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fibles qu'à leur partie antérieure & fupérieure, & qu'on n'en retrouve aucune dans la face poftérieure; d'où il fuit qu'ils ne font pas formés de la réunion de plufieurs petits. On fent de même que la crainte du gonflement exceffif de leur ventre, lors de leur contraction, eft mal fondée, dès qu'on réfléchit à la longueur de plufieurs autres muscles dans lesquels cependant on ne trouve aucune énervation.

Ces remarques & des obfervations particulieres fur la direction & les attaches des aponeurofes des muscles obliques, ont conduit M. Chardenon à la découverte du véritable usage des énervations dont il eft ici question.

Il a reconnu que les fibres tendineufes des obliques s'implantoient fur ces énervations, & conféquemment qu'elles fervoient de points d'appui à ces muscles, & favorifoient leur action dans les mouvements de rotation du tronc, Que de plus, au moyen de ces attaches, les obliques augmentoient l'effet que les droits devoient pro

duire.

M. Bertin, favant Anatomifte & Membre de l'Académie royale des Sciences de Paris, a attribué le même usage à ces portions tendineuses des muscles droits,

Une telle conformité dans les idées eft bien remarquable, mais elle n'est pas fans exemple. L'Hiftoire des Sciences en fournit plufieurs de découvertes faites en même temps par différentes perfonnes; & ce qui, dans cette occafion, éloigne tout foupçon de plagiat, c'eft que MM. Bertin & Chardenon font arrivés au même but par des chemins un peu différents; que leurs differtations ont été lues toutes deux en 1746, & que le volume des Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Paris, dans lequel celui de M. Bertin a été inféré, n'a paru qu'en 1751.

INOCULATIO N.

PLUSIEU

LUSIEURS Académiciens ont cherché à connoître le degré de confiance que mérite l'inoculation, & dans fix mémoires ou differtations, ont difcuté les avantages & les défavantages de cette découverte. Mais la plupart de ces ouvrages, qui à la date de leur lecture étoient intéreffants, ceffent de l'être dans un temps où l'on a tant écrit fur cette matiere, qu'on peut la regarder comme épuisée. Il en eft un cependant que l'Académie a cru devoir faire imprimer; c'est le mémoire que M. Guenaud a lu le 21 Décembre 1766 : il eft inféré pag. 375 & fuiv. des Mémoires. Le cœur héfite encore à donner fon fuffrage à l'inoculation.

Il importe beaucoup de lui faire connoître ses véritables intérêts, & l'ouvrage de M. Guenaud étant celui d'un pere, qui, fans être Médecin, & ni Chirurgien, a inoculé lui-même son fils, rend compte des motifs qui l'ont déterminé à prendre ce parti, a paru capable de produire un effet auffi defirable.

1756.

Il est encore un mémoire écrit fur le même 17 Déc. fujet, dont on va donner une notice, parce que M. Maret Médecin y combat un préjugé qui s'eft formé dans cette Ville, dès le moment où l'on y a parlé d'inoculation, & qui s'oppose encore aujourd'hui à la pratique de cette découverte.

On prétend que la petite vérole est très-peu dangereufe dans ce pays-ci, & que le risque de périr en fe faifant inoculer, eft au moins auffi grand que celui que l'on coure en attendant cette maladie. Tel est le préjugé contre lequel s'éleve d'abord M. Maret. Cet Académicien remarque qu'il n'eft fondé que fur deux erreurs de fait ; la bénignité conftante de la petite vérole spontanée en cette Ville, & l'intensité du danger de la tite vérole artificielle : puis il fait voir que jusqu'au moment où il écrit, il n'eft mort qu'un inoculé fur 875, & que la petite vérole naturelle qu'on suppose fi bénigne, a tué au moins un dixième de ceux qu'elle a attaqués; d'où il conclut que

pe

rien n'eft plus faux que le préjugé qui éloigne de la pratique de l'inoculation, rien qui foit d'une conféquence plus dangereuse.

Un calcul fait d'après tout ce qui a été donné fur l'infertion de la petite vérole, lui fournit le premier résultat, & c'eft par un examen des événements de la derniere épidémie variolique, qu'il prouve la feconde affertion.

M. Maret écrivoit en 1756; la derniere épidémie variolique étoit celle de 1753; elle avoit paffé pour très-bénigne, il avoit été à portée d'en obferver le caractere, & ces motifs réunis le déciderent à lui donner la préférence, pour apprécier par des faits le danger de la petite vérole, perfuadé que le résultat de fes calculs en feroit plus concluant, puifqu'il ne pourroit pas être suspecté par ceux que le préjugé avoit féduit.

La petite vérole qui avoit commencé cette année-là dès le mois de Mars, ne regna feule que dans Juillet, Août, Septembre, Octobre & Novembre ; M. Maret borna fon examen à ces cinq mois, & s'occupa à connoître, premiérement le nombre des morts qu'on pouvoit attribuer à cette maladie; fecondement la proportion qu'il y a eue entre les malades & les morts. Un dénombrement exact des uns & des autres auroit été un moyen facile de remplir ces deux objets. Mais les in

formations néceffaires en pareille occafion font impoffibles à un Particulier, dans une Ville un peu considérable, & les registres mortuaires n'énonçant pas la maladie dont ceux qui y font infcrits, font morts, il n'étoit pas aifé d'en déduire quelque chofe de précis. Voici comment M. Maret fuppléa aux lumieres que lui auroient donné ces informations.

Il partit d'un principe univerfellement admis, & qui eft qu'année commune, dans le même efpace de temps, il meurt une égale quantité de perfonnes, à moins qu'une maladie quelconque n'augmente le nombre des morts. Cela pofé, il dit: >> fi pendant les cinq mois du regne de la pe» tite vérole en 1753, il est mort un plus grand » nombre de personnes qu'il n'en meure année » commune pendant les mêmes cinq mois, l'ex» cédant devra être attribué à la petite vérole; enfuite il eut recours aux registres mortuaires ; & par un calcul fait fur les huit années qui avoient précédé 1753, & fur celles de 1754 & 1755, il trouva qu'année commune, dans les cinq mois défignés, il mouroit deux cents une personnes. Le dépouillement des regiftres de 1753, lui donna pour les mêmes mois cinq cents cinquantetrois morts, & l'excédant de ce nombre étant de trois cents cinquante-deux, il en conclut que la pe

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