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par contre-coup le vase n'eft jamais mis dans une grande obliquité. Si au contraire la verge eft fuppofée n'avoir aucune flexibilité,' le vafe ne fe remuë qu'avec le Vaiffeau ; mais en échange ce mouvement met toûjours le vafe dans la même obliquité, dans laquelle fe trouve le Vaiffeau.

L'experience enfeignera donc à quel point il faut moderer la flexibilité de la verge pour prendre le meilleur parti. Je crois pourtant que les Sabliers ne manqueront pas d'avoir, fans ces dernieres précautions, toute la précifion dont ils font capables. Je m'affûre auffi que fi on faifoit le vase & la plaque de fer affez grands pour y pouvoir mettre une pendule, cette maniere de les tenir fur Mer feroit beaucoup meilleure que celles que M. Huguens enfeigne dans fon Horologium ofcillatorium.

III. Notre maniere de conferver la fituation verticale des Clepfidres fur Mer, eft fans doute la plus parfaite de toutes; ce que nous avons établi par des principes trop évidens pour en pouvoir douter. J'avoue pourtant volontiers, qu'elle ne fera pas d'une précision fi jufte qu'on pourroit la demander à la rigueur; mais auffi cette exaAtitude n'eft pas trop neceffaire, puifqu'une continuelle inclinaison de 10 degrez (à laquelle les Sabliers n'arriveront fans doute jamais ) emporte à peine une minute. Cependant pour ne rien omettre de ce qui pourroit contribuer à la derniere perfection de notre fujet, je donnerai dans ce Chapitre deux manieres de conftruire les Sabliers, telles que leur mouvement ne fçauroit être déreglé par leurs differentes inclinaifons. Pour donner une idée de ces conftructions, & pour en établir en même tems la validité, je mettrai ici toute la méthode que j'ai fuivie dans la recherche de ces Clepfidres.

Il n'y a rien de plus facile que de voir que les inclinai fons doivent retarder le mouvement des Sabliers; car les Sabliers étant inclinez, le plan du trou devient oblique à la direction du fable coulant, qui eft toûjours verticale, dans quelque fituation que fe trouve la Clepfidre; le fil

du fable coulant formera donc un cylindre oblique; dont la bafe eft le trou rond, mais dont la fection perpendiculaire ou horifontale forme une Ellipfe, qui eft au trou ou à la bafe circulaire, comme le finus du complement de l'angle d'inclinaifon du Sablier, ou comme le finus de l'angle d'inclinaison du plan du trou au finus total: c'est donc la même chofe que fi le Sablier restoit dans fa fituation verticale, & que le trou rond fut changé en un trou plus petit & elliptique ; ce qui ne fçauroit fe le faire, fans que la quantité de fable qui s'écoule dans un tems fixe, ne diminuë, ou fans que le tems dans lequel tout le fable s'écoule, n'en foit augmenté. [ J'entens par les angles d'inclinaison du Sablier & du plan du trou, les angles que font leurs directions avec la ligne vertr cale. 11 feroit facile de déterminer par les angles d'inclinaifon les retardemens, fi on fuppofoit que les quan titez de fable qui paffent dans des tems égaux, mais par des trous differens, font en raifon des trous. Cette fuppofition fi-bien fondée en apparence, n'eft pourtant pas tout-à-fait conforme à l'experience: c'eft peut-être parce que les grains de fable ne font pas infiniment petits, comme on le fuppofe dans la Théorie. J'ai remarqué plûtôt que ces retardemens font à peu près en raison des angles d'inclinaifon, lorfque ces angles ne font pas trop grands. Cette remarque peut avoir lieu jufques aux angles de 24 à 30 degrez. Je n'ai pas manqué de faire les experiences avec la derniere exactitude, ayant particu lierement attention que la feüille de laiton, qui divife les deux empoules, fût bien parallele aux deux furfaces planes du Sablier ; & après avoir réïteré plufieurs fois les experiences ( qui ne font jamais tout-à-fait conformes ; ce qui eft le défaut naturel des Sabliers ) j'ai pris le moyen arithmétique des résultats.

Il fuit de cette obfervation, qu'en faisant une planche (fig. 4.) ABC.dont l'angle en C n'excede pas 24 ou 30 degrez, & qu'en mettant fur chaque côté AC & BC un Sablier de même durée, il paffera toûjours une même

quantité de fable dans les deux Sabliers, de quelque maniere qu'on mette la planche, pourvû que le plan ACB foit droit avec l'horifon, & que la ligne verticale tirée du fommet C, foit entre les deux jambes CA & CB; la raifon en eft, qu'un des Sabliers s'approche autant de la fituation verticale, que l'autre s'en éloigne, & par confequent l'acceleration de l'une eft détruite par le retardement de l'autre : ceci m'a donné lieu de m'avifer qu'au lieu de la feuille plane, qui fépare les deux ampoules, on pourroit faire une autre féparation de laiton mince en forme d'un petit cone, dont la fection par l'axe feroit MNP (fig. 5.) où l'angle MNP eft de 156 ou de 150 degrez: ce cone eft percé par deux trous égaux, & en des endroits oppofez, comme en o & q; cette Clepfidre feroit le même effet que les deux Clepfidres dans la quatriéme figure, & on pourroit l'incliner jusqu'à 1 2 ou 1 s degrez, fans déregler fon mouvement, puifque la fomme du fable qui s'écouleroit par les deux trous, feroit toûjours la même. Il faut pourtant remarquer que les centres des deux trous doivent être dans le même plan avec la ligne verticale tirée du point N ; fans quoi cette ftructure ne pourra plus lever entierement les inégalitez du mouvement des Sabliers, caufées par leurs differentes & incontestables inclinaisons. Elle diminuera pourtant ces inégalitez fenfiblement; & cela plus ou moins, felon la ligne qui joint les centres des trous o & q, est éloignée de la ligne verticale tirée du point N. Sion vouloit fuivre d'autres manieres de tenir les Sabliers fur les Vaiffeaux, que la nôtre, il y auroit plufieurs moyens de faire que les balancemens aufquels les Sabliers font fujets, fe faffent toûjours dans un même plan; & en ce cas notre conftruction obtiendroit tout fon effet; mais il feroit difficile en fuivant notre maniere, de procurer que les petits flottemens qui resteront peut-être aux Sabliers pendant les plus violentes agitations du Vaiffeau,se faffent auffi dans un même plan. C'est pourquoi j'ajoûterai encore une autre maniere de conftruire les Sabliers, telle que les inclinai

que

a

fons, quelque grandes qu'elles foient, & de quelque côté qu'elles fe faffent, ne pourront aucunement troubler ou déregler leur mouvement. Mais il fera neceffaire d'établir auparavant une verité, qui n'eft peut-être pas univerfellement reçûë; fçavoir, que le fable fort avec une vîteffe conftante depuis le commencement du mouvement du Sablier jufqu'à la fin, en forte que la vîteffe du fable qui s'écoule, ne dépend nullement de la hauteur du fable dans la phiole, comme cela eft dans les fluides. Pour m'affùrer de ce que je viens de dire, j'ai pris au lieu de l'ampoule des Sabliers ordinaires, un tuyau par tout également large, & j'ai trouvé que les abaillemens de la furface du fable dans le tuyau étoient toûjours proportionnez aux tems de l'écoulement : & fi quelquefois j'ai trouvé quelque petite difference entre la raifon des abaiffemens & celle des tems, au moins n'a-t'elle jamais été confiderable par rapport à la difference des hauteurs. Cette experience me fait croire que le fable ne fait que tomber par le trou avec fa pefanteur naturelle, fans y être aucunement follicité par la preffion du fable fuperieur. Voici la maniere de laquelle ce Phenomene assez paradoxe, me paroît pouvoir s'expliquer. AFED (fig. 6.) étant le tuyau rempli de fable jufqu'en BC de la hauteur d'environ un demi pouce, on remarque qu'il fe forme fur le trou qp une cataracte BqpC à peu près telle que M. Furin Medecin Anglois s'eft imaginée dans les fluides ; & le fable ne fait que gliffer le long des remparts ou des côtez de la cataracte pour fortir du tuyau, Il est donc manifefte en ce cas que le fable ne fait que tomber d'une petite hauteur, & qu'il paffe par le trou avec cette viteffe qu'il peut acquerir par une telle chûte. Suppofons maintenant que le tuyau foit plein de fable jufqu'en AD, & il fe formera de même une petite cataracte pendant que les grains de fable s'accrochent en or, & forment comme une voûte qui empêche que la colonne de fable qui repofe fur or, ne puiffe faire aucun effet fur le fable coulant jufqu'à ce que les côtez de la cataracte

n'étant plus capables de foûtenir la preffion de tout le fable, la voûte creve & donne lieu à la formation d'une nouvelle cataracte : & ainfi quelque grande que foit la hauteur du fable, la vîteffe du fable qui s'écoule n'en pourra jamais être augmentée. Ceci bien établi, je m'en vais donner la defcription de ma nouvelle Clepfidre.

CB & AF (fig. 7.) font les deux verres de la Clepfidre feparez par le corps AMafNB, qui a la forme d'un chapeau, dont les aîles AMNB font un peu plus fortes que la coupe MafN, qui doit être fort mince. Cette coupe a la forme d'un fegment de Sphere plus ou moins grand, felon qu'on trouvera à propos. Elle eft auffi criblée en toute fa furface par un grand nombre de trous petits égaux, & également diftans. Cela étant, le fable ne paffera que par les trous les plus horifontaux, comme a,b, c, d, e, f, dont le nombre fera plus ou moins grand, felon que le fable eft fubtil & fin, & que les trous font grands; car le fable ne pourra paffer par les autres trous, qui font notablement inclinez, par la même raison qui fait que les Sabliers ordinaires s'arrêtent quand on les incline trop. On voit auffi que fi le Sablier CF panche de quelque côté que ce foit, il n'en arrivera finon que le fable paffe par d'autres trous, mais dont le nombre & l'obliquité feront les mêmes ; & comme en même tems la preffion du fable fuperieur (dont on change véritablement la hauteur, en inclinant le Sablier) ne contribuë rien au paffage du fable inferieur ; il faut qu'il s'en écou le la mêine quantité dans la fituation oblique & dans la verticale en des tems égaux: & ainfi on pourra changer à tout moment la fituation du Sablier, & même le coucher quelque tems horifontalement, fi le fegment de Sphere MafN eft affez grand, fans que fon mouvement en foit déreglé.

Au refte le corps AMafNB doit être mis d'une maniere qu'on le puiffe tourner par dehors, afin qu'en tournant le Sablier, on puiffe toûjours faire regarder la concavité en haut.

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