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perfection; infini il fe fuffit à lui-même; heureux par Jui-même, & infiniment fatisfait de fe connoître, & de jouir de lui-mème,il pouvoit ne rien produire de different de foi-même, car il n'avoit befoin de rien; & comme le mouvement pouvoit être & n'être pas, il pouvoit, le produire ou ne le produire pas la volonté fuprême eft libre, il eft effentiel à la parfaite liberté de fe déterminer elle-même, & fa volonté s'eft elle-même librement déterminée à vouloir que l'étendue fût, & à vouloir qu'il y eût du mouvement dans l'étenduë. Voïons le naître de cette volonté..

(1) S

un

Confiderer les chofes dans leur naiffance, c'eft 2. des moyens des plus propres pour les connoître ; car chaque chofe eft precifément ce que fa caufe lui a don né d'être en la faifant, & fi elle et l'effet d'une volonté, elle fe trouve precifément telle que cette volon té a voulu qu'elle fût, lorfqu'elle en a ordonné la naifLance.

P

De la nature du Mouvement.

re

Our voir naître le premier mouvement, il faut d'a- Naissanc bord fupofer qu'il n'y en a point, c'est-à-dire, fe du mouveprefenter toutes les parties de l'Univers dans un parfait

repos.

Cette fuppofiton eft très-raisonnable; on commence par le plus fimple, & le repos l'eft infiniment, en comparaifon du mouvement. Un corps en repos eft toûjours dans le même état, & conferve conftamment & uniformément les mêmes relations; mais quoiqu'un corps en mouvement foit toûjours en mouvement pendant qu'il fe meut, & que fon mouvement puiffe de plus être uniforme, c'est-à-dire, aller toûjours d'un train égal, il y a néanmoins dans le mouvement un changement continuel, & ce changement lui eft effentiel; il s'éloi

ment.

Bremier

caractere;

gne toûjours plus d'un terme, & s'aproche toûjours plus d'un autre, les relations de diftance ne demeurent ja mais les mêmes ; il s'aplique toujours à des parties differentes, il les parcourt l'une après l'autre ; il eft dans une fucceffion continuelle; dans le repos on ne trouve qu'une parfaite identité.

Je choifis dans cette vaste étenduë, où il n'eft encore arrivé aucun changement, & je défigne par la penfée, une Sphere de fix pieds, par exemple, de rayon 'fa furface convexe parfaitement polie, est immediatement touchée en tous les points, par une concavité qui l'emə braffe, & qui eft auffi parfaitement polie ; c'est-à-dire, je ne conçois aucune des parties de l'une engagée dans les interftices de l'autre.

Cette Sphere, & ce qui l'environne, font dans un parfait repos, ce font toûjours les mêmes parties de l'une & de l'autre furface, qui fe touchent conftamment. Prenés dans cette Sphere quelque partie qu'il vous plaira, comparés-la avec quelle que vous voudrez choi fir dans les corps qui l'environnent; fa fituation demeurera la même, la relation de diftance ne changera point. Concevés après cela que l'intelligence fuprême veut que cette Sphere applique fucceffivement la furface convexe qui la renferme à la furface concave qui l'em braffe immediatement ; cette volonté fera incontinent fuivie de fon effet, & cette Sphere se mettra en mouvement. Concevés l'intelligence fuprême, qui ordonne à cette Sphere de fe mettre en mouvement; cet ordre fera auffi exécuté, & elle, c'eft-à-dire, toutes fes parties, appliqueront fucceffivement la furface convexe qui les renferme toutes à la concavité qui la touche.

Je vois déja par là que le mouvement eft l'état d'un corps qui applique fucceffivement la furface à Pétendue qui l'avoifine immediatement; c'cft la premiere proprieté effentielle au mouvement, que fa naifance me fait apercevoir:

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Je m'aperçois en même tems d'une feconde, qui n'eft Second, pas moins effentielle, c'eft qu'il n'y a aucune partie dans cette Sphere, qui ne change fans cefle de fituation par raport aux parties de la concavité, à laquelle je la compare ; ce n'eft pas la furface convexe de la Sphere, qui s'applique feule fucceffivement: toutes les parties qu'elle renferme, & dont elle eft la furface commune, contribuent à l'appliquer, & en faifant cela, elles changent toutes de fituation.

Défignés encore par la peníée, vers l'extremité de cette Sphere, un anneau d'un pied d'épaiffeur, & fi gurés vous qu'il fe meut, tout le refte, demeurant immobile, toutes les parties renfermées entre les furfaces, l'une convexe & exterieure, l'autre interieure & concave de cet anneau, changeront de fituation, par ra port aux corps qui les environnent, & toutes ensemble appliqueront fucceffivement les deux furfaces dans lesquelles elles font renfermées, & qui font les extremi tés de tout qu'elles compofent.

Mais le centre de cette Sphere fe meut-il auffi ? Sans doute, car tout ce qui eft renfermé dans fon enceinte, fe meut. On fupofe ordinairement un rayon de cercle tournant au tour d'un centre, qu'on regarde comme immobile; mais c'eft une fupofition abitraite : on fait abftraction du mouvement de ce centre, on err parle comme d'une Sphere infiniment petite & immobile, au tour de laquelle l'extremité du rayon tourne roit, & l'erreur de cette fupofition n'eft d'aucune confequence, parce qu'elle eft infiniment petite, Mais réellement & exactement parlant, le centre c'eft l'extremité du rayon, ce rayon fe meut & fon extremité, qui eft quelque chofe de lui-même, fe meut auffi: une Sphere eft compotée de deux Hemifpheres, les fürfaces planes de ces deux Hemifpheres fe touchent immedia tement dans l'une & dans l'autre il y a un rayon, & ces doux rayons pofés bour à bout, forment le Diame

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En quel

fens le mou

tre; entre l'extremité de l'un & celle de l'autre, je parle des deux extremités qui fe touchent, il n'y a abfolument aucun intervalle, & on peut prendre pour centre celle de ces deux extremités qu'on voudra. Il arrive à chacune de ces extremités des deux rayons, ce qui arrive à toute la furface plane de chacun de ces deux Hemispheres: elles changent fans ceffe de fitua tion, elles font toûjours tournées vers de differens endroits, ce qui étoit fuperieur dévient inferieur après un demi tour ce qui étoit tourné à la droite, est tourné à la gauche après autant de mouvement.

L'affemblage de tout ce qui compofe la Sphere, en appliquant fucceffivement fa furface, & en changeant vemet par de fituation, parcourt une efpace; c'est une troifiéme proprieté effentielle au mouvement; mais il faut que je m'explique.

court un ef pacc.

Pour ne m'embaraffer d'aucune hypothese, j'ai déja preferé de voir naître un mouvement, circulaire à un mouvement en droite ligne, parce qu'à moins de fupofer un vuide parfait, un mouvement en droite ligne ne peut fe concevoir feul. Tout mobile qui s'éloigne d'un terme & s'aproche d'un autre, en parcourant une ligne droite, chaffe de fon chemin ce qu'il rencontre, & à moins d'un grand vuide, l'oblige de circuler; par là le mouvement en droite ligne, emporte le circulaire, au lieu que le circulaire peut fe concevoir tout feul; c'est par cette raifon que je l'ai choifi, afin qu'à la vûë du mouvement naiffant, nôtre attention ne fut pas obligée de fe partager fur beaucoup d'objets. J'éviterai encore la question du vuide, dans cette troifiéme remarque que je fais fur ce qui eft effentiel au mouvement. Je prévois que cette controverfe pourra trouver une place plus commode dans la fuite des queftions qui fe prefenteront après cette année.

La concavité en repos qui embraffe nôtre Sphere en mouvement, cft très-réelle, c'est l'extremité d'une éten

due corporelle ; elle eft neceffairement d'une certaine capacité, & dans nôtre fupofition, ce qu'elle renferme eft auffi une étendue corporelle: un corps qui fe meur parcourt donc une concavité corporelles cette concavité eft d'une capacité déterminée, dans l'hypothese du plein, toûjours remplie d'une étendue corporelle y quoique non pas toûjours de la même, parce que quand il y a du mouvement, l'une fuccede à l'autre.

Dés que la fupofition du vuide sera une fois accordée, l'idée de l'efpace parcouru fera plus fimple; mais cette fupofition a auffi fes difficultés. Je ne prens pas parti quand il n'eft pas neceffaire.

ز

Quand une Sphere fe meut au tour de fon centre, une certaine & même portion de concavité, après avoir été parcourue fucceffivement par une certaine partie de la convexité du mobile, eft enfuite parcouruë par une autre, de la même façon ; à'la feconde fuccede une troifiéme toujours parcourant la même partie, & ainfi fans interruption, au lieu que dans une concavité étendue en ligne droite, une certaine portion, après avoir été parcouruë, ne l'eft plus, toutes les parties du mobile l'abandonnent entierement.

Idée de la

Cette idée du mouvement conçû, comme l'état d'un corps qui parcourt une efpace, ou qui parcourt une con- quantité du cavité d'une capacité déterminée, éclaircit tout-à-fait ce mouvement qu'on apelle la quantité du mouvement.

Tous les Phyliciens que j'ai lu, après avoir fupofé que le mouvement eft une quantité, la définiffent en difant que c'est le produit de la pefanteur du mobile par la viteffe. Déja la fupofition n'eft pas fans obfcurité, à caufe de F'idée qu'on a accoûtumé d'attacher au mot de quanti té, qui prefente quelque chofe de fixe, d'étendui, de groffier; l'embarras croît quand on y fait entrer une regle de multiplication, qui a pour une de fes racines, la maffe ou le poids, & pour l'autre la viteffe, deux genres d'être fort differens.

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