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Au refte, fi je ne dis rien dans ce Chapitre de la Religion de plufieurs autres Peuples d'Afrique, c'eft qu'ils n'ont pas été connus des Anciens, & que ce n'eft que des anciennes Religions qu'il eft queftion dans cette Mythologie. Les Voyageurs modernes qui parlent de l'Idolâttie prefente de quelques-uns de ces Peuples, le font d'une maniere fi peu inftructive, qu'on n'apprend par leurs Relations, rien de certain: touchant l'origine & le veritable objet du culte religieux de chacun des Peuples dont ils parlent. On voit en general que dans cette partie du monde il y a encore beaucoup de Nations qui rendent un culte religieux à de vaines Idoles de differentes efpeces mais ces Idoles reprefentent-elles des Etres animés, ou les Ancêtres de ces Idolâtres, comme chez quelques autres Peuples d'Afrique ? C'eft ce que les Voyageurs ne difent pas. Ainfi après avoir examiné ce que les Anciens nousont laiffé fur les Dieux des Egyptiens, & des Africains connus de leur temps, voyons dans le Livre fuivant ce qu'ils disent de ceux des Peuples d'Afie..

:

V.LS

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LIVRE SEPTI E' ME,

Des Dieux des Chaldéens, des Syriens, & des

L

Pheniciens.

AVANT PROPO S.

ES Prophetes reprochoient fouvent aux Ifraëlites d'avoir adoré les Dieux des Nations qui les environnoient, & c'eft par ces reprocheslà même, que nous connoiffons plusieurs de ces Dieux, & que nous fommes en état de nommer ceux des differens Peuples qui occupoient la Syrie & les Pays voifins. En effet, nous apprenons (1) C. 31. par la Genese (1) que les Theraphims étoient honorés par les Chaldéens. Ifaïe (2) met Bel parmi les Dieux des Babyloniens: Jeremie (3) y ajoute Nebo & Sefak; le quatriéme Livre des Rois (4) y joint encore Nefrok & Succot-Benoth. Le même Livre nous apprend qu'Afima étoit le Dieu des Hemathiens; Adramelek & Anamelek, ceux de Sepharvaïm; Nergel, celui des Chutéens; Nibechan & Tartaq, ceux des Hivéens. Les Syriens en general adoroient Remmon (5), Baal-Gad (6) & les Dieux des Montagnes (7), Dii montium funt Dii eorum. Beel-Phegor étoit la grande Divinité des Madianites & des

(2) 46.

(3) 57.

(4) 4. 17.

(5) 2. Reg. 5. (6) Jof. 2.

(7) 3. Reg. 5.

Moabites (1) ces derniers adoroient encore Pheor, ou Chamos. (1) Num. 25.
Les Ammonites reconnoiffoient pour leur Souverain Dieu
Molok (2), & les Sidoniens Aftaroth, ou Aftarté (3).

(2) 3. Reg.

L'Idolâtrie des Philiftins n'étoit pas uniforme dans les diffe- (3) 1. Reg. & rens cantons qu'ils habitoient, & quoiqu'Aftaroth fût leur premiere Divinité, ils en avoient cependant d'autres qui étoient particuliers à chaque ville. En effet ceux d'Afoth adoroient Dagon (4); ceux d'Ascalon, Derseto, ou Atergatis (5); ceux d'Accaron, Beelzebut (6); ceux de Gaza, Marnach, ainfi que nous l'apprenons de Bochart (7); enfin ceux de Byblos & leurs voisins, Adonis ou Thammus, dont le Prophete Ezechiel fait mention (8).

s

(4) 1. Reg.
(5) Diod. de

(6) 4. Reg,

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(7) Chan. L. I. c. 16.

5

L'Ecriture Sainte parle encore de plufieurs autres Dieux (8) Chap. 8. des Peuples voifins de la Judée, tels que Kium (9), Beel-Amos 5. Sephon (10), Baal-Berith (11), de ceux des habitans du (10) Ex 14Mont Séir (12); en general de toutes les abominations qui (12) 2. Parad cauferent la ruine des Amorrhéens. Tous ces Dieux, & d'au- c. 25. tres encore que je n'ai pas nommés, feront la matiere de ce Livre: commençons par ceux des Chaldéens.

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CHAPITRE I.

Des Dieux des Chaldéens, & des Babyloniens.

I l'on ne peut pas determiner précisément où, & en quel pays commença l'Idolâtrie, il eft für du moins que la Chaldée en fut infectée dès les premiers temps. Ce pays fut habité lors même de la feparation qui fe fit à la confufion de Babel; & Nemrot, le premier Roi du monde, y établit fa Monarchie. Nous avons prouvé ailleurs que l'Idolâtrie commença par le culte des Aftres (13): or il eft certain que les (13) Voyez le Chaldéens ont été les premiers à en obferver les mouvemens; & dès-là il y a bien de l'apparence qu'ils leur ont les premiers rendu un culte religieux. C'eft auffi dans le même pays que fut établi le culte du feu, & que prit naiffance le Sabisme, la premiere Religion du monde Payen: la ville d'Ur, ou Our, en étoit infectée du temps même d'Abraham, qui fut obligé

Livre IIL

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(1) Ibidem. den fortir, comme nous l'avons déja dit (1). On doit mettre auffi au nombre de leurs plus anciennes Divinités les Theraphims, dont je parlerai dans la fuite.

Telle fut la premiere Idolâtrie des Chaldéens : mais ils n'en demeurerent pas là. L'obfervation des Aftres les porta à inventer l'Aftrologie judiciaire, & en confequence, cette fatale neceffité qui determine tout ce qui arrive dans le monde, ou cette efpece de Fatum, qui porta le nom du pays même où il avoit été inventé; Fatum Chaldaicum, ou, Mathematicum. De-là leur crédulité pour les Aftrologues & pour les Devins qui les amufoient par leurs vaines prédictions, comme le leur reprochent les Prophetes (a).

Outre les Dieux naturels, tels que les Aftres, le feu, &c. les Chaldéens avoient des Dieux animés, c'est-à-dire, leurs premiers Rois, & leurs grands Hommes. Babylone, capitale de la Chaldée, étoit la plus Idolâtre de toutes les Villes du monde : c'est l'idée qu'en donne l'Ecriture Sainte. Le Prophete Jeremie la depeint d'un feul trait, en l'appellant une terre (2) Ch. 50. d'Idoles, terra Sculptilium (2) ; & il y a beaucoup d'apparence qu'elle avoit adopté la plupart des Dieux de fes voilins, & jufqu'aux monftres de l'Egypte ; & in portentis gloriantur : ainsi ce que je dis dans ce Livre, des Dieux de l'Orient, devroit fuffire pour l'intelligence du culte idolâtre de cette ville; mais comme elle avoit auffi quelques Dieux qui lui étoient particuliers, je dois en parler en peu de mots.

Belus étoit fa grande Divinité, & rien n'étoit fi magnifique ni fi riche, que le Temple qu'il avoit à Babylone, comme nous l'avons dit. Mais ce Belus, étoit-il le même que Bel, (1) Æn. L. 2. ou Baal? Etoit-il celui dont Virgile fait mention (3); quam Belus, & omnes à Belo foliti ? Etoit-il le fondateur & le premier Roi de Babylone? C'eft ce que j'examinerai dans le Tome II. à l'Article de Jupiter Belus.

Jeremie met au nombre des Dieux de cette Ville, Merodach. Annoncez ceci parmi les Nations, publiez-le : dites, Babylone eft prife, Bel eft confondu, Merodach eft vaincu; leurs Statues font brifées, leurs Idoles vaincues » : Annunciate in Gentibus . . . . dicite, confufus eft Bel, victus eft Me(a) Voyez ce qu'on a dit là-deffus d'après le Prophete Ifaïe, p. 402.

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rodachi

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V. 2.

rodach; confufa funt Sculptilia ejus, fuperata funt Idola eorum (1). (1) Jer. 50.
Voilà une prédiction qui annonce à Babylone les plus grands
malheurs, & une defolation entiere. S'agit-il de la prife de
cette ville, & Merodach eft-il le Roi fous lequel elle fut
prise? mais il n'y a aucune apparence, puifque les Hiftoriens
ne donnent pas ce nom au Prince qui fut vaincu par Cyrus,
lorfque ce Conquerant fe rendit maître de cette ville.

Il y a des Interprétes qui prétendent que ce nom étoit
commun aux Rois de Babylone (a); & en effet on en remar-
que quelques-uns dont les noms font compofés de Merodach;
comme Merodach-Baladan, dont parle le Prophete Ifaie (2); (2) C. 39. 1.
Evilmerodach, dont il eft fait mention dans le quatriéme Li-

vre des Rois (3). Dans le Canon de Ptolemée on trouve un (3) C. 25. 27.
Mardo-Campanus, & Meffi-Mordachus ; mais de la maniere
dont s'exprime le Prophete, on ne peut pas douter qu'il ne
s'agiffe dans l'endroit que nous venons de citer, d'une Divi-
nité adorée à Babylone, comme l'étoit Belus : leurs Statues
font brifées, leurs Idoles vaincues. Selden qui a parlé des Dieux
de Syrie avec tant d'érudition, avoue qu'il n'a rien trouvé
dans l'Antiquité qui puiffe faire connoître Merodach; car
apparemment il comptoit pour rien ce qu'en difent les Rab-

bins.

Pour concilier les opinions differentes des Sçavans, je fui-
vrai celle de Theodoret, qui dit que Merodach avoit été un
ancien Roi de Chaldée, qui avoit merité d'être mis au rang
des Dieux, ainfi que Belus. Dès-là on voit la raifon pourquoi
fon nom étoit joint ordinairement à celui des Princes qui re-
gnerent dans la fuite; comme celui de Nebo, ou Nabo, autre
Dieu des Babyloniens, entroit dans ceux de Nabu-Chodo-
nofor, de Nabo-Polaffar, &c.

Je dis que Nebo, ou Nabo étoit auffi un Dieu adoré par
les Babyloniens, & je me fonde fur le verfet premier du
Chapitre XLVI. d'Ifaïe; Confractus eft Bel, contritus Nabo
Bel eft brife, Nabo eft reduit en poudre, &c. Car il eft évident,
quoiqu'en difent quelques Interpretes, que le Prophete parle
en cet endroit, de deux Divinités, dont le culte devoit être
un jour entierement abandonné, & les Idoles renversées. Je
(a) Voyez Calmet. fur le Ch. 50. de ce Prophete.
Tome I.

Zzz

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