De mon trespas, croy-moy qu'il ment et mord; Que pleust à Dieu que tu fusses malade, Ne plus né moins qu'à présent ie suis mort!
QUAND, LAISSANT LA ROYNE DE NAVARRE, IL FUT RECEU EN LA MAISON ET ESTAT DE MA DAME RENÉE,
DUCHESSE DE FERRARE.
MES amis, j'ay changé ma Dame; Vne autre a dessus moy puissance; Née deux fois de nom et d'ame, Enfant de roy par sa naissance, Enfant du ciel par cognoissance De celuy qui la sauuera : De sorte quand l'autre scaura Comment je l'ay telle choisie, le suis bien seur qu'elle en aura Plus d'aise que de ialousie.
D'VN GROS PRIEUR.
VN gros Prieur son petit-fils baisoit Et mignardoit au matin en sa couche, Tandis rostir sa perdrix on faisoit,
Se lèue, crache, esmeutit, et se mouche; La perdrix vire au sel de broque en bouche La dévora, bien scauoit la science :
Puis quand il eut prins sur sa conscience Broc de vin blanc, du meilleur qu'on eslise; Mon Dieu, dit-il, donne-moy patience. Qu'on a de maux pour servir sainte Église!
CLÉMENT MAROT: ÉPIGRAMMES.
CATIN veult espouser Martin; C'est faict en très fine femelle : Martin ne veult point de Catin, Ie le trouue aussi fin comme elle.
CES quatre vers à te saluer tendent : Ces quatre vers à toy me recommandent : Ces quatre vers sont les estrennes tiennes, Ces quatre vers te demandent les miennes.
UN Charlatan disoit en plein marché Qu'il monstreroit le diable à tout le monde. Si n'y eust nul, tant fust-il empesché, Qui ne courust pour voir l'esprit immonde. Lors une bourse assez large et profonde Il leur desploye, et leur dit : Gens de bien, Ouvrez vos yeux. Voyez, y a-t-il rien? Non, dit quelqu'un des plus près regardans. Et c'est, dit-il, le diable, oyez-vous bien, Ouvrir sa bourse, et ne voir rien dedans.
A DIEU me plains, qui seul me peut entendre, Et qui congnoist quelle fin doyuent prendre Tant de travaux, de ce commencement ; Car ie suis seur (s'ils durent longuement) Que ie puis bien certaine mort attendre.
ASSEZ congnois que trop veux entreprendre; Mais quel remède? ailleurs ne puis entendre, Ny ne feray : i'en fay vœu et serment A Dieu.
TENDE la mort son arc, s'elle veut tendre Je ne luy puis commander ny défendre; Une en a pris le pouuoir seulement; Mais si tiendray-ie en mon entendement Ceste amitié, iusques à l'âme rendre A Dieu.
Dv malheur ou bonne aduanture Que i'attends entre les humains, Le pouuoir est entre les mains Dont ces gants sont la couverture.
SUR UN KALENDRIER.
S'IL Vous plaisoit marquer en teste Un iour ordonné pour m'aimer, Ie l'aurois pour une grand'feste, Mais point ne la voudrois chosmer.
De bonne estime estes si bien pourveuė, Que ie suis vostre avant vous avoir veue, Tant que le bien de vous voir et hanter La peine a sceu, non l'amour augmenter; Si donc un autre à vous servir procure, C'est accident, et i'aime de nature. Qu'un autre donc vous aime d'auanture, Dieu sait lequel vostre faueur aura :' Mais ie say bien qui mieux aymer saura.
I'AY eu du mal pour vouloir bien,
Et de l'ennuy par souvenir;
Tant que ne désirois plus rien, Fors oubly, s'il vouloit venir : Mais toy me viens entretenir, Disant Laisse cette pensée, Amitié qui se peut finir
Ne fut jamais bien commencée.
PRÈS du sercueil d'une morte gisante Mort et Amour vindrent devant mes yeux, Amour me dit, la Mort t'est plus duisante: Car en mourant tu auras beaucoup mieux. Alors la Mort, qui régnoit en maints lieux,
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