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& un choc de la même force d'un corps égal qui le fuit & l'atteint avec fix, qu'il en recevroit s'il étoit en repos, & que ce même corps le frapât avec quatre.

Cette expreffion, Une partie du mouvement du corps frapant, paffe dans le corps frapé, fignifie dans cette Recapitu- hypothefe; Quand le Createur du mouvement auffi lation de la bien que de toutes chofes, l'a fait naître, il a voulu hypothefe. que les corps rencontrés par ceux qu'il avoit mis en

premiere

Seconde hypothefe.

mouvement, s'y miffent aulli, & qu'autant que ceuxci prendroient de mouvement nouveau, autant ceux qui les fraperoient en perdiffent de celui qu'ils avoient. Cette volonté à eu d'abord fon effet, & comme elle fubfifte, fon efficace continue auffi, & on continuë à voir l'execution de cette volonté. C'est la veritable cause des mouvemens qui naiffent de nouveau, dont le choc des mobiles eft fimplement Loccafion.

Mais il fe peut qu'on n'eût pas befoin de recourir à la toute-puiffance de l'Etre fouverain, pour y chercher la caufe veritable & immediate de tous les mouvemens nouveaux qui fe produifent, & de tout ce qui s'en detruit. Il fe peat que les chocs qu'on regarde dans ceue hypothese uniquement comme des occafions & des caufes aparentes, foient eux-mêmes des caufes veritables & réelles.

Qui dit mouvement, dit l'état d'un corps qui change de place. Cet état est réel ; le mobile existe veritablement avec cette maniere d'être. A la verité l'étenduë a reçu d'ailleurs le mouvement qui fe trouve en elle; elle l'a reçu de la premiere caufe: C'est l'Etre fouverain qui a produit dans l'étendue les premiers changemens de fituation; mais comme l'étendue elle-même n'en eft pas moins étenduë, moins étenduë, n'eft pas moins être effectif & veritable, parce qu'elle tire fon existence d'une cause differente d'elle, cette cause toute puiffante & toute réelle ne s'étant pås deploïée pour faire des riens, mais pour produire des chofes & faire naître des

effers

i

effets réels; le mouvement de même, qui est un effet
de cette étenduë, ne laisse pas dès qu'il a été formé
d'être un état réel, pour avoir reçû fon existence d'une
cause exterieure & differente de lui.

Le mouvement eft donc un état réel du corps, il y
existe, il eft en lui, ou plûtôt c'eft le corps même
exiftant d'une certaine façon. Un corps qui fe meut
change réellement de place: Or qui dit un corps qui
change de place, dit un corps qui déplace ce qui s'op-
pole à fon paffage : Et qui dit un corps qui change
réellement de place, dit un corps qui déplace réellement
ceux qu'il rencontre, & qui par confequent les met en
mouvement. Il implique contradiction qu'un corps chan-
ge de place, fans déplacer ceux qu'il rencontre. Il im-
plique donc contradiction qu'un corps foit en mouve-
ment fans y mettre ceux qu'il frape: Or c'est là le ca-
ractere effentiel d'une veritable caufe, quand il implique
contradiction qu'elle agifle & que l'effet ne naifle pas
de fon action. Changer de place est un état actif ; l'ef-
fet neceffaire de cet état actif, est de faire auffi chan-
ger de place à ce qu'il rencontre & à ce qu'il déplace.

La fouveraine Sagefle a vu cela en créant le mou-
vement. En lui donnant l'existence, il lui a donné tout
ce qui étoit neceffaire pour exifter, & la force de dé-
placer l'étoit. Le mouvement a donc reçû cette force ;
il l'a reçûe en recevant son existence, & cette force, à
le bien prendre, n'eft pas differente de lui-même. Chan-
ger
de place & déplacer, c'est le même état confideré
fous deux diverfes relations.

Le corps rencontrant & le corps rencontré s'uniffent
en une feule maffe; car chaque corps eft compofé
d'une infinité de fubftances, dont chacune a fon exif-
tence à part; mais ces fubftances compolent un feul
tout par le contact &
le contact & par le repos où elles font l'une à l'égard
de l'autre. Le corps frapant touche le frapé, & il faut
qu'ils avancent d'un pas égal, au moins dans le mo-

H

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mouvement

?

ment du choc, afin que le premier continue à fe mouvoir. Les voilà donc qu'ils forment une seule masse : Ce nouveau tout exifte en appliquant fucceffivement fa furface à ce qui l'environne. Quelle eft la caufe de cette application fucceffive commune à toute cette maffe. C'est l'application fucceffive de celle des deux parties qui a pouffé l'autre. Un effet ne fauroit être plus grand que fa cause. Il n'y aura donc pas plus d'ap plication fucceffive dans le nouveau tout, qu'il n'y en avoit dans celle de ses parties qui en eft la cause. Le nouveau tout ne parcourra pas un plus grand espace que celui que parcouroit l'une de fes parties dans un temps égal, avant qu'elle fe fût unie à l'autre.

Pour avoir la longueur du premier efpace parcou ru, je diviferois cet efpace par fa baze, le poids du mobile. Pour avoir la longueur du fecond efpace, je le diviserai de même par la nouvelle maffe ; & comme le diviseur croîtra, le quotient diminuera dans la même proportion. C'eft ce qui fait dire que la vâte fle du mouvement eft diminuée par le choc & par l'union du frapant & du frapé, & qu'autant que celui-ci de vient un corps s'appliquant plus fucceffivement qu'il ne faifoit, autant celui-là s'applique moins fucceffive

ment.

Diftribu Pour déterminer tout cela plus exactement, on chertion du che une mesure commune aux deux maffes. Si celle qui étoit en repos, pefoit, par exemple, une livre & & celle qui la pouffe deux livres & . une huitiéme de livre fera la mesure commune des maffes, & leur rapport fera celui de à . ou de 14 à 19.

Si cette derniere parcouroit 6 toifes dans une minute, chacune de fes huitiémes parties parcourroit auffi la longueur de 6 toifes: Multipliés donc cette longueur par 19, vous aurés la fomme des efpaces parcourus par ce mobile, ou la quantité de fon mouvement qui s'exprime par 19 x 6 = 114, & chaque unité fera

une portion, favoir de cette quantité. Ces por-
tions ont reçu le nom de degrés, parce que
vement peut croître & diminuer par degrés.

3 3

66

1

le mou

La nouvelle malle compofée de 3. de livre deviendra la baze d'un efpace exprimé par 14, & en divifant ce nombre par 33, on aura dans le quotient 3 + = pour la longueur de l'efpace parcouru. Cette longueur étoit premierement de 6 = Elle fera donc diminuée dans le de rapport 1. c'est à-dire, dans le rapport de la nouvelle maffle à la premiere. Chaque partie du premier mobile ne parcourra plus que de toife. Cela fait 1. x 19 – 12. Auparavant c'étoit 124.114. La diminution fuit encore le rapport de 3.

I I

Chaque partie du corps rencontré decrit. Cela fait en tout . qui ajoûtés à 22a. quantité de mouvement qui rette au frapant, font 1. 114. C'està-dire qu'après le choc, fi l'on fomme le mouvement de la partie frapante & de la partie frapée, on aura la même quantité de mouvement, ou le même nombre de degrés qu'avant le choc.

Ce font là les fuites neceffaires de ces trois verités. 1o. Que le mouvement déplace. 20. Que du mobile frapant & du corps rencontré il fe fait une feule maffe. 3o. Que cette nouvelle maffe ou ce nouveau tout eft dans un état d'aplication fucceffive auffi grande, c'est à-dire auffi fucceffive precifément qu'étoit celle du mobile frapant.

être cause

Je vois bien des gens prevenus de la penfée qu'un sile mos Etre créé ne fauroit rien produire, ou être la caufe vemet peut réelle de quoi que ce foit; car, difent-ils, pour pro- veritable. duire il faut que ce qui n'exiftoit pas vienne à exifter; & s'il eft & de l'un de ces termes à l'autre il y a une distance effentiel & infinie : Or franchir cette distance, & par confequent produire un changement infini, c'est ce qui paffe les voir pas de forces d'un Etre créé, qui par là même est un Ètre fini.

une creature de n'a

force réelle

Mais ce font là de ces fubtilités Metaphyfiques qui éblouiffent & qui jettent aisément dans l'erreur, parce qu'elles font exprimées dans des termes vagues & très équivoques.

Les termes aufquels on prépofoit une negation avoient reçû dans l'école le nom de termes infinis. Non métal : Non animal. En parlant ainfi, j'éloigne à l'infini les fujets dont je fais mention. Ici, par exemple, tout ce qui peut être métal, tout ce qui peut être animal. Delà on a conclu que quand on dit mouvement, non mouvement, il y a une distance infinie de l'un de ces termes à l'autre. Mais tout ce qui n'eft pas métal, tout ce qui n'eft pas animal, eft-il infiniment éloigné de l'être ? Ún noyau de cerife n'eft pas un cerifier, c'est un non cerifier, mais il n'eft pas infiniment éloigné d'être cerifier, il a une aptitude à le devenir, qui ne fe trouve

pas dans le noyau d'un autre fruit, & dont d'autres fe

mences font encore plus éloignées. L'eau, le fel, le fouphre ne font pas des arbres, mais ces parties fervent réellement à les nourrir, & en les nourrissant elles deviennent arbres.

En general une chose qui existe, n'eft éloignée du neant; ou n'eft differente du rien, qu'en vertu de ce qu'elle poffede de réel; elle n'en eft differente qu'au tant qu'elle eft réelle. Or toute realité créée eft finie. Donc aucune creature n'eft infiniment differente du neant. Cet éloignement infini eft le caractere propre de l'Etre éternel & neceffaire. Produire du mouvement, ce n'est donc pas produire un changement, & par confequent un effet infini, puifque le mouvement eft une réalité finie, laquelle même ne differe pas autant du neant, & n'a pas autant de réalité que la fubf

tance.

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L'idée de la production d'une fubstance, n'eft pasi à beaucoup près fi facile à former que l'idée de la pro duction d'un mode; nous avons de la peine à y venir:

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