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çoivent des interprétations différentes; & fi la conduite de Chére- 1515. bert ne paroît aux uns qu'un acte de violence, d'autres y voyent une jufte fermeté à défendre les droits duTrône, & à punir un coupable mépris de l'autorité.

Il feroit téméraire de prononcer légérement fur cette grande queftion de la nomination aux Prélatures, qui a tant partagé les Savans, & qui, en effet, a bien des difficul

tés.

Les uns foutiennent que les élections ont toujours été le droit particulier de l'Eglife de France, comme le droit commun de l'Eglife univerfelle, & que les Rois ne, nomment aux Evêchés & aux Abbayes que depuis François I. & qu'en vertu du Concordat.

Les autres regardent cette nomination comme un droit de la Couronne, fouvent exercé, quelquefois négligé, rétabli feulement par le Concordat, & toujours inaliénable comme tous les droits royaux.

De part & d'autre on allégue des 1515. raifons, des faits & des autorités.

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Les partifans des élections remontent jufqu'aux Actes des Apôtres, jufqu'à l'élection de Saint Matthias & de Saint Etienne ; ils fuivent de fiécle en fiécle & d'Eglife en Eglife la chaîne de la Tradition. Les Conciles généraux confacrent l'ufage des élections, ils en font le droit commun de l'Eglife; les Eglifes particulières l'adoptent; en France il est établi & confirmé par un grand nombre de Conciles ( i ). Les Loix Civiles (2) fe joignent aux Loix

(1) Deuxième Concile d'Orléans en 533. Concile de Clermont en Auvergne en 535. Troifieme Concile d'Orléans en 538. Cinquiéme Concile d'Orléans en 549. Cinquième Concile de Paris en 614 ou 615. Concile de Reims en 625, de Châlons-fur-Saône en 644. Deuxiéme Concile de

Vernon en 844, fans compter ceux qui furent

tenus fous la troifiéme race.

(2) Edit de Clotaire II, recueilli parmi les Capitulaires de Baluze, T. 1, p. 22. Capitulaires de Charlemagne de l'an 789, & de l'an 803. De Louis le Débonnaire à Aix-la-Chapelle en 816, fans compter toutes les Ordonnances des Rois de la troifiéme race.

Dupuy dans fon Hiftoire de la Pragmatique &

Eccléfiaftiques. Le zéle à défendre

les élections, distingue dans tous les 1515. tems les plus grands noms de l'Eglife Gallicane, Hincmar de Reims, Yves de Chartres, Pierre le Vénérable, Saint Bernard, Pierre d'Ailly, Nicolas de Clémangis, Gerfon, &c. Tous les Auteurs anciens & les meilleurs Auteurs modernes (1) atteftent l'usage des élections & l'utilité de cet ufage. Quant aux faits des élec

des Concordats, a tort de dire qu'on ne trouve pas un feul veftige des Elections aux Evêchés, dans les Synodes tenus du tems de Charlemagne. Le Capitulaire de 803, fut fait à Aix-la-Chapelle, in magna Synodo, dit Baluze, t. 1, p. 713.

(1) Le Prêtre, du Concordat. Tamburinus, De jure Abbatum, t. 1, disp. 5. Coquille, t. 1, P. 41, & fuiv. Pafquier; recherch. L. 3, c. 20. Chopin, De Politia Sacrâ, L. 1. De Thou, L. I, p. 22. Le Bret, de la Souveraineté du Roi, L. I. c. 17. Richer, De Ecclefiaftica polit. poteft, T. 1, c. 7. De Marca, de Concord. Sacerdot.

Imper. L. 8, c. 9. Bouchel, Bibliot. Canon. V. Election. Pinffon, Commentaire fur la Prag matique, art. 2. Le même, Traité des Régales, c. 17. Fleury, fecond difcours fur l'Hift. Eccléfiaft. n. 4. Le même, Mœurs des Chrétiens, no. 22. Le même, Inftitutions au Droit Eccléfiaft. c. 10. Le P. Thomaffin, Difcipline Eccléfiaft. T. z. p. 6741174. Vanespen, Paffim. Augeard, T. 2. no. 90. D'Héricourt, Loix Eccléfiaftiq. part. fe conde, c. 3.

tions, ils se préfentent en foule dans

1515 chaque fiécle.

3. C. 20.

A ces faits, les partisans de la nomination Royale en oppofent une foule de contraires ; ils nous montrent dans divers fiécles, les Rois de France difpofant des Prélatures, de leur feule autorité, fans aucun concours du Peuple ni du Clergé. Il eft vrai que quelques-uns de ces exemples prouveroient trop ; car les Rois donnoient quelquefois les Evêchés & les Abbayes à des Laïcs, quelPafquier Recherch. L. quefois même des Abbayes d'hommes à des femmes ; & pour le dire en paffant, tel eft en général l'inconvénient des preuves tirées des faits, qu'elles fe prêtent à tout, & qu'il n'y a rien qu'on n'établisse ou qu'on ne détruise à fon choix par ce moyen; tout s'eft fait, il y a des exemples de tout: la fameuse régle de Vincent de Lérins, quod ubique quod femper, quod ab omnibus. Ce qui a été obfervé dans tous les tems, dans tous les lieux, par tout le monde; cette réglé excellente en matière de foi,

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n'eft qu'une belle chimère en matière d'hiftoire & lorfqu'il s'agit fim- 1515. plement de discipline; & pour ne pas fortir de l'objet particulier de la nomination aux Prélatures, écoutons fur cet article le fçavant Dupuy (1).

כל

La provifion aux Prélatures & » Dignités de l'Eglife s'eft faite de tout tems fi diverfement & par des » formes le plus fouvent fi contrai» res les unes aux autres, qu'il est » difficile de dire celle qui a été ju»gée la plus légitime. L'on ne peut, » pas nier que les élections n'ayent eu lieu dès le tems des Apôtres ; » l'on peut auffi montrer que dès» lors l'on a varié & ufé d'autre voie que de l'élection. Le Pape, a prétendu que ce droit lui appartenoit » privativement à tout autre: le » Prince a eu cette même prétention? l'un & l'autre en ont joui. Quel quefois les Evêques de la Province,

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(2) Pierre Dupuy, fur l'art. 68 des Libert. de, l'Eglife Gallicane.

371.

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A vi

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