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(1). P. 24.

(2) Rel. vet. Perf. p. 113.

par une Antique, fur laquelle il eft représenté fous la figure d'un Lion, avec fon étoille & cette Infcription, Leo Mithriacus doit furtout y. être, comme il y eft en effet, le Soleil étant dans fa plus grand force, lorfqu'il entre dans ce Signe; & il fe trouve dans le marbre que nous expliquons, au-dessus du Cancer, parce qu'effectivement le Soleil y entre en fortant de ce Signe. Les autres étoilles & les conftellations y font auffi, comme devant être dans un Planifphere celefte (a).

Les deux jeunes-hommes, vétus & coëffés comme Mi thras, dont l'un tient élevé fon flambeau allumé pendant que l'autre le tourne contre la terre pour l'éteindre, font certainement, comme les Antiquaires l'ont dit de concert, des Symboles du Soleil-Levant, & du Soleil-Couchant, & il eft inutile de s'y arrêter davantage. On doit penfer la même chose des deux flambeaux, l'un élevé, & l'autre baiffé vers la terre, qui dans un des Monumens de Mithras, font attachés à deux arbres, l'un devant, & l'autre derrier le Taureau égorgé. On ne doit pas douter non plus que les deux étoilles qui font fur la tête des jeunes-hommes, dont nous venons de parler, dans un marbre, expliqué par Gruter (1), ne foient l'étoille du matin & celle du foir, comme le dit ce fçavant Antiquaire dans un de ces marbres rapportés par Thomas Hyde (2). Le jeune-homme qui tient le flambeau élevé, eft debout; & il doit être dans cette attitude, comme devant porter la lumiere fur la terre. Celui qui éteint fon flambeau, eft affis, & paroît accablé de trifteffe, pour marquer que fa lumiere va difparoître; & que la terre étant dans les tenebres & dans l'obfcurité, les hommes vont être livrés au chagrin & à l'inquiétude.

Des deux arbres, aufquels font attachés les flambeaux, l'un (& c'eft celui qui est du côté du Soleil-Levant) n'a que des feuilles, pendant que celui qui eft au Couchant, eft char

thras

(a) Outre le Lion de Mithras, dont on vient de parler, on trouve d'autres f gures de ce Dieu avec le Symbole de cet animal, & une fort finguliere, que le R. P. de Monfaucon a rapportée dans fon voyage d'Italie, & qui représente Mious une forme humaine, avec une tête de Lion, ayant quatre ailes aux épaules, & tenant des deux mains deux flambeaux, dont l'un paroît plus, élevé que Fautre. Le Lion aulreftel étoit fi ordinaire dans les myfteres de ce Dieu, qu'on les nomme quelquefois Leontia

gé de fruits; ce qui marque le Printemps & l'Automne.
Le Soleil fur fon char, au haut du marbre, dont les che-
vaux paroiffent agités, marque le Soleil à midi, & dans toute
La force; comme la Lune auffi fur fon char, & dont les che-
vaux semblent si fatigués, qu'il y en a même un qui eft cou-
ché, fignifie que le Soleil l'éclipfe & l'oblige de fe cacher.

Les deux figures entortillées de Serpens, marquent l'obliquité de l'Ecliptique; ce qu'on peut confirmer par un Monument fingulier, que le Pere de Monfaucon a fait deffiner, fur lequel on voit les Signes du Zodiaque coupés par un Serpent, qui en fait le tour à plufieurs replis (1).

(1) Antiq,

378.

Les Autels & les Phioles, qui forment une efpece de cor- Expl T. 1. p. niche au haut de ce marbre, nous apprennent l'usage dont ils étoient dans les myfteres de Mithras, qui étoient toujours accompagnés de Sacrifices.

Le Corbeau qu'on voit dans ce même marbre, doit être regardé comme un Oifeau confacré au Soleil, ou à Mithras comme il eft für par tous les Anciens, qu'il l'étoit. Les Prê tres même de Mithras,. étoient appellés Coraces, qui veut dire, des Corbeaux, & Hierocoraces, ou Corbeaux facrés, à caufe, de cet Oifeau qui étoit confacré à ce Dieu; comme ils font auffi appellés Leontiques, parce que le Lion étoit, comme nous venons de le dire, fon Symbole particulier..

Les autres figures de Mithras, rapportées par les Antiquaires, peuvent s'expliquer aifément. Il y en a deux fort fingulieres dans le voyage d'Italie du Pere de Montfaucon. L'une, & c'eft celle dont nous avons parlé dans la Note précedente, reprefente un Homme avec une tête de Lion, qu'un Serpent, après avoir entortillé fon cou & fes épaules, furpaffe de toute fa tête : Superat capite & cervicibus altis (2), (2) Virg. A Cette figure a quatre ailes, dont deux font baiffées vers la neid. 1. 2. terre, & les deux autres élevées vers le ciel. De la gueulle du Lion fort une longue bandelette, qui flotte au gré du vent. L'autre figure eft montée fur un Globe; le Serpent l'entortille depuis le bas du Globe jusqu'au dessus de la tête, & fe repliant fur le devant, il met la fienne dans fa gueule. Cette figure a auffi quatre ailes difpofées de même, c'est-àdire, deux baiffées & deux élevées; mais au lieu de flambeaux

Lætam.

elle tient deux clefs des deux mains ces deux figures font inconteftablement le Dieu Mithras. Plufieurs Auteurs affûrent qu'on le représentoit avec la tête d'un Lion, ainsi (1) Apolog. que nous l'apprenons de Tertullien (1) & de S. Jerôme (2). (2) Ep. ad Lutatius même, dont nous avons parlé ci-devant, dit que Mithras en habit Perfan, avoit la tête d'un Lion, ornée d'une Tiare, & qu'il tenoit des deux mains les cornes d'un Taureau; fur quoi il eft bon de remarquer en paffant, que quoiqu'on trouve des figures de ce Dieu avec la tête d'un Lion, comme font les deux que j'explique, il n'eft pas représenté ainfi fur les Monumens où il égorge le Taureau.

Quoiqu'il en foit les autres Symboles de ces deux figures peuvent s'expliquer ainfi. Les quatre ailes montrent la rapidité du cours du Soleil : les deux qui font élevées vers le Ciel, marquent le lever de cet Aftre, & les deux qui fone baiffées, fon coucher: le Serpent qui entortille ces figures, l'obliquité du cours du Soleil qui eft la même que celle de l'Ecliptique, d'où cet Aftre ne fort jamais : les clefs qui font dans les mains de l'un de ces deux, fignifient que le Soleil ouvre & ferme le jour, & qu'il eft le maître de la nature: enfin le Globe qu'elle tient fous fes pieds, nous apprend que cet Aftre en fait le tour, & répand fa lumiere & ses influen ces favorables fur tout l'univers.

Remarquons avant que de paffer outre, que fur un marbre de la Gallerie Juftinienne, & fur deux autres, dont l'un eft rapporté dans l'ouvrage de Mr. della Torré, & l'autre dans Beger, les figures de Mithras qui égorge le Taureau, font ailées, ainfi que la figure du jeune-homme qui porte une torche allumée; ce qui ne fait que confirmer ce que nous avons avancé, qu'on vouloit marquer par-là, avec quelle rapidité le Soleil faifoit le tour du monde. Il y a aufsi quelques autres variétés fur ces anciens Monumens, qui ne font peut-être que. l'effet du caprice de l'Ouvrier. Ainfi quelquefois les deux jeunes-hommes qui portent les flambeaux allumés, les tiennent tous deux tournés en haut, quelquefois tous deux tournés vers la terre : quelquefois auffi celui de ces jeunes-hommes que nous avons dit marquer le jour naiffant, fe trouve derriere le Taureau, pendant que celui qui repréfente le coucher du Soleil, eft devant.

Voilà, à ce que je crois, l'explication la plus vráifembla→ ble de tous les Symboles qui accompagnent la figure de Mithras (a); fi toutefois on n'aime mieux dire, que ce Dieu paroît au milieu de ces figures, monté fur un Taureau qu'il é gorge, pendant que deux jeunes autres Mithras font, l'un de vant, l'autre derriere, pour marquer le lever, le coucher, , & le midi, temps auquel le Soleil eft dans fa plus grande force: ce qui eft très-bien exprimé par fon action fur le Taureau, l'un des plus forts & des plus courageux des animaux.

que

Je ne diffimulerai pas cependant qu'il y a des Mytholo→ gues qui prétendent que le Taureau defigne la Lune, & le Soleil en tenant l'animal par les cornes, femble forcer cette Planete à le fuivre; ainfi qu'il paroît que Stace a voulu le faire entendre dans ce Vers:

Indignata fequi torquentem cornua Mithram;

ou, ce qui revient à peu près à la même idée, qu'on a vou-
lu par ce Symbole nous apprendre, que le Soleil eft le mo-
derateur de tous les Aftres, & le maître de leurs mouve
mens. Martianus Capella, en parlant du Soleil, dit :

Nam medium tu curris iter, dans folus amicam
Temperiem fuperis, compellens atque coërcens
Sydera facra Deum, cùm legem curfibus addis (1)..

(1) De nupt.

Phil: 1. 2.

Ciceron parlant du même Aftre, dit qu'il eft le chef & le conducteur de tous les autres : Dux, Princeps & moderator luminum reliquorum (2): ce que Macrobe explique ainfi Sat. ch. (2) Soma. 20. « Le Soleil, dit-il, eft appellé le moderateur des autres,

α

- parce que c'eft lui qui regle leurs cours; de forte que quand

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» ils s'en font éloignés à une certaine distance, il les force de revenir fur leur route, & de s'en raprocher ».

De tous les marbres qui repréfentent Mithras, il n'y en a qu'un (c'eft celui qui eft tiré de la Vigne Borghese) fur le quel il y ait l'Infcription de Deo Soli invicto Mithra, qui n'a rien de difficile; mais il y a au-deffus, fur le cou du Tau

(a) On peut confulter l'Ouvrage de M. della Torré, qui explique d'une manier arès-fçavante. tous ces Symboles de Mithras.

Scip.

reau, près de l'endroit où Mithras lui enfonce le poignard, ces deux mots, Nama Sebefio, qui ont donné la torture à tous les Antiquaires. Les plus raifonnables font ceux qui ont dit qu'ils étoient inintelligibles; cependant pour ne pas priver mes Lecteurs des conjectures des Sçavans, je vais rapporter ce qu'ils ont imaginé fur ce fujet. Gruter a remarqué feulement que c'étoit deux mots Perfans, & ne les a pas expliqués. (1) De Mag. Boulanger prétend (1) qu'il faut lire Nanna Sebefio, & tout de fuite Deo Mithra: & delà il conclut que le mot Nanna, eft un nom Perfan de Mithras.

1. I.C. 4.

194.

(3) L.`1. Hér. 16.

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Que fi on vouloit foutenir qu'on a fort bien pû former de deux nn, une m, & qu'ainfi on aura mis nama pour nanna, alors ce mot fera une Epithete de Diane, qui étoit furnommée Nannea, & qui porte même ce nom dans le Livre des Machabées, & non celui de Mithras:& comme plufieurs Mytholo gues, ainfi que nous venons de le dire, prétendent que le Taureau fur les Bas-reliefs que j'explique, defigne la lune, qui étoit la même que Diane, il faudroit lire ainfi l'Infcription, A Nannea, & au Soleil l'invincible Mithras; mais que deviendra le mot de Sebefio, qui ne fut jamais donné à Diane mais feulement à Jupiter, & furtout à Bacchus ou Dionyfius, qui étoit le Soleil?

Le fçavant Evêque d'Hadria que j'ai fi fouvent nommé dans cet article, & qui le premier a publié cette Infcription, après avoir avoué que c'eft une Enigme impenetrable, l'a pour(2) C. 4. p. tant expliquée très-fçavamment. S. Epiphane, dit-il (2), obferve (3) que les Pharifiens avoient exprimé en Hebreu les noms des Dieux de la Grecè, & il en rapporte pour exemples celui du Soleil, qu'ils appelloient Hamma & Semes, en quoi le Pere Petau eft d'accord avec lui. Or il est aisé de voir fa reffemblance de Hamma, ou plûtôt Chamma avec Nama, & celle de Semes avec Sebes, d'où a été formé le Sebafius, ou Sebefius: ainfi ces deux mots ne font que le nom du Soleil, avec fon épithete Sebafius, écrits à la maniere des Perfans, & repettés en Latin fur la cuiffe du Taureau, Deo Soli, &c. Le fçavant Prélat confirme fa conjecture fur ce que les Bafilidiens avoient introduit dans leurs myfteres, dont ceux de Mithras faifoient partie, plufieurs mots barbares & étran» gers:

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