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que dans le premier cas, il faut qu'ils foient l'un & l'autre en mouvement par rapport à un troifiéme, à l'égard duquel ils changent l'un & l'autre de fituation.

Figurés-vous un cube en mouvement: Concevés que fur fa face fuperieure on en pofe un autre égal à lui, & qu'en le pofant on lui donne autant de mouvement qu'en a celui fur lequel il eft placé. On en appofera un troifiéme a fa face inferieure porté encore de la même viteffe. Deux des faces de celui du milieu ceffent de s'apliquer fucceffivement à ce qui les avoifine: Elles continuent pourtant à fe mouvoir. Pourquoi ? Parce qu'elles font un feul tout avec les deux cubes que l'on vient d'ajouter au premier, & que ces trois cubes appliquent conjointement leur furface commune à la concavité qui les environne. L'affemblage des trois change de fituation, & enfin cet affemblage parcourt une certaine concavité. Les parties d'un tout qui applique fucceffivement fa furface, changent de fituation & parcourent une concavité. Ces parties d'un tel tout le meuvent, car le tout & l'affemblage de fes parties, c'eft une même chofe.Chacune de fes parties ne fe meut pas comme un tout feparé des autres, car aucune ne s'applique fucceffivement à ce qui l'environne, aacune ne change de fituation par rapport à ce qui l'avoifine, aucune ne change de fituation par rapport à ce qui la touche, aucune ne parcourt la concavité dont elle eft immediatement environnée. Le cube donc du milieu ne fe meut pas par rapport aux, deux autres, à l'égard defquels il ne change nullement de fituation, mais il fe meut avec eux.

On en concevra encore quatre placés fur les quatre faces qui restent & pouffés en s'y plaçant du même côté & avec la même force. Le cube du milieu eft enfermé, aucune de fes faces ne s'applique fucceffivement;" i ne change point de fituation à l'égard des fix cubes qui le renferment ; mais il change de fituation avec euxpar rapport aux corps environnans, avec lequels

Remarque

nition fon

perpendiculaire au plan AB, & les lignes EL, CC, qui joignent les perpendiculaires égales, font toujours éga

lcs.

la

Le centre C fe meut réellement, auffi- bien que boule, dont la demi circonference décrit veritablement la ligne EF. Le plan AB fe meut réellement auffi, & porte avec lui la boule qu'il foutient, fans quoi le centre C, après que cette boule a fait un demi tour, ne se trouveroit pas vis-à-vis du même point G où il étoit d'abord. Ce plan dont porte la boule de G en P, & la boule fe porte de G en F. Ces deux mouvemens font réels; & s'ils ne l'étoient pas, ils ne détruiroient pas reciproquement l'effet l'un de l'autre ; & il n'arriveroit à la boule, comme il lui arrive, de n'avancer ni de reculer.

pas

Si après s'être déterminé pour l'hypothese du vuide, fur la défi- on fe bornoit à dire que le REPOS eft l'état d'un corps dée fur la qui occupe conftamment le même endroit de l'espace, & que fuppofition le MOUVEMENT eft l'état d'un corps qui occupe fuccefde l'espace. fivement plufieurs endroits de cet efpace; on ne pourroit

pas dire que le centre Ceut du mouvement dans les cas propofés, puifqu'il feroit toûjours au même endroit de l'espace, & qu'il n'en fortiroit point ; au lieu qu'en difant que le mouvement eft un état relatif d'un corps qui change de fituation par rapport à un autre; il fera vrai que le centre C fe meut, puifqu'il change fans ceffe la fituation par rapport à la ligne EF, quoique le mouvement qui lui eft commun avec le plan AB qui le foûtient, le ramene toûjours au même point du plan HK, & au même point de l'efpace, s'il y en a un.

Si ces deux mouvemens fe faifoient l'un après l'autre, il n'y auroit point de difficulté. Le contre C decriroit CN douzième partie de CP, puis fe repoferoit en PO pendant que le plan AB décriroit Eo, douzième partie de EF, & égale à CPO. On comprend que le centre C feroit alors ramené où il étoit vis-à-vis de E. Moins les

lignes

lignes CN, EO feront grandes, plus petits feront les intervales reciproques des mouvemens du centre C, & du plan AB, & moins le centre C s'écartera du fommet de la perpendiculaire EC. Et fi enfin ces lignes font infiniment petites, fi ces intervales font nuls, c'eft-àdire, fi ces mouvemens fe font en même temps, il n'y aura pas fucceffivement éloignement & rappel par rap port au même endroit. Ces deux mouvemens produiront leurs effets en même temps, & l'écart du centre de la perpendiculaire CG fera nul.

Mouve

Le mouvement est un état Relatif, & un même sujet peut foutenir en même temps, à divers égards, des ment, marelations non-feulement differentes, mais oppofées.

C'est ainsi que M. Rohaut concevoit qu'un poiffon qui feroit effort contre le fil de l'eau, fans pouvoir le furmonter, au point d'avancer plus près de la fource, & qui n'en feroit pas non-plus emporté, fe mouvroit réellement, fans faire pourtant de progrès ; car il s'apliqueroit fucceffivement à differentes parties de l'eau, il changeroit fa fituation à leur égard; mais le courant de l'eau qui le foutiendroit, contraire & égal au mouvement du poiffon en avant, le rameneroit, ou plutôt le retiendroit dans la même fituation à l'égard des bords: fituation dont il feroit tiré fans ce mouvement commun, contraire & égal au fien propre.

Tout corps en mouvement eft donc ou un tout féparé par fon mouvement même, de ce qui l'environne, & le touche immediatement, ou il fait partie d'un tout. Un tout parcourt la concavité qui l'embraffe, change de fituation par rapport à elle, & y applique fucceffivement fa furface. Une partie de ce tout fe meut auffi, mais conjointement avec les autres ; c'està-dire, que conjointement avec les autres, elle la concavité qui les embrafle, change avec elle de fituation & y applique leur furface commune ; mais en même temps il eft vrai de dire qu'une partie eft en re

parcourt

E

niere d'être

relative.

pos par rapport à celles qui l'environnent, fur lesquelles elle n'a point plus d'effet que fi elle & fes voifines compofoient un tout en repos ; elle ne change point de fituation par rapport à elles, à elles, elle ne les quitte point, elle ne parcourt point la concavité particuliere dont elle eft environnée.

Mais, dira-t-on, choififfés quelque corps qu'il vous plaira, & confiderés-le en lui-même ; ne fera-t-il pas vrai de dire qu'il fe meut ou qu'il ne fe meut pas ? & fera t-il permis d'ajoûter qu'il fe meut en un fens, mais qu'en même temps il ne fe meut point dans un autre? Je répons, 1°. Que pour concevoir un corps en mouvement, il ne fuffit pas de le regarder feul & en lui-même; mais qu'il faut neceffairement le comparer avec quelqu'autre Le mouvement eft inconcevable fans cela. Je repons, 2°. Que celui avec lequel on le compare, ou l'environne immediatement, ou environne des parties avec lefquelles le corps fur lequel tombe la queftion, compofe un feul tout. Si les corps avec lesquels on le compare l'environnent immediatement, afin de vor affurer qu'il fe meut par rapport à eux, il faut qu'il parcoure leur furface, qu'il change par rapport à eux. de fituation; mais fi ceux avec lefquels on le compare, environnent une furface qui lui foit commune avec d'autres parties, il faut que conjointement avec ces parties, parcoure cette furface, &c.

il

pou

Mais encore une fois, cette partie enchaffée dans. d'autres qu'elle n'abandonne point, a-t-elle un mouvement réel? Je répons qu'oüi, & qu'elle fe meut réelle'ment, non pas à la verité par rapport aux parties qu' elle ne quitte point, mais par rapport à la furface qui en environne l'affemblage: furface par rapport à laquelle elles changent toutes de fituation. Un homme foutient réellement la relation de fils, mais c'est par rapport à celui dont il a reçu le jour, & non pas par rapport à ceux à qui il l'a donné.

Le mouvement a été établi afin de partager l'Univers en plufieurs maffes, ou molecules, ou particules féparées. Il eft donc par sa nature & par fon inftitution même, la maniere d'être d'un corps qui fe fepare d'un autre, le parcourt & change de fituation par rapport

à lui

Comme le mot de mouvement eft un mot fubftantif, & que l'on parle du mouvement comme d'une fubftance, quand on dit, par exemple, qu'il paffe d'un corps dans un autre, qu'il fe partage, &c. on s'eft accoûtumé à le regarder, ou plûtôt à le fupofer comme un être abfolu, & les raifonnemens qui amenent à le confiderer comme une maniere d'être relative, ont un air de paradoxe.

C'est encore parce qu'on s'eft accoûtumé à regarder un corps en mouvement comme faifant quelque progrès, & s'avançant d'un terme vers un autre, qu'on le trouve fi étonné, quand on en voit qui fe meuvent & n'avancent point, & qu'on a tant de repugnance à reconnoître du mouvement dans un corps qui ne quitte pas fa place. Cependant loin qu'il n'en ait aucun, a deux, & s'il n'en avoit qu'un des deux, il avanceroit effectivement d'un terme vers un autre.

Mouve ment être

Le mouvement eft une maniere d'être réclle & active: Entant que le mouvement eft une maniere d'être réelle, le repos eft oppofé au mouvement comme un ter- réelatif. me positif, & eft fon contraire auffi pofitif: Mais entant que le mouvement eft un état actif, le repos n'en que la privation, que , que la négation, car le repos n'a point d'activité, & l'étenduë n'eft active que par le

eft

mouvement.

Defcartes, après avoir conçu que le repos étoit un état réel, en a conclu avec trop de précipitation, qu il étoit auffi actif, & lui a attribué autant de refiftance au mouvement, que le mouvement avoit de force pour vaincre le repos. Le Pere Malebranche a relevé cette

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