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parti de remettre leurs Offrandes de la maniere qu'il vient de fe dire. On prenoit deux routes pour aller de leur Pays à Delos, & ces deux routes fe trouvent bien marquées dans (1) In Att. les Anciens. Paufanias (1) dit qu'ils donnoient leurs Offrandes aux Arimafpes, que ceux-ci les mettoient entre les mains des Iffedons, que les Iffedons les remettoient aux Scythes qui les portoient à Sinope, où il fe trouvoit toujours des Grecs qui les envoyoient à Prafies, d'où les Atheniens avoient foin de les faire porter à Delos.

L'autre route fe trouve dans Callimaque, lequel s'adreffant à Delos dans un de fes Hymnes,dit: Les Hyperboréens vous envoyent les premices de leurs fruits: ces premices qui viennent de fi loin, font premierement reçues par les Pelafges de Dodone, qui les portent à travers les montagnes dans la Melide, d'où elles paffent par en Eubée, & de-là elles arrivent fans peine dans vos Ports.

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Ces Offrandes au refte, que les Anciens appellent les premices des fruits, étoient des gerbes de bled, ou des javelles, & toute l'Antiquité en convient : cependant Sau(2) Animad. maise (2) pretend que c'étoit ce qu'on appelle en Latin partes præcifia, les parties les premieres coupées, comme les prémices d'une Victime; furquoi on peut confulter Crenius qui le réfute.

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Quoiqu'il en foit, il paroît que les Hyperboréens avoient pour Apollon une veneration toute particuliere, & même si nous en croyons Diodore de Sicile, c'étoient les Boreades, defcendants de Borée, qui étoient parmi eux en poffeffion du Sacerdoce, qui étoit uni à la Royauté. Surquoi il eft bon de remarquer que les filles qu'on envoya d'abord à Delos étoient du Sang Royal & Sacerdotal, puifque Callimaque qui en nomme trois, Heca-Ergé, Opis & Loto, dit qu'elles étoient filles de Borée. Si l'on demande maintenant pourquoi les Hyperboréens étoient fi devots à Apollon, je répondrai (3) Liv. 2. avec Diodore de Sicile (3), que Latone étoit née dans leur Pays, & que dès-là il n'eft pas étonnant qu'ils ayent honoré fon fils d'un culte particulier. Auffi, continue l'Hiftorien, non feulement ils avoient inftitué des fêtes en fon honneur, mais lui avoient auffi confacré une Ville entiere. Apollon

(4) Dans fa Differ. p. 129.

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de fon côté, comme le dit M. l'Abbé Gedouyn (4), se regardant comme originaire de leur Pays, les honoroit vo

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lontiers de fa préfence, & fe plaifoit chez eux plus que partout ailleurs. Ce fut même-là qu'il fe retira lorfqu'il fut ban"ni du Ciel, pour s'être emporté contre Jupiter qui avoit foudroyé fon fils Efculape, ainfi que nous l'apprenons d'Apollo»nius de Rhodes, qui pour cette raifon appelle les Hyperboréens un Peuple facré. L'opinion même du fejour d'Apollon au Pays des Hyperboréens étoit fi repandue parmi les Grecs,

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qu'au rapport d'Elien, ou plûtôt d'Ariftote, cité par cet

» Auteur (1), Pythagore dont les Crotoniates admiroient la (1) Var. Hift. fageffe & la vertu, fut pris par eux, pour Apollon Hy- 1.2. c. 26. perboréen ».

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Les Grecs qui publioient plufieurs autres Fables à l'occafion de cet Apollon, difoient qu'il étoit venu de leur Pays au fecours de Delphes, dans le temps que cette Ville fut affiegée par les Gaulois, comme le rapporte Paufanias. Ciceron qui n'explique pas le motif qui fit venir ce Dieu à Delphes, affûre cependant qu'il y vint, lors qu'en donnant à fon ordinaire la Genealogie des Dieux, il dit : « Le troisième Apollon étoit fils du troifiéme Jupiter, & c'eft celui l'on dit être venu à Delphes » : Tertius Jove tertio natus & Latonâ, quem ex Hyperboreis Delphos ferunt adveniffe (2).

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que

(2) De Nat.

Comme ces voyages prétendus des Dieux, de même que Deor. 1. 2. c. leur naiffance dans quelque Pays, marquoient felon Hero- 23. dote, l'institution de leur culte dans ce même Pays, on pourroit dire que celui d'Apollon paffa des Hyperboréens dans la Grece, peut-être même avant les Colonies qui y vinrent d'Egypte & de Phenicie. Mais d'où les Hyperboréens avoientils reçu eux-mêmes la connoiffance de ce Dieu ? Je reponds, comme je crois l'avoir prouvé dans la Differtation que j'ai indiquée au commencement de cet article, que les Hyperboréens qui, felon moi, habitoient aux environs du Phase, étoient originairement fortis de la Colonie qu'y laiffa Sefoftris, felon Herodote ; & qu'ainfi il n'eft pas étonnant qu'ils ayent honoré Apollon, l'un des Dieux d'Egypte, ni qu'ils en ayent communiqué la connoiffance aux Grecs, dont ils n'étoient pas fort éloignés. Mais comme ce n'eft qu'une conjecture, qui n'eft pas cependant fans quelque fondement, je la foumets volontiers au jugement des Sçavans. PPPP ij

4.

Les Iffedons, voitins des Hyperboréens, n'avoient appa remment d'autres Dieux que leurs Ancêtres, puis qu'Herodote, qui parle de leurs Coutumes & de leur Religion, dit que quand quelqu'un a perdu fon Pere, tous fes Parens lui amenent beaucoup de bétail ; & que lorfqu'ils ont coupé en morceaux le cadavre, ils tuent auffi & coupent en pieces le Pere de celui qui les reçoit chez lui, & qu'ayant mêlé enfemble toutes ces chairs, ils les fervent dans le feftin; refervant feulement la tête du Mort qu'ils enchaffent dans de l'or, & s'en font une Idole à qui ils offrent tous les ans des Sa(1) Herod. 1. crifices folemnels (1).

Dieux des Sarmates.

Guaguinus.

Les Sarmates, à l'exemple de prefque tous les autres Peuples Idolatres, avoient des Dieux naturels & des Dieux animés. Les premiers étoient le Soleil & la Lune; Pogwid, ou l'Air; Teffa, ou Jupiter; Lacton, ou Pluton; Nia ou Cerès; Marzane, ou Venus; & Zicuonia, ou Diane. Mais il (2) Alexand. eft bon de remarquer que ce font les Hiftoriens Polonois (2), qui nous apprennent que ces Dieux étoient Jupiter, Pluton, Paul. Oderb. Diane, &c. & il ne faut pas fe fier à leur témoignage, puis qu'ils peuvent s'être trompés fur quelque legere reffemblance de ces Dieux avec ceux des Grecs. C'eft ce qu'ont fait la plupart des Anciens, lors qu'ils ont voulu parler des Dieux des autres Peuples, leur ayant, fur le moindre rapport, donné les noms de ceux de leur Pays.

Sart. Evr.

Vide Voff. de

Idol. 1. I. C. 29,

Quoiqu'il en foit; outre ces Dieux naturels, les Sarmates en avoient auffi d'animés, parmi lesquels étoient Lelus & Politus, que ces mêmes Hiftoriens difent être Caftor & Pollux: & quoique le culte que les Sarmates rendoient à ces deux Heros, ait été entierement aboli, lorsque les Polonois qui poffedent en partie le Pays qu'occupoient les Sarmates, embrafferent le Chriftianifme, ils en ont encore confervé les (3) Voff. loc. noms, qu'ils prononcent en figne de joie dans leurs feftins (3). Que fi on me demande pourquoi on a confondu ces deux Divinités avec Caftor & Pollux, je répondrai avec Voffius, que les Sarmates pouvoient les avoir connus par le commerce des gens établis fur les bords du Danube; & puifque les Grecs avoient élevé un Autel en l'honneur d'Alexandre, & les Romains un autre à Augufte, près du Borifthene, comme nous

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Tapprenons d'Ammian Marcellin, ils avoient bien pû les uns & les autres faire connoître aux Sarmates les deux Heros que je viens de nommer. Ainfi raisonne ce fçavant Auteur: il eft vrai que peu content de cette conjecture, il veut infinuer que Lelus & Politus pouvoient reprefenter chez les Sarmates, le Ciel & la Terre; mais comme il n'en rapporte aucune preuve, je crois qu'il faut s'en tenir à la premiere idée.

dis,Mofc. Du

(2) In An

Le même Auteur dit, fur l'autorité de Paul Oderborne (1), (1) In vita que les Peuples qui habitoient près du fleuve Obi, adoroient Joann. Bafiliune Déeffe fous le nom de la Vieille d'Or, & il n'ofe déci- cis. der fi c'étoit Eve elle-même, ou la Terre, qui étoit l'objet de leur culte. Quoiqu'il en foit, l'Hiftorien que je viens de citer, dit que cette Déeffe rendoit des Oracles. Clement Adam (2) nous apprend la maniere dont on confultoit cette Déesse. « Lors que le Pays, dit-il, eft attaqué de quelque fleau, glorum Navig » comme la guerre, la pefte , ou la famine, ces Idolatres » ne manquent pas d'aller confulter cette Déeffe: ils fe profter» nent devant fon Idole, & mettant un tambour au milieu dé l'Affemblée, & un crapaut d'argent au deffus, on frappe fur le tambour; & celui des affiftans duquel s'approche le plus le: donnés fur le tambour font fauter à » terre, eft mis à mort: puis on lui redonne la vie par je ne fçais quel preftige, & alors il developpe la cause du mal,. dont le Pays eft affligé

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crapaut que

les coups

On ne fçait files Daces & les Getes avoient des Dieux naturels ; mais il eft für qu'ils rendoient les honneurs divins à leur Legiflateur Zamolxis, comme on peut le voir dans le Dialogue de Platon, intitulé Charmidès, dans Diogene Laerce (3), dans Strabon (4), & dans Lucien (5). Les Thraces , outre le même Zamolxis qu'ils adoroient comme un Dieu, au rapport de Lucien (6), avoient mis au même rang Orphée & Linus, comme nous l'apprenons de Tertullien (7). J'entends par Orphée ce celebre Argonaute, dont je parlerai plus en detail dans l'Hiftoire de la Conquête de la Toifon d'or *. Qu'on ne dife pas qu'Orphée ne fut honoré que comme un demi-Dieu, puis que Conon (8) affûre pofitivement qu'après qu'on lui eut rendu, près du Tombeau qui Pppp ij.

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enfermoit fa tête, les honneurs dûs aux Heros (a), ce lieu devint infenfiblement un Temple, où on mit en ufage toutes les Cerémonies du culte des Dieux; nouvelle preuve de ce (1) Liv. 5. que nous avons déja dit (1), que les Heros devenoient quelquefois de veritables Dieux.

(2) Liv. I.

(3) Liv. I.

(4) Liv. s.

Temefius de Clazomene peut être mis auffi au nombre des Demi-Dieux des Thraces, puifque Herodote nous apprend (2) que les Teïens ayant conduit une Colonie à Abdere, dont il étoit regardé comme le Fondateur, lui rendirent les honneurs dûs aux Heros. On doit penfer la même chofe d'Ordryfus, duquel les Thraces, felon S. Epiphane (3), tiroient leur origine; & de Pleftorus, auquel fuivant le témoignage d'Herodote (4), ils immolerent le Perfe Ebazus qui s'étoit refugié parmi eux. Voffius (5) qui convient que ce Pleftorus étoit au nombre des Divinités adorées par les Thraces, dit qu'il ignore fi c'étoit un Dieu animé ou un Dieu naturel; mais je crois pour moi que c'étoit quelqu'un de leurs grands Hommes, dont cependant l'Hiftoire ne nous apprend rien de particulier. Enfin les Maffagettes regardoient le Soleil comme leur grande Divinité, & peut-être même comme la feule, & lui immoloient des Chevaux, ainsi que nous l'apprenons de Stra(6) P. 553. bon. (6);

(5) De Idol.

L. 1.49

(a) Voyez dans le commencement du Tome III. ce qu'on dit fur les tombeaux des Heros.

Fin du premier Tome,

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