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rent la tranquilité & l'utilité publique. La lettre eft du quinziéme de Septembre 1393. C'eft AN. 1353′′ ainfi qu'Innocent VI. fait l'éloge d'un home que Sup. liv. Clement VI. avoit chargé de tant de maledic- xcv. n. 39.

tions.

Rebd.

p.

447. Trith.

Charles de Luxembourg roi de Boheme & des X X. Romains étendoit de plus en plus fon autorité Eglife d'A. en Allemagne, & y établissoit la paix. Au mois lemagne. de Decembre de cette année il vint à Maïence, invité par le clergé & le peuple qui lui deman- Hirfang. an. doient fa protection contre Henri de Virnebourg, 1353. leur ancien évêque depofé par le pape Clement Sup. liv VI. & Conrad de Falquenftin fon coadjuteur. XCV. . 30Car Henri difputoit toûjours le fiege de Maïence à Gerlac de Naffau à qui le pape l'avoit doné. 11 acompagnoit alors le roi Charles, qui comencoit à s'informer de l'état de la ville & du diocefe, quand Henri mourut fubitement la veille de Noël vingt-quatrième du même mois. Alors Conrad par la médiation du roi tranfigea avec Gerlac qui demeura paisible poffeffeur de l'archevêché & ainfi finit le fchifine de Maïence, qui avoit duré huit ans.

L'année fuivante 135 4. le jour de fainte Idem. Agnès vingt-uniéme de Janvier mourut l'ar- vita I. chevêque de Treves Baudouin de Luxembourg Mifcell. Baly oncle du roi Charles Il étoit dans la foixante- p. 160. huitième année de fon âge, & avoit gouverné cette églife quarante-fix ans avec grande réputation. Son fucceffeur fut Boëmont d'Ederfdorf doyen de la grande églife, élu archevêque par le chapitre.

Le roi Charles fit fi la paix avec les deux Alb. Argi fils de l'empereur Louis de Baviere, Louis mar- p. 156. 50. quis de Brandebourg, & Albert duc de Baviere. Bebd. p. Louis rendit au roi Charles ce que l'on apeloit Baillet inftr les enfeignes de l'empire: favoir la fainte lance, paf. . $41. les clous, une partie de la vraie croix, & quel

141.

v.

Iv. n. 18.

l'an

ques autres reliques. Cette lance devoit être la AN. 1353. même que le roi Henri l'Oifeleur avoit retirée Sup. liv. des mains de Rodolfe II. roi de Bourgogne vers 93 0. & que l'on prétendoit être la lance dú grand Conftantin: mais alors, je dis au quatorziéme fiecle, on croioit que c'étoit celle dont le côté du Sauveur avoit été percé. Le roi Charles avoit promis de remettre dans trois jours ces reliques à Nuremberg ou à Francfort: mais il les fit porter à Prague fa réfidence, de quoi la Boheme en eut une grande joïe.

Rain. 1354

*. 18.

Charles pria même le pape Innocent d'instituer une fête en l'honeur des inftrumens de la Paffion: ce que le pape lui acorda par une bulle du treiziéme de Fevrier, où il dit en substance: Charles roi des Romains & de Boheme nous a fait prefenter une requête portant qu'il a en fa garde la fainte lance & un des clous de la croix comme les ont eus les empereurs fes prédeceffeurs qu'en ces quartiers là on a grande devotion à ces reliques, & qu'il s'y fait un grand concours de peuple; c'eft pourquoi il nous a fuplié d'ordoner une fête en leur honeur pour l'Alemagne & la Boheme. A quoi aiant égard nous ordonnons que l'on célebre folemnelement tous les ans dans ces deux roïaumes le vendredi d'après l'octave de Pâques une fête au nom de de ces reliques, avec un ofice propre, qui fera compofé par des prélats & par d'autres docteurs au choix du roi. Et nous acordons à ceux qui le jour de la fête vifiteront l'églife où feront ces reliques trois ans & trois quarantaines d'indulgence; & cent jours pour la meffe & chacune des heures de l'ofice. Le pape écrivit fur ce fujet une lettre circulaire aux archevêques de Magdebourg, de Prague, de Cologne, de Treves, de Maïence, de Salsbourg, de Breme, de Riga & à leurs futrag ns. Le roi Charles raffembla à Prague quantité d'autres reliques,

Il interceda auprès du pape Inocent pour la teconciliation du duc de Baviere Albert, & le AN. 13544 pape dona comiffion aux Evêques de Virsbourg & de Spire d'abfoudre ce prince de toutes les cenfures qu'il avoit encouës pour avoir fuivi le parti de l'empereur Louis fon pere. La bulle eit du dernier jour de Mars 1354.

xxi.

broc.

En ce temps vivoit à Vauvert près de Bruxelles Jean Rufbroc prêtre & chanoine régulier Jean Ruf auteur fameux pour la theologie mystique, & la pratique de l'oraifon. Il naquit en 1294 & à l'âge de onze ans, il comença à étudier fous la conduite d'un chanoine fon parent: mais en- Vita c. zẽ viron quatre ans après, c'est-à-dire à quinze ans, ayant à peine bien apris les fondemens de la grammaire; il réfolut de renoncer aux études humaines, pour fe doner tout entier à celle de la fageffe divine, & à la pratique de la vettu. Il fur ordonné prêtre à l'âge de vingt-quatre aus, & continua de s'adoner à la vie interieure, parlant fi peu, & négligcant telement fon exterieur qu'il fe rendoit méprifable au gens du monde.

Il avoit déja foixante ans, & avoit doné au public quelques livres de fpiritualité fort eftimez, quand il fe retira à Vauvert près de Bruxelles dans la foreft de Soignies, où étoit une communauté de chanoines réguliers. Rufbroc y fit profeffion, & quelques temps après fut élu prieur. En cet état il reçut une vifite de Gerard le Grand, docteur & favant theologien qui demeuroit à Déventer, & avoit fondé la congregation de Videsheim. La réputation de Rufbroc l'excita à le venir voir ; l'avertit que plufieurs étoient fcandalifez de fes écrits, & en prenoient ocafion de le calomnier : à quoi Rufbroc répondit: Maître Gerard foiez für que je n'ai pas mis un mot dans mes écrits que par le mouvement du faint Efprit, & en la présence finguliere de la fainte Trinité.

c. 42

c. 6.

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c. 5.

Sa maniere d'écrire étoit que quand il fe AN. 1354. croioit éclairé par la grace, il fe retiroit dans la forest & s'y cachoit, & c'eft ainfi qu'il compofa tous les ouvrages. Quelquefois il étoit plufieurs femaines fans écrire : & quand il recomençoit, quoi qu'il eût oublié ce qu'il avoit écrit, fon difcours étoit auffi fuivi que s'il l'avoit compofé tout en un jour. Comme il favoit peu de latin, il écrivoit en fa langue vulgaire ; c'eft-à-dire en Flamand ou bas Aleman: mais tout fut traduit depuis en latin & c'eft ainfi 2. 11. que nous l'avons. Sa réputation lui attira plufieurs perfones nobles & puiffantes de lun & de l'autre fexe qui venoient le confulrer, même de plufieurs docteurs, il en venoit de Strasbourg, de Beflé, & d'autres villes du Rhein.

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Le plus celebre fut Jean Taulere de l'Ordre des frères Prêcheurs, docteur en theologie, fameux pour fa fience & pour fa vertu. Il venoit voir fouvent Rusbroc; il l'avoit en grande veneration, & profita beaucoup auprès de lui pour la fience de la vie interieure & contemplative comme on voit " fes écrits. Car encore par que Taulere fut bien plus grand theologien que Rusbroc, il lui étoit inferieur quant à la contemplation, à laquelle Rusbroc s'adona dès fa a. 17. Rain. premiere jeuneffe, au lieu que Taulere ne s'y apliqua qu'à cinquante ans, & mourut peu d'années après, favoir en 1355.

Spond.1355.

n. 38.

XXII. L'empereur Jean Cantacuzene aïant apris la Cantacuze- promotion d'Innocent VI. au pontificat

Mathieu

ne empe

reur.

22. 22.

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lui

envoïa un frere Prêcheur nomé Jean avec des lettres, par lefquelles il lui té noignoit fon defir Rain. 1353 par la réuaron des églifes. Le pape l'exhorte pour fa réponse à demeurer ferme dans cette bone réfolution, & lui promet, s'il l'execute, toute forte de fecours fpirituels & temporels.. C'étoit de ces derniers qu'il s'agifloit principalement :

car Cantacuzene étoit fort preffé par les Turcs

& par le jeune empercur Paleologue. La lettre A N. 1351. du pape eft du vingt- feptiéme d'Octobre Cantac. lib.

1353.

IV. C. 34-35%

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Cantacuzene crut alors fe fortifier en faifant reconnoître empereur Mathieu fon fils aîné, & il confulta fur ce point le patriarche Callifte : qui ne voulut pas s'expliquer, & fe retira du palais patriarcal au monaftere de faint Mamas qui lui apartenoit. De-là il envoïa dire à l'empercur Cantacuzene auquel il avoit promis d'alfer rendre réponse: Je n'irai ni à vôtre palais ni au mien, fi vous ne me faites ferment de ne point declarer vôtre fils Mathieu. L'empereur ne laiffa pas de le faire, prétendant y être for- c. 37% cé par les grands; & fit prendre à fon fils les ornemens imperiaux favoir les fouliers rouges & le bonet orné de perles & de pierreries. Mais il étoit de toute neceffité qu'il fût auffi lacré felon la coûtume: c'est pourquoi Cantacuzene fit venir autant qu'il put d'évêque de Thrace, & les aïant affemblez dans le palais imperial avec ceux qui fe trouvoient déja à C. P. il leur demanda à tous enfemble ce qu'il faloit faire à l'égard du patriarche Callifte. Ils répondirent de concert qu'il faloit envoier vers lui, & l'inviter à reprendre fon fiege, puifque perfone ne l'acufoit de rien.

part

L'empereur y envoïa deux évêques Daniel d'Eno & Jofeph de Tenedo, avec deux des premiers du clergé de C. P. Etant arrivez au monaftere de faint Mamas ils dirent à Callifte de la de l'empereur: Si vous m'aviez dit de bones raifons pour opofer à la proclamation de mon fils, peut être l'auriez-vous empêchée : mais il femble que vous n'aïez voulu l'empêcher que par force. Maintenant puifqu'on ne peut révoquer ce qui eft fait, la divifion & la difpute ne

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