Imágenes de páginas
PDF
EPUB

A VNE AMYE.

Si le loysir tu as auec l'enuie
De me reuoir, ô ma ioye espérée,
le te rendray bon compte de ma vie,
Depuis qu'à toy parlay l'autre serće:
Ce soir fut court; mais c'est chose asseurée,
Que tu m'en peux donner vn par pitié,
Lequel seroit de plus longue durée,
Et sembleroit plus court de la moytié.

DE CUPIDO, ET DE SA DAME. AMOUR trouva celle qui m'est amère, Et i'y estois, l'ea scay bien mieux le compte. Bon iour, dict-il, bon jour, Vénus ma mère: Puis tout à coup il voit qu'il se mescompte, Dont la couleur au visage luy monte D'auoir failly, honteux Dieu scait combien. Non, non, Amour, ce dy-ie, n'ayez honte, Plus clairs-voyans que vous s'y trompent bien.

DU PASSEREAU DE MAUPAS.

LAS, il est mort (pleurez-le, Damoyselles)
Le Passereau de la ieune Maupas.

Un autre oiseau qui n'a plumes qu'aux aisles
L'a déuoré : le cognoissez-vous pas ?

C'est ce facheux Amour qui, sans compas,

Auecques luy se iectoit au giron
De la pucelle, et voloit enuiron
Pour l'enflammer, et tenir en détresse :
Mais par despit tua le Passeron,

Quand il ne sceut rien faire à la maistresse.

A ANNE, QUI SONGE DE NUICT.
ANNE ma sœur,
dont me vient le songer,
Qui toute nuict par deuers vous me meine?
Quel nouuel hoste est venu se loger

Dedans mon cœur, et tousiours se pourmeine?
Certes ie croy (et ma foy n'est point vaine)
Que c'est vn Dieu qui me vient consoler ?
Ha! c'est Amour, ie le sens bien voler.
Anne ma sœur, vous l'auez faict mon hoste,
Et le sera, me deust-il affoler,

Si celle-là qui l'y meit nê l'en oste.

DE SA DAME, ET DE SOY-MESME.

Dès que m'amye est vn iour sans me voir,
Elle me dict que i'en ai tardé quatre;
Tardant deux iours, elle dict ne m'auoir
Veu de quatorze, et n'en veut rien rabattre;
Mais pour l'ardeur de mon amour abattre,
De ne la voir i'ay raison apparente.
Voyez, amants, nostre amour différente:
Languir la faictz, quand suis loing de ses yeux:
Mourir me faict quand ie la voy présente.
Jugez lequel vous semble aymer le mieux.

IL CONUIE TROIS POËTES A Disner.

DEMAIN que sol veut le iour dominer,
Viens, Boissonné, Villas, et la Perrièrė,
Je vous conuie avec moy à disner,
Ne reicctez ma semonce en arrière;
Car, en disnant, Phébus, par la Verrière,
Sans la briser, viendra voir ses suppôtz,
Et donnera faveur à noz propos,

du

En les faisant dedans noz bouches naistre.
repas, qui en paix, et repos,
Ne scait l'esprit avec le corps repaistre.

Fy

D'ANNE QU'IL AYME FORT.

IAMAIS ie ne confesserois

Qu'amour d'Anne ne ma sceu poindre : le l'ayme, mais trop l'aymerois,

1

Quand son cœur au mien vouldroit ioindre,
Si mon mal quiers, m'amour n'est moindre,
Ne moins prise le dieu qui vole :
Si je suis fol, Amour m'affole,
Et vouldrois, tant i̇'ay d'amytié,
Qu'autant que moy elle fust folle,
Pour estre plus fol la moytié.

A RENÉE DE PARTENAY.

QUAND Vous oyez que ma muse résonne
En ce bosquet, qu'oiseaux font résonner,
Vous vous plaignez que rien ie ne vous donne,
Et ie me plains que ie n'ay que donner,
Sinon vn cœur tout prest à s'addonner
A voz plaisirs. Ie vous en fais donc offre ;*
C'est le thrésor le meilleur de mon, coffre :
Seruez-vous en, si desir en avez.
Mais quel besoing est-il que ie vous offre
Ce que gaigner d'vn chacun vous scavez

DU MOIS DE MAY.

Mois amoureux, mois vestu de verdure,
Mois qui tant bien les cœurs fais esiouir,
Comment pourras, veu l'ennuy que i'endure,
Faire le mien de liesse iouir?

Ne prez, ne champs, ne rossignolz ouir
N'y ont pouuoir. Quoy donc, ie te diray,
Tant seulement : fais Anne resiouir,
Incontinent ie me resiouiray.

A DEUX IEUNES HOMMES QUI ESCRIUOIENT A SA LOUANGE.

ADOLESCENS, qui la peine avez prise
De m'enrichir de loz non mérité,

Pour en louant dire bien vérité,,
Laissez-moy là, et louez-moy Loyse.
C'est le doux feu dont ma muse est esprise,
C'est de mes vers le droit but limité:
Haulsez-la donc en toute extrémité :

Car bien prisé me sens quand on la prise.
Et n'enquerez de quoy louer la faut :
Rien qu'amytié en elle ne défaut :
I'y ai trouué amytié à redire,
Mais au surplus, escriuez hardiment

Ce que voudrez: faillir aucunement
Vous ne scauriez, sinon de trop peu dire.

A CRAUAN, SIEN AMY MALADE.

AMY Crauan, on t'a faict le rapport
Depuis un peu, que i'estois trespassé;
Je prie à Dieu que le diable m'emport
S'il en est rien, ne si i'y ai pensé.
Quelque ennemy à ce bruit auancé,

Et quelque amy m'a dict que mal te portes :

Ce sont deux bruits de différentes sortes.

Las! I'vn dit vray : c'est vn bruit bien maussade;
Quant à celuy qui a faict l'ambassade

« AnteriorContinuar »