verent ce Magiftrat à fon paffage par cette Ville, & le conduifirent à Berne: Ensuite, dans une de leurs diettes ils prononcerent arrêt de mort contre les otages. Mrs. de Maiziere & de Prochefort furent condamnés à avoir la tête tranchée, & les quatre Bourgeois à être pendus.

Les amis de la Tremoille s'intriguerent pour retarder l'exécution de ce cruel arrêt : le risque de perdre l'argent dû par la France, fut le motif le plus folide qu'ils employerent, & celui qui fauva la vie aux otages. L'arrêt de mort rendu contre eux, & la détention du premier Préfident du Parlement expofé au reffentiment des Suiffes, jetterent la Province de Bourgogne dans une grande confternation. On jugea que le parti le plus prompt & le plus fûr étoit de tenter les Sui fes par des offres confidérables d'argent; les Etats de la Province s'emprefferent de fournir les fommes néceffaires des agents affidés négocierent fecrétement la rançon des otages & du premier Président du Parlement (1). Les fommes. con

:

(1) La rançon de Maiziere fut fixée à dix mille écus-foleil, celle de Rochefort à fix mille écus, celle du premier Préfident à deux mille, & celle des quatre otages Bourgeois à mille écus-foleils chacun.'

& va

L'écu-foleil valoit alors 36 f. 3 den. il y en avoit foixante & dix au marc d'or qui étoit à vingt-trois karats loit 130 liv. 3 f. 4 den,

venues

venues ayant été comptées, on procura aux otages le moyen moyen de s'évader en paffant par les cheminées des chambres où ils étoient enfermés: leur détention avoit duré feize mois.

Leur retour à Dijon caufa une joie universelle: le Roi, pour reconnoître leur zèle & les peines qu'ils avoient effuyées pendant leur prison, les gratifia de plufieurs récompenfes confidérables, & accorda aux Bourgeois de Dijon le droit de pofféder des fiefs nobles.

Enfin, François I.er en 1516, après avoir entiérement défait les Suiffes à la bataille de Marignant, ufant noblement de sa victoire, & voulant s'attacher des ennemis auffi vaillans & auffi dangereux, conclut un traité d'alliance avec huit de leurs Cantons, & non feulement leur paya les quatre cents mille écus reftant du traité de Dijon, mais leur donna encore trois cents mille écus pour la ceffion des vallées voifines du Duché de Milan. Les autres Cantons accéderent peu de temps après à ce traité d'alliance qui a toujours été renouvellé depuis entre la France & cette République avec la plus grande franchise & la plus grande fidélité.

Lue le

1761.

DISSERTATION

SUR une nouvelle maniere de faire les aimants artificiels d'une très-grande force, fans le fecours de l'aimant naturel.

PAR M. TRULLARD.

24 Juillet LES Phyficiens favent, depuis plufieurs années, qu'une barre de fer, placée dans une certaine fituation, & dirigée à peu près vers le pôle du monde dans le méridien magnétique, donne quelques fignes d'une vertu attractive: c'eft cette expérience stérile jusqu'à présent qui m'a conduit à celle dont je vais rendre compte. Je pris une barre de fer au hafard, d'environ fix pieds fur un pouce d'équarriffage, l'ayant fixée par fon centre fur le genou d'un graphometre pour pouvoir l'incliner à volonté, je la dirigeai par le moyen d'une bouffole dans le méridien magnétique, & fous un angle d'environ 45 degrés avec l'horison; comme elle ne donnoit encore aucun figne de magnétisme, j'effayai de varier l'inclinaifon & enfuite la position de fon vertical; mais ce fut d'abord fans fruit. Cepen

dant parce qu'il pouvoit arriver que le fuccès de cette expérience tînt à fort peu de chofe, & qu'il étoit difficile de donner avec la main des mouvements extrêmement petits à cette barre, j'adaptai à son extrêmité deux équipages compofés chacun de deux vis deftinées à mouvoir la barre dans tous les fens, & à me faire trouver ainfi la fituation précise que je cherchois.

Je voulus que le mouvement en pût être imperceptible; pour cet effet, les vis qui appuyoienę immédiatement contre la barre, foit pour l'élever & l'abaiffer, foit pour la mouvoir à droite ou à gauche, avoient une queue recourbée, & étoient elles-mêmes conduites par d'autres vis femblables." Au moyen de cette forte de micrometre, on pouvoit donner à la barre un mouvement d'un centiéme de ligne ou moins encore, & il m'a paru que cet excès de précaution n'étoit pas inutile, Après un long tâtonnement, il fe trouva enfin une fituation dans laquelle cette barre de fer foutint d'elle-même environ deux livres ou la dixiéme partie de fon poids, par l'attraction magnétique; mais elle n'étoit pas capable d'aimanter d'autres corps, & fa vertu même se perdoit par le plus léger déplacement : je voulus chercher le moyen de pouvoir la fixer. Je favois que les outils de Serruriers, fur lefquels on a coûtume de frapper fouvent, tels que les poinçons, les langues de fer

pent, les cifeaux qui coupent le fer à froid, &c. femblent avoir été aimantés; qu'en frappant même fur le genou, ou fur le plancher, ou avec un marteau, on voit des barres de fer s'aimanter, & que l'on peut changer leurs pôles autant de fois qu'on le juge à propos, en frappant sur une extrêmité avec un marteau: l'extrêmité inférieure eft toujours dans ce cas-là, celle qui acquiert la propriété de fe tourner vers le nord. Il femble, (comme MM. Bernouilli l'ont fuppofé dans leur ouvrage qui a concouru pour le prix de l'Académie royale des Sciences), que le fer foit compofé de fibres élastiques & de valvules mobiles, dont la fituation & le mouvement puiffent être changés par le tiraillement & les fecouffes, au point d'admettre dans leurs pores un fluide qui ne pouvoit y paffer, ou d'oppofer une résistance qui n'exiftoit pas auparavant.

Pour tâcher de mettre cette théorie à profit, je choifis pour ma nouvelle expérience une barre d'acier d'environ quinze pouces de long fur fix lignes d'équarriffage, dreffé, poli & trempé dur; toutes ces précautions font néceffaires, & fur-tout celle de prendre du véritable acier; le fer commun eft très-peu propre aux expériences magnétiques. Je vins à bout de lui trouver une fituation dans laquelle cette barre portoit quatre onces. Ayant fixé une enciume de fix ou fept livres, à