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Il établit sa cour entre la montagne Ou-te-kien-
chan et le fleuve Kuen-ho. Toutes les hordes
des Hoeike lui obéissaient et reconnaissaient
l'autorité des officiers qu'il envoyait pour les
administrer. Les Pasimi et les Kalolou furent
soumis. Ce qui augmentait la puissance et l'as-
cendant de Kolifilo, c'est qu'il avait été reconnu
grand-khan par l'empereur de la Chine, de la
manière la plus authentique et la plus solennelle.
Ses ambassadeurs avaient reçu d'un des pre-
miers ministres du Céleste Empire les lettres pa-
tentes, dans la cour impériale, au bruit des tam-
bours, ayant devant eux leurs étendards dé-
ployés. Dès que Kolifilo eut été ainsi installé
khan de la Tartarie, en 745, il déclara la guerre
aux Turcs, défit et tua leur empereur Gomoes-
khan. Alors ses États s'étendirent du côté de
l'occident jusqu'aux monts Altaï et à l'Irtisch, et
vers l'orient jusqu'au pays des Che-goei ou Ton-
gouses, qui habitaient le long du fleuve Amour.
Il n'eut pas le temps de jouir de ses conquêtes :
il mourut peu de temps après. Son fils Moyen-tcho❘
lui succéda sous le titre de Kole-khan.

F.-X. TESSIER.

Jornandès, Histoire des Goths. — De Guignes, Histoire des Huns, 1, 111. Mailla, Histoire générale de la Chine, VI. Gaubil, Histoire de la grande Dynastie des Tang.

KOLLAR DE KERESZTEN (Adam-François), homme d'État et érudit hongrois, né à Tarchowa, le 15 avril 1723, mort le 10 juillet 1783. Il fit ses études à Tyrnau, et entra, en 1738, dans l'ordre des Jésuites. En 1748 il fut nommé employé à la bibliothèque de Vienne, dont il devint peu de temps après conservateur, et en 1772 directeur en chef. Plus tard il fut chargé par le gouvernement autrichien de plusieurs négociations dans les anciennes provinces polonaises qui venaient d'être incorporées à l'Autriche; il s'en acquitta avec succès, et reçut en récompense le domaine de Kereszen. On a de lui : Fr. Mesgnien Meninski Institutiones Linguæ Turcicæ, editio altera; Vienne, 1756, 2 vol. in-4°; le second volume appartient presque en entier à Kollar; Analecta Monumentorum Vindobonensia; Vienne, 1761-1769, 2 vol. in fol.;

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Caspari Ursini Velii De Bello Pannanico Libri X, ex codicibus nunc primum in lucem prolati; Vienne, 1762, in-4°; Historia diplomatica_jurispatronatus apostolicorum Hungariæ Regum; Vienne, 1762, in-4° ; — Nic. Olahi Attila, seu de originibus Gentis Hungaricæ, ritu, habitu et rebus gestis, nunc primum editi; Vienne, 1763, in-8°; - Historiæ Jurisque publici regni Hungariæ Amœnitates; Presbourg, 1783, 2 vol. in-8°. Kollar a aussi donné une nouvelle édition des Commentaria de Bibliotheca Cæsarea Vindobonnensi de Zambeccius; Vienne, 1766-1782, 2 vol. in-fol. ; et il y a ajouté un volume de Supplementa; Vienne, 1790, in-fol. E. G.

Hirsching, Histor. liter. Handbuch.

let 1793, à Moschowze, comté de Trentschin (Hongrie), mort le 29 janvier 1852, à Vienne. Appartenant par sa naissance à une race d'origine slave dont l'idiome se rapproche de celui de la Bohême, il fit ses études aux universités de Presbourg et d'Iéna, reçut l'ordination sacerdotale, et devint, en 1819, pasteur d'une congrégation de l'Église évangélique à Pesth. En 1823 et en 1827, il fit paraître en deux volumes, sous le titre de Narodnie Zpiewanky (Chants nationaux), un intéressant recueil de la poésie populaire des Slaves, qui eut une seconde édition, augmentée, en 1834 et 1835. Cependant, au rebours de quelques écrivains slaves, il fut loin de montrer un attachement exclusif pour sa langue maternelle; la regardant au contraire comme trop circonscrite pour s'élever jusqu'à la composition littéraire, il choisit dans ses écrits le tchèque ou bohémien, bien qu'à cette époque l'allemand lui fût préféré par la majorité des auteurs bohêmes. En 1821 il publia dans cette langue un choix de sonnets: Basne (Poésies); Prague; réimprimé sous un titre nouveau : Slawy Dcera (La Fille de la Gloire), Bude, 1824. Le panslavisme, dont on s'est tant occupé de nos jours, est contenu en germe dans ce livre, et s'y montre avec une hardiesse pleine d'illusions généreuses. Ce chaleureux appel à la fraternité de race devait être fort mal accueilli des Hongrois, dont l'ambition était de faire prédominer leur langue sur toute la surface de leur pays, et qui voyaient avec appréhension les Slaves du nord s'unir aux Slaves du sud et s'élever à la conscience de leur commune origine. Kollar s'attacha de plus en plus à développer son thème favori dans Slawa Bohynie (La déesse Gloire), recueil d'essais de philologie et de mythologie, et dans un ouvrage écrit en allemand, sur les rapports qui existent entre les races et les dialectes slaves Ueber die literarische Wechselseitigkeit zwischen denStæmmen und Mundarten der Slawischen Nation; Pesth, 1831. Dans cette dernière publication, l'espoir d'une fusion générale des nations slaves est plus ouvertement exprimé que partout ailleurs. Enfin, la même idée inspira Cestopis; Pesth, 1843: impressions d'un voyage dans la haute Italie, le Tyrol et la Bavière, accompli par l'auteur, en 1841, dans le but de rechercher la trace des antiquités slaves. Citons encore un volume de sermons: Kazne, Pesth, 1831, qui a été traduit en plusieurs langues.

A la révolution de 1848, Kollar fut obligé de s'éloigner de Pesth; l'année n'était pas écoulée qu'il voyait le congrès slave de Prague se dissoudre devant l'intervention menaçante de Windischgrætz. En 1849 il obtint, peut-être en manière de compensation, une chaire d'archéologie à l'université de Vienne; en effet, par une contradiction étrange, au lieu d'attendre l'accomplissement de ses espérances de la Russie,

KOLLAR (Jean), poëte slave, né le 29 juil. qui mit tant d'ardeur à propager l'idée du

panslavisme, il s'en reposait sur le gouvernement autrichien, qui avait tant à y perdre. En 1851, il fit une excursion dans le Mecklembourg pour étudier les antiquités des Obotrites, et à son retour à Vienne, la mort le surprit au moment où il se préparait à mettre au jour un ouvrage allemand, Das slawische Altitalien, afin de prouver que le slave était la langue des anciens habitants de l'Italie supérieure. On a réimprimé en 1845 les œuvres poétiques de Kollar: Dila Básnická; Bude: la meilleure, sans contredit, est Slavy Dcera, dont nous avons parlé; improprement qualifié de « poëme épico-lyrique »> ; elle est divisée en cinq chants, et n'a pas moins de 622 sonnets, n'ayant presque aucun rapport entre eux, si ce n'est l'idée du panslavisme, qui en fait la force et la beauté en même temps que le lien naturel. Paul LOUISY.

Jungmann, Histoire de la Littér, bohême. J. Bowring, Servian Poetry. – English Cyclopædia.

KOLLI (Baron DE), agent politique italien, né vers 1775, en Piémont. Chassé de son pays par l'occupation française, il passa en Angleterre, et y prit du service. En 1810 il fortna le hardi projet de tirer de leur prison de Valençay le prince des Asturies (plus tard Ferdinand VII) ainsi que la famille royale d'Espagne, et de les amener sur la côte de Bretagne, où une petite escadre anglaise, commandée par l'amiral Cockburn, devait les attendre. Muni des instructions de lord Wellesley, d'une lettre en latin de Georges III, et de diamants bruts pour une valeur qui dépassait 200,000 francs, il se rendit secrètement à Paris pour y préparer ses moyens d'exécution. La dénonciation d'un ancien soldat vendéen, nommé Richard, qu'il avait pris à son service, fit tout manquer. Arrêté le 24 mars, au moment où il se disposait à partir, Kolli fut conduit devant Fouché, qui, n'ayant pu l'engager à exécuter sa mission pour le compte du gouvernement français, le fit jeter dans les cachots de Vincennes. Après une tentative d'évasion, on le transféra, enchaîné, au château de Saumur, d'où il ne sortit qu'au retour de Louis XVIII, le 16 avril 1814. Cependant Richard fut dépêché, sous le nom de son maitre et avec ses lettres de créance, à Valençay; mais, démasqué par sa propre maladresse, il ne put voir l'infant, et fut éloigné quelque temps de Paris, sans avoir reçu les 12,000 fr. qui devaient être le prix de sa perfidie. Aussitôt mis en liberté, Kolli se rendit à Madrid, reçut un bon accueil de Ferdinand VII, qui le décora de l'ordre de Charles III, et commanda pendant les Cent Jours le régiment de Marie-Thérèse. Il rentra en France, et fit d'inutiles efforts pour obtenir la restitution des diamants qui lui avaient été pris et dont le produit avait été versé par Savary dans la caisse de la police générale. Il mourut vers 1825, dans un état voisin de la misère. On a de lui Mémoires du baron de Kolli et de la reine d'Étrurie, Paris, 1823, in-8°, qui fait

:

partie de la collection des Mémoires relatifs à la révolution d'Espagne. P. L-Y.

Mémoires de Koill.

KOLLMANN (Auguste-Frédéric-Charles), compositeur allemand, né en 1756, à Engelbastel (Hanovre), mort en 1824, à Londres. Après avoir étudié la théorie de la musique, le clavecin et l'orgue sous la direction de Boettner, il passa deux ans à l'école normale de Hanovre, devint en 1781 organiste d'un chapitre de dames nobles, et se rendit l'année suivante à Londres, pour remplir les mêmes fonctions à la chapelle allemande du roi d'Angleterre. Malgré les nombreuses leçons de chant qu'il donnait, il trouva le temps d'écrire plusieurs ouvrages considérables sur l'harmonie et la composition; les principaux sont, parmi les écrits théoriques: An Essay on musical Harmony; Londres, 1796, in-folio, dans lequel il se conforme aux principes de Kirnberger et de Marpurg; - A New Theory of musical Harmony; ibid., 1806, in-fol.; 2o édit., 1812, développée d'après le système de Ballière ;

Α

An Essay on practical musical Composition; ibid., 1799, in-fol.; 2o édit., 1812; practical Guide to Thorough-bass (Guide pratique de la basse continue); ibid., 1801, in-fol.;

A second practical Guide to Thoroughbass; ibid., 1807, in-fol. : suite du livre précédent. On remarque parmi ses productions pratiques Twelve analysed Fugues; 2o édit., 1823; An Introduction to the Art of preluding and extemporizing; Londres, 1791; The Melody of the Cth Psalm, with examples; ibid., 1809; An Introduction to the Modulation; ibid., 1820. Il a en outre écrit des sonates, un concerto exécuté en 1804, plusieurs chansons, etc. K.

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Burnet, Hist. of Music. - Gentleman's Magazine, 1824. Fétis, Biogr. univ. des Musiciens.

KOLNO OU SKOLNUS (1) (Jean DE), navigateur polonais, vivait au quinzième siècle. Il était originaire des environs de Varsovie. Kolno, étant allé en Danemark, passa au service du roi Christian Ies, en 1476. Ce souverain employa

le marin polonais à diverses explorations.

Ainsi que le fait remarquer M. Alexandre de Humboldt, après avoir passé devant la Norvège, le Groënland et le Friesland des frères Zeni, Kolno reconnut l'Estotiland, et poussa, dit-on, sa reconnaissance jusqu'aux terres du Labrador. On assigne l'année 1478 à cette importante découverte, qui n'enlève rien cependant à la gloire de Colomb. F. D.

Alex. de Humboldt, Histoire des Découvertes du Nou

(1) C'est en raison de cette seconde forme que M. de Humboldt lui donne le nom de Skolny; nous tenons d'un savant compatriote de Kolno, que son nom doit être écrit comme nous le donnons ici. Il est appelé Jean Skalve dans le t. IV des Voyageurs anciens et modernes. Nous rappellerons, en passant, que la belle carte dessinée en 1436 par le Vénitien Andrea Bianco peut admirablement servir à expliquer les découvertes du navigateur polonais, de même qu'elle confirme diverses indications qu'on devait précédemment aux frères Zeni.

-

veau Continent, t. II, p. 153. Ferdinand Denis, Le Génie de la Navigation. -L. Chodzko, Tableau de la Pologne ancienne et moderne.

KOLLONTAY ( Hugues), homme d'État, écrivain et orateur polonais, né dans le palatinat de Sandomir, le 1er avril 1752, mort à Varsovie, le 28 février 1812. Il fit ses premières études à Pinczow, puis à Cracovie. I embrassa la carrière ecclésiastique, alla à Rome, et en 1775 il devint chanoine de Cracovie. En 1776 il rendit de grands services à la commission d'éducation publique, établie à Varsovie. En 1777 il organisa à Cracovie un collége dit de Nowodwor; en 1780 il réorganisa l'université de cette ville, et en 1782 il en devint recteur. A l'époque de la diète constituante de Varsovie (1788-1792), il déploya une activité remarquable pour réformer l'état politique et administratif du pays. Nommé référendaire de Lithuanie, et plus tard vice-grandchancelier de la couronne, il contribua directement à l'œuvre de la nouvelle constitution du 3 mai 1791. Émigré à Dresde en 1792, il reparut en Pologne en 1794, avec Kosciuszko, Potocki, Dmochowski, etc., et fut nommé directeur ou ministre des finances dans le conseil suprême national, siégeant à Varsovie. Lorsqu'au mois de novembre 1794, cette ville tomba entre les mains des Russes, Kollontay se rendit en Galicie, mais les Autrichiens le firent prisonnier, et l'enfermèrent dans les prisons d'Ollmütz, où il resta jusqu'en 1803. Depuis lors, jusqu'en 1807, il résida en Wolhynie, non loin de Krzemienieç; mais après la création du duché de Varsovie par Napoléon, il habita tantôt Cracovie, tantôt Varsovie. II y en a qui le surnomment improprement le Robespierre de la Pologne.

-

Ses publications principales sont : Recueil des Écrits relatifs à la Réforme des Écoles; Cracovie, 1777, in-4°; - Lettres d'un anonyme à S. N. Malachowski, maréchal de la Diète, sur les Réformes à introduire dans l'État; Varsovie, 1788-1790, 4 vol. in-12; Remarques sur l'Hérédité du Trône; Varsovie, 1790, in-8°; - Dernier Avertissement à la Pologne; Varsovie, 1790, in-8°; Discours prononcés à la diète de Varsovie; 1791, in-8°; Observations sur un ouvrage intitulé: Essai sur le droit de succession au trône de Pologne, de Séverin Rzewuski; Varsovie, 1791, in-8°; - De l'Établissement et de la Chute de la Constitution polonaise du 3 mai 1791; Leipzig, 1793, 2 vol. in-8°; traduit en allemand par S. T. Linde; Observations sur le Duché de Varsovie; Varsovie et Leipzig, 1807, in-8°;

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- Des Devoirs des Hommes, tirés des lois éternelles de la nature; Cracovie, 1810, in-8°;

De l'État des Lumières en Pologne au dixhuitième siècle; Posen, 1840, 2 vol. in-12; Correspondance littéraire avec Czacki et autres Polonais, publiée par T. Koysiewicz; Cracovie, 1844, 4 vol. in-8°. L. CHODZKO.

OEuvres de Jean Sniadecki, publiées par Michel Balinski. Alexandre Linowski, Kollontay; dans la Revo

lution de 1794; Leipzig, 1795.- Chodywicki, Dictionnaire des Polonais savants; Leopol, 1833. J. N. Bobrowicz, Armorial polonais de Niesieçki, Leipzig, 1846.

KOLOKOTRONIS (Théodore ), général grec, naquit le 3 avril 1770, au pied d'un arbre, sur une montagne de la Messénie, où sa mère s'était réfugiée pendant les massacres des chrétiens en Morée à la suite du soulèvement excité par les Russes, et mourut à Athènes, le 4 février 1843. Sa famille avait de tout temps pris une part active aux guerres contre les Turcs, auxquels elle se vantait de n'avoir jamais été soumise. Cette famille, originaire de Turkolekas, en Messénie, portait d'abord le nom de Tzerghinis. Un de ses membres, surnommé Botzikas, se distingua dans les guerres qui eurent lieu du temps où les Vénitiens étaient encore maîtres de la Morée. Son fils, Jean, qui prit le premier le nom de Kolokotronis, tomba entre les mains des Turcs, et fut pendu à Androutza à l'âge de trente-cinq ans. Constantin, son fils, père de Théodore, avait pris les armes au premier appel des Russes, et même après leur départ il s'était maintenu plusieurs années dans les montagnes à la tête d'un corps de partisans. Quand les Turcs voulurent expulser de la Morée les Albanais mahométans qu'ils y avaient appelés, mais qui désolaient tellement cette malheureuse contrée que le gouvernement n'en pouvait plus rien tirer, HassanPacha eut recours à Kolokotronis et à quelques autres chefs chrétiens pour combattre les Albanais; mais après s'être utilement servis des milices grecques, les Turcs voulurent ensuite s'en défaire. Constantin soutint avec héroïsme une lutte inégale, dans laquelle il périt ainsi qu'un grand nombre des siens. C'était en 1780. Sa veuve et son fils Théodore se réfugièrent dans le Magne, où ils vécurent dix ans chez des parents et des amis. A vingt ans, Kolokotronis épousa la fille d'un primat de Léontari, et mit ses soins à faire valoir les terres qu'elle lui avait apportées, tout en exerçant la charge de chef des armatoles du canton. Mais le nom de Kolokotronis portait trop d'ombrage aux Tures pour qu'on le laissât longtemps paisible. En 1797, lorsque les mouvements de l'Europe donnèrent de l'inquiétude à la Porte sur les dispositions des Grecs, le pacha essaya de faire périr le jeune armatole, et depuis ce fut une suite d'embûches cachées ou d'attaques ouvertes pour s'en débarrasser. Dans ces circonstances, Kolokotronis se jetait dans les montagnes avec ses partisans, et ravageait les propriétés des pachas jusqu'à ce qu'il les eût forcés de traiter encore avec lui. Il passa ainsi cinq années, tantôt klephthe, tantôt armatole. En 1802, un firman du grand-seigneur fut lancé contre lui: les primats de la Morée y étaient menacés d'avoir la tête tranchée s'ils ne présentaient la sienne. Cependant, grâce à son audace, à l'affection du peuple des campagnes, aux avis secrets, aux refuges qu'il trouvait dans les monastères, Kolokotronis put se dérober à la rage des

Turcs, et se retira quelque temps dans les SeptIles. Un nouveau firman, accompagné cette fois d'une excommunication du synode, vint le poursuivre dans sa retraite; mais les autorités russes ne voulurent pas le livrer au commissaire othoman qui était venu le réclamer. Il continua de résider dans les Iles Ioniennes, toujours prêt à saisir les occasions qui parurent quelquefois s'offrir de délivrer le Péloponnèse. Aussi n'accepta-t-il pas de service dans les corps grecs qui passèrent en Italie, afin de ne jamais perdre de vue sa patrie, et, pour en être le plus près possible, il s'établit à Cérigo. C'est de là qu'il s'élança en Morée au premier cri d'indépendance poussé par les hétéristes, qui s'étaient assurés d'avance de son concours et dans les rangs desquels un de ses fils, nommé Panos, combattit en Moldavie. Un autre fils, nommé Gennaios, combattait à ses côtés (1). Dès son apparition en Morée, Kolokotronis devint un des chefs les plus influents. Au début de la révolution, on avait, pour donner une impulsion plus immé. diate aux opérations, créé trois centres d'action, en quelque sorte trois gouvernements, dans la Morée, la Grèce orientale et la Grèce occidentale, ayant chacun leur sénat composé des primats et des principaux capitanis. On ne tarda pas à reconnaître la nécessité d'un gouvernement central, et cette première organisation fut abolie; mais elle s'accordait trop bien avec les anciennes habitudes pour qu'il fût possible de la faire oublier entièrement. Le gouvernement central n'eut le plus souvent qu'une autorité à peu près nominale dans une grande partie de la Grèce. En 1824 la scission éclata tout à fait. Konduriotis fut appelé à la présidence par une fraction des sénateurs, tandis que l'autre, composée de primats moréotes, dont Kolokotronis était l'homme d'exécution, refusait de le reconnaître; le gouvernement de Nauplie appela des Rouméliotes à son aide. Pendant ce temps, les Égyptiens s'emparaient de la Crète, et les Turcs ravageaient Psara. Kolokotronis, affligé des suites d'une guerre civile dans laquelle il avait perdu son fils Panos, vint se livrer au président. Quelques-uns de ses ennemis voulaient qu'il fût mis à mort comme rebelle; mais on n'osa pas attenter aux jours de l'homme le plus populaire de la Morée et dont la famille avait versé tant de sang pour sa patrie. Il fut seulement incarcéré à Hydra. Cependant le gouvernement n'en était devenu ni plus fort ni plus uni. Ibrahim s'avançait en Morée; le peuple murmurait et redemandait son vieux général. Il lui fut rendu après plusieurs mois de captivité; et s'il ne réussit pas à expulser le général égyptien, du moins il le tint en échec et le fit renoncer à l'espoir de soumettre jamais entièrement le pays. Le comte Capod'Istrias éleva Th. Kolokotronis aux fonctions de

(1) Il est aujourd'hui général et aide de camp du roi Othon.

général en chef de la Morée, et dans les troubles qui marquèrent la fin de cette administration ce vieux guerrier montra beaucoup de fermeté et un dévouement inébranlable au président. Après l'assassinat de celui-ci, Kolokotronis fut un des trois membres du gouvernement provisoire. Des troubles ayant éclaté dans le Péloponnèse, sous la régence bavaroise, l'ancien général en chef, qui avait sur ce pays une grande influence, fut accusé de les avoir fomentés, et le tribunal, bien qu'une partie des juges se fût récusée, le condamna à mort. Mais l'irrégularité de cette sentence et la manifestation de l'opinion publique firent commuer la peine, et le roi Othon, à sa majorité, accorda amnistie pleine et entière au vieil ennemi des Turcs, lui rendit son grade et lui conféra l'ordre du Sauveur. Là se termina la carrière politique de Kolokotronis.

Des Mémoires, écrits sous la dictée de Théodore Kolokotronis durant ses campagnes et depuis sa captivité, qui sont, dans leur naïve rédaction, un des plus curieux documents de l'histoire contemporaine de la Grèce, ont été publiés sous ce titre : Ο γέρων Κολοκοτρώνης. Διήγησις συμβάντων τῆς ἑλληνικῆς φυλῆς ἀπὸ τὰ 1770 ἕως τὰ 1836. Υπαγόρευσε Θεόδωρος Κωνσταντίνου Koλoxoτpú;; Athènes, 1851. [M. W. BRUNET, dans l'Enc. des G. du M.].

Conversations-Lexikon. — Moniteur, 10 mars 1843. Dict. de la Convers. Ed. Quinet, La Grèce moderne

dans ses rapports avec l'antiquité.

KOLOWRAT, riche et puissante famille de Bohême, qui fait remonter son origine jusqu'au Slave Jaross, compagnon du duc Czech, c'est-àdire jusqu'au milieu du quatrième siècle de l'ère chrétienne. On dit que ce Jaross, doué d'une force prodigieuse, arrêta un jour le char de Czech emporté par ses chevaux, et que, dans sa reconnaissance, ce prince voulut qu'il prit le nom de Kolowrat (de kolo, roue, et urat, tourner) pour perpétuer le souvenir de cette action. Sans attacher trop d'importance à cette tradition, on peut dire que l'histoire des Kolowrat se lie intimement à celle de la Bohême. On trouve des Kolowrat combattant à côté de leur souverain à Marchfeld, à Muhldorf, à Crécy, à Mohacs et à Muhlberg. Dans la guerre des hussites et dans d'autres circonstances encore, ils se montrèrent les zélés défenseurs de la liberté religieuse et de l'indépendance politique de leur patrie. Cette famille fut élevée, en 1590, au rang des barons de l'Empire. Des nombreuses lignes dont elle se composait autrefois, il ne subsiste plus aujourd'hui que celles de Kolowrat-Krakowski et de Kolowrat-Leibsteinski. La première obtint le titre de comte de l'Empire en 1669, et la seconde en 1701. La première de ces lignes se divise en trois branches : la branche aînée, celle de Brzeznitz, qui a pour chef actuel le comte Jean-Nepomucène-Charles, né en 1795; la seconde branche, celle de Kadenin, qui a pour chef le comte Philippe, né en 1786; et la troisième,

celle de Teinitzl, qui a pour chef le comte Joseph-Ernest, né en 1795. La seconde ligne n'a d'autre représentant que le comte François-Antoine, ancien ministre d'Autriche.

OEsterreichische National-Encyklopædie. - Conversations-Lexikon.- Almanach de Gotha.

KOLOWRATH

KRAKOWSKI (Léopold, comte), homme d'État autrichien, né en Bohême, en 1726, mort le 2 novembre 1809. Entré au service de l'Autriche en 1748, il fut employé par les cinq souverains qui se succédèrent, François Ier, Marie-Thérèse, Joseph II, Léopold II et François H. Appelé au ministère de l'intérieur, pendant plusieurs années, il sut y montrer de l'habileté ; affaibli par l'âge, il donna sa démission en 1808, et fut remplacé par le comte de Zinzendorf. Il avait en outre les titres de grandchancelier de Bohême, de chevalier de la Toison d'Or, et de grand'croix de Saint-Étienne et de Saint-Léopold.

OEsterreichische National-Encyklopædie.
KOLOWRAT LEIBSTEINSKI

J. V.

(Albert), homme d'État bohême, mort le 25 mai 1510. Fils unique de Jean II, qui était entré dans les ordres après la mort de sa femme, il avait déjà rempli des emplois considérables lorsque le roi Vladislas V le nomma grand-maréchal de la cour, et en 1503 grand-chancelier du royaume. Ce prince, voulant mettre un terme aux querelles des états et du clergé de la Silésie, relativement à l'extension de la juridiction ecclésiastique, chargea de cette affaire le grand chancelier, qui, en 1504, réussit malgré l'opposition du pape à conclure la convention connue dans l'histoire sous le nom de convention de Kolowrat. L'année suivante, il réussit également à ramener à l'obéissance la ville d'Elbogen et les comtes de Schlickh, qui s'étaient donnés à la Saxe. J. V. OEsterreichische National-Encyklopædie.

*KOLOWRAT-LEIBTEINSKI (François-Antoine, comte), homme d'État autrichien, né à Prague, le 31 janvier 1778. Il reçut une éducation digne de sa naissance, et il était tout jeune encore quand le poste important de capitaine de la ville de Prague lui fut confié. En 1810 il fut nommé grand-burgrave, et pendant la guerre contre la France commissaire provincial, place dans laquelle il montra beaucoup de fermeté et d'esprit d'ordre. Il chercha surtout à réveiller par ses encouragements et son exemple l'étude de la langue nationale, non-seulement dans les classes lettrées, mais aussi parmi le peuple. Il appela la poésie et la peinture à son secours pour populariser l'histoire de la Bohême, rassembla à grands frais une belle collection de monuments historiques et ethnographiques, fonda le musée national de Prague, et encouragea les écrivains bohêmes. En même temps, sous son administration, l'industrie fut affranchie d'une foule d'entraves, l'agriculture protégée, et plusieurs sociétés furent fondées dans le but de favoriser la culture des terres et l'éducation des

bestiaux. Les établissements de bienfaisance attirèrent particulièrement son attention. Enfin, il ne négligea rien pour l'embellissement de la capitale de la Bohême. En 1825 l'empereur l'appela à Vienne, et le fit entrer dans le conseil des ministres, dirigé par le prince de Metternich. Chargé du département des finances, le comte Kolowrat s'appliqua à restreindre les dépenses, surtout celles de la police secrète, et à introduire dans toutes les branches de l'administration la plus sévère économie. Tant que l'empereur François vécut, le comte rencontra souvent une opposition insurmontable à ses vues politiques; mais beaucoup plus libre après l'avènement de l'empereur Ferdinand, il réussit à faire prévaloir un système plus modéré. C'est à lui surtout que les détenus politiques italiens durent l'amnistie de Milan, qui fut étendue plus tard à la Galice et à la Hongrie. Partisan d'un progrès trop lent, mais ennemi de l'esprit de conquête, il était encore le collègue du prince de Metternich lors des événements de 1848. Il ne fut pourtant pas compris dans la proscription des ministres, et après la révolution du 13 mars, tout en cédant l'administration des finances au baron de Kubeck, il resta dans le ministère sans avoir de portefeuille. Mais les événements finirent par le faire rentrer dans la vie privée. OEsterreichische National-Encyklopædie. sations-Lexikon.

J. V.

Conver

KOLTZOF ( Alexis - Vasiliévitch), poëte russe, né à Voronège, en 1809, mort dans cette même ville, en 1842, était fils d'un marchand de bestiaux. La lecture de quelques livres achetés aux foires, où il suivait son père, le séjour des steppes, océan de fleurs et de verdure, où il passait l'été avec ses troupeaux, en firent un poëte peu correct sans doute, mais très-naïf et original. Les affaires de son négoce lui fournirent l'occasion d'aller à Saint-Pétersbourg et à Moscou et d'y être présenté à Pouchkin et à Joukofski. Le bienveillant accueil que lui firent ces littérateurs célèbres remplit l'âme du pauvre marchand d'enthousiasme en même temps que de mélancolie: il sentait que, par son extraction aussi bien que par son défaut de culture primordiale, il n'avait pas de place dans le cercle brillant dont la porte lui avait été un instant entr'ouverte; il regagna tristement ses steppes, et y termina à trente-trois ans une carrière qui aurait eu plus d'avenir dans un pays où les lu mières seraient plus propagées et les castes moins fixées. Ses Poésies ont été rassemblées en 1846 par Bielinski; le pce Elim Mecherski en a traduit deux, mais non des meilleures, en vers français. pce A. G.

Biographie de Koltzof par Bielinski, en tête de ses Poésies. Mecherski, Les Poëtes Russes.

KOLYN (Klaas ou Nicolas), moine hollandais, vivait vers la fin du douzième siècle. H appartenait à l'abbaye des Bénédictins d'Egmond, et fut longtemps regardé comme l'auteur d'une

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