Imágenes de páginas
PDF
EPUB

L'imagination s'effraye de ces confequences; l'esprit pur les apperçoit. Car il apperçoit dans l'idée claire d'un fluide parfait, que fes petites parties peuvent être divifées à l'infini, en d'autres petits fluides parfaits, avec la même évidence, qu'il apperçoit dans l'idée d'un folide, que fes petites parties peuvent étre divifées à l'infini en d'autres petits folides.

I V.

les

Les (a) corpufcules de la matiere fubtile, font ordinairement de figure fpherique; car les angles, les enfon cemens, les élevations qui fe trouvent dans les figures qui ne font pas spheriques, apporteroient quelque obftacle au mouvement d'un fluide que l'on fuppofe parfait. Je dis ordinairement ; car 1o. il se peut faire que pores de certains corps, de l'Aimant, par exemple, fervent comme de moules aux corpufcules de la matiere fubtile; de forte qu'ils y prennent des figures irregulieres qu'ils confervent pendant quelque tems. 2°. Lorfqu'il arrive quelque changement dans les corps dont ces petites boules occupent les pores, elles doivent changer de figure, foit qu'elles fe divifent en plufieurs boules encore plus petites, foit qu'elles s'incorporent à d'autres, foit enfin qu'elles prennent des figures à peu près elliptiques.

227

REMARQUE. Le mercure peut fervir à rendre fenfible 23. cette proprieté de la matiere fubtile. Si l'on preffe avec le doigt une petite boule de mercure, elle s'enfoncé comme un petit balloni fi on la preffe plus fort, elle fe divife en plufieurs parties, qui fur le champ prennent la figure de petites boules. La petiteffe de ces boules, & partant leur nombre, a rapport à la force que l'on a employée à comprimer celle dont

(a) Ceci s'accorde avec ce que M. de Mairan a démontré, que les corpufcules de la lumiere doivent être Spheriques, afin que l'angle de reflexion foit parfaitement égal à l'angle d'incidence.

Voyez les Memoires de l'Académie de l'année 1722.

elles faifoient partie. Cette comparaison, quoique très-impar. faite, peut aider l'imagination, & donner au moins quelque idée de la promptitude & de la facilité infinie avec lesquelles ces changemens fe doivent faire dans une matiere qui est in. finiment plus agitée & plus déliée que n'est le mercure.

[ocr errors]

24. La matiere fubtile eft infiniment comprimée. Une matiere très- fluide qui a un mouvement infiniment rapide, s'échaperoit infailliblement au delà de fes bornes, fi elle n'y étoit contenue ou comprimée par une main invifible. La force de la matiere fubtile répond à la force avec laquelle elle eft comprimée ; & la force avec laquelle elle eft comprimée, répond à la toute puiffance de celui qui la comprime, en la maniere & fuivant les directions qu'il lui plaît.

25. REMARQUE I. Nous ne fentons pas le poids ime menfe de cette compression, par les mêmes raisons que nous ne fentons pas le poids de l'Athmosphere, quoiqu'il equivale à 28 pouces de mercure. Si le poids de l'Athmosphere, qui s'étend peut-être à une vingtaine de lieuës, peut unir deux marbres l'un contre l'autre, de telle forte qu'on ne puiffe aisément les féparer: Que fera-ce de la compreffion d'une matiere qui a une force infinie, qui s'étend à un très-grand nombre de millions de lieuës? Ñ'auroit- elle assez de force pour rendre tous les corps durs, ou même infiniment durs ; fi elle ne s'infinuoit entre toutes leurs parties, & dans toutes leurs parties ; foit pour feparer ces parties, foit pour les unir enfemble; c'est-à-dire, pour rendre ces corps on liquides ou élastiques?

2.6.

ز

pas

REMARQUE II. Mais comment la matiere fubtile ne s'infinuëroit-elle pas dans tous les corps créez ? C'eft elle qui les engendre, pour ainsi dire, & qui les fait croître par des végétations, fermentations, &c. Sans elle que feroit l'Univers? Si Dieu qui l'a créée ceffoit un inftant de la conServer, ou de la comprimer : les Aftres n'auroient plus de

lumiere,

[merged small][ocr errors]

lumiere, ni de mouvement; le feu perdroit fa chaleur, l'eau
fa liquidité, & l'aimant toutes fes vertus l'air que nous
refpirons fe reduiroit à un amas confus de lames fpirales fans
aucune forces les corps n'auroient plus ni dureté, ni reffort,
ni fluidité, ni pefanteur; ils ne tendroient plus vers le cen-
tre de la terre ; & la terre elle-même que deviendroit-elle ?
Otez la matiere fubtile, l'Univers entier difparoit.

V I.

La matiere fubtile n'eft compofée que d'une infinité de 27. tourbillons qui tournent fur leurs centres avec une extrême rapidité, & qui fe contrebalancent les uns les autres, comme les grands tourbillons que M. Defcartes a expliquez dans fes principes de Philofophie. J'emprunte les paroles de l'illuftre Auteur de cette découverte.

Tout corps, dit-il, allant du côté vers lequel il eft moins preffé's fi quelque partie de l'éther étoit moins preffee que les autres, il eft clair que les autres retomberoient fur elle.

Mais on ne concevra jamais que les portions d'une matiere extrêmement agitée, & comprimée fuivant diverfes directions qui ne tendent pas à un même centre, puiffent conferver toutes leurs forces, & fe contreba lancer en même tems, fi elles ne forment divers grands tourbillons.

D'ailleurs on ne peut admettre ces grands tourbillons qui font ceux de M. Defcartes, & les principes dont ils dépendent, fans être forcé par ces mêmes principes, (en concluant du très - grand au très-petit) d'admettre Les petits tourbillons du P. Malebranche. Voici ses termes. Toutes les parties de la matiere fubtile étant extrêmement agitées, & fe réfiftant reciproquement par leurs mouvemens divers & particuliers, il eft neceffaire qu'elles fe divifent fans ceffe & forment de petits tourbillons; & dans ceux-ci d'autres encore plus petits, & même encore d'autres moins durables dans les intervales concaves que laiffent entr'eux les tourbillons qui fe touchent, &c.

C

* Le Pere Malebran

che dans la recherche

de la verité Eclairciffe ment xvI

28.

VII.

Les tourbillons grands & petits fe contrebalancent par leurs forces centrifuges.

Les corpufcules de la matiere fubtile, étant obligez pour remplir leurs mouvemens, de circuler autour des centres de leurs tourbillons, doivent tendre à s'en éloigner par une force que l'on nomme centrifuge. Ainsi deux tourbillons voifins doivent par leurs forces centri fuges, fe repouffer mutuellement. On peut concevoir qu'ils s'avancent un peu l'un vers l'autre, & les vîtesses avec lefquelles ils s'avancent, font la mesure de leurs forces centrifuges.

Mais comme un tourbillon eft pressé dans tous fes points, par les tourbillons qui l'environnent, on peut concevoir que deux tourbillons voisins, ne fe touchent en fe comprimant, que dans un cercle infiniment petit. Je demande pour la démonJtration de la propofition fuivante que cette fuppofition me foit accordée. Je prie le Lecteur de remarquer que le feul CorolLaire premier de cette même Propofition, me fuffit pour réfou dre la question proposée, & qu'il est facile de le prouver par le principe de l'article 7 D'ailleurs quelque fuppofition que Von faffe, le rapport de la force centrifuge du grand tourbillon, à celle du petit, deviendra encore plus petit que celui que je trouve par la fuppofition que je fais.

par

Au reste le peu de tems que j'ai eu pour méditer cette Propofition, me donne lieu de craindre qu'elle ne m'ait éblouï un faux éclat, & de demander qu'on n'y ait aucun égard, fi on la trouve fausse ou fuperfluë.

[ocr errors][merged small][merged small]

LEs forces centrifuges de tous les tourbillons grands & pe- 29.
tits, font en raison renversée de leurs diametres.

Soient deux tourbillons voifins & inégaux, B MN, Fig. V.
HM N, dont les centres foient C, K, & les diametres
BG, DH: je dis que la force centrifuge du tourbillon
B MN, eft à la force centrifuge du tourbillon HMN,
comme D Heft à B G.

DEMONSTRATION.

Concevons que les extrêmitez D, G des diametres
des deux tourbillons, fe touchent au point F, lorfque
ces tourbillons commencent à fe comprimer dans ces
points D, G. Puifque les tourbillons doivent être en
équilibre, & fe contrebalancer par leurs forces cen-
trifuges; les points D, G où fe fait la compreffion, në
doivent point s'écarter du point F pendant tout l'inftant
qu'elle fe fait en ces deux points D, G. Car fi les trois
points D, F, G, qui font réunis au commencement de
la compreffion des points D, G, ne demeureroient pas
réunis pendant tout l'inftant infiniment petit que dure
cette compreffion, & que le point D fût repouffé du point
F, où il étoit d'abord vers le point H; alors le grand
tourbillon BMN l'emporteront fur le petit HMN; & fi
ce même point D avançoit vers B, du point F où il étoit
d'abord, alors le petit tourbillon l'emporteroit fur le
grand. Ainfi dans l'une & l'autre fuppofition, il n'y au-
roit pas d'équilibre dans cet inftant, & partant dans tous
les autres. Afin donc que les tourbillons puiffent fe con-
trebalancer, il eft neceffaire que les deux points compri-
mez D, G, demeurent réunis au point pendant tout
F
l'inftant que dure la compreffion.
Maintenant il faut confiderer que les deux tourbillons

[ocr errors]

* 28,

« AnteriorContinuar »