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(h) Caffab roseau; la colocaffe (z), l'oignon, & la fève. Bien des années s'écoulèrent avant qu'ils fongeaffent à cultiver ces productions indigênes. Le befoin éveilla l'induftrie. Celui à qui le hazard ou la réflexion procura quelque heureuse découverte, fut Roi, ou Dieu (k). Ofiris apprit aux hommes encore antropophages, à fe nourrir de fruits au lieu de la chair humaine. Ifis, la même que Cerès, leur enfeigna la culture du blé; ils furent élevés au rang des Dieux. Hercule l'Egyptien, le plus anciens des héros qui ont porté ce nom, délivrala Thébaïde des monftres qui la ravageoient.On

trouve point fur les grands canaux du Nil, mais dans les ruifleaux qui traversent l'intérieur des terres.

(h) Quelques auteurs ont dit que la canne à fucre avoit été apportée de l'Inde en Egypte. Peut-être n'a-t-on apporté que la maniere de la cultiver. Il me femble qu'elle eft originaire d'un pays qui produit un grand nombre d'efpeces de rofeaux, & où elle croît naturellement. Son nom même porte à le croire.

(i) La colocaffe eft une plante bien connue en botanique. Les habitans de Damiette la cultivent particuliérement. On voit près de cette ville des vaftes champs couverts de fes larges feuilles. Sa racine eft en forme de cône, & plus groffe que celle du lotus. Elle eft d'un goût moins fade que la pomme de terre.

(k) Diodore de Sicile, p. 24.

lui dreffa des autels. Tandis que les peuples de la haute Egypte, difputoient aux bêtes feroces leurs vaftes marais (7), la mer, au rapport des anciens, venoit battre le pied des montagnes où font bâties les pyramides. Elle s'enfonçoit du côté de la tour des Arabes, bien avant dans la Libye. Elle couvroit une partie de l'Ifthme de Suès, & tout ce que nous nommons aujourd'hui le Delta formoit un grand golfe. Je paffe fur les fiecles & je viens au temps où les Egyptiens foumis à un culte, à des loix, creufèrent des canaux pour donner de l'écoulement aux eaux flagnantes du Nil, oppofèrent de puiffantes digues à fes ravages, & las d'habiter les antres des rochers, bâtirent des villes fur des tertres élevés par l'art, ou par la nature. Déja le fleuve étoit contenu. L'habitation des hom·mes étoit à l'abri de fes débordemens (m). L'expérience avoit appris à les prévoir & à les annoncer. La géométrie mefurant les terreins nouvellement fortis du fleuve, ou diminués par fon impétuofité, affuroit les poffeffions. Une grande Ville s'étoit élevée au milieu de la Thébaïde. Plufieurs Rois avoient mis leur gloire

(1) Herodote, Strabon, Diodore de Sicile qui rapporte à ce fujet le fentiment des Ethiopiens.

(m) Hérodote, p. 40. Euterpe.

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à l'embellir. Telle étoit la magnificence de fes monumens publics que les ruines qu'ils ont laiffées, impriment encore après plus de quatre mille ans, l'admiration & le respect. Thèbes floriffoit depuis des fiecles, & Rome n'étoit pas encore. Séparés du refte de l'univers par des déferts, des montagnes, & la mer, les Egyptiens cultivoient paifiblement les arts & les fciences. La conftance de leurs travaux étendoit chaque jour les limites de leur Empire, foit en défendant par des levées les terres nouvelles, foit en defféchant par des faignées profondes, les lieux marécageux (n). Un des rois d'Egypte, prévoyant peut-être ce qui devoit arriver, avoit entrepris de détourner le cours du fleuve. Après avoir erré pendant cent cin

(n) Les Prêtres difoient que Menès, le premier roi d'Egypte, avoit jetté un pont fur le Nil auprès de Memphis. Avant ce prince, le fleuve franchiffant le mont Pfammius, couloit au midi de cette ville, & fe répandoit dans les déferts de Libye. A cent ftades de Memphis, il oppofa une digue à fon cours, & le força de revenir entre les montagnes. Par ce moyen le premier lit fut defféché. De nos jours que les Perfes font maîtres de l'Egypte, ils entretiennent à grands frais la digue qui ferme l'ancien canal. Chaque année ils y ajoutent de nouveaux ouvrages, & ont établi des troupes pour veiller à fa confervation. Herodote. Euterpe, P. SS.

quante lieues entre les barrieres dont je vous ai parlé, trouvant à droite un obftacle infurmontable, il se précipitoit à gauche, & coulant au midi de Memphis, il fe répandoit dans les fables de la Libye. Le Prince lui avoit creusé un lit nouveau à l'orient de Memphis; & oppofant à fes eaux une large digue, l'avoit obligé de revenir entre les montagnes, & de fe décharger dans le golfe, qui baignoit le rocher où le château du Caire eft bâti. Du temps d'Herodote, on voyoit encore l'ancien lit du fleuve, & la digue qui en fermoit l'entrée. Les Perfes l'entretenoient avec le plus grand foin. Au moment où j'écris, ce canal n'eft point ignoré; on le fuit à travers le défert; il paffe à l'occident des lacs de Natron. Des bois pétrifiés, des mats, des antennes, debris des bâtimens qui y naviguoient, en marquent encore la trace. Les Arabes ont confervé à ce canal prefque comblé, le nom de Bahr Bela ma (o) mer fans eau.

C'eft aux travaux du Monarque, qui termina ce grand ouvrage, que l'Egypte doit le Delta. Le poids énorme des eaux du Nil, qui vint fe jetter à l'entrée du golfe, fit refluer celles de la mer. Les fables, le limon qu'il entraîne, s'y

(0) Les Arabes appellent bahr, mer, les grands fleuves,

amoncelèrent. L'île du Delta peu confidérable d'abord, fortit de la mer dont elle recula les limites. Elle étoit un don du fleuve. La culture vint la défendre contre fes attaques, en élevant des digues fur fes bords. Du temps de Moris, qui vivoit cinq cens ans avant la guerre de Troie, le Delta paroiffoit encore dans fon enfance (p). Huit coudées fuffifoient pour l'inonder dans toute fon étendue. On le parcouroit en bateau d'une extrêmité à l'autre, & fes villes conftruites fur des hauteurs artificielles reffembloient aux ifles de la mer Ægée (9). Lorsqu'Hérodote vint en Egypte, il falloit quinze coudées pour couvrir toute la baffe Egypte; mais alors le Nil débordoit l'efpace de deux journées à droit & à gauche du Delta. Sous l'empire des Romains, feize coudées produifoient le même effet. Pendant la domination des Arabes, les Ecrivains parlent de dix-fept coudées comme de la hauteur la plus favorable. Aujourd'hui le terme de dix-huit coudées eft celui de l'abondance; mais l'inondation ne s'étend plus dans la baffe Egypte : elle s'arrête au grand Caire & dans les campagnes voifines. Cependant le Nil croît fouvent jufqu'à vingt-deux cou

(p) Herodote, p. 41. Euterpe.
(9) Strabon, liv. 17, p. 1136.

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