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tile avoit cette force avant le choc & indépendamment du choc*. Donc une quantité finie de matiere fubtile, telle que peut être celle qui eft renfermée dans une boule de Verre ; a reçû & conferve par l'impreffion toute-puiffante de l'Auteur de la Nature, une force affez grande pour égaler des forces que l'on peut fuppofer augmenter

l'infini.

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* Art. III.

VI.

SI l'on me permet donc de fuppofer qu'il y ait dans
l'Univers un feul corps parfaitement élastique, je vais La matiere sub-
tile qui remplit
faire voir par un enchaînement de principes, que l'Uni- l'Univers, eft
vers eft rempli d'une matiere infiniment comprimée & très-comprimée
agitée dans toutes fes parties. En remettant enfuite toutes & très-agitée
chofes dans l'état phyfique, on concluëra de foi-même, dans toutes fes
que la force de la matiere fubtile eft indéfiniment parties.
grande.

En effet la matiere fubtile qui eft renfermée dans un corps que l'on fuppofe parfaitement élastique, telle que pourroit être une boule folide de verre, a une force capable de contrebalancer les plus grandes forces qui foient dans la Nature. Elle a donc une force que l'on peut fuppofer infinie. Or une matiere qui a en même tems & une force infinie, & une fluidité parfaite, s'échaperoit infailliblement au de là de fes bornes ( je veux dire au-de-là des bornes de la boule qui la contient) fi elle n'y étoit contenue par une force infinie; car une force finie ne contiendroit jamais dans fes bornes une matiere d'une force infinie.

Il est donc neceffaire que la couche de matiere fubtile qui enveloppe immédiatement la furface de la boule que nous confiderons, la comprime avec une force infinie. Il eft donc néceffaire, par les mêmes raifons, que cette premiere couche foit infiniment comprimée par la feconde qui fuit, la feconde par la troifiéme, & ainfi de fuite à l'infini. Il eft donc néceffaire enfin que toutes les couches de la matiere fubtile qui envelopent cette boule (dont nous pouvons confiderer ici le centre comme ce

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VII.

La force & la fluidité de la matiere fubtile, ne peuvent fubfifter l'une fans Bautre

VIII..

Exemple fenfible qui confirme & éclaircit tout ce qui précede,

lui de l'Univers) foient infiniment comprimées : Que par confequent toute la matiere fubtile qui remplit l'Univers foit comprimée dans toutes fes parties par une force infinie: Que par confequent elle ait dans toutes fes parties une force qui réponde à celle qui la comprime; qui réponde en quelque forte à la Toute-puiffance de celui qui la comprime en la maniere & fuivant les directions qu'il lui plaît.

Blen loin que la fluidité & la force de la matiere fubtile foient oppofées entr'elles, il eft facile de faire voir qu'elles dépendent l'une de l'autre, & qu'elles ne peuvent fubfifter l'une fans l'autre.

I. Les corps créez n'étant pas infiniment durs, n'auroient pû fe choquer à chaque inftant avec de trèsgrandes forces, fans fe divifer peu à peu en d'autres plus petits, & ceux-ci en d'autres encore plus petits, & par confequent fans former peu à peu une matiere indéfini ment fluide. Ainfi une matiere fluide indéfiniment agitée, est indéfiniment fluide. Car fi elle n'eft pas indéfinimen: fluide dans le tems de fa création, elle le deviendra dans la fuite, en continuant d'être agitée avec la mêm: force.

II. Les corpufcules d'une matiere fluide qui ne feroient pas agitez avec une très-grande force, ne tarderoient pas de s'unir les uns avec les autres,& de former de petits amas, qui venant à fe groffir, fe réuniroient avec le tems dans un feul corps folide. Plus ces corpufcules feront petits, & plus, toutes chofes égales, ils fe réuniront facilement en un feul corps, fi le mouvement qui les agite vien à ceffer. Un exemple fera mieux entendre ma penfee, & fournira en même tems une nouvelle preuve de la très-grande force de la matiere fubtile.

Dans ce Traité j'ai souvent pris pour exemple deur boules folides de Verre, comme je l'avois fait dans le Memoire des Loix du choc; parce que cet exemple m'a

paru

paru plus propre qu'aucun autre, à developer mes penfées, & à donner lieu au Lecteur de refléchir fur mes principes. C'est dans ces mêmes vûës que je choisis encore ici le Verre pour exemple, en le confiderant dans fa formation.

On fçait que le Verre fe fait affez ordinairement avec des cailloux blancs & reluifans. Si l'on brife un de ces cailloux à grands coups de marteau, ou même avec le fecours des machines les plus commodes, que les hommes ayent pû inventer, pour pulverifer les corps durs ; tout ce que l'on pourra faire, quelque tems que l'on y employe, fera de changer ce caillou en un tas de fine pouffiere, ou en un monceau de fable. Les grains de ce fable, quoiqu'à peine fenfibles, laiffent de larges paffages, non-feulement à l'Ether, mais encore à l'Air, ou à quelqu'autre fluide. Quoiqu'ils paroiffent fe toucher, ils demeureront neanmoins feparez les uns des autres ; & ce ne fera qu'avec le tems qu'ils pourront fe réünir en une feule maffe, qui peut-être redeviendra caillou.

Mais fi l'on met les parties de ce caillou ou ces grains de fable dans un fourneau de Verrerie ; en peu de tems chaque petit grain de fable, étant fortement agité par le Feu, qui confifte (a) dans l'action de la matiere fubtile, fe trouvera divifé en plufieurs milliers, ou peut-être en plufieurs millions de corpufcules, qui deviendront bientôt les parties integrantes du Verre,

(a) J'efpere trouver occafion de le faire voir ailleurs. Pour en convaincre le Lecteur, il fuffira peut-être de lui faire remarquer ici : Que le Feu allumé dans un Magazin à poudre par une feule étincelle, eft capable de le faire fauter en moins d'un clin d'œil, & par le bruit feul qu'il caufe, de faire trembler toute une Ville, abattre des maifons, & jetter tous les habitans dans la confternation. Où étoit cette force fi formidable, un inftant avant que l'étincelle parut, & que le Feu à fon eccafion ent pris à la poudre du Magazin, Etoit-ce dans les parties groffieres des grains de la poudre à canon? Elles étoient toutes dans un repos refpectif. Cette force étoit fans doute dans la matiere fubtile qui des enveloppoit, & en rempliffoit les pores. C'est donc cette matiere qui produit le Fen, & qui lui donne toute la force qu'il peut avoir

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Ces corpufcules confiderez dans le fourneau, formeront un fluide. C'eft-à-dire, qu'ils feront féparez les uns des autres, tant que la matiere fubtile dont les corpuf cules doivent être encore indéfiniment plus petits que ceux dont nous parlons, continuëra de couler entr'eux, dans une très-grande abondance, & de les pouffer les uns contre les autres en tous les fens imaginables. Car dans les fourneaux de reverbere clos, dont on se sert dans les Verreries, le feu fe refléchit & frappe la matiere du Verre & le vaiffeau qui le contient, pardeffus & tour

autour.

Les parties integrantes du Verre se réüniront en peu de tems, lorfque la matiere fubtile qui les a separées, & quiles a tenu fepareés, venant à fortir, permettra qu'ils puiffent fe toucher tous, ou prefque tous dans quelques-uns de leurs points phyfiques; c'eft-à-dire, lorf qu'étant ôtez du fourneau, la caufe de leur mouvement & de leur feparation ceffera, ou diminuëra fenfible

ment..

Alors la matiere fubtile qui dans le fourneau trouvoit une infinité d'obftacles, par les mouvemens divers des corpufcules qu'elle avoit défunis & agitez, coulera fans aucune réfiftance entre ces corpufcules, qui étant réünis dans une feule maffe, feront dans un repos refpecif Cette maffe aura des proprietez très-differentes de celles du caillou. Car outre fa transparence & fa fragilité dont il ne s'agit point ici, & dont il n'est pas difficile de connoître la caufe, elle aura plus de confistance & de dureté; & (ce qui regarde particulierement mon fujet) elle aura un reffort & plus fort & plus prompt.

Il me vient ici une foule de reflexions: mais je les laiße encore à faire aux Lecteurs attentifs, non-feulement dans la crainte de leur faire perdre mon fujet de vûë; mais encore, pour ne pas leur ôter le plaifir de trouver d'eux-mêmes (en raifonnant fur le petit détail de cet Article) la confirmation de tout ce que j'ai dit dans ce Chapitre & dans le précedent, & de tout ce que j'ai à dire dans le refte de ce Traité. Ils

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rencontreront peut-être dans cet examen quelques difficultez. Mais s'ils veulent fe donner la peine de les approfondir, j'efpere qu'ils les verront fe diffiper peu à peu, & méme fe tourner en preuves. En voici une à laquelle je ne puis me difpenfer de répondre, parce que l'idée des Tourbillons dépend de fa folution.

LE

IX.

E Feu, dira-t-on, a une force qui fe fait fentir, & la matiere fubtile qui produit le reffort, & dans laquelle nous On ne fent pas marchons; bien loin de fe faire fentir, ne fait pas mê- la force de la me la moindre résistance à nos mouvemens, fuivant les matiere fubtile. principes du Chapitre précedent. Comment concevoir parce que toutes Ses parties fe qu'elle ait une force infiniment grande, & qu'elle ne contrebalancens differe pas effentiellement de la matiere du Feu? Voici ma réponse.

Les parties de la matiere fubtile qui font appliquées à produire ce que l'on appelle Feu, ne font en équilibre ni entr'elles, ni avec celles qui les environnent: Soit qu'elles foient toutes pouffées rapidement dans un même fens, vers lequel les corpufcules qui les environnent ne tendent pas: Soit qu'elles foient pouffées avec beaucoup de force les unes contre les autres en differens fens par des causes étrangeres : Ce qu'il ne s'agit pas d'examiner ici. Il n'eft donc pas furprenant que la matiere fubtile faffe fentir fa force, ou pour mieux dire, une partie de fa force, lorfqu'elle produit le Feu.

* Au contraire toutes les parties de la matiere fubtile Ceci fera exqui remplit les corps élastiques qu qui les environne, fe pliqué dans le Contrebalancent, le maintiennent dans l'équilibre, tendent Chap. fuivant, à s'y conserver, & s'y remettent très-facilement, lorfque Art, IV,

la caufe qui les en a un peu tirées vient à ceffer. Car, pour

me fervir des termes expreffifs du P. Malebranche, fi *V. la Rechercette matiere fe mouvoit en méme fens, tous les corps qu'elle che de la verienvironne, feroient transportez dans fon cours avec plus de té. Eclairciffeviteffe que la Foudre; car la vitesse de la Foudre, auffi-bien ment xvi. derque celle d'un boulet de canon, a pour caufe primitive celle niere édition.

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