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même jufteffe & regularité, & avec cela feroit por tative, & propre à fervir dans un Vaiffeau voguant en pleine Mer, & à l'épreuve du changement des climats & des faifons, confervant toûjours fon cours également jufte & regulier pendant un long-temps, pour les plus longs voyages; qu'une telle machine feroit fans prix, & pour le moins auffi propre pour fervir à trouver les Longitudes, que la Bouffole eft propre à trouver les Latitudes, laquelle n'eft point d'une jufteffe parfaite, que fouvent on fait des méprifes de plus de 15 à 20. lieuës dans les Latitudes: Que la machine ne variant pas plus d'une minute par mois , ne laifferoit pas de rendre un très grand fervice dans la Navigation, d'autant que fupole que la machine n'ait varié que d'une minute en un mois de temps; la méprise dans le caleul qu'il faut faire, ne feroit pas plus grande que de cinq lieuës, ce qui n'eft pas confiderable en un mois de temps fur la Mer.

&

Après avoir été informé de toutes les chofes qui ont du raport à ce sujet ; je viens maintenant à la defcrip. tion des nouvelles methodes que j'ai imaginées pour la construction d'une machine portative, dont les mouve. mens continuels d'un Vaiffeau ne puiffent pas pre le cours & la regularité, ce qui fe miere partie de la queftion fufdite.

raporte

interrom

à la pre

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. lieu,

Comme il y a trois chofes, ou plûtôt trois principes d'égalité dans les Pendules fixes, qui contribuent enfemble à leur regularité, favoir, 10. un poids qui donne sa force, 2o un échapement de balancier à rochet, avec un Pendulon & un poids au bout ; & en 3 fa fituation ou fa fufpention dont je traiterai dans la feconde partie de la queftion: Il faut une grande force pour continuer un long cours, & une force toûjours la même, pour trouver une regularité pendant fon cours ; cela fe trouve dans le poids des Pendules fixes i car on trouve autant de force que l'on veut, en ajous

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I.

1

tant poids fur poids, & les poids étant fufpendus en l'air, confervent toûjours une égalité de force ou de pefanteur, foit qu'il foit élevé de fix ou fept pieds de terre en l'air, ou foit d'un demi pouce feulement. Voilà un premier principe & fondement parfait, fur lequel cheminent les Pendules fixes, & il n'y a que les accidens qui peuvent interompre & alterer fa regularité, comme je le remarquerai plus bas. Un poids n'a de force que lorsqu'il eft fufpendu en l'air, & ne conferve fa force également la même, que lorsqu'il eft fixe & fans mouvement, car s'il vient a être agité par quelques causes exterieures, alors le mouvement qu'il à reçû lui donne beaucoup plus de force ; de là vient qu'on a eû recours à un grand reffort pour les machines portatives, lequel n'occupe pas une grande place comme fait le poids, & n'eft pas fujet d'être agité par quelques caufes exterieures, mais il ne fe trouve pas dans un reffort les deux proprietés qu'il y a dans un poids fufpendu en l'air, favoir de la force, & une force toûjours égale, jufqu'a ce qu'il ait fini fon cours, il n'y a fimplement que de la force dans un reffort, & cette force eft toûjours inégale, felon que le reffort eft plus ou moins bandé, de là vient qu'il n'eft pas poffible de faire un mouvement regulier fur un tel principe, & que l'on demande un mouvement perpetuel pour avoir une force toûjours égale, jufqu'à ce qu'il ait tout fini. Entre tous les moyens dont on s'eft fervi pour corriger les inégalités d'un reffort, la fufée eft fans contredit le meilleur qu' y ait, mais elle n'a pas cette perfection neceffaire, la methode que je propofe pour trouver dans un reffort, ou plûtôt avec des refforts, la même idée de force toûjours égale pendant un long cours de tems, comme elle le trouve dans un poids, eft par une divifion de plufieurs forces inferieures, lefquelles quoique feparées les unes d'avec les autres, agiront toutes enfemble & à la fois fur un même fujet ou mouvement,

& ainfi ce fujet recevra autant de force qu'un grand poids lui auroit pu donner, par exemple, lorfqu'un che val ne fuffit pas pour traîner le canon, on ajoûte un plus grand nombre de chevaux, jufqu'à ce que l'on trouve une force futfifante pour traîner le canon; fur ce principe je puis trouver autant de force qu'il m'en faut pour continuer un long cours, tout de même que dans les Pendules à poids, on peut ajoûter poids fur poids, afin de trouver la pefanteur ou force requife, voilà quant à la force; quant à la regularité de force, je la trouve dans le même principe de divifion de force, au lieu d'un feul grand reffort pour une Horloge à huit jours, lequel il ne faut remonter que tous les huit jours une feule fois, il faut huit refforts inferieurs de force, lefquels agilant tous enfemble fur une Horloge ou mouvement à huit jours, lui donnent tout autant de force comme le feul grand reffort; mais pour trouver cette grande égalité de force toûjours la même dans tout fon cours il faut obferver de ne pas remonter tous ces huit refforts ensemble en un même temps, mais de mettre une distance égale temps entre chaque reffort, devant que de les remonter, à favoir de remonter un reffort à chaque jour, le premier jour il faut remonter le premier reffort, fecond jour il faut remonter le fecond reffort, & ainfi des fuivans jufques au huitième jour; le neuviéme il faut remonter le premier reffort, & continuer tous les jours le même ordre que je viens de remarquer, par ce moyen on trouvera une force toûjours égale, & la même en tout temps auffi long-temps que l'on obfervera de remonter les huit refforts alternativement, un reffort à chaque jour, ce qui fera que la machine con tinuëra fon cours auffi long-temps que la matiere fub. fiftera en fon entier, chacun des huit refforts fera toùjours dans un periode de force different l'un d'avec l'autre ; le dernier rem até agira dans fon premier pe

de

riode de force, & le premier remonté agira dans fon dernier periode de force, & les autres agiront dans leurs differens periodes, felon le temps qu'ils auront été remontés, de forte que la force generale des huit refforts, qui agiffent toûjours ensemble fur un même fujet, étant toûjours partagée en huit differens periodes de forces, lefquelles font toûjours à fe fucceder les unes aux autres, continue la même force en tout temps, puifqu'il y a toûjours en tout temps les mêmes periodes de forces qui agiffent, & ainfi là même jufteffe & regularité de force, comme il y a dans le poids des Pendules fixes. Cette methode produit un effet admirable, puifqu'elle donne en quelques forte un mouvement perpetuel, autant qu'il eft poffible de le produire avec la matiere; à toute chofe materielle il faut de neceffité fournir une substance pour la confer. ver en fon entier, c'eft une verité que nous experimentons nous mêmes ne pouvant vivre autrement, ainsi cette fubftance de force fe fournit tous les jours, en remontant un des huit periodes ou refforts, ce qui nourrit & entretient en tout temps la force generale des huit refforts, & produit le même effet que l'on peut attendre d'un mouvement perpetuel : la preuve en est tout à fait démonftrative dans le modele que j'ai fait & compofé fuivant l'idée de cette nouvelle methode, auquel je n'ai mis que quatre periodes de force, ou quatre refforts, chacun aïant fa fufée & fa chaîne lefquelles agiffent fur un même fujet, & fait un effet admirable, puifqu'il imite la jufteile & regularité des Pendules fixes à poids ; & ainfi un principe & fondement tout à fait affuré & parfait, lequel donne une idée d'une force toûjours égale, comme le poids d'une Pendule fixe; & fi cette idée n'eft pas tout à fait fatisfaite, l'on peut faire une plus grande divifion de periodes, en ajoûtant un plus grand nombre de refforts & de fufées. Ainfi je dis que voilà un fondement, ou

premier principe de force, fur lequel on peut travailler avec affurance, pour faire des machines portatives propres à fervir fur la grande Mer.

Le fecond principe d'égalité qui fe trouve dans les Pendules fixes, à favoir un échapement de balancier à rochet, avec un pendulon & un poids au bout, donne une idée d'une regularité parfaite dans les mouvemens, ou vibrations du balancier ; un échapement à rochet n'eft point fujet comme les autres échapemens à un acrochement, à un renversement, & à un batement ou contrebatement : Les deux premiers caufent des arrêts, & le dernier caufe des inegalités dans le mouvement du balancier. Le poids qui eft attaché au bas bout du pendulon, fert à maintenir les vibrations du balancier dans un mouvement regulier; en forte que quand il eft toûjours mené par une force égale, il ne fe peut pas faire que fon mouvement ne foit toûjours le même. Dans ce fecond principe d'égalité il y a deux parties, favoir, 1. un échapement à rochet, 2. un pendulon avec un poids: il n'eft pas poffible de mettre en pratique ces deux parties dans une machine portative, on ne peut mettre en pratique que la premiere, à favoir un échapement à rochet, pour un pendulon avec un poids au bout fufpendu dans l'air, il faut de neceffité qu'il demeure dans un lieu, & foit fixe, par les raifons que j'ai remarquées ci-dessus, en parlant du poids d'une Horloge. Mais on a trouvé une methode admirable pour les machines portatives, & qui fait le même effet que le poids fufpendu en l'air attaché au bas bout du pendulon, à favoir un reffort à fpirale fait en rond de la figure d'un limaçon, lequel regle les mouvemens ou vibrations d'un balancier, avec la même jufteffe que le poids attaché au pendulon d'une Pendule: nous en avons l'exemple & la preuve dans les machines portatives, à favoir les Montres qui fe portent dans la poche, dont il y en a un grand nombre quoi

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