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une grande multitude d'héretiques, qui mettoient en péril les catholiques des pars voifins, AN. 1352. écrivit une lettre adreffée aux évêques aux Vading. a. abbez & à tout le clergé, aux feigneurs, & aux 15. juges & aux communautez, où il dit : Nous avons doné charge à Guillaume élu archevêque d'Embrun & à Pierre de Monts, frere Mineur inquifiteur du lieu & des provinces voifines, de les purger de l'hérefie dont elles font infectées. C'eit pourquoi nous vous prions & vous mandons de les affifter de vos confeils, leur doner fecours, guides & efcorte, même à vos dépens, s'il eft befoin. La lettre eft du feptiéme de Mars Rain.n. 20. 1352. Le pape écrivit auffi fur ce fujet au Daufin Charles, fils aîné du roi de France, à Louis roi de Naples, & à la reine, Jeanne fon épouse. Je ne voi point quels étoient ces héretiques duDaufiné, finon un refte de Vaudois.

Emeric.

En même temps parut en Catalogne un nomé Nicolas originaire de Calabre, mais qui avoit direct. p. long-temps vêcu en Espagne. Il foûtenoit qu'un 266. certain Efpagnol nomé Gonfalve du diocefe de Cuença, étoit le fils de Dieu engendré au ciel de toute éternité, quoi qu'il parût avoir un pere & une mere fur la terre. Que ce Confalve ne mourroit point que le faint Efprit s'incarneroit un jour, & qu'alors Gonfalve convertiroit tout le monde. Qu'au jour du jugement il prieroit pour tous ceux qui feroient morts en péché mortel & damnez, & obtiendroit leur falut. Enfin Nicolas de Calabre diftinguoit en l'home trois parties : l'ame que Dieu le Pere a faite; le corps ouvrage du Fils; l'efprit créé par le faint Efprit.

Edouard III. roi d'Angletere voïoit plufieurs bénefices de fon royaume poffedez par des cardinaux, des oficiers de la cour de Rome & plufieurs autres qui n'y faifoient aucune réfidence.

XI. Bénefices faifis en

Angletere

7.17.

Pour y remedier il fit faifir tous ces benefices; AN. 1352. & en mit en poffeffion fes oficiers : ne permetant Rain 3352. pas aux beneficiers & à leurs agens ou procureurs d'en percevoir les fruits. De quoi le pape averti admonfta le roi, & lui ordona, fous pcine d'excomunication, de douer dans quatre mois main-levée de ces faifies; atendu que ces beneficiers étoient difpenfez de la réfidence, foit pour le fervice qu'ils rendoient à l'églife, foit pour caufe d'études ou autrenient. Ordonant de plus la reftitution des fruits perçus, en vertu de la faifie avec les domages & interêts. Le roi envoïa au pape, reconoiffant fa faute, & prometant d'obéir à fes ordres ; & le pape prorogea le terme qu'il lui avoit doné jufques au premier jour confiftorial d'après l'Afcenfion prochaine. C'est ce que porte la bulle du quirziéme d'Octobre 1351. mais le pape Clement ne vécut pas jufques

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XII.

lib. 9. p.

1083. D.

7. 25.

a ce terme.

Depuis environ deux ans Cafimir roi de PoloAbfolution gne étoit chargé de cenfurcs ecclefiaftiques pour roi de plufieurs crimes. Ayant remporté des victoires, Pologne. & fait des conquêtes fur fes voifins, il s'abanDlugof dona à la débauche, & méprifant la reine Adeleide fa femme, quoi que belle & fage, il prit Rain. 1349. des troupes de concubines qu'il entretenoit en divers lieux. Les évêques & les feigneurs du païs Jui donerent plufieurs fois des avis falutaires; & les prélats voyant leurs remontrances inutiles, s'adrefferent enfin au pape Clement, & en obtinrent une fentence portant que le roi feroit admonêté de quiter toutes fes concubines, & fe contenter de fa femme legitime. Le roi irrité de cette procedure fit charger de tributs & de coryées quelques vilages apartenans à l'évêque de Cracovie, qui en fut indigné, & frapa de cenfures premierement le palatin de Sandomir execufeur de cette violence, & enfuite le roi lui-même,

AN. 1352

Pour lui fignifier ces cenfures, il envoya Martin Bariezca, vicaire de l'églife de Cracovie, qui fe prefenta hardiment devant le roi, & executa fa commiffion. Le roi entra en grande colere, mais il fecontenta de charger Martin d'injures fans lui toucher. Enfuite échaufé par fes courtisans, il le fit arêter le jour de fainte Luce treiziéme de Decembre 1349. & la nuit fuivante un de fes domeftiques par fon ordre le noïa dans la Viftule. On atribua à la vengeance di- p. 10905 Co vine de ce crime les malheurs furvenus depuis dans la Pologne, où les Lithuaniens firent de grands ravages.

Le roi Cafimir en fut touché, & en 1352. il p. 1095. envoya à Avignon Albert, chancelier de Dobrzin pour reconoître en fon nom le crime qu'il avoit commis, & declarer qu'il étoit prêt à en fabir la penitence, & pour traiter des autres afaires du royaume de Pologne. Le pape Clement reçut favorablement le chancelier Albert, & lui acorda l abfolution du roi avec moderation de la penitence. Les principales conditions furent que le roi rendroit la liberté à tous les vilages de Cracovie, & feroit bâtir cinq églifes folidement, entr'autres celle de Viflcie à laquelle il avoit une dévotion particuliere. Albert obtint auffi du pape pour le roi Cafimir une decime de quatre ans fur tout le clergé de Pologne, afin de s'opofer aux infultes des Lithuaniens. Enfin il obtint que l'églife de Breslau en Silefie demeureroit foûmife à la métropole de Gnefne : nonobftant la prétention de Charles roi de Boheme, qui vouloit que l'évêque de Breslau fut fuffragant du nouvel archevêque de Pragne. Le roi Cafimir acomplit fidelement la penitence qui lui étoit impofée.

Le pape Clement V I. mourut cette année 1352. le fixiéme de Decembre, après avoir te

XIII. Mort de

Clement

VI.

Vita to. 1.

p.

Papeb. co

nat. p. 86.

M.Vill, lib

1. c. 43.

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nu le faint fiege dix ans & fept mois. Ses funeAN 1352 railles furent faites folemnellement le lendemain dans la cathédrale d'Avignon, d'où l'été fuivant fon fut transferé à la Chefe-Dieu, corps où il avoit été moine, & on y voit encore for tombeau. Il fut très-liberal pour doner des benefices par les expectatives & la claufe Anteferri ou de preference. Il entretenoit fa maison à la roiale, fes tables fervies magnifiquement, grande fuite de chevaliers & d'écuyers, quantité de chevaux qu'il montoit fouvent divertiffepar ment. Il fe plaifoit fort à agrandir fes parens, il leur acheta de grandes terres en France, & en fit plufieurs cardinaux, mais quelques-uns étoient trop jeunes & d'une vie très-fcandalcufe. Il en fit quelques-uns à la priere du roi de France, dont il y en avoit aufli de trop jeunes. En ces promotions il n'avoit égard ni à la fcience ni à la vertu. Il avoit lui-même de la fcience raifonablement, mais fes manieres étoient cavalieres & peu ecclefiaftiques. Etant archevêque il ne garda pas de mefure avec les femmes, mais il ala plus loin que les jeunes feigneurs; & quand il fut pape, il ne fut ni fe contenir fur ce point, ni fe cacher. Les grandes dames aloient à fes chambres comme les prélats entr'autres une comteffe de Turene pour laquelle il faifoit quantité de graces. Quand il étoit malade, c'étoit les danes qui le fervoient, comme les parentes prenent foin des féculiers. Ce porrrait de Cle-' ment VI. eft tiré mot pour mot de Mathieu Villani.

XIV.

des cardi

Les cardinaux étant entrez au conclave, fiReglement rent un reglement pour borner la puiffance du pape, dont voici la fubftance. Il ne fera point de cardinaux que leur nombre ne foit réduit à Leize ; il ne pourra y en ajoûter que quatre pour faire au plus le nombre de vingt; & il

Raux.

Rain. 1352.

n. 26.

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ne pourra les créer que du confentement de tous les cardinaux, ou des deux tiers au moins. A N. 1352. Il ne pourra en déposer ou faire arrêter un que de l'avis uniforme de tous, ni porter contre eux aucune cenfure que de l'avis des deux tiers: il ne metra la main fur leurs biens ni de leur vivant ni après leur mort Il ne pourra aliener ni infeoder les terres de l'églife Romaine, que de l'avis des deux tiers des cardinaux. Leur college a dioit de percevoir la moitié de tous les fruits & revenus des amendes, condamnations & autres émolumens de l'églife Romaine en quelque province ou lieu que ce foit fuivant le privilege de Nicolas IV. Aucun parent ou alié du pape ne fera pourvû de la charge de marêchal de la cour de Rome, ou du gouvernement des provinces, ou des terres de l'églife. Le pan'acordera à aucun prince des décimes ou autres fubfides, ni ne les réfervera à la chambre que de l'avis des deux tiers des cardinaux, & il leur laiffera la liberté de leurs fuffrages dans les deliberations. Tous les cardinaux qui font à prefent jureront que celui d'entr'eux qui deviendra pape, obfervera inviolablement ce que deffus & celui qui fera élû pape, cardinal ou autre, fera le jour même la même promeffe. Les cardinaux jurerent de garder ce reglement, les uns purement & fimplement, les autres avec la reftriction, s'il étoit conforme au droit.

pe

X V.

VI. pape..
Mat. Vill.

Comme ils étoient enfermez dans le conclave, ils aprirent que le roi de France Jean fe preffoit Innocent de venir à Avignon pour avoir un pape à fon gré; ce qui ne lui pouvoit manquer tant il lib. III. c. avoit de cardinaux à fa devotion & de fon 44. roïaume. Sur cette nouvele voulant conferver Froiff. vol. l'honeur & la liberté de l'églife, ils fe hâterent 1. 5. c. 153. de faire un pape de leur mouvement; & le mardi

Vita. to. I.

P. 321

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