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quefois des ufages abfolument contraires aux difpofitions du Fondateur, forçoit à y procéder illégalement, il n'en étoit pas de même lorsqu'il s'agiffoit de ftatuer fur des objets fur lefquels ce généreux Citoyen n'avoit pas porté fes regards. L'importance des correfpondances engagea la Compagnie à en établir par une délibération expreffe, & elle arrêta qu'on feroit les éloges des Académiciens que la mort enleveroit (1).

Les nouveaux réglements que fit l'Académie, ne se bornerent pas à ceux-ci; mais fans les préfenter tous en détail, il fuffira de dire qu'ils préparerent l'espèce de révolution arrivée quelques années après au grand avantage de cette Société.

L'émulation & les travaux des Académiciens, dont quelques-uns furent couronnés dans d'autres licées (2), ouvrirent enfin les yeux du public; il commença à rendre juftice à l'Académie, & plufieurs Hommes de Lettres diftingués par leur mérite afpirerent à l'honneur d'y être admis.

(1) Mr. Fromageot, jeune homme que fes talents rendoient cher à l'Académie, obtint le premier l'honneur de l'éloge dans la féance publique du 14 Décembre 1753.

(2) M. Fromageot avoit remporté deux prix à Montauban; Mr. Barberet venoit d'être couronné à Bordeaux, & l'a été facceffivement à Besançon, à Lyon, à Rouen & à Paris.

Il s'étoit formé en 1752 une autre Société lit téraire en cette Ville, qui tenoit fes féances dans la bibliothèque de M. Richard de Ruffey, Préfident honoraire de la Chambre des Comptes. Il eft difficile que deux Corps littéraires fe foutiennent dans une Ville de Province, fans s'affocier une partie des mêmes Littérateurs. C'est ce qui arriva à la Société qui s'affembloit chez M. de Ruffey. Elle admit dans fon fein plufieurs des membres de l'Académie fondée par M. Pouffier. Cette affociation fit fentir que pour l'honneur de la patrie, il seroit bien plus important de réunir ces deux Sociétés, que de divifer ainfi les efforts que l'on feroit pour l'avancement des Sciences

& des Lettres.

Une réunion si defirable fut pendant quelques années l'objet des vœux fecrets de chacune de ces Compagnies. Leur conftitution mutuelle fem bloit s'y oppofer. Elle fe fit cependant en 1759, & commença par la nomination de M. de Ruffey à une place d'Académicien honoraire. Son zèle & fes talents rendoient l'acquifition qu'on alloit en faire,bien importante. Il fut reçu le 16 Février, & fa réception fut fuivie peu de temps après de celle de plufieurs membres de fa Société, qui en 1761 ceffa de s'affembler.

Cet événement produifit tout l'effet qu'on avoit

lieu d'en attendre. L'émulation augmenta fenfiblement. On avoit ouvert depuis plufieurs années un champ plus vafte aux travaux des Académiciens; les Belles Lettres avoient été affociées aux objets dont le Fondateur avoit voulu qu'ils s'occupaffent. On y joignit les Arts, & l'on se fit un devoir plus particulier de s'attacher à tout ce qui pouvoit être avantageux à la Province. Les mêmes vues patriotiques dirigerent dans le choix des fujets des prix.

L'Académie avoit fait jusqu'à ce moment un grand nombre de réglements dont l'utilité étoit reconnue; elle y en ajouta d'autres fur la néceffité defquels l'expérience l'avoit éclairée. Mais ils étoient épars dans les registres de façon qu'ils n'étoient pas toujours affez présents à l'efprit des Académiciens. On réfolut de les réunir aux articles non abrogés des ftatuts de M. Pouffier, & d'en faire un corps de loix qu'on fit imprimer en 1762.

Parmi ces nouveaux réglements, il y en avoit dont le Fondateur avoit prévu la néceffité: je veux parler de ceux qui concernoient l'établissement de plufieurs Officiers (1): on créa un

(1) L'article XLIII des Lettres patentes portoit : « Dans le » cas où il deviendroit néceffaire d'établir d'autres Officiers.

Chancelier, un Vice-Chancelier & un Secretaire perpétuel (1).

Cette création d'Officiers ranima l'activité, & les réglements concernant les réceptions publiques & l'Hiftoire littéraire de l'Académie (2) produifirent encore beaucoup d'effet.

Tant de preuves de zèle mériterent à cette Société des témoignages non équivoques de l'estime que le public éclairé lui accordoit. La classe des Honoraires ne put pas fuffire à l'empreffement de ceux qui defiroient d'y être admis. On porta à

» que le Secretaire, ils feront choifis fuivant l'emploi, dans » le nombre des Académiciens, & nommés conjointement par » les Directeurs & par les Académiciens. «

(1) M. Fevret de Fontette fut nommé Chancelier, M. de Ruffey Vice-Chancelier, & Mr. Michault Secretaire perpétuel. Au premier a fuccédé M. de Villeneuve, & à celui-ci M. Poncet de la Riviere, ancien Evêque de Troyes. Le mauvais état de la fanté de Mr. Michault l'ayant forcé de renoncer aux fonctions de Secretaire; l'Académie qui avoit lieu de s'applaudir du choix qu'elle avoit fait, reçut avec regret sa démiffion, & nomma le 7 Décembre 1764 M'. Maret Médecin, Secretaire perpétuel.

Le St. Morifot qualifié jufques-là de Secretaire de l'Académie, fut défigné feulement fous la dénomination de Commis au Secretariat, & peu de temps après fe retira.

(2) Les premieres réceptions publiques ont été celles de M. le Marquis de la Tour-du-Pin, Commandant en chef dans la Province, & de M. Amelot, Intendant.

L'Histoire littéraire a été lue tous les ans dans la féance publique de la rentrée de l'Académie.

C

douze le nombre des Académiciens de cette claffe, & elle fut fi rapidement remplie, ainsi que toutes les autres dont la Compagnie étoit compofée, qu'on fe vit obligé de créer quatre nouvelles claffes d'Académiciens, deux pour les réfidents fous le titre d'Affociés libres & de vété

rants, & deux pour les étrangers, l'une d'Hono raires, l'autre de non réfidents.

Tous les Bourguignons diftingués par leurs ta lents & par leur amour pour les Lettres, tous ceux qui par leur féjour ou par quelques liens particuliers tenoient à la Bourgogne, réclamerent les droits qu'ils avoient à l'affociation de l'Académie. Plusieurs Savants absolument étrangers à cette Province, demanderent auffi à y être admis, & l'on fit en leur faveur une exception à la ́régle. On vit bientôt paroître fur les liftes les noms d'un grand nombre de Gens de Lettres diftingués & d'Artistes célèbres. Les correspondan ces s'étendirent au loin; & ce qui fut bien plus flatteur encore, c'eft que le Commandant & l'Intendant de la Province qui l'un & l'autre jugeoient l'Académie en hommes d'état, s'honorerent du titre d'Académicien (1).

(1) M. le Marquis d'Anlezy, Commandant en chef dans cette Province, & M. Dufour de Villeneuve, Intendant,

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