Imágenes de páginas
PDF
EPUB

en y introduifant avec la vénalité 1516. des charges tout l'aviliffement qui

fembloit devoir en être la fuite. Le Concordat, vû à travers de ces difpofitions, parut une vénalité des Bénéfices, femblable à celle des charges (1), un trafic honteux entre un Pontife avide & un jeune Roi imprudent de droits qui n'appartenoient ni à l'un ni à l'autre, un lâche facrifice des Loix du Royaume fait à la fortune par un Chancelier intéressé, un renversement fcandaleux des libertés de l'Eglife Gallicane. Le peuple, ordinaire écho du Parlement fon défenseur, répétoit ces reproches, les exagéroit dans fes déclamations. La faveur, l'argent, peut-être, alloit déformais

(1)Il n'y a rien qui ne puifle être diversement envifagé. Le Parlement auroit pû voir par le Concordat le Clergé fon rival, foumis pour jamais à l'autorité Royale, & par la vénalité des charges la Magiftrature devenue plus indépendante de la faveur des Grands, qui jufqu'alors avoient rempli les Tribunaux de leurs créatures, & qui en exigeoient fouvent une reconnoissance contraire au bien de la Justice.

pré- 15.16.

tout faire, le mérite alloit languir inconnu ou méprifé. Car c'est un préjugé mal développé dans la tête du vulgaire, mais affez général, que la Cour toujours trompée ou mal, intentionnée, n'a ni des yeux pour voir le mérite ni des cœurs pour l'aimer, & malheureusement les faits ne dépofent pas toujours affez contre ce préjugé. Ces idées de défordre, groffies par l'imagination enflammée du peuple, devenues excessives dans fa bouche, mais formant un cri public, revenoient frapper le Parlement avec plus de force, il crut que l'honneur exigeoit une résistance opiniâtre.

Les FéSvrier 1517.

Cependant le Roi qui s'étoit déterminé par des raifons d'Etat, &, qui croyoit que tout devoit y céder, arrive au Parlement, où il avoit mandé, outre les Officiers ordinaires, un grand nombre de Prélats de Chanoines de Notre-Dame, de Docteurs en Théologie & de Suppôts de l'Univerfité. Il leur fait expliquer fes intentions par fon Chan

[merged small][ocr errors]

celier, il leur rend compte en pere
& en ami des raifons qu'il avoit de
foufcrire au Concordat; il leur rap-
pelle les emportemens de Jules II.
contre Louis XII, le Royaume mis
en interdit & donné à partager à
l'Empereur, aux Suiffes, aux Rois
d'Espagne & d'Angleterre ; Léon X.
marchant fur les mêmes traces, fer-
mant aux François l'entrée du Mi-
lanès, traversant tous leurs fuccès;
le Concile de Latran prêt à condam-
ner la France par contumace & à
prononcer la caffation de la Prag-
matique fans aucun dédommage-
ment; les réserves, les graces ex-
pectatives toutes les anciennes
ufurpations de la Cour de Rome
qui avoient été réprimées par les
Conciles de Conftance & de Bâle
prêtes à renaître fous l'autorité du
Concile de Latran. Le Concordat
étoit le feul reméde à tant de maux.
Le Roi en ordonnoit donc l'enregî-
trement, & pour le bien de fon
Royaume & pour l'acquit de la pa-
role qu'il avoit donnée au Pape. Les

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Prélats, Chanoines, Docteurs, & membres de l'Univerfité, délibérè- 1517. rent ensemble; le Parlement délibéra auffi à part avec la prudente lenteur qui convient aux affaires déli

cates.

Le vœu de l'Univerfité & du Clergé fut que celle ci intéreffant toute P'Eglife Gallicane, ne pouvoit être décidée que par l'Eglife Gallicane, affemblée en Concile national. Cette réponse irrita d'autant plus le Roi, qu'elle lui fut portée par le Cardinal de Boify, auquel le Concordat venoit de procurer le chapeau. Vous ne pouvez, lui dit-il, en le regardant avec indignation, oh! je vous le ferai bien pouvoir, ou je vous envoyerai tous à Rome dire vos raifons au Pape.

[ocr errors]

Le Préfident Baillet, député par le Parlement, fe contenta de dire qu'on feroit rapport à la Cour de l'af faire en question, & qu'on fe conduiroit de forte que Dieu & le Roi en feroient contens. Le Chancelier dit: Les gens de la Cour l'entendent bien, propos équivoque, eft-il d'approbation ou

1517.

de blâme? Le Roi répliqua : Oh! pour ceux-ci, je le leur ferai bien faire.

Le Concordat & l'acte d'abrogation de la Pragmatique avoient été remis aux Gens du Roi. Ceux-ci, après un très-mûr examen, firent le 5. Juin au Parlement, en préfence du Chancelier, qui étoit venu pour les preffer, un fimple rapport provifoire, ils annoncèrent des inconvéniens, demanderent qu'on nommât des Commiffaires; on pouvoit les nommer fur le champ, on ne les nomma que le lendemain fix; le 15. ils demanderent des adjoints, attendu l'importance de la matière. Enfin le 22, l'Avocat-Général le Liévre donna fes conclufions, & au lieu de requérir l'enregîtrement, il ofa fe déclarer appellant du Concordat, & inviter le Parlement à maintenir la Pragmatique. Le Parlement fe garda bien de prononcer encore; le Roi, ennuyé de cette lenteur, reprit les Concordats des mains de l'AvocatGénéral, & les fit porter le 24 Juin au Parlement par le Chancelier, ac

« AnteriorContinuar »