Anubis. L'Infcription qui eft au bas de fa figure, avec le nom du Grand Prêtre Ifias, appelle ces Dieux, les Dieux Synthrones en Egypte ; c'est-à-dire, qu'ils participoient au même Thrône, ou aux mêmes honneurs. Avertiffons en paffant que quelques Mythologues prennent pour des Anubis toutes les figures Cynocephales, c'est-à-dire, à tête de chien; en quoi ils fe trompent, car le Cynocephale (2) Liv. 4. dont parlent Herodote (3) & quelques Naturalistes, étoit une efpece d'animal farouche, qu'on croyoit avoir les yeux fur la poitrine. C. 191. ARTICLE Ofi. CANOPE avoit été le Pilote, ou plûtôt l'Amiral de la Flotte d'Ofiris, pendant fon expedition des Indes ; & comme après fa mort il fut mis au rang des Dieux, on publia au rapport de Plutarque (1), que fon ame étoit paffée dans l'Etoile qui porte (1) De If. & fon nom (a): c'eft qu'il arrivoit, comme nous l'avons remarqué plus d'une fois, que le même Dieu étoit un Dieu animé, c'est-à-dire, un homme déifié, & un Dieu naturel, foit un Aftre, foit quelqu'autre partie de l'univers ; & c'eft ce qu'il faut penfer furtout de prefque tous les Dieux d'Egypte. Les Mythologues font perfuadés que Canope étoit en Egypte le Dieu des eaux, du moins de celles du Nil; les figures feules de ce Dieu en font foi. En effet il eft toujours reprefenté, dans les monumens Egyptiens qui nous reftent, fous la forme d'un de ces Vafes dans lefquels les Egyptiens confervoient & laiffoient purifier l'eau de ce fleuve. De ces Vafes, dont la furface eft remplie de figures hieroglyphiques, fort une tête d'homme ou de femme, quelquefois avec deux mains, fouvent fans qu'il paroiffe rien que la tête. Telles font les reprefentations que nous avons de Canope, ainfi qu'on peut le voir dans Boiffard, & dans le Cabinet de M. de la Chauffe. Rufin, dans fon Hiftoire Ecclefiaftique (2), raconte une Hiftoire qui prouveroit bien la prétention des Mythologues, s'il nous en avoit donné quelque garant. Les Chaldéens, ditil, qui adoroient le feu, porterent leur Dieu dans plufieurs Pays, , pour éprouver fa puiffance fur les Dieux des autres Peuples. Il gagna la victoire fur les Simulacres de bronze, d'or, d'argent, de bois, ou de quelqu'autre matiere qu'ils fuffent, en les reduifant en poudre; & fon culte s'établit prefque partout; mais le Prêtre de Canope s'avifa d'un ftratagéme, qui rendit le Dieu qu'il fervoit, fuperieur à celui des Chaldéens. Comme les cruches dans lesquelles les Egyptiens faifoient purifier l'eau du Nil, étoient percées de toutes parts (2) Liv. 2. C. 26. de petits trous imperceptibles, il en prit une, & boucha avec de la cire tous ces petits trous, la peignit de differentes couleurs ; & l'ayant remplie d'eau, il ajusta à l'ouverture la tête d'une Idole. Les Chaldéens érant arrivés en Egypte, allumerent du feu auprès de ce Vase, dont l'ardeur ayant fondu la cire, l'eau en fortit & l'éteignit. Ainfi Canope fut vainqueur du Dieu de Chaldée. Parmi les Abraxas rapportés par Chif flet, fe trouve un Vafe percé de differens trous, par lefquels s'écoule l'eau dont il eft rempli : c'eft un Canope dont la tête & les pieds fortent des deux extrêmités du Vafe; ce qui pourroit confirmer l'Hiftoire que nous venons de rapporter. Que les Egyptiens ayent rendu un culte religieux à l'eau en general, ou du moins à celle du Nil, c'eft ce qui paroît hors de doute. Dans leur Philofophie l'eau éroir le principe de tous les Etres, comme ils l'enfeignerent à Thalès, qui en fit le fondement de fon fyftême. Mais j'examinerai plus à fond cette matiere, dans l'Hiftoire des Dieux de la mer. Nous venons de voir dans les Articles precedens, que par mi les Egyptiens Ofiris, Orus, & Harpocrate étoient le Soleil, Ifis la Lune, & Canope l'élement de l'eau ; nous allons prouver prefentement qu'ils honoroient la nature & fa fecondité, fous le nom de Pan. ARTICLE V I. Pan. Si jamais les Grecs ont corrompu l'Hiftoire ancienne, c'eft fur-tout dans la fable de Pan. A les entendre, remarque judi(1) Liv. 2. cieusement Herodote (1), Hercule, Liber ou Bacchus, & C. 145. Pan, étoient les derniers de tous les Dieux : cependant parmi les Egyptiens, Pan étoit regardé comme un des huit Grands Dieux, qui dans leur Theologie formoient la premiere Claffe, & étoient les plus puiffans & les plus anciens de tous. Hercule n'étoit que dans la feconde, qui étoit compofée de douze Dieux, qui ne vinrent qu'après les huit dont on vient de parler, & engendrerent ceux de la troifiéme, dans laquelle ils plaçoient Bacchus. Depuis Bacchus jufqu'à Amafis, continue Herodote, les Egyptiens comptoient quinze mille ans, & foutenoient ce calcul par une fuite d'années bien marquées. Ils Après un temoignage fi pofitif, on ne doit pas faire beau- D D 3 23 & Les Egyptiens, dit l'Auteur que je viens de citer, n'immolent ni chevres ni boucs, parce qu'ils reprefentent le Dieu Pan, & le peignent avec la face & les jambes de » bouc; en quoi les Grecs les ont auffi imités : non qu'on crût en Egypte qu'il en avoit la reffemblance, mais pour des raifons qu'il ne feroit pas agreable de rapporter. Ceux de Mendès, continue le même Hiftorien, ont les chevres » & les boucs, ces derniers furtout, en une finguliere veneration, ainsi que les Chevriers qui les gardent; parmi lef quels il y en a un, qui eft plus honoré que les autres »fa mort caufe un grand deuil dans toute la contrée. Pan & » le bouc, en langue Egyptienne, s'appellent Mendès ». Diodore de Sicile (1) dit que Pan étoit fi honoré par les (4) Liv. r. Egyptiens, qu'on voyoit fes Statues dans tous les Temples, & qu'on avoit bâti en fon honneur dans la Thebaïde, la ville de Chemmis, c'eft-à-dire, la ville de Pan. Cet Auteur qui ne parle pas de Mendès dans la Baffe-Egypte, où ce Dieu étoit en grande veneration, ajoute qu'il avoit accompagné Ofiris dans fon expedition des Indes, avec Anubis & Macedo, ce que ne dit point Herodote. Il n'eft pas douteux, quoiqu'en difent les Grecs, que le Pan d'Egypte ne foit le plus ancien de tous, & que ce ne fût par les Colonies qu'ils en reçurent la connoiffance & le culte. Cependant ils publierent qu'il étoit fils de Mercure & de Penelope, pour laquelle ce Dieu fe metamorphofa en bouc, fur le mont Taygete, où elle gardoit les troupeaux de fon pere Ícarius; & d'un Dieu qui dans fon origine representoit la nature & la fecondité, ils en firent un Dieu des bois & des campagnes, uniquement occupé des plaifirs de la vie champêtre, danfant continuellement avec les Faunes & les Satyres, & courant après les Nymphes, dont il étoit l'effroi. Il étoit felon eux l'inventeur de la flûte à fept tuyaux (a), & à cette occafion ils debiterent la fable que je vais raconter (b). Ce Dieu poursuivant un jour une Nymphe nommée Syrinx, fille du fleuve Ladon, dont il étoit amoureux, les Nymphes de ce fleuve la changerent en rofeau. Pan foupiroit auprès de ces rofeaux, & l'air pouffé par les Zephirs, repetoit fes plaintes ; ce qui lui fit prendre la refolution d'en arracher quelques uns, dont il fit cette flûte à fept tuyaux, qui (1) Met. L. 4. porta le nom de la Nymphe (1). Mais ce n'eft qu'une fable inventée par les Grecs, qui peut fignifier que quelqu'un de ceux à qui ils donnoient le nom de Pan, s'étoit fervi des rofeaux du fleuve Ladon, pour faire cette forte de flûte. Je dis de ceux à qui ils donnoient le nom de Pan, car effectivement il y en avoit plufieurs, & Nonnus en compte jufqu'à douze. Herodote n'a pas ofé rapporter la raison pour laquelle les Egyptiens reprefentoient le Dieu Pan fous la figure d'un bouc, cependant d'anciens Mythologues affûrent que ce qui les y engagea, c'eft parce que Pan ayant trouvé en Egypte les Dieux échappés des mains des Geants, leur confeilla pour n'être pas reconnus, de fe revêtir de la figure de differens animaux; & que pour leur donner l'exemple, il prit celle d'une chevre. Il combattit même, dit-on, avec beaucoup de vigueur en leur faveur contre Typhon ; & pour le recompenfer, ces mêmes Dieux qu'il avoit fi bien défendus, le placerent dans le (2) Hygin, ciel, où il forme le Signe du Capricorne (2). Cœl. Poet. Aftr. Quoiqu'il en foit, il n'y eut point d'endroit dans toute la Grece, où la Divinité de Pan fût plus honorée que dans l'Arcadie. On croit même que c'est-là, qu'il rendoit fes Ora (a) Pan primus calamos cerâ conjungere plures (b) Eft mihi difparibus feptem compacta cicutis |