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de le voir, que ce Dieu eft le même que Beel-Phegor, & qu'il étoit honoré fous ces deux noms par les Moabites. J'adopte encore la conjecture de Voffius, qui prétend que le Chamos des Moabites eft le même que le Comus, Kaipos, des Grecs & des Romains, ou le Dieu des Feftins (1).

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(1) De Idol. L. 2. c. 8.

Joan.

Syl

BEEL-ZEBUT, le Dieu des Accaronites, eft un de ceux dont l'Ecriture Sainte parle le plus fouvent. Son nom fignifie, ou le Dieu-Moûche, où, comme prétend S. Auguftin (2), le (2) Tract. in Prince des moûches: mais on ne fçait pas, comme le remarquent Selden & Grotius (3), fi c'étoit le nom que le peuple (3) De Düs d'Accaron donnoit à cette Idole, ou fi les Juifs le nommoient ainfi par derision, à peu près comme les Prophetes changerent le nom de Bethel, qui veut dire la maifon du Seigneur, en celui de Bethaven, qui fignifie la maifon d'iniquité, E parce que Jeroboam y avoit fait adorer un de fes Veaux d'or. Cependant il y a apparence que ce peuple nommoit ainfi ce faux Dieu, ou parce que fon Temple étoit exempt de moûches, ou parce qu'il avoit le pouvoir de les chaffer des lieux qu'elles frequentoient. Auffi voyons-nous que ceux de Cyrene, au rapport de Pline, immoloient des Victimes au Dieu Achor, pour être delivrés de ces infectes, qui caufoient quelquefois dans leur pays des maladies contagieufes. Cet Auteur remarque (4) qu'elles mouroient lorfqu'on avoit facrifié (4) Liv. 10. à cette Idole : quæ protinùs intereunt, poftquam libatum eft illi Deo. Ces deux Peuples n'étoient pas les feuls qui reconnuffent un Dieu Chaffe-moûches, puifque les Grecs, les plus fuperftirieux de tous les hommes, avoient auffi leur Jupiter & leur Hercule Myode, ou Myagron, Chaffe-moûches. Si nous en croyons Paufanias (5), l'origine du culte qu'ils rendoient à (5) In Eliacis. cette Divinité, venoit de ce qu'Hercule fe trouvant incommodé de ces infectes, dans le temps qu'il vouloit facrifier dans le Temple de Jupiter Olympien, offrit une Victime à ce Dieu fous le nom de Myagron, & toutes les moûches s'envolerent au-delà du fleuve Alphée. Pline affûre même

C. 18.

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qu'on ne manquoit pas toutes les fois qu'on celebroit les Jeux Olympiques, de facrifier au Dieu Myode, de peur que moûches ne troublaffent la folemnité.

les

Quoiqu'il en foit, Beel-Zebut eft appellé dans l'Ecriture, le Prince des Demons, ce qui fait voir que c'étoit une des principales Divinités des Syriens. Lorfqu'Ochofias envoya le confulter, le Prophete Elie fit ce reproche à fes domeftiques: N'y a-t'il pas un Dieu dans Ifraël? Et pourquoi aller confulter (1) 4. Reg. Beel-Zebut Dieu des Accaronites (1)

C. 1.

V. 9.

ARTICLE VI

Berit, ou Baal-Berith.

CE Dieu feroit totalement inconnu fans un paffage du Li(2) Chap. 8. vre des Juges (2), où il eft dit, qu'après la mort de Gedeon les Ifraëlites abandonnerent le Seigneur, & firent alliance avec Baal, afin qu'il fût leur Dieu: Percufferuntque cum Baal fœdus, ut effet eis in Deum; le texte Hebreu porte, établirent Baal-Berit fur eux, afin qu'il fût leur Dieu. Il est dit (3) Chap. 9. auffi dans le même Livre (3), que ce Dieu avoit un Temple

& ils

à Sichem, d'où les habitans de cette ville tirerent foixante & dix livres d'argent, pour les donner à Abimelec, fils de Gedeon. Les Interpretes de l'Ecriture Sainte ont debité plufieurs conjectures pour nous apprendre quel étoit ce Dieu. Le Pere Calmet (a) croit qu'il étoit le même que Derceto, ou Dagon, ou Diane-Britomaris, & que fon culte étoit paffé de l'Ile de Crete chez les Philiftins, & de-là avoit penetré à Sichem : mais ce n'est pas là le chemin qu'ont fait les fables. Le culte des Dieux du Paganisme, comme nous l'avons dit tant de fois, originaire des Pays de l'Orient, a paffé dans les Ifles de la Mediterranée, & de-là dans la Grece & dans les Pays voisins. Ainfi nous aurons encore recours à Sanchoniathon : cet Auteur, ou plûtôt Philon de Byblos fon Interprete, dit qu'Elion & Berith font deux Divinités de Phenicie. Le premier de ces deux noms fignifie, le Très-haut, & il eft donné quelquefois au vrai Dieu, par les Ecrivains facrés: Bel ou Baal, fignifie le Seigneur. Berutht qui a un rapport () Voyez fa Differtation fur les Dieux des Philiftins.

fort

!

fort visible avec Berit, fignifie l'alliance; ainfi Elion-Beruth,
ou Baal-Berit, fera le vrai Dieu ou la Déeffe de l'alliance;
l'Ecriture dit en effet que les Ifraëlites firent alliance avec
ce Dieu, comme on vient de le voir dans le paffage que j'ai
rapporté.

(1) Denys

On fçait que les Anciens avoient plusieurs Dieux qui prefidoient aux alliances, & il femble que chacun étoit maître de choisir celui qu'il vouloit, pour être le garant de ce qu'il alloit promettre. Cependant on choififfoit ordinairement, parmi les Grecs & les Romains, Jupiter, qui pour cela étoit furnommé Jupiter au Serment (1). Paufanias (2) nous apprend que dans la ville d'Olympie on voyoit ce Jupiter tenant la foudre dans fes mains, prêt à la lancer contre ceux qui violeroient leurs fermens. Il n'y avoit rien de plus celebre chez les Romains, que la formule du jurement par Jupiter-Pierre : Quid igitur jurabo? dit Apulée (3); per Deum Lapidem, Ro- (3) De Deo mano vetuftiffimo more.

Mais quel étoit donc ce Dieu de l'alliance ? C'eft ce qu'il

d'Halic. L. 4.

(2) In Eliacis.

Jove.

eft impoffible de deviner: car Bochart ne nous fatisfait point
lorfqu'il dit (4) que Berit eft le même que la Déesse Beroés (4) Chan. 1. 2
dont parle Nonnus, & que ce Poëte dit être fille de Venus C. 17.
& d'Adonis, ou felon d'autres Auteurs, de Tethys & de
l'Ocean. On ne fera pas plus avancé quand on fçaura que ce
Dieu, ou cette Déeffe, avoit donné fon nom à la ville de
Berith, où elle étoit adorée.

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Nous ne connoiffons encore Kiun, ou Rempham, que par un paffage du Prophete Amos, dans lequel il eft dit: Vous avez porté le Tabernacle de votre Dieu Moloch, & Kiun vos images & l'étoille de vos Dieux que vous vous êtes faits (5). (5) Amos Saint Luc en rapportant un difcours de S. Etienne, appelle C. 5. v. 26. ce Dieu, après les Septante, l'étoille de votre Dieu Rempham. Ce paffage a donné la torture aux Interpretes, au fujet de la difference qui fe trouve entre le texte Hebreu, & celui des Septante. Je n'entre pas ici dans la difcution de leurs raisons, Ffff

Tome I.

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on peut les confulter: il fuffit d'examiner fi cette étoille de Rempham étoit la même que celle de Venus, dont le Prophete reproche le culte aux Moabites, comme S. Jérôme le prétend (a), fur ce que les Sarrafins ont toujours honoré la Planete de cette Divinité, qu'ils nommoient Cobar; ou ft c'étoit la Lune, comme le foutiennent quelques Auteurs ; ou enfin Saturne, ce qui eft plus vraisemblable, puifque Kaivan, qui est le même mot à peu près que Kiun, fignifie Saturne chez les Perfans ; & Ram, dont on a fait Rempham, vouloit dire chez les Pheniciens, haur, élevé ; ce qui convient à Saturne qui eft la plus élevée des Planetes (6). Sur quoi il eft bon de remarquer en paffant, que lorfque je prétends que le Prophete Amos parle ici de Saturne, je veux dire, entant qu'il étoit une Divinité naturelle, qui reprefentoit l'Af tre qui a depuis pris fon nom, & dont le culte étoit très

ancien.

(a) Sidus Dei veftri, quod hebraicè dicitur Cobab, id eft Lucifer, Saraceni nunc afque venerantur. S. Jerôme fur le ch. 5. d'Amòs.

(b) Voyez Selden, Grotius, & les autres Interpretes ; & Thomaffin, Lect. des Poëtes, Tome fecond Liv. 1. C. 13.

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Des autres Dieux moins connus dont il eft auffi parlé dans
PEcriture Sainte.

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POUR bien entendre ce que j'ai à dire dans cet Article, il eft bon de fçavoir que les Cuthéens, que Salmanazar enyoya pour repeupler Samarie après en avoir difperfé les Tribus, y porterent plufieurs de leurs Idoles, dont les Ifraëlites embrafferent fouvent le culte, comme les Prophetes le leur reprochent dans plufieurs occafions. Un paffage du quatriéme (1) Chap. 17. Livre des Rois (1), nous en fait connoître un grand nombre; les voici.» Chacun de ces Peuples» ( qu'Affaradon avoit envoyés pour peupler les villes de Samarie) » fe forgea fon Dieu, & ils les mirent dans les Temples & dans les faints » lieux que les Samaritains avoient bâtis. Chaque Nation mit » le fien dans la ville où il habitoit : les Babyloniens firent des Sucots-Benoths; les Cuthéens, Nergel; ceux d'Emath,

D

Afima; les Hevéens firent Nabahas & Tartac; mais ceux de Sepharvaim faifoient brûler leurs enfans en l'honneur d'Adramelech & d'Anamelech ». Un petit Commentaire fur cet endroit, va faire connoître toutes ces Divinités.

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D

Syriis.

1o. Les termes du Sucot-Benoth, fignifient les Tentes des filles; ce qui a fait croire à Selden (1) que l'Ecriture avoit (1) De Diis voulu parler dans ce Chapitre, des Temples de Venus, ou d'Aftarté, qui étoient à Babylone, & dans lefquels les filles, au rapport d'Herodote & de Strabon, fe proftituoient aux Etrangers (a). Le Prophete Jeremie parle de cette détestable coutume, dans la Lettre qu'il écrivit à Babylone, & il nous apprend que ces jeunes filles s'y rendoient avec des couronnes fur la tête, & s'enfermoient dans de petites chambres, ou démeuroient fur le grand chemin, faisant des reproches piquants à celles dont la beauté n'attiroit pas les caresses des paffans (b).

2o. Le Nergel des Cuthéens étoit apparemment le feu facré adoré par les anciens Perfes; ce qui eft conforme à son nom, qui fignifie une fontaine de feu.

3°. Chamanin étoit auffi une Idole qui reprefentoit le Soleil, dont Jofias, comme nous l'avons dit, abolit le culte. 4°. L'Asima des Peuples d'Emath, étoit representé sous la figure d'un Bouc, & il étoit apparemment le même que le Dieu Pan des Egyptiens.

48. d'Ifaïe.

5°. Le Nabahas des Hevéens étoit Nebo, cette grande Divinité de Babylone, qui felon Grotius (2), avoit été quel- (2) Sur le ch. que Prophete du Pays; ce qui eft conforme à l'étymologie de fon nom qui, comme nous l'apprend S. Jerôme, fignifie celui qui prefide à la Prophetie. Les Chaldéens, peuple entierement addonné à l'Aftrologie, pouvoient-ils manquer de mettre au rang de leurs Dieux celui qui avoit excellé dans cet art? La plupart des Rois de Babylone portoient le nom de ce Dieu, joint avec le leur propre, Nabo-Naffar, NaboPolaffar, Nabu-Chodonofor, &c.

6°. Le Tartac, felon quelques Auteurs, étoit le même que

(4) Les Syriens representoient cette Déeffe fous la figure d'une Poule avec ses petits. (6) Cette Lettre eft à la fin de la Prophetie de Baruch.

Ffff

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