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PREFACE.

UOIQUE nous ne soyons plus dans ces fiécles malheureux, où l'Univers presqu'entier étoit plongé dans les tenebres de l'Idolatrie, on ne peut

guéres se dispenser de sçavoir l'histoire des Dieux & les Fables du Paganisme; & la Mythologie, qui apprend à connoître ces Fables & ces Dieux, fait une partie trop considerable des Belles - Lettres, pour qu'on puisse la négliger. En effet, nous lisons chaque jour les Ouvrages des Grecs & des Romains ceux de leurs Poëtes surtout qu'il feroit souvent très-difficile d'entendre si on ne connoissoit les Fables ausquelles ils font d'éternelles allusions.

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D'ailleurs tout conspire à nous rappeller le souvenir de ces anciennes fictions, Statues, Bas-Reliefs, Monumens de toute espece; & de quoi en effet font remplis les Livres des Antiquaires, & les Cabinets des Curieux, que de Figures de Divinités, d'Inftrumens de Sacrifices, & de tout ce qui nous reste de

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l'ancien Paganisme ? Nos Galleries nos Plafonds, nos Peintures, nos Statues nous représentent fans cesse les mêmes objets ; & comme si l'Hiftoire sainte & profane ne fournissoient pas affez de faits intéressants, & capables de nous inspirer des fentimens vertueux, nous empruntons nos sujets de la Fable, surtout dans notre Poësie dramatique.

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Nos Theatres retentiffent tous les jours des plaintes d'Iphigenie & d'Andromaque, des fureurs d'Oreste, & des emportemens d'Achille & de Clytemnestre; &, ne rougissons pas de l'avoüer, nous voyons toujours sur notre Scene ces Héros & ces Héroïnes avec un nouveau plaisir, pendant que nous avons souvent de la peine à y supporter d'autres personnages plus propres à exciter en nous une noble émulation.

Il est donc utile, & même en quelque forte nécessaire de fçavoir la Mythologie; aussi voyons nous que ceux qui l'ignorent, passent pour être dépourvus d'éducation, & des lumieres les plus nécessaires à un Homme de Lettres. Mais lorsqu'on vient à confiderer que les Fables ne font pas de pures fictions, comme je le prouve au commencement de cet Ouvrage; qu'elles ont un rapport réel avec l'Hiftoire des premiers siécles, qu'elles en contiennent des événemens confiderables, & que la plupart des Dieux ont été des hommes, dont l'Histoire fait partie de celle des Peuples qui les adoroient : alors la Mythologie devient un objet plus important, & en même-temps plus digne de notre curiosité.

C'est ce fond d'Histoire caché sous l'enveloppe

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de la Fable, qui fut le principal objet de mes recherches, lorsque je commençai à m'appliquer à l'étude de la Mythologie, & le Public reçut favorablement l'Explication Historique des Fables, qui fut le premier Essai que je donnai fur cette matiere (1); (1) En deux mais en même-tems il parut souhaiter une Mytho-12. en 1710. logie plus étenduë & plus approfondie.. Cet ou-augmenter vrage, m'ont dit souvent des Personnes éclairées, 1715. On en manque à notre Langue, puisque fans parler du donnera incefstyle suranné de ceux que nous avons. en François nouvelle Edifur ce sujet, on n'y trouve rien de systématique; Briaffon, en fales Fables n'y font rapportées à aucune fource, à neues aucun temps déterminé: l'origine des Dieux n'y est que es point développée; on n'y diftingue point ces Dieux, utile. qui souvent étoient les mêmes sous differens noms: enfin si on y trouve quelques traits d'Histoire, ils font noyés dans un amas d'Allegories & de Moralités arbitraires (2). D'ailleurs les Auteurs de ces (2) Voyez Mythologies, privés des découvertes des Sçavans qui r. le jugement font venus depuis, avoient suivi des Guides peu fûrs; des Mytholo & nous sommes aujourd'hui plus en état qu'ils ne gies précedé qui celie l'étoient, de traiter cette matiere. Quelles lumieres ci. en effet n'y ont pas répanduës les Meziriac les. Bochart, les Voffius, & plusieurs autres ; & fi ces. sçavans Hommes avoient expliqué toutes les Fables, comme ils ont expliqué celles qui se sont trouvées avoir quelque liaison avec les matieres qu'ils avoient entrepris d'éclaircir, nous n'aurions pas be--soin d'une nouvelle Mythologie.

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Pour fatisfaire à ce qu'on attendoit de moi, je formai le dessein de l'Ouvrage que je donne au

dans le Chap.

ont

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mont l'aîné.

jourd'hui. Mes Dissertations sur differents sujets de la Fable, qui font imprimées dans les Mémoires de l'Academie des Belles-Lettres, & les Explications que j'ai jointes à la Traduction des Metamorphofes d'Ovide, prouvent que je ne l'ai jamais perdu de vûe.

J'avois déjà beaucoup profité dans mon Explication Historique, des découvertes des Sçavans du dernier Siécle, & il sera aisé de voir dans cette Mythologie que je les ai encore relûs avec un nouveau foin; & que j'ai fait le même usage de quelques autres Livres qui ont rapport à mon sujet, & qui ont paru depuis; surtout des Reflexions Critiques sur les anciens Peuples, Ouvrage profond, où (*) M. Four-l'Auteur (*) pour qui les Langues scavantes n'ont rien de caché, fait paroître partout autant de fagacité que de sçavoir. En effet, soit qu'il entreprenne de prouver l'autenticité d'un precieux fragment de maniere à ne pouvoir plus deformais la contester; ou qu'il developpe l'origine des anciens Peuples; ou enfin qu'il raméne la plupart des Fables à leur premiere source, c'est toûjours avec une érudition peu commune, & souvent par des découvertes qui avoient échapé aux autres Sçavans.

Guidé d'ailleurs dans mes recherches par les lumieres d'une Compagnie dans laquelle l'érudition la plus profonde se trouve réunie à la Critique la plus judicieuse, j'ai également profité du precieux Recueil de ses travaux, & des sçavantes conversations qui remplissent quelques momens de ses Affemblées.

Avec

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