Imágenes de páginas
PDF
EPUB

choc. Art. 22. 23, 27. & 28.

de la matiere étherée : Et cela par la méme raison que la Terre, l'Air, les Villes, &c. font emportez en vingt-quatre heures par le grand Tourbillon qui nous environne.

Mais comment les parties de la matiere fubtile peuvent-elles fe maintenir en équilibre, & cependant conferver des forces indéfiniment grandes ? C'eft le fujer du Chapitre fuivant.

[ocr errors]

CHAPITRE IV.

De l'idée des Tourbillons.

V. Loix du I. Idées de M. Defcartes & du P. Malebranche fur les Tourbillons. II. Tourbillons rendus fenfibles par le Mer cure, III. Notion des forces centrifuges des Tourbillons. IV. Les corpufcules du fluide qui produit le reffort, décrivent de très-petits cercles avec une très-grande vitesse. V. La matiere fubtile eft composée d'une infinité de Tourbillons, ou de fpheres très-fluides, de toutes fortes de grandeurs, qui fe contrebalancent par leurs forces centrifuges. VI. Idée des corpufcules dont les Tourbillons font compofez. VII. Tous les points de la furface d'un méme Tourbillon, ont des forces centrifuges égales. VIII. Les Tourbillons fe touchent également dans tous les points de leurs furfaces aux poles comme ailleurs,

I:.
Idées de M.
Descartes &

du P.. Male-

N ne peut fe difpenfer d'admettre dans l'Univers une matiere infiniment fluide & agitée dans toutes fes parties. J'ai tâché de le prouver dans les deux Chapitres précedens, en confibranche fur les derant les feuls effets du choc ; & j'ai tout lieu de croire que les confiderations que l'on pourra faire fur les autres effets naturels, ne feront que confirmer ces principes.

Tourbillons.

Or de ces principes il est aifé de tirer cette consequen

ce: Que toutes les parties de la matiere fubtile qui rem plit l'Univers, fe réfiftant reciproquement par leurs mouvemens divers & particuliers, doivent fe divifer fans ceffe, & former divers Tourbillons de figure spherique, qui fe contrebalancent, & dans ceux-ci d'autres encore plus petits, & même encore d'autres moins durables dans les intervales concaves, que laiffent entr'eux les Tourbillons qui fe touchent *.

* C'eft l'idée

V. l'Eclaircif

Je crois avoir montré suffisamment la jufteffe de cette du P. Maleconfequence dans les Loix du choc, & je vais effayer branche. dans ce Chapitre, en la mettant encore dans un plus fement xvI. de grand jour, de faire voir que l'idée de M. Defcartes fur la Recherche les grands Tourbillons, & du P. Malebranche fur les pe- de la verité. tits, ne font pas des idées purement Metaphyfiques, ni

des fuppofitions arbitraires.

من

Celle du P. Malebranche eft copiée, dit M. de Fonte

que

Année 1715.

P. 109.

* V. Loix du

nelle *, d'après des chofes inconteftables chez les Cartefiens, * Dans l'Hift. les autres Philofophes ne peuvent contefter fans tom- de l'Academic, ber dans d'étranges penfées. Je l'ai exprimé * dans les propres termes de fon Auteur ; je ne pouvois mieux faire. Auffi j'efpere que les Lecteurs ne trouveront rien qui ne foit bien exact dans l'Article auquel je les renvoye. C'est une idée qui a été très-familiere à ce grand inventeur, dit encore M. de Fontenelle dans l'endroit cité, & qu'il n'a pas pouffee auffi loin qu'il l'auroit dû.

J'entreprends d'y fuppléer. Cette idée feconde, & plus encore la methode de fon Auteur, me conduiront dans cette recherche. Et où ne conduit pas une idée claire, lorfqu'on a foin de la comparer à des principes démontrez, & d'en tirer toutes les confequences!

L'idée des Tourbillons, & fur-tout des plus petits, de ceux, par exemple, qui occupent les pores imperceptibles des corps élastiques; doit paroître très-abstraite à ceux qui ne font pas accoutumez à beaucoup refléchir, & chimerique à ceux qui fe font fait un fyftême de ne chercher dans la Phyfique, que ce qui frappe les fens. Mais fi en renonçant à tous les préjugez, on veut faire

choc. Art. 27.

[ocr errors]

II. Tourbillons

attention à cette idée, j'ai tout lieu d'efperer qu'on la trouvera conforme à la verité, & aux loix invariables de la Nature.

Les effets naturels font fenfibles, mais leurs caufes font très-cachées. C'est peu de dire que l'idée des Tourbillons se dérobe aux fens & à l'imagination; l'efprit a besoin de toute fon attention, pour ne pas la perdre de vûë, lorfqu'il croit l'apercevoir. Peu s'en faut, en écrivant ce Traité, qu'elle ne m'échappe, après l'avoir méditée long-tems, & à ce que je crois bien conçûë.

Pour tâcher de me rendre cette idée plus familiere, je rendus fenfibles fis quelques experiences fur le Mercure, en compofant par le Mercure. le Memoire des Loix du choc ; & je les employai dans une V. Loix du de mes Remarques , parce qu'elles me parurent prochoc. Art. 23. pres à furmonter plufieurs difficultez que me fuggeroient les fens & l'imagination.

*

Quelques jours après le jugement de l'Academie, en revoyant cette Remarque, il me vint en pensée de verfer une goutte de Mercure dans une boule de Verre creuse, de quatre pouces de diametre ou environ, après l'avoir remplie d'eau. Le fuccès furpaffa mon attente, dans un grand nombre d'experiences que je fis à cette occafion.

Mon deffein dans cet Article, n'est pas de perfuader le Lecteur par ces experiences, que je me contente de lui indiquer de la poffibilité, de la réalité, & des proprietez des Tourbillons; mais de lui tracer groffierement le plan des chofes que j'ai deffein de lui faire apercevoir dans ce Traité préliminaire, & dans ceux qui fuivront ; & de le difpofer à ne pas rejetter des idées phyfiques, fans les avoir examinées avec toute l'attention qu'elles femblent mériter,

Après avoir verfé dans la boule creufe quelques gouttes de Mercure, d'environ la groffeur d'un pois ; il ne s'agit que de remuer cette boule en divers fens, à diver fes reprises, avec differens degrez de mouvement ; & d'e

[ocr errors]

xaminer attentivement les effets qui refultent de chaque operation. La boule de Verre groffiffant les objets, fervira comme de Microscope, pour observer plus distin&tement les divers changemens qui arriveront au Mercure dans chaque operation.

I. Il fera facile d'examiner la rondeur fpherique des Tourbillons, & fur-tout des plus petits, qui feront rendus fenfibles fous la figure du Mercure ; l'applatiffement & la compreffion que fouffrent les plus grands ; & l'équilibre qui regne entre tous.

II. On pourra obferver qu'en fécoüant la boule, un feul Tourbillon de Mercure fe rompt fans peine en cent autres, qui commencent à fe réunir, lorsque le mouvement qui a caufé leur feparation, vient à ceffer.

III. On aura lieu d'examiner par quelle Mecanique un petit Tourbillon compris entre deux grands, a assez de force pour les contrebalancer.

IV. Pourquoi lorfqu'il furvient quelque mouvement, le petit Tourbillon s'incorpore très-promptement à l'un des deux grands qui le comprimoient, & va rapidement s'enfoncer jufqu'à fon axe.

V. Pourquoi il arrive quelquefois, mais plus rarement, que le petit Tourbillon fe gliffe avec une grande vîteffe entre les deux grands qui se réüniffent, & fouvent s'incorporent à cette occasion.

VI. D'où vient cet ordre uniforme, fuivant lequel les Tourbillons de Mercure de differens volumes, viennent fe ranger autour de leur centre commun, lorfqu'on les fait tourner en rond.

VII. Quelle pourroit être la caufe de ces boüillonemens & tournoyemens rapides des corpufcules du Mercure, que l'on remarque facilement fur les grands Tourbillons vers leurs poles qui font dans le milieu de leurs furfaces ; après qu'on les a agitez, ou en rond, ou en divers fens.

VIII. Enfin je fuppofe que l'on examinera toutes ces particularitez & autres, avec les yeux d'un Phyficien

III.

qui raifonne avant l'experience, qui raifonne encore après, & qui ne s'en tient pas à une feule ; car une feule pourroit feduire Que fur toutes choses, on aura bien égard à l'imperfection des Tourbillons du Mercure, à leur pefanteur, à leurs frottemens contre les parois du Verre, à la résistance de l'Eau qui les inonde, à la grof fiereté de leurs parties integrantes ; en un mot aux differences infinies qui diftinguent un fluide très-imparfait, de celui dont tous les autres doivent emprunter & leur fluidité & leur force. Peut-être qu'après cela on ceffera de traiter de chimeriques les Tourbillons grands & petits, dont des Auteurs très-illuftres nous ont donné les premieres idées,

Mais il ne fuffit pas d'avoir representé aux yeux imNotion des parfaitement, fous une image fenfible, les Tourbillons forces centrifu de l'Ether, il faut en prouver la réalité : Et avant toutes des Tourbil chofes il eft néceffaire de fe former une idée juste de ce que l'on appelle Force centrifuge.

ges

lons.

C'est l'effort avec lequel un corps tend à s'écarter du centre d'un cercle qu'il décrit. La force centrifuge d'un Tourbillon, dans un de fes points phyfiques, eft celle qu'il a pour s'écarter du centre de ce Tourbillon. Rendons cela fenfible par un exemple.

Une pierre que je fais circuler avec une fronde, tend à chaque inftant à s'échaper par la tangente du cercle qu'elle décrit ; & c'est par cette tangente qu'elle s'échappe en effet. Mais de plus (& c'eft en quoi confifte sa force centrifuge) elle fait effort contre ma main pour s'en écarter à chaque inftant, dans la direction de la corde qui la retient.

Si je diminue la viteffe circulaire, fans diminuer la longueur de la corde, il eft clair que la force centrifuge diminuëra. Si au contraire je diminuë la corde fans changer la vîteffe circulaire, il est évident que la force centrifuge augmentera.

Ainfi en fuppofant qu'un même corps, ou des corps égaux

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »