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la gloire d'y former réellement une Académie, étoit réservée à M. Pouffier, Doyen du Parle

ment.

Ce Magiftrat avoit été député par fa Compagnie pour folliciter à Paris avec Mrs. les Elus Généraux de la Province, l'érection d'une Univerfité en cette Ville. On avoit trouvé beaucoup d'oppofitions à l'exécution de ce projet (1), & l'on n'avoit pu obtenir qu'une Faculté de droit. M. Pouffier qui se voyoit fans enfans & fans héritiers de fon nom, avoit depuis long - temps formé le projet de confacrer une partie de sa forrune à la gloire de fa patrie & à l'utilité de fes Concitoyens. La fondation d'une Univerfité étoit même entrée dans fon plan avant que le Parlement & Mrs. les Elus Généraux de la Province fe fuffent réunis pour en demander l'érection. Il fut fenfible au peu de fuccès des démarches qu'on avoit faites. Son amour pour fa patrie s'anima par les dif

(1) MM. les Elus obtinrent d'abord du Roi l'établissement d'une Université complette à Dijon; mais celle de Paris & plufieurs autres du Royaume s'oppoferent à ce que la Bourgogne profitât de cette grace. MM. les Elus défendirent à cette oppofition, & prierent MM. du Parlement de fe joindre à eux. M. Pouffier fut député à ce fujet; mais malgré les efforts réunis de ces Meffieurs, S. M. réduifit l'Univerfité qu'Elle avoit accordée à la feule Faculté de droit, comme la plus utile à une Viile de Parlement.

ficultés qu'il trouvoit à le fatisfaire. Il réfolut de fonder une Académie dont le travail pût procurer les avantages qu'on avoit lieu d'attendre d'une Univerfité complette (1).

M. Pouffier ne tarda pas à mettre à exécution un auffi beau projet. Ce fut en 1722 que l'Univerfité de Dijon fut bornée à la Faculté de droit, & ce fut en 1725 qu'il fonda l'Académie (2).

Une semblable fondation couvroit de gloire fon Auteur. Mais né modefte & content de faire le bien, M. Pouffier ne voulut point la faire exécuter de fon vivant. On ne connut qu'après fa mort (3) jufqu'à quel point il avoit aimé fa patrie. On vit qu'animé du plus ardent patriotisme, il donnoit à fesparents maternels tous les biens qu'il avoit eus de Dame Judith Joly fa mere; mais qu'il difpofoit de prefque tout le refte en faveur de la place de Doyen du Parlement & de l'Académie qu'il fondoit. On fait quel eft le motif qui l'avoit

(1) Dans un teftament antérieur à celui où M. Pouffier fonda l'Académie, il avoit difpofé d'une partie de fon bien pour commencer après fon décès l'établissement d'une Université en cette Ville. Teftament, page 14.

(2) La date du teftament olographe par lequel M. Pouffier fit cette fondation, eft du 1er Octobre 1725.

(3) M. Pouffier mourut le 17 Mars 1736.

engagé à faire cette fondation. Celui qui l'avoit déterminé au legs fait au Doyen du Parlement, n'eft pas moins refpectable.

Son exactitude à remplir les devoirs de fa Charge, lui avoit fait connoître que les vétérances enlevoient au Parlement une grande quantité d'Officiers dans le temps où l'expérience & l'âge avoient augmenté leurs lumieres. Il espéroit que la certitude de jouir d'une fortune un peu plus confidérable dans un temps où les infirmités multiplient les befoins, pourroit empêcher quelquesde fes Confreres de demander leur vétérance.

uns

Il favoit d'ailleurs par lui-même que l'honneur eft un attrait plus puiffant que la fortune fur les belles ames, & bien plus capable de produire l'effet qu'il defiroit, & il s'attacha à rendre le Doyenné du Parlement encore plus honorable qu'utile.

Préfider une Société où les Sciences & les Belles Lettres font cultivées, en affurer l'existence, y entretenir l'émulation, eft d'un très-grand prix aux yeux d'un Homme de Lettres & d'un Philofophe, & c'est au Doyen du Parlement que M. Pouffier donne cette préfidence. C'est, pour ainsi dire, entre les mains de ce Magiftrat qu'il met fon Académie en dépôt. C'est sur les foins généreux & paternels, qu'il se repofe pour fatisfaire à tous

les befoins de cette Société. S'il établit un Bureau de direction pour le gouvernement de cette Compagnie, & l'adminiftration des fonds qu'il deftine à fon entretien, c'est le Doyen du Parlement qu'il place à la tête de ce Bureau (1); honneurs que ce Magiftrat mettoit fort au deffus de ce que la donation faite à la place de Doyen pouvoit avoir d'utile. Il étoit même fi perfuadé que l'efpoir de jouir de cet honneur étoit un motif fuffifant pour engager fes Confreres à defirer cette place, qu'il ne craignit point de leur faire entrevoir que ce feroit peut-être à cet avantage feul que se borneroient tous ceux qu'il avoit intention de leur procurer, & de déclarer que les revenus des biens qu'il léguoit, feroient employés par préférence à l'entretien des fonds & au paiement

(1) Il charge fpécialement, pag. 6 & 7 de fon teftament, le Doyen du Parlement, de l'entretien de tous les fonds qu'il légue, & lui adjoint pour le foulager dans cette adminiftration, quatre autres perfomes, fous le nom de Directeurs, qui font le fous-Doyen du Parlement, le vingt-cinquième de MM. les Confeillers par ordre d'ancienneté, qui n'est Directeur que pendant trois ans ; le plus ancien de MM. du Parquet, & le Vicomte-Mayeur; mais il donne la préfidence au Doyen. La direction s'étend auffi fur le gouvernement de l'Académie fur la nomination des Académiciens, fur la préfidence aux féances; & le Doyen qui préfide par-tout, a par-tout voix prépondérante. V. teft. p. 18 & 19.

des fommes deftinées pour l'Académie (1). L'éta-. bliffement de cette Société littéraire étoit fon principal objet : on en peut juger par les précautions qu'il prit pour affurer à cet égard l'exécution de fes volontés.

Le Parlement pouvoit ne pas accepter la donation faite à fon Doyen. M. Pouffier avoit prévu les conféquences de ce refus, & pour qu'il ne pût pas nuire à l'établissement de l'Académie, il transporta à la place de Lieutenant Général du Bailliage le don qu'il faifoit à celle de Doyen dans le cas où le Parlement le refuseroit. Il fit plus;

ordonna que, quand bien même par des raifons qu'il ne pouvoit prévoir, l'établissement de l'Académie feroit impoffible, on diftribueroit toujours annuellement aux Gens de Lettres & aux Savants de la Province, la fomme qu'il deftinoit à cette Société, & il fixa la maniere dont fe feroit cette diftribution (2)..

(1) V. la page 7 de la difpofition testamentaire du premier Octobre 1725; l'article x du même acte, pag. 20, & l'art. xx, pag. 26.

» (2) Sinon, où ma préfente difpofition & donation ne fe» roient pas acceptées dans un an après ladite ouverture (du » teftament) par ceux ci-devant dénommés . . . . . . . je veux » qu'elles tournent au profit des Officiers du Bailliage de Dijon.... » je fais donation .... au S. Lieutenant Général du Bailliage » qui remplira cette place lors de mon décès, & à chacun de » ceux qui à perpétuité la rempliront..... pag. 28 du teft.

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