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l'Academ. des

tres.

Jacques Triglandius, & ce que M. l'Abbé Sallier en a donné dans nos Memoires; pour les Afyles, Jean Ofiander, & (1) I. vol. feu M. l'Abbé de Boiffi (1); pour les Sorts, les Augures des Mém. de & les autres Preftiges, Jules-Cefar Boulenger: en general Belles - Let- pour plufieurs cerémonies & coutumes religieufes, Pitifcus & Rofin; bien entendu, comme l'a remarqué Reinefius, qu'il ne faut ajoûter foi à ce dernier, que quand il rapporte les paffages des Anciens. Pour les vœux & les Tables votives, le Traité de Jacques-Philippe Thomafinus ; fur ce qui regarde les fermens toûjours liés avec la Religion, le petit Traité de (2) Mém. J. B. Hanfenius, & la Differtation de M. l'Abbé Massieu (2); les Sacrifices & les Prêtres, Merula. Enfin on peut ce que Dom Bernard de Montfaucon a tiré de ces Auteurs, & de plufieurs autres, dans fon Antiquité expliquée par les figures; & un grand nombre d'autres répandus dans le Tréfor de Grævius & de Gronovius, & dans les Memoires de l'Academie des Belles-Lettres.

de l'Academ. des BellesLettres.

pour

ni

lire

On m'objectera fans doute que nous avons déja des Mythologies toutes faites & un grand nombre d'Auteurs qui ont travaillé fur les Fables. Je le fçais, & c'eft par un court examen de ces ouvrages, que je vais tâcher d'en faire connoître le merite & les défauts. Je ne parlerai point de Diodore de Sicile d'Apollodore, ni d'Hygin, parce qu'ils n'ont fait que recueillir les Fables, comme Ovide, Antoninus Liberalis, & quelques autres, fans les ramener à aucun fens raifonnable. Palephate qui a voulu les expliquer, eft un guide peu fûr. Les cinquante Narrations de Conon ne font gueres d'une plus grande utilité. Heraclide & un Auteur anonyme, dont nous avons deux Traités des chofes incroyables, ont à la verité ramené à l'Hiftoire les Fables qu'ils rapportent; mais ces ouvrages ou peut-être ces fragmens, font trop courts, & ne rappor tent aucune autorité pour prouver les faits qu'ils contiennent. Les Catasterismes d'Eratoftene le Cyrénéen, ouvrage beaucoup moins érendu que celui d'Hygin, contiennent l'hiftoire des Constellations & de quelques étoiles; & pour bien connoître le ciel Poëtique & Aftronomique, il faut les avoir lûs.,, auffi bien que le Traité de Coefius où Blaeu, fans négli ger même ce qu'a fait fur le même fujet l'Abbé l'Artigaut.

Le

Le livre de Phurnutus fur la Nature des Dieux n'eft rempli que d'allégories, & n'eft prefque d'aucun ufage pour un Mythologue. L'ouvrage du Philofophe Sallufte, eft un Traité très-fuccinct, mêlé de Morale & de Physique, qui ne contient rien ni d'inftructif, ni de fingulier. On peut juger fur le feul titre du livre d'Heraclide de Pont, intitulé Les Allégories d'Homere, du cas que l'on doit faire de cet ouvrage. Les trois premiers Livres de Planciade Fulgence, Mythologue latin, peuvent être lùs avec utilité. L'ouvrage de Lactance Placide ne contient que les Argumens abrégés des Métamorphofes d'Ovide, & celui du Philofophe Albricus la maniere de repréfenter les Dieux avec leurs fymboles. Ce que nous avons de Ptolomée Epheftion n'eft que le fommaire des fept livres qu'il avoit compofés fur la Mythologie, & par ce qui nous en refte, nous devons regretter la de cet perte ouvrage. Celui de Parthenius de Nice a cela de bon qu'il tire d'anciens Auteurs les hiftoires fabuleufes qu'il raconte, mais il n'en contient pas un grand nombre. Les Métamorphofes d'Antoninus Liberalis font d'un mérite bien inférieur à celles d'Ovide, mais il en rapporte quelques unes dont le Poëte latin ne parle pas.

Pour venir maintenant aux Mythologues modernes, je vais dire ce que je penfe de ceux que j'ai lûs. Je mets à leur tête Natalis Comes, Auteur fçavant, & qui nous difpenferoit peut-être de travailler fur le même fujet, fi trop prévenu pour les fens allégoriques & moraux des Fables, il s'étoit un peu plus appliqué à n'en pénétrer que l'hiftoire. Il manquoit d'ailleurs des fecours que les Bochart, les Voffius, & tant d'autres nous ont fournis depuis par leurs fçavantes découvertes. La Mythologie de Cartari, continuée par du Verdier, n'a rien de bien inftructif, ni de bien digéré. La Généalogie des Dieux par Borace, a cela de particulier, que l'Auteur a connu & cité des livres qui ne se trouvent plus aujourd'hui. L'ouvrage de Lylio Gyraldi eft très - bonpour ce qu'il contient; mais outre qu'on n'y trouve pas tous les fujets qui doivent entrer dans une Mythologie, il a négligé l'hiftoire renfermée dans fes anciennes fictions; ce qu'il a de meilleur eft la lifte des furnoms des Dieux dont

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il parle, & qui paroît faite avec beaucoup de foin, quoiqu'il ait fouvent négligé de donner l'explication de ces noms, Le Commentaire de Vigenere fur les Tableaux de Philoftrate eft très-fçavant, mais trop mêlé de Physique & de Morale, & dans un langage qu'on ne parle plus.

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APRES avoir traité des connoiffance préliminaires que doit acquérir un Mythologue, je vais lui montrer les écuils qu'il doit éviter, par rapport aux fyftêmes qu'on a inventés pour expliquer les Fables; car comme il n'y en a aucun qui fatisfaffe à toutes les difficultés ; point de régles générales qui puiffent fervir dans toutes les occafions; on peut affûrer cependant qu'il n'y a aucun de ces fyftêmes dont on ne puiffe tirer quelque utilité.

Examen des Un des premiers & des plus anciens eft celui des Philofophes Platoniciens, qui preffés par les objections des Apofés les Sça- logiftes de la Religion Chrétienne, dont l'objet étoit de leur vans, pour prouver l'abfurdité du Paganifme par celle des Fables qui en expliquer Fables. faifoient le fond, prétendirent que ces Fables n'étoient que des allégories qui cachoient de grands myftêres, & fur tout celui des productions differentes des caufes fecondes, animées par le même efprit qui les avoit développées & tirées du cahos où elles étoient confonduës; que ce grand nombre de Dieux, dont on leur reprochoit le culte, n'étoient que des Génies d'un ordre inférieur au premier moteur, qui leur avoit confié le foin de gouverner le monde; & qu'enfin des chofes qui paroiffoient ou abfurdes ou obfcénes, cachoient feulement le mystére de génération des plantes & des

animaux.

1. Mon objet n'eft point de rapporter ici les réponses des Peres, qui prouvoient à ces Philofophes que les Fables étoient de véritables hiftoires de leurs Dieux, dont on s'avifoit trop tard de couvrir les crimes par d'ingénieufes allégories; ni ce qu'ils répliquoient aux Stoïciens, qui n'abandonnoient la

Religion

Religion établie, qu'en fe jettant dans l'athéisme, & ne reconnoiffant d'autre divinité qu'un Esprit univerfel, étendu

comme la matiere qu'il animoit : ce que Virgile (1) a exprimé (1) Aneid. li dans ces deux vers.

Spiritus intùs alit, totamque infufa per artus

Mens agitat molem, & magno fe corpore mifcet.

6.

1. De Nat

Tel étoit en effet le fentiment favori des Stoïciens (2), de (2) Cic. Li Straton, de Protagoras, de Pline, renouvellé depuis par Deor. Spinofa. Mais le fyftême que je viens d'expofer, quoique faux en général, parce que les Fables n'ont jamais été un ouvrage médité, ni compofé pour faire un tout, explique cependant d'une maniere très-ingénieufe, les allégories qu'elles renferment quelquefois ; & Platon lui-même, le maître des Philofophes qui formerent ce fyftême, en avoit expliqué quelques unes fur ce principe.

Quelques Sçavans du dernier fiécle ont pris une autre route pour pénétrer le fens des Fables. Le Pere Kirker a prétendu en trouver le dénouement dans l'explication des Hieroglyfes, ou de la langue facrée des Egyptiens; & cette prétention eft fauffe en général, & nullement fûre, par le peu de connoiffance que nous avons de ce langage mystérieux, & parce qu'en effet toutes les Fables ne font pas originaires d'Egypte. Cependant, comme ce pays a été peuplé des premiers, & peu de temps après la difperfion des fils de Noë, & que les Fables paroiffent auffi anciennes que cette premiere féparation, puifque l'Idolatrie avec laquelle elles font liées, commença alors, rien n'eft plus utile pour leur intelligence, & pour mettre le Mythologue en état de les expliquer, que la connoiffance de la Religion & des Cérémonies de cet ancien Peuple; & pour cela l'Edipus Ægyptiacus de ce fçavant Jéfuite peut être lû avec utilité.

Le célébre Bochart a cru trouver l'explication de la plupart des Fables dans les équivoques de l'ancienne langue des Phéniciens; mais fon fyftême feroit infoutenable fi on l'étendoit trop. Toutes les Fables n'ont pas été inventées par les Pheniciens, & nous ne pouvons pas nous affûrer d'entendre affez leur langue, pour réüffir à expliquer celles qu'ils inventerent, Tome I.

B

Cependant il eft certain que les Phéniciens font les premiers Peuples qui ont exercé le commerce & la navigation. D'ailleurs on ne fçauroit douter qu'on n'ait trouvé dans prefque toutes les Illes de la Méditerranée, fur les côtes de l'Afie mineure, dans la Gréce, & jufqu'au fond même de l'Espagne, des marques de leur féjour dans ces différens Pays, & des veftiges de leur Religion: & dès là quelles lumieres la connoiffance des Langues ne peut-elle pas répandre fur les Fables, & quels fecours ne peut-on pas tirer des ouvrages. de ce fçavant homme ? Que d'explications heureufes n'a-t'il pas données lui-même, ou n'a-t'il pas fournies à M. le Clerc en particulier, & à tant d'autres ?

Le fyftême de ceux qui rapportent toutes les Fables à l'Ecriture Sainte mal entendue, & à des traditions corrompues, eft certainement faux, lorfqu'il eft pris dans fa généralité. Il y a dans les Fables une infinité de chofes qui n'ont aucun. rapport avec les faits qu'on trouve dans les Livres Saints; lefquels d'ailleurs étoient confervés par un Peuple jaloux de fa Religion, nullement communicatif, fort méprifé, & peu connu avant les conquêtes d'Alexandre. Cependant il est aisé de fe convaincre par la lecture des ouvrages du P. Thomaffin,. de M. Huet, de l'Auteur de l'Homere Ebraïzant, dans le livre intitulé Theologia Gentilis, de Daniel Clafenius, dans. la Conférence de la Fable avec l'Ecriture Sainte, & plus. encore dans les Réfléxions de M. Fourmont l'aîné fur les anciens Peuples, qu'on peut réüffir à découvrir dans les anciennes fictions, quelques reftes des traditions des Hébreux. Mais, pour dire ici ce que je penfe fur ce fujet, il n'y a au cun des Auteurs que je viens de nommer, qui ne foit allé trop loin. Il eft dangereux de fe laiffer éblouir par les premieres lueurs de reffemblance qui nous frappent, & c'eft un écueil contre lequel de fçavans hommes ont échoué. Si feu M. l'Evêque d'Avranches s'étoit contenté de dire qu'il n'étoit pas difficile de trouver quelques rapports entre Moife & le Mercure des Grecs; rapports d'ailleurs qui pouvoient fort naturellement se trouver entre deux perfonnes, foit dans le caractére, foit dans quelques unes de leurs actions, il feroit louable d'en avoir fait le parallele ; mais que charmé de cette

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