VIII.

Les Tourbil

fon équateur, pourra bien-tôt le toucher vers fon pole. Si un Tourbillon n'avoit pas une égale force centrifuge en tous fes points, comment dans toutes les fituations differentes qu'il peut avoir à l'égard des Tourbillons qui le compriment dans toute fa furface, pourroit-il fe faire qu'il les contrebalançât tous, & qu'il conservât la figure fpherique qui lui convient ?

Il eft donc clair que les points de la furface d'un Tourbillon, ne doivent pas faire leurs revolutions en même tems, de la même maniere que les points de la furface d'une boule, tournent en même tems autour de fon axe. Si cela étoit, les corpufcules qui circulent vers l'équateur, auroient beaucoup plus de force centrifuge que tous les autres, & ceux qui circulent vers les poles n'en auroient point ou très-peu. Ceux-ci feroient donc repouffez vers le centre du Tourbillon, fans aucune réfiftance de leur part ; & ceux-là s'écarteroient du même centre avec beaucoup de force. Que deviendroit le Tourbillon ?

Deflors que l'on admet l'idée des Tourbillons (& peuton fe difpenfer de l'admettre?) il faut, fans balancer, reconnoître cette verité qui en eft une fuite évidente, fçavoir, que toutes les parties de la furface d'un même Tourbillon, doivent avoir une égale force centrifuge, pour résister également aux impreffions des Tourbillons voifins qui les preffent également, & pour fe maintenir avec eux dans un exact équilibre.

Il ne s'agit pas ici d'examiner d'où peut provenir cette égalité de forces centrifuges, & comment l'équilibre des Tourbillons peut fe maintenir. Cet examen important fera le fujet d'un de mes Traitez.

;

lons fe touchent Rien n'empêche donc que les Tourbillons ne puiffent également dans le toucher auffi-bien à leurs poles qu'à leurs équateurs s tous les points de foit, 1°. qu'ils tournent dans le même fens; foit, 2°. leurs furfaces, aux poles comme qu'ils tournent en fens contraire. Quelque refpect que j'aie pour M. Defcartes, je ne puis croire fur fa parole,

ailleurs.

que les Tourbillons doivent s'incorporer dans le premier cas, & le détruire dans le fecond. Je m'en tiens à mes Principes que je viens de déduire de ceux de ce très-illuftre Auteur.

Les mêmes raisons qui prouvent qu'il y a de grands Tourbillons, prouvent qu'il y en a de petits; & fi l'on admet l'idée des Tourbillons grands & petits, ce font des fpheres de toutes fortes de grandeurs, qui rempliffent l'Univers, qui fe touchent dans tous les points phyfiques de leurs furfaces; enfin qui peuvent fe toucher aux poles comme par tout ailleurs, puifqu'ils ont autant de forces centrifuges à leurs poles, que dans le refte de leurs furfaces.

Tous ces principes font des confequences que je déduis de l'idée feule des Tourbillons : Et l'idée des Tourbillons n'eft pas une idée purement Metaphyfique ; j'ai prouvé qu'il faut la reconnoître dans la Nature.

En confiderant les corps élastiques, j'y ai trouvé de petits Tourbillons; & en confiderant les petits Tourbillons dans tous les corps élastiques, je vais maintenant y chercher la cause physique des refforts, foit parfaits, foit imparfaits.

hoc. Art. 34. 35.& 36.

CHAPITRE V.

Des petits Tourbillons confiderez dans les corps à reffort parfait.

V. Loix du I. Defcription d'un corps à reffort parfait. II. Changemens qui arrivent aux petits Tourbillons, lorfque les corps qui les contiennent font comprimez. III. La matiere fubtile fort des corps au premier tems du choc, fans faire aucune réfiftance, par un effet de fa fluidité naturelle. IV. La matiere fubtile rentre dans les corps dont elle étoit fortie, par un effet de la force centrifuge de fes petits Tourbillons, V. C'est par un effet de cette même force, que les corps parfaitement élastiques qui fe font choquez avec des forces égales, retournent en arriere avec des forces égales à leurs forces primitives.

ENT objets que l'on a fans ceffe fous les yeux, une éponge, par exemple, une mie de pain, le dedans d'un os; fur-tout fi l'on a foin de les regarder de près avec un Microscope, peuvent fournir a l'imagination des images imparfaites, mais fenfibles de toutes les chofes que je vais effayer de décrire dans cet Article, & de faire appercevoir à l'efprit pur,

ils

Toutes les parties integrantes d'un corps élastique, font réunies ensemble dans quelques-uns de leurs points, lignes ou furfaces, & font feparées dans le refte par un nombre indéfini de pores & de petits canaux. Les pores font ordinairement fpheriques, parce que peu à peu doivent avoir été arrondis par le mouvement des Tour billons de la matiere fubtile. Je conviens cependant qu'il's peuvent avoir d'autres figures, par exemple, des figures cylindriques, elliptiques, &c. Mais pour m'exprimer plus clairement, je fuppoferai que tous les pores d'un

corps,

par

corps à reffort parfait, font exactement spheriques. Chaque pore contient un ou plufieurs Tourbillons; & les pores communiquent entr'eux & au dehors plufieurs canaux qui doivent être affez étroits, pour ne donner paffage à aucun autre fluide, qu'à la matiere fubtile: Et c'eft de là principalement que dépend la perfection des refforts.

Les tourbillons inondent de toutes parts les parties du folide, & par leurs forces centrifuges leur donnent de la confistance, & les uniffent enfemble. Quand les particules groffieres, dit M. de Fontenelle*, font en repos les * Dans l'Hift. unes auprès des autres, & fe touchent immediatement; elles de l'Academie, font comprimées en tous fens par les petits Tourbillons qui les Année 1715. environment, & aufquels elles ne refiftent par aucune force i &de là vient la dureté des corps.

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Je ne repete pas ici ce que j'ai dit dans les Loix du choc*, * Art. 34.&35a touchant la dureté des corps, & la promptitude des refforts. On doit voir que je n'y ai rien dit que d'exact, & on le verra encore mieux dans les Traitez fuivans.

Les parties integrantes des corps à reffort, font ellesmêmes de petits corps à reffort, lefquels ont encore leurs parties integrantes: Ces fecondes parties integrantes (s'il m'eft permis de m'exprimer ainfi) ont encore leurs pores, leurs canaux, leurs Tourbillons, toutes ces chofes proportionnées à leur petiteffe: Ces fecondes parties font compofées de troifiémes parties integrantes, &c. Car puifque l'on m'a accordé des corpufcules, foit folides, foit fluides, divifibles à l'infini, je ne pense pas que l'on puiffe me contester un corps mixte, partie folide, partie fluide, en un mot un corps à reffort qui foit divifible à l'infini ou à l'indéfini, en d'autres petits corps à reffort.

Je pourrois ajoûter quelques traits à cette description, qui eft fort reffemblante à celle de la Piece qui a remporté le Prix: Mais je ne crois pas en oublier aucun qui foit effentiel, ou auquel il ne foit facile de suppléer avec un peu d'attention,

F

II.

14 L ne peut arriver de changement dans les parties foliChangemens des d'un corps élastique, que les petits Tourbillons qui qui arrivent aux petits Tour- font cachez dans fes pores, ne changent auffi de figure billons, lorfque & de volume: Soit qu'ils s'applatiffent en forme de 1pheles corps qui les roïdes elliptiques, vers les parties qui font les plus comcontiennent font primées, & s'allongent dans les autres: Soit qu'ils fe dicomprimez. visent en plufieurs Tourbillons plus petits.

I. Concevons qu'un petit Tourbillon étant comprimé dans quelque corps élastique à l'occafion du choc, prenne la figure du pore qui le contient ; c'eft-à-dire, qu'il devienne à peu près un fpheroïde elliptique, de fphere qu'il étoit auparavant : Un corpufcule qui paffera par l'extremité du petit diametre du fpheroïde, n'aura pas moins de vîteffe pendant le tems de la compreffion, qu'il en avoit dans l'inftant qui l'a precedé. Il fembleroit même qu'il devroit en avoir davantage, par la même raifon, que les endroits du lit d'une riviere qui font les plus étroits, font ceux où l'Eau coule avec plus de rapidité. Mais quoiqu'il en foit, il eft clair que la compreffion, dans le cas que j'examine ici, ne diminuë pas la vîteffe du corpufcule, & qu'elle diminuë fa distance au centre de fa circulation. D'où il s'enfuit évidemment *V.Chap.IV. * qu'elle augmente fa force centrifuge. Ainfi cette force augmente dans le fens que le Tourbillon eft applati ; & il eft facile de prouver qu'au contraire elle diminuë, dans le fens qu'il est allongé.

Art. III.

celle des

II. Concevons que la compreffion foit affez confiderable pour rompre un petit Tourbillon, & le féparer en plufieurs autres : il fera facile de faire voir en raifonnant toujours fur les mêmes principes, que la force centrifuge des corpufcules qui circulent fur la furface de chaque petit Tourbillon, ne fera pas pas moindre que corpufcules qui circuloient avant la compreffion fur la furface du Tourbillon, dont ceux-ci étoient les parties. Ainfi de quelque maniere qu'on le prenne, il eft clair que la force centrifuge des Tourbillons augmente dans le fens que leurs diametres diminuent, & qu'elle diminuë dans le fens qu'ils augmentent.