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dans les fix mois de l'arrivée de la flote, les 'Grecs ne veulent pas fe réunir à l'églife nous A N. 1355. ferons avec le confeil du legat, qu'ils fe foûmetront absolument. Nous donerons au légat pour fon logement un grand palais qui demeure ra au pape & à fes legats à perpetuité. Nous lui donerons auffi une belle eglife ou lui & fes fucceffeurs puiffent celebrer l'office divin. Je donerai à mon fils aîné; c'étoit Andronic, un maître Latin pour lui enfeigner les lettres & la lan gue Latine. Je donerai trois grandes maifons où l'on tiendra des écoles des lettres Latines; & je prendrai foin que les enfans des plus confiderables d'entre les Grecs les aillent aprendre. Eu cas que je n'accompliffe pas tout ce que deffus, je me juge dès maintenant pour lors indigne de l'empire, & j'en tranfporte tout le droit à mon dit fils: je tranfporte au pape la puiffance paternele que j'ai fur lui, & je la lui done en adop tion: en forte que le pape puiffe aquerir l'em pire au nom de ce fils, lui donner une femme, des tuteurs & des curateurs, & difpofer de l'emipire en fon nom. Enfin en accompliffant mes proEmeffes je prétens être le gonfalonier de l'églife, & le principal chef de l'armée chrétiene qui paffera deçà la mer. Fait à C. P. en nôtre palais des Blanquernes l'an du monde 6864. de J. C. 1355-le quinziéme de Decembre.

2. 32.

Les deux envoicz Paul archevêque de Smir- Rain. 1356 ne, & Nicolas Sigeros le megaëtairiarque arriverent dans une petite galere, & débarquerent à Avignon près l'églife Notre-Dame des Miracles l'an 1356. dans l'octave de la Pente. côte qui avoit été le douziéme de Juin. Ils étoient porteurs d'une lettre clofe poftant creance pour eux & de la patente que je viens de raporter à laquelle le pape répondit par une grande lettre à l'empereur datée du vingt-unié- n. 33. 34

GY

No.33.

me de Juillet, où il s'étend fur la joie que 16/ AN.. 1356. done l'efperance de la réunion des églifes & for les lotanges de l'empereur Jean, qu'il exhorte à la perfeverance; & finit en lui recomandant les deux nonces qu'il chargea de cette lettre, fçavoir Pierre Thomas évêque de Parti en Sicile, Guillaume évêque de Sifopoli ou Sizon en

Cornanville

P. 257.

XXX.

Carie.

Le pape écrivit auffi à François Catalufe noble Genois, à qui l'empereur Jean pour recompenfe de fes fervices avoit done en mariage fa foeur avec l'ile de Metelin en principauté. Le pape écrivit auffi au patriarche Callifte, dont toutefois il n'avoit point reçu de lettre: il écrivit à plufieurs grands de l'empire Grec, à Hugues roi de Chipre, à Jean Cradenie doge de Venife, au maître des Rodiens, & au Genois: mais il ne put fournir les vaiffeaux & les troupes dont on étoit convenu: ainfi cette negociation fut fans effet.

Pierre Thomas évêque de Patti naquit en PeComence rigord, au diocefe de Sarlat de baffe condition. Son pere étoit un fermier fi pauvre qu'il ne pou

ment de

faint Pierre
Thomas
Carme.
Vita c. 1.

Janv. to. 1. P.995.

voit nourir fes deux enfans, ce fils & une fille. Pierre alla chercher à vivre en un bourg voifin, où demandant l'aumône il ne laiffa pas de ap. Boll. 22. fréquenter les écoles, & y profita fi bien, qu'en peu de temps il inftruifit des enfans. Enfuite il vint à Agen, ou pendant plufieurs années il étudia la gramaire & la logique, vivant toûjours d'aumône & de fon travail: car il enfeignoit la gramaire aux écoliers de la province, & enfuite la logique; ce qu'il fit jufqu'à l'âge de vinger ans. Le prieur des Carmes avec le profeffeur voiant l'habilité de ce jeune homme, le menerent à Leitoure, où il enfeigna pendant deux ans. Puis le prieur des Carmes de Condom admirant fa fubtilité & la pureté de fes mœurs,

l'amena à fon convent, & le revêtit de l'habit

de l'Ordre. Il y fit profeffion, & cinq ans après AN. 1356. il fut ordoné prêtre.

Enfuite on l'envoya étudier à Paris, ou dix ans après il fut fait bachelier en theologie. Etant revenu en fa province, il fut fait procureur de l'Ordre, & vint en cour de Rome, c'est-à-dire à Avignon, où étoit le general de l'Ordre, qui le voyant de petite taille & de peu d'aparence, avoit honte de le mener avec lui devant les cardinaux. Mais le cardinal Talairand aprenant qu'il étoit home de merite & de La province de Perigord, voulut le voir & le retint à dîner. Après le repas on agita une queftion fuivant l'ufage des cardinaux, & frere Pier-re Thomas y fit fi bien conoître fa fcience & la fubtilité, que depuis la cour de Rome admira fes fermons & fes difputes.

Enfin à la pourfuite du cardinal de Perigord le chapitre general des Carmes ordona que Pierre Thomas iroit à Paris achever fon cours pour être paffé docteur en theologie. Il y vint donc & fit des leçons de la fainte écriture dans fon -convent. Or felon les ftatuts de l'université il qe pouvoit être licentié qu'il n'eût enfeigné encore cinq ans : mais la troifiéme année il fut élu extraordinairement par le fufrage des docteurs qui conviffoient fa capacité, & il fut fait cteur. Auffi-tôt il retourna à Avignon, où il prêcha devant le pape,& fur profeffeur de theologie en cour de Rome: Il faifoit fouvent deux ou strois fermons par jour, & aquit une estime generale des cardinaux & des prélats: en forte qu'il atiroit de grandes aumônes au convent. En fes fermons il n'épargnoit perfone, pas même le pape: : ordinairement il faifoit rire au milieu du fermon, mais il faifoit auffi pleurer & voyoit à la fin tout le monde édifié & confolé.

ren

Tout ceci fe paffa fous le pontificat de CleAN. 1356. ment-VL

Rain. 1354.

71. 28. 29.

Le pape Innocent VI. envoya Thomas nonce près de Louis roi de Naples & la reine Jeanne fa femme. Enfuite quand l'empereur Charles IV. -vint en Italie, le pape déclara Pierre Thomas fon nonce pour aller au devant de ce prince, & enfuite vers Etiene roi de Rafcie qui avoit envoïé des ambassadeurs au pape, temoignant vouloir renoncer au fchifme des Grecs, & fe réunir à l'églife Romaine comme fait voir la reponfe du pape datée du vingt-quatriéme Decembre 1354. Or comme cette legation à l'empereur -& à un roi étoit importante, & demandoit un Sicil. fac. prélat qualifié : le pape dona à Pierre Thomas 10. 1. p.402. l'évêché de Patti en Sicile, par bulle du feiziéBoll. p.998. 2. vita Inn.me Novembre de la même année. Il ne fit rien auprès du roi de Servie, qui ne s'étoit adreffé au pape que dans l'efperance d'avoir du fecours contre le roi de Hongrie. Le legat fit feulement paroître fon courage, en refufant de baifer le pié du roi, & meprifant la défenfe qu'il fit à fes fujets d'entendre la meffe du legat fous peine de perdre les yeux. Il fut enfuite envoyé aux Venitiens & à Louis roi de Hongrie, mais il n'y réuffit pas ; & tel étoit l'évêque de Patti, quand il fut envoyé legat à C. P.

P. 347.

3.4.

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Bell.

XXXI.

Venife.

Vading.

1356, n. 12.

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Michel Pifani de l'Ordre des freres Mineurs, Inquifition inquifiteur à Venife, fit emprifoner quelques reftrainte à. Juifs qui après voir profefle long-temps le Chriftianifme, y avoient renoncé & même om- braffé des hereftes. Quelques officiers du doge Jean Grandenic s'y opoferent & ayant pris tous les familiers de l'inquifition, les firent mettre à la queftion, pretendant que dans la captu Ire de ces heretiques is avoient pris quelque cho-fe de leurs biens. L'inquifiteur s'en plaignit au pape qui écrivit au doge, le priant de n'apor

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ter aucun obftacle à l'exercice de l'Inquifition, qu'il devoit plutôt favorifer. La lettre eft du AN. 1356. premier de Mai 1356. Mais l'affaire tirant en longueur, l'inquifiteur fut obligé lui-même d'aler à Avignon la foliciter. Cependant le doge -Grandenic vint à mourir & Jean Delfino lui ayant fuccedé, le pape lui écrivit pour le remereier de la protection qu'il donoit à l'inquifiteur Michel Pilani ce qui montre que l'affaire étoit acomodée La lettre eft du díx-feptiéme Septembre de la même année.

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XXXII. Berthold

A Spire les inquifiteurs prirent un nomé Bertheld qui enfeignoit les erreurs fuivantes. J. C. en fa paffion fe fentit tellement abandoné de fon heretiquceft brulé à Spipere qu'il douta fortement fi fon ame devoit être fauvée ou damnée. En ce même état l'ex- chr. Hirf. ez de la douleur lui fit maudire la fainte Vierge to. 2. p.231 fa mere; il maudit auffi la terre qui avoit reçu fon fang. L'home peut en cette vie arriver à une telle perfection qu'il n'aura plus, befoin de prier ni de jeûner, & que rien ne fera plus peché pour lui. La priere vocale eft inutile au falur,

fufit de prier de l'efprit. Un laïque ignorant fans conoiffance des livres, mais éclairé de Dieu, peut plus profiter aux autres & à lui-même, que le prêtre le plus favant, fut il docteur. On doit plus de foi & d'obéiffance aux predications & aux inftructions de ce laïque illuminé, qu'à l'évangile & aux écrits de tous les docteurs. L'homes devot prenant fa nouriture ordinaire peut asquerir autant de grace que s'il recevoir le facrement du corps & du fang de J. C.

Ces huit articles comprenent les principales erreurs de Berthold aufquelles il en joignoit plafeurs autres. Il les enfeignoit fecretement s'adreffant aux fimples, premierement à Virfbourg, puis à Spire, où étant decouvert & pris, il fut examine publiquement par les inquifiteurs & par p. 23zā

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