Imágenes de páginas
PDF
EPUB

caufe des variations, des incertitudes, des contradictions apparentes qu'on trouve dans divers Auteurs(1). Voilà ce qui fait que du Moulin, par exemple, appelle tantôt les élections (2), tantôt les nominations Royales, le droit commun de l'Eglife & de la France.

Les vrais ennemis des élections ce n'étoient pas les Rois, c'étoient les Papes. Tant que ceux-ci refpecterent l'autorité des Conciles, ils refpecterent les élections ; mais lorfque les fauffes Décrétales(3)& le Décret de Gratien eurent accrédité ce qu'on appelle aujourd'hui les opinions ultramontaines; lorfque des appels trop directs, des évocations trop fréquentes porterent à Rome les

(1) Voyez fur toute cette queftion le grand Recueil de Chezal-Benoît.

(2) Du Moulin, de infirmis refignationibus, no! 402. Comment. fur l'Edit des Petites Dates, gl. 15. n. 31 & fuiv.

(3) Elles furent publiées dans le neuviéme fiécle, &elles acquirent beaucoup d'autorité dans les fiécles fuivans. Le Décret de Gratien parut, felon l'opinion commune, en 1151.

1515.

conteftations qui s'élevoient au fu1515. jet des élections, les Papes voulurent infenfiblement attirer à eux tous les détails du gouvernement de l'Eglife: ils comprirent combien la collation des Bénéfices pouvoit étendre & affermir l'empire_pontifical; le titre de Chef de l'Eglife pouvoit, dans des tems d'ignorance, colorer à leurs propres yeux cette prétention.

Douziéme

glife.

Au douziéme fiécle, leurs entrefiécle de l'E- prifes commencerent à éclater, mais fourdement encore & avec des précautions, ils prennent des prétextes, ils profitent des conjonctures, ils font valoir adroitement leurs prétentions fans trop les annoncer. Souvent des Pontifes modérés les abandonnent de bonne foi, mais des Pontifes ambitieux les reprennent bientôt ; quelquefois pour féduire les peuples & pour abaiffer les Rois, ils protégent ouvertement ces élections qu'ils brulent en fecret de détruire; quelquefois pour mettre les Rois dans leurs intérêts, ils fem

1515.

Thomas

blent leur en faire le facrifice, mais ce n'eft qu'un dépôt qu'ils efpérent retirer plus aifément des mains des Rois que des mains du Peuple ou du Clergé. Le Pape Eugène III. adreffe à Louis le Jeune un Diplôme, par lequel il lui accordoit la difpofition des Prélatures de fon Walfingam in Hypodig. Royaume, Louis VII. jette le Di- Neultrie. plôme au feu, » j'aime mieux, dit-il, Broymarus, »bruler ces Lettres que d'être brulé vici » à caufe d'elles (1). » Saint Louis Vanefpen, ne fit point de jeu-de mot, mais il cap. 6. n. 8. traita de même un pareil Diplôme d'Antoine Le même Saint Louis fit en 1228, & Arnaud, to 5. renouvella en 1268 la Pragmatique. P. 31. Sanction, par laquelle il réprime Treifiéme les exactions déja infupportables (2) fiécle.

(1) Malo illas hic comburere, quàm fi propter illas in Inferno comburerer.

(2) Art. s. Exactiones & onera gravissima pecuniarum per Curiam Romanam Ecclefiæ regni noftri impofita, quibus regnum noftrum miferabiliter depanpertatum extitit.....levari ant colligi nullatenus volumus.

Rome nous fuce & nous tranfgloust,
Rome traia & deftruit tout,

Dont fourdent tout li mauvais vices.
Dit un Poëte de ce temps-là ( Hugues de Barfy.

vita S. Ludo

P. tit. 13.

Lettres

1515.

de la Cour de Rome, & confirme plus que jamais le droit d'élection. Les Papes prirent d'autres routes pour parvenir à leur but. L'impétueux Boniface VIII. qui ne fut jamais douter d'aucun des droits du Saint Siége, ne daigna pas même employer les voies détournées, il n'exiftoit à fes

pou

yeux qu'un seul voir, celui de J. C. pouvoir dépofé à jamais entre les mains de fon feul repréfentant fur la terre, le Pape; Boniface difpofa des Evêchés de France, comme il difpofoit des Sceptres & des Couronnes. Bientôt on ne parla plus que de l'autorité indéfinie de Rome, & de fes droits Quatorziéme & quin- fur tous les Bénéfices. La foibleffe ziéme fiècle. des Rois, la fuperftition des Peuples, la puiffance des Papes, leur féjour dans Avignon, fur tout celui qu'y firent les Anti-Papes pendant le fchifme d'Occident, renverferent entièrement la difcipline des élections, les Eglifes fe remplirent de Pasteurs mercenaires, le Clergé de France fut dans une dépendance ab

folue de Pontifes auxquels la France donnoit un afyle; chaque jour vit 1515. naître de nouveaux abus, taxes ordinaires & extraordinaires, droits de provisions, Annates, Décimes, Dévolutions, Préventions, Vacances in curia, Droits de dépouille, Expectatives ou Mandats Apoftoliques, réserves (1), en un mot, de

(1) L'Annate, revenu d'une année que les Papes retiennent fur les Bénéfices qu'ils conférent.

Dévolution, droit établi en 1179 par le Pape Aléxandre III, dans le troifiéme Concile de Latran, c'eft une loi portée contre les Collateurs négligens; loi qui fait pafler à un autre leur droit de conférer. L'objet de cette loi eft d'empêcher la trop longue vacance des Bénéfices, & jufques-là il n'y a rien que de jufte. Mais les Papes abuferent de ce droit en l'attirant tout entier à eux feuls & en Pexerçant toujours fous le moindre prétexte. Il en étoit de même de la Prévention, c'eft-à-dire, du droit de prévenir les Collateurs ordinaires & les Patrons Eccléfiaftiques. L'exercice de ce droit étoit pouflé jufqu'aux derniers excès de l'abus.

Mandat Apoftolique ou Grace Expectative, Collation anticipée par laquelle le Pape affùroit à un Eccléfiaftique un Bénéfice non vacant, de-là les vœux pour la mort du Titulaire, & quelquefois les efforts pour la hâter. Ces graces d'ailleurs fu rent quelquefois vendues.

Vacance IN CURIA, droit de nommer aux Béné fices des Eccléfialliques qui mouroient à Rome, & il faut remarquer que la multitude de droits exersée d'ailleurs par les Papes fur les Bénéfices de

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »