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que d'un fi petit volume, qui ont la même justeffe & regularité qu'une Pendule fixe. On peut dire que ce n'eft point un hazard, puisqu'il est constant lorsqu'une Montre bien faite & conditionnée le trouve entre les mains d'une personne foigneufe qui en a le foin requis, elle continue fon cours pendant un long-temps, dans une justesse admirable; ce que beaucoup de perfonnes de ma connoiffance peuvent témoigner de leurs Montres. Le plus habile Horloger ne peut pas repondre de la jufteffe de fon ouvrage pour plus long-temps que la durée de fon cours; or la plupart des Montres de poches n'ayant leurs cours que de 24 30 heures, ne les ayant plus entre fes mains pour en avoir le foin luimême il ne peut pas repondre du foin qu'un autre perfonne en aura. J'ai fait cette remarque afin de donner à connoître le haut degré de perfection ou l'Horlogerie eft parvenuë de nos jours; je remarquerai auffi l'obligation & la veneration que nous devons à la memoire de feu Monfieur Huygens pour la découverte de deux fi excellens principes d'égalité. L'invention des Horloges à Pendules lui eft attribuée dans le Journal des Savans au Tome troifiéme page 159. du Lundi premier de Janvier 1674. Il a auffi donné la premiere idée pour l'invention des Montres à Pendules ou à reffort fpiral, dans le Journal des Savans du mois de Février 25. 1675. Je puis dire que feu mon pere a été le premier ouvrier, qui a fait des Montres à fpirale dans la perfection où elles font à prefent. La diftance du lica de fa demeure le privant de la connoiffance perfonnelle de feu Monfieur Huygens, il eut connoiffance de fa propofition, de faire un reffort attaché au balancier afin d'en regler les vibrations, dans ledit Journal du 25me. Février 1675. il admira une fi jufte idée, & fon imagination en étant remplie il fe mit auffi-tôt à faire un modele qui fut fait en deux heures de temps de cette maniere: Il prit le balancier

d'une vieille Horloge qui avoit environ fix pouces de diametre, il le mit à fon équilibre dans un cadre qu'il fit exprès; pritle grand reffort d'une vieille Montre plate tout ployé en rond, il attacha le bout du relfort qui regarde le centre à une des palettes du balancier, & l'autre bout du reffort qui regarde la circonference, à une branche du cadre; le balancier & le reffort étant ainfi en état d'agir, il vit l'effet que le reffort avoit fur les vibrations du balancier, qui étoit le même que le poids fufpendu au bas bout d'une Pendule. Il fe mit en même temps à faire des Montres fur ce principe, qui ont fervi de modele aux Montres à fpirale qu'on a faites jufqu'à prefent en Angleterre. Pendant ce temps là, Monfieur Thuret demeurant à Paris, ayant le bonheur de la connoiffance de Monfieur Huygens, perdit beaucoup de temps à faire des Montres avec un reffort droit, qui agiffoit fur la circonference du balancier, ce qui n'a pas produit un bon effet, & on a été obligé de fe fervir d'un reffort en rond de la figure d'un limaçon, fuivant la methode que feu mon pere pratiqua dès le commencement ; j'ai crû devoir faire cette digreffion fur une des plus belles déCouvertes qui ait été faite dans l'Horlogerie, je me fuis donc conformé à faire ma Machine fuivant la methode de ce fecond principe d'égalité, à favoir un échapement à rochet avec un balancier ayant un reffort à fpirale. Voilà mes propofitions fur la maniere la plus parfaite de conferver fur Mer l'égalité du mouvement d'une Pendule, par rapport à la construction de la machine, lefquelles j'efpere feront reçûës, puifqu'elles font toutes fondées fur l'experience, & la pratique. S'enfuit la methode la plus parfaite pour la fufpenfion & pour fon entretien dans une grande regularité pendant un long-temps fur la Mer, & dans tous les differens climats, ce qui fe rapporte à la feconde partie de la question.

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Il est certain qu'une machine qui fera conftruite felon l'idée que donnent les deux principes d'égalité ci-deffus démonftrés, il faut de neceffité que tout le cours de fon mouvement foit regulier, & il n'y a que des accidens & des caufes exterieures qui puiffent en alterer le cours; il eft certain aufli que la perfection de l'Horlogerie depend de la veritable connoiffance de tous ces accidens, & caufes exterieures qui les produifent, afin de pouvoir furmonter tous les obftacles qu'on a découverts; je me fuis donc appliqué à cette connoiffance comme je l'ai marqué au commencement de ces reflexions, & ne raporterai que la remarque d'un Auteur, qui dit : Qu'on a plus fait de progrès depuis environ cinquante ans, dans les Arts & dans les Sciences, & particulierement dans la Phifique & dans les Mathema tiques, qu'on n'en avoit fait pendant plufieurs fiecles precedens, & les experiences qu'on a faites de nos jours, ont beaucoup contribué à l'augmentation de nos connoiffances, ce n'eft, par exemple, que depuis quelques années qu'on commence à connoître les proprietés de l'air, qui eft naturellement froid, & qui ne s'échaufe que par le mouvement & l'impreffion que lui donnent les raïons du Soleil. On en fera bien-tôt convaincu, fi on fait reflexion que dans nos climats, l'air qui vient du côté du Nord où eft le Pole, d'où le Soleil eft éloigné, & auquel il ne communique fes raïons qu'obliquement, que cet air, dis-je, eft beaucoup plus froid que celui qui vient du côté du Midi, où eft la ligne Equinoxiale, dont le Soleil eft plus proche que du Pole, & fur laquelle il darde fouvent fes raïons à plomb, l'on peut auffi ajoûter, que l'air n'eft plus froid la nuit que le jour, qu'à caufe de l'abfence du Soleil: Dans un autre endroit il dit, nous nous appercevons très fenfiblement des changemens de chaud & de froid, qui arrivent à l'air dans lequel nous vivons, mais il ne feroit pas cile de comparer au jufte la chaleur d'un jour avec celle

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d'un autre, fans le secours d'un inftrument qu'on a inventé depuis un certain temps, & qu'on a nommé Thermomètre. Il remarque que le propre de la chaleur eft d'étendre, de dilater & de rarefier tous les corps, & qu'au contraire le froid les refferre, les comprime, & les racourcit: Et les corps mêmes qui nous paroiffent les plus durs, font fujets à cette loi ; on en a la preuve par une experience qu'on a faite de nos jours: On a pris deux pieces de marbre, longues de trois pieds ou environ, larges d'un demi pied, & épaiffes de trois pouces, lefquelles avec tout l'Art poflible, on a rendu de même longueur, de même largeur, & de même épaiffeur; on a expofé à l'air pendant une forte gelée ces deux pieces de marbre, affés de temps pour que la gelée eût fait fon effet deffus, on a échauffé une de ces deux pieces de marbre dans de l'eau chaude, auffi long-temps qu'elle eût pris affés de chaleur, pour qu'en la tirant de l'eau en y appliquant la langue, on eût de la peine à s'y fouffrir. Enfuite on a appliqué ces deux pieces de marbres l'une fur l'autre, & on a trouvé une difference très fenfible; on a reïteré cette experience, en échauffant la piece de marbre qui avoit demeuré expofée à la gelée, & remise à la gelée celle qui avoit été échauffée dans de l'eau chaude, & en les appliquant l'une fur l'autre, on a trouvé encore une difference plus fenfible.

Je raporterai auffi une experience qui a été faite fur Mer, avec une Horloge où Pendule, on a trouvé le moïen par un genou de fufpendre en l'air dans un Vaisffeau une grande boëte ou armoire, laquelle aïant un puiffant poids au bas qui la retenoit dans un équilibre fixe, le genou qui la fufpendoit cedoit à toutes les agi tations ou mouvemens du Vaiffeau, enforte qu'aïant mis deux Pendules dedans ladite armoire, elles ont cheminé & continué leurs cours, en voguant fur la gran de Mer tout de même que fi elles euffent été fur terre

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ferme en un lieu fixe, l'une des deux Pendules ne s'eft point arrêtée pendant tout le temps d'aller & de revenir d'un grand voïage, fur laquelle on a fait les obfervacions fuivantes. On a obfervé de les bien regler avant que de partir; à mefure qu'ils avançoient vers les climats chauds, la Pendule alloit plus doucement de quelque minutes par jour ; & quand ils ont été dans les climats les plus chauds, la Pendule alloit trop doucement de cinq à fix minutes par jour, & continuant leurs obfervations dans le retour du voïage, ils ont obfervé qu'à mefure qu'ils fe font avancés devers nos climats, la Pendule alloit plus vite, & regagnoit ce qu'elle avoit perdu en allant, tellement que lorfqu'ils ont été de retour, la Pendule s'eft trouvée auffi bien reglée qu'elle étoit avant que de partir. Là deffus fans faire de nouvelles recherches pour découvrir les veritables caufes de ces nouveaux obftacles, ils en ont laiffé le foin à ceux qui viendroient après eux ; remarquant feulement dans leurs écrits, que la groffiereté de l'air & le changement des climats étoit un obftacle qu'on n'avoit pû furmonter jufques à prefent ; c'est ce qui a donné lieu au prejugé du Public, contre la poffibilité qu'il y auroit de faire une Pendule, ou machine qui auroit un cours regulier fur la Mer.

Je n'ai rapporté ces remarques & experiences qui ont été faites par les favans, que d'autant qu'elles donnent la connoiffance des accidens & des caufes exterieures qui agiffent fur toutes machines aïant un mouvement, comme j'efpere le faire voir ci-après, par quelques reflexions à ce fujet.

Ma premiere reflexion eft que fi toutes fortes de matieres même les plus dures, comme le marbre, l'acier, & tous les metaux, font fujets à cette loi, d'être refferés, comprimés & racourcis, felon le degré de chaleur, ou de froid, qui fe trouvent dans le lieu où elles font, il s'en fuit que toutes fortes de machines mouvan

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