STANCES. QUAND ie reuys ce que l'ay tant aymé, A qui le sort fait rencontrer son maistre. QUE de discours ma raison séduisants, O belles mains (ce dis-ie en gémissant) Qu'il me déplaist d'auoir rompu vos fers Pour les tourments qu'en aymant i'ay soufferts, Quittant les fleurs par haine des espines! L'IRE du ciel, et le sort rigoureux Qui rend mes ans dolents et malheureux, QUE maudit soit le dépit insensé MAIS ie la veux en mon cœur rallumer, DE tels discours prononcez en mon cœur, MAIS aussitost que ie fay repasser Quor! (dis-ie alors) imprudent que ie suis, O MON esprit, contente-toy d'auoir Quatre ans entiers languy sous le pouuoir. Mon cœur, ce piége est trop plein de tourment: Si fièrement cest esprit sans pitié PUISQUE i'ay peu de ses laqs m'affranchir, AINSI parlay-ie en sentant revenir Que ie me vy, presque en vn mesme instant, AUTRES. IE ne l'aimoy qu'à fin de me guérir 1. 134 Mais à la fin, deceuant ma raison, AINSI, voulant du ioug se descharger, Il n'a que l'heur d'auoir changé de maistre. MAIS tant s'en faut qu'il déplaise à mon cœur Vn feu de ioye en mon âme allumé, QUE S'il falloit qu'vn malheur auenu NON que mon âme ose rien espérer, Mais ie m'en sens gesner si doucement,' Que ce qui m'est pour toute autre vn tourment, elle. Aussi faisant de mon mal mon honneur, Ne crains-ie plus qu'en gloire et qu'en bonheur Ame du monde à la mienne s'égale,'' Puis que mon cœur sent du contentement AUTRES. NON, Corydon, i'ay tort: ta flamme pure et sainte Il est vray que ton cœur trop bien le dissimule AUSSI sens-ie après tout ce bien-lå me déplaire, Car quand on feint si bien que l'on n'aime plus guère, CHANSONS. LAS! ie meurs d'vn secret martyre 1. Et d'vne muette douleur. Heureux qui librement souspire! S'oser plaindre est l'heur d'vn malheur. |