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croyance de ce temps, de ce temps, leur étoit apparue la nuit. Les Allemands & les Francs-Comtois fe voyant hors d'état de rien entreprendre, fe retirerent après avoir ravagé le Plat-Pays.

Ainfi par l'adreffe & la prudence de la Tremoille, le Siège de Dijon fut levé le 13 Septembre 1513,après avoir duré fix jours (1). La France fut redevable de fon falut à ce Général; car rien n'empêchoit les Suiffes, après la prise de Dijon, de marcher jufqu'à Paris. Dans cette crainte, plu fieurs Habitans de cette Capitale avoient déjà trans porté leurs meilleurs effets dans les Provinces audelà de la Loire.

La nouvelle du traité & de la levée du Siége de Dijon fut portée au Roi, qui étoit alors à Blois, par Lancelot du Lac, Gouverneur d'Orléans. Louis XII fentit l'importance du service que la Tremoille lui avoit rendu; mais il affecta en public de défavouer un traité qui avoit été fait fans fon ordre, & qui contenoit des conditions hon

que

(1) Un célèbre Historien François, le Pere Daniel, rappore le fiége de Dijon dura un mois; il eft prouvé authentiquement par les registres de l'Hôtel de Ville & par plufieurs mémoires de ce temps, que la durée n'en fut que de six jours : cet Hiftorien a fans doute été induit en erreur par le témoignage de du Bellay & de Beaucaire, qui donnent à ce fiége plus d'un mois de durée; le Pere Monfaucon a copié la même faute dans fes monuments de la Monarchie françoife.

teuses pour la France, ne craignant plus rien des Suiffes dont l'armée étoit difperfée, & l'hiver s'approchant, il refufa de le ratifier. Cependant, par bonté pour les otages qui couroient risque de la vie, il prit des mesures pour payer aux Suiffes les quatre cents mille écus promis.

Dès le 25 Septembre Louis XII envoya à la Tremoille des Lettres patentes datées d'Amiens, pour emprunter des Villes de la Bourgogne la fomme de cinquante mille écus, destinée à payer nne partie des fommes promises par le traité de Dijon. Cette fomme fut répartie fur tous les Bailliages de la Province par une taxe d'emprunt faite fur les Cours fouveraines, le Clergé, les Villes & Bourgs de la Province (1). Le mauvais état des finances & les befoins de l'Etat ne permirent pas d'employer cet argent à fa destination. Cependant le Roi jugeant que les Suiffes mécontents de l'inexécution du traité de Dijon, pourroient s'en venger, en revenant au printemps faire une incurfion nouvelle, donna des ordres à la Tremoille pour la réparation des fortifications de la Ville de Dijon, & la construction de nouveaux ouvrages qui puffent la mettre en état de défense. Il

(1) Le détail de cet emprunt fe voit au compte de Jean Sapin, Receveur Général en Bourgogne,

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envoya en Bourgogne le Duc de Bourbon, de puis Connétable, pour prendre avec la Tremoille les mefures néceffaires à la fûreté du Pays. Les Magiftrats de Dijon eurent ordre de lui faire la réception la plus honorable.

Cinquante personnes des plus notables furent nommées pour aller au devant de lui; il fit fon entrée fous un poêle porté par quatre Echevins; le Maire lui présenta les clefs de la Ville & les vins d'honneur. Le Duc de Bourbon ne féjourna

à Dijon que le temps néceffaire pour s'affurer de l'état de la Ville, & donner les ordres généraux pour la fortifier. Il en fit autant dans les Villes frontieres de la Province les plus confidérables; il vint avec la Tremoille fixer fon féjour à Beaune, comme au centre de la Bourgogne, pour être plus à portée de veiller à sa fûreté.

Ils communiquerent les ordres du Roi aux Magiftrats de Dijon, qui délibérerent fur les moyens de les exécuter le plus promptement. Pour faire les fonds extraordinaires pour les fortifications, on décida qu'on prendroit pendant un an tous les revenus que les étrangers pouvoient avoir dans la Ville, en cens, rentes, loyers de maisons, attendu qu'ils n'avoient pas contribué, comme les Habitans, à la défenfe & au rachat du pillage de la Ville.

En conféquence des ordres donnés, on travailla à combler les lignes & les tranchées des ennemis, & à ruiner tous les ouvrages qu'ils avoient faits pour dreffer leurs batteries; on creufa de nouveaux foffés, on cura les anciens; on répara les murs endommagés par l'artillerie; on ouvrit une nouvelle porte; on conftruifit plufieurs tours (1).

On employa d'abord à ces travaux une partie des Habitans qui y travailloient tour-à-tour certains jours fixés (2); enfuite pour le foulagement des Habitans, on employa les Manouvriers & les Retrayants de la Ville qui y travaillerent à prix d'argent. Le fouvenir du péril paffé & la crainte de pareil danger excitoient le courage des habitans, & les foutenoient dans leurs travaux; ils feconde

(1) La tour de Saint Nicolas, celle qui fe voit au bout de la rue des Filles de la Vifitation appellée la tour de la Tremoille ou vulgairement tour aux ânes, la tour de la porte d'ouche & le fer à cheval de la porte Saint Pierre, furent conftruits dans ce temps.

Les baftions de Saint Nicolas, ceux de Saulx & de Guise, les demi-lunes & ravelins qui défendent actuellement la Ville, ne fubfiftoient pas alors; ils ont été conftruits depuis dans le temps de la ligue.

(2) Ceux à qui leur état ne permettoit pas de travailler, étoient tenus de donner deux blancs, qui s'employoient à la paie de ceux qui les remplaçoient,

rent fi bien le zèle des Magiftrats, que toutes les fortifications ordonnées furent achevées en peu de temps.

Après la levée du Siége le Roi avoit retiré les troupes de la garnison qui furent dispersées en divers quartiers fur la frontiere, & la Ville de Dijon étoit restée à la garde des Habitans. Mais le Sieur de Prie qui y commandoit, demanda au Duc de Bourbon cinq cents Lanfquenets, & dit aux Magiftrats que le Roi ne fe fioit pas à eux pour la garde de leur Ville. Ils prirent à grande injure ce difcours de de Prie, & députerent à Beaune vers le Duc de Bourbon, pour lui en faire des plaintes, & lui demander que Ville fût dispensée du logement des cinq cents Lanfquenets qu'on y vouloit envoyer, attendu la mifere des Habitans, & les grandes charges qu'elle avoit déja fupportées : leur demande n'eut point d'effet, & la Ville fut contrainte de recevoir cette garnifon. Le dépit qu'en conçurent quelques Habitans, occafionna de fi vives disputes entre les jeunes gens de la Ville & les Lanfquenets, qu'il fut néceffaire d'employer toute l'autorité des Magiftrats pour les réprimer.

Les fonds municipaux fe trouvant épuisés par tant de dépenses extraordinaires, & les Habitans ayant généreusement avancé leur argent pour la

la

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