que les Payens les confultoient, pour en apprendre l'avenir: , par Les Interpretes, embarraffés d'un endroit fi difficile, l'expliquent differemment, ainfi qu'on peut le voir dans leurs (2) In Ofe. Commentaires; mais S. Jerome (2), fur l'autorité de la ver- C. 3. v. 4. fion dés Septante, femble l'avoir ramené à fon veritable sens. L'Ephod étoit l'habit de ceremonie du Grand-Prêtre, avec les pierres du Rational, & le Urim & Tummim, le moyen defquels il rendoit des Oracles à ceux qui le confultoient; & comme les Septante ont entendu par le mot de Teraphim, cet Oracle du Seigneur, & par l'Ephod, le Sacerdoce, il eft clair que le Prophete a voulu prédire aux Ifraëlites, que s'ils continuoient d'être prévaricateurs de la Loi de Dieu, il arriveroit un jour qu'ils feroient fans Sacrifice, fans Autel, fans Sacerdoce & fans Oracle. Mais il faut convenir en même temps avec le même S. Docteur, que hors Dddd iij cet endroit du Prophete Ofée, le mot de Teraphim est toujours pris dans l'Ecriture Sainte en mauvaise part; & & que s'il fignifie dans le paffage que nous venons de rapporter l'Urim & le Tummim du Grand-Prêtre, il n'eft employé par-tout ailleurs que pour marquer de vaines Idoles, objet de la veneration des Payens (a). Il paroît par ce que nous venons dire que les Teraphims étoient des Dieux particuliers, femblables à ceux qu'on a nommés depuis Lares ou Penates, & que chacun en avoit dans fa maifon pour fa confervation & pour celle de fa famille. S'ils avoient été des Dieux publics, Laban n'auroit pas dit pourquoi avez vous derobé mes Dieux? Et il n'auroit pas été le feul à pourfuivre Jacob; tout le Peuple intereffé à ce vol, l'auroit fecondé. L'exemple de Nabuchodonofor prouve qu'on les portoit dans les voyages & dans les expeditions militaires, puifque ce fut en chemin qu'il les confulta. Enfin, on peut prouver la même verité par celui de Micha qui avoit des Teraphims dans fa maifon pour les interroger dans le befoin. Mais étoient-ils des Dieux naturels, tels que les Aftres, ou des Dieux animés, c'eft-à-dire, les Ames des ancêtres? C'est ce qu'on ne fçauroit decider. Quelques Sçavans font perfuadés qu'ils étoient des Dieux animés; & l'Auteur de Hiftoire Critique des Dogmes & des Cultes, en eft si convaincu, qu'il prétend que les Teraphims de Laban étoient Noé & Sem: mais fur quelles preuves peut-on établir une pareille prétention? Sur ce fondement le même Auteur eft obligé de dire qu'il n'y avoit dans chaque maison que deux Teraphims, pour reprefenter ces deux Patriarches; mais comme l'Ecriture parle de ces Dieux fans en specifier le nombre, je ne crois pas qu'on puiffe le reftraindre à deux feulement. On fçait du moins que fi les Dieux Penates tirent leur origine de ces anciens Teraphims, comme il est très-vraisemblable, il étoit libre à chacun d'en avoir autant qu'il en vouloit. (a) L'exemple de Micha eft peut-être une exception à la Regle établie par faint Jerôme. Car on croit communément qu'il avoit fait fes Teraphims pour confulter le vrai Dieu ; & que s'il étoit prévaricateur, il n'étoit pas idolâtre. ARTICLE I I. Moloch, Dieu des Ammonites MOLOCH, un des principaux Dieux de l'Orient, étoit honoré par les Ammonites, qui le reprefentoient fous la figure monftrueuse d'un homme & d'un veau. On avoit ménagé vers les pieds de la Statue plufieurs fourneaux, dans lesquels on jettoit les enfans qu'on immoloit à ce Dieu; & tandis que ces Victimés infortunées qui brûloient dans ces fourneaux, jettoient des cris qui attendriffoient les affiftans, les Prêtres battoient du tambour, pour empêcher qu'on n'entendît leurs plaintes. C'étoit de ce bruit que la Vallée où fe commettoient ces abominations étoit nommée la Vallée du Tophet, comme qui diroit, la Vallée du Charivari. Les Interpretes de l'Ecriture Sainte, & quelques autres Sçavans ont cherché à découvrir quel pouvoit être ce Moloch. Quelques-uns ont cru, avec Antoine Fonfeca, qu'il étoit le même que Priape: Gerard Voffius s'eft efforcé de prouver qu'il étoit le Soleil; mais l'opinion la plus commune eft que ce Dieu étoit le même que Saturne: & on appuye cette prétention, par la conformité des Sacrifices humains, qu'on offroit également à Moloch & à Saturne; & comme ce dernier eft Abraham, il n'eft pas douteux que le premier n'ait été formé sur ce que les Payens avoient appris de l'Hiftoire de ce faint Patriarche. C'eft ainsi qu'en ont raisonné Selden (1), (1) De Diig le Pere Kirker (2), Beyer & plufieurs autres; mais perfonne n'a Syr. prouvé cette opinion avec plus de force que M. Fourmont (3). (3) Refl. Crit. Moloch, dit-il, étoit une fournaise, ainfi que l'ont toujours T. I. p. 35.7. cru les Orientaux. Or cette idée étoit prife de la Fournaise qu'on difoit avoir été allumée dans Ur, ville des Chaldéens pour y faire perir Abraham, ainfi que le racontent les Rabbins ; & comme le nom de cette ville eft le même que celui du feu, au lieu de dire que ce faint Patriarche étoit forti de Ur des Chaldéens, on publia qu'il avoit été tiré du feu, ou de la fournaife. (2) Oed Ag. " Dans les Sacrifices de Moloch on offroit des enfans; n'eftce pas là une imitation du Sacrifice d'Ifaac, que les Payens 1 ont toujours crû avoir été executé à la lettre ? Aux Victimes humaines on en mêloit d'autres dans les Sacrifices de Moloch, fçavoir des tourterelles ou des colombes, une brebis ou un agneau, un belier ou des chevres, un veau, un taureau, & on y ajoutoit de la farine, fimila: d'où cela peut-il être pris, demande le même Auteur ? C'eft, dit-il, que l'Hiftoire du Patriarche presentoit tout cet appareil. Prenez, dit Abraham, une genisse de trois ans, un belier auffi de trois ans, une (1)Gen.15.9. tourterelle & une colombe (1): fumite mihi vaccam triennem, & arietem annorum trium, turturem quoque & columbam. Qu'on ajoute à cela le belier qui fut immolé à la place d'Ifaac, la farine, ou plûtôt les pains cuits fous la cendre, dont il eft parlé dans l'Histoire de ce même Patriarche, & le veau qu'il fit tuer dans le feftin qu'il donna aux Anges; & il fera bien difficile de ne pas convenir que toutes les circonftances des Sacrifices qu'on offroit à Moloch, étoient une expreffion des avantures d'Abraham. A toutes ces preuves on pourroit en ajouter une autre. Les noms de Moloch & de Melchon, qui étoient donnés au même Dieu, fignifient le Roi. Or les Auteurs profanes ont cru qu'A(2) Strabon. braham avoit été Roi (2): difons encore que le nom de Baal ou Bel, qui étoit, felon l'Ecriture Sainte, le même Pour comprendre ce que je viens de rapporter des differentes fortes de Victimes qu'on immoloit à Moloch, il eft bon d'avertir que c'eft fur l'autorité des Rabbins que les modernes l'ont crû : voici, felon Paul-Fage, ce qu'ils ont debité fur ce fujet. La Statue de Moloch étoit une figure creuse, dans laquelle on avoit ménagé fept efpeces d'armoires. On en ouvroit une pour y offrir de la farine, une autre pour des tourterelles, une troifiéme pour y immoler une brebis, une quatrième pour y facrifier un belier, la cinquiéme pour un veau, la fixiéme pour un boeuf, & la feptiéme enfin pour y enfermer un enfant qu'on y faifoit brûler. Ces fept efpeces de chambres renfermées dans la Statue de Moloch, ont un rapport trop fenfible à ce qu'on difoit des fept portes de Mithras, par lesquelles il falloit paffer pour être être initié à fes myfteres, pour ne pas croire que c'eft fur lo 1 Quoiqu'il en foit, ceux qui prétendent que Moloch étoit le même que Saturne, ne manquent pas de preuves pour appuyer leur fentiment. En effet le Saturne adoré par les Carthaginois, avoit beaucoup de reffemblance avec le Dieu des Ammonites, puifque felon Diodore de Sicile (1), il étoit reprefenté par une figure de bronze, dont les mains étoient renversées & penchées vers la terre, de maniere que quand on mettoit un enfant entre fes bras, pour le lui confacrer, il tom boit dans le moment fur un brafier allumé aux pieds de l'Idole, où il étoit bien-tôt confumé. 1 (1) Apud Euf. Præp. Ev Liv. 4 L L • Rien n'eft plus celebre dans l'Antiquité que les Sacrifices de Victimes humaines offertes à Saturne, non feulement à Carthage, & dans plufieurs autres endroits de l'Afrique comme le remarque Minatius Felix (2), mais auffi dans la (2) In OdaPhenicie, quoique ce Dieu y fût reprefenté d'une maniere vio. differente de celle dont nous venons de parler, puifqu'on mettoit à fa Statue des yeux & des ailes, comme nous l'avons dit en rapportant le fragment de Sanchoniathon (a); & cette barbare coutume d'offrir à ce Dieu ces fortes de Victimes, dura jufqu'au temps de Tibere, ainsi que le rapporte Tertullien (3). 1007 IXI (3) Apolog. Ceux qui veulent que Moloch foit le Soleil, ont pour leur Je crois avoir trouvé le moyen d'accorder ces differens Eeee |