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Bov. 1359
Rain. eod.

2. 12.

Charles conite d'Alençon étoit cousin germai AN.1358: du roi Jean, étant fils d'un autre Charles frere de Philipe de Valois, qui fut tué à la bataille de Creci en 1346. Son fils aîné qui eft celui dont il s'agit, étant encore jeune embraffa l'Inftitut des freres Prêcheurs de quoi Marie d'Espagne fa mere fut trés afligée, & écrivit au pape lui reprefentant que par la retraite de ce prince le comté demeuroit expofé à de grandes pertes & à une entiere defolation, vû les guerres & les troubles qui regnoient alors dans le païs : c'est pourquoi elle prioit le pape d'y pourvoir. Le pape en écrivit à Jean marquis de Montferrat, le priant de bien examiner la vocation du jeune prince, pour l'y confirmer fi elle étoit folide, ou le ramener fi c'étoit une legereté de jeunesse, La lettre eft du vingt-deuxième de Juin 13 59. Charles perfevera, & fut depuis archevêque

n. I.

XXXVIII.

Subfide re fulé au pa

pe en Allemagne.

a. vita Inn.

P-350.

Chr. Hirf

1. 234.

de Lion.

pour

Dès le famedi quatorziéme d'Octobre 13 57. le pape Innocent avoit envoyé en Allemagne Philipe de Cabaffole évêque de Cavaillon lever le dixiéme denier de tous les revenus ecclefiaftiques au profit de la chambre apoftolique. Sur la demande de ce fubfide extraordinaire, le clergé des trois provinces de Treves, de Maience & de Cologne s'affembla avec plufieurs abbez, & ils conclurent tout d'une voix de ne rien doner au pape; ce fut la reponfe qu'ils firent au nonce Philipe qui étoit alors à Mayence. Auffi-tôt ils écrivirent aux autres provin ces d'Alemagne, & atirerent à leur fentiment tout le clergé & tous les moines: ils écrivirent même au pape les caufes de leur refus: & le pape craignant une divifion dans l'églife, paffà la chofe fous filence.

Mais l'empereur Charles au fujet de cette demande du pape convoqua à Mayence tous les

princes

princes de l'empire en 1359. Plufieurs y vinrent, entre autres le duc de Baviere & le duc de AN. 1359. Saxe. Le nonce y fut oui, & s'éforça de perfuader la prétention du pape ; & pour lui répondre on fit deliberer les homes les plus doctes, entre lefquels fe trouvoit Contard d'Alzeia chancelier de Rupert, comte palatin, que les princes chargerent de parler pour le clergé. Il tit donc en difcours au milieu de l'affemblée, où il dit en fubftance.

:

Les Romains ont toûjours regardé l'Allemagne comme une mine d'or, & ont inventé divers moyens pour l'épuifer. Que done le pape à ce royaume, fi-non des lettres & des paroles ? Qu'il foit le maître de tous les benefices, quant à la collation mais qu'il en laiffe les revenus à ceux qui les défervent. Nous envoyons affez d'argent en Italie pour diverfes marchandifes & à Avignon pour nos enfans qui y étudient ou y poftulent des benefices, pour ne pas dire qu'ils les achetent. Perfone de vous n'ignore, feigneur, que tous les ans on porte d'Allemagne à la cour du pape de grandes fommes d'argent pour la confirmation des prélats, l'impétration des benefices, la pouifuite des procès & des apellations au faint ficge: pour les difpenfes, les abfolutions, les indulgences, les privileges & les autres graces. De tout tems les archevêques confirmoient les élections des évêques leurs fuffragans : c'eft le pape Jean XXII. qui de nôtre tems leur a ôté ce droit par violence. Et voici que le pape demande encore au clergé un fubfide nouveau & inoüi : menaçant de cenfures ceux qui ne le doneront pas, ou qui s'y opoferont. Arêtez les comencemens de ce mal, & ne permetez pas d'établir cette hon- / teufe fervitude.

Le lendemain l'empereur & les feigneurs ape

Tome XX.

H

lerent le nonce, & pour réponfe ils lui dirent, AN. 1359. que le clergé ne pouvoit doner un fubfide fi extraordinaire; & que l'empereur étoit fur tout indigné, de ce que le pape s'adreffoit aux Allemans plûtôt qu'aux autres nations de l'Europe pour leur impofer cette charge. Il dir donc au nonce avec émotion; Seigneur évêque, d'où vient que le pape demande au clergé tant d'argent, & ne fonge point à le réformer? Vous voïez comme ils vivent, quelle eft leur hauteur, leur avarite, leur luxe, leurs délices.

L'empereur parlant ainfi remarqua dans l'affemblée Conrad de Falqueinftein chanoine de Maïence, qui avoit été coadjuteur de l'archevêque Henri, & depuis fut archevêque de TreSap, n. 20. ves. Il portoir fur fa tête un chaperon magnifique orné d'or & de pierreries, que l'empereur mit fur la ficne, & dona à Conrad fon chaperon qui n'étoit que d'un fimple drap. Puis il dit aux feigneurs: Que vous en femble? Suis-je pas avec ce chaperon plus femblable à un chevalier qu'à un chanoine? Et aïant repris fon chaperon il dit à Gerlac archevêque de Maïence Nous vous ordonons par la foi que vous nous devez de réformer votre clergé felon les canons; & quant aux rebelles & aux défobéiffans, vous faifirez les fruits de leurs benefices pour ê être apliquez à nôtre fifc: vous pourez même s'il eft befoin, emprifoner les opofans. Il dona le même ordre aux autres évêques du roïaume.

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Le nonce Philipe aïant reçu cette réponse négative, & voïant le clergé d'Allemagne réuni contre le pape, s'embarqua huit jours après avec fes domeftiques, & defcendit à Cologne par le Rhein, d'où il retourna à Avignon Le pape aïant apris le peu de fuccès de fa négociation,

& ne voulant pas en avoir entierement le démenti, envoya des nonces prefque par toute l'Alle- AN. 1359. magne avec ordre de recueillir la moitié du re venu de tous les benefices vacans alors, & qui vaqueroient pendant deux ans, & les referver au profit de la chambre apoftolique.

Le dereglement du clergé d'Allemagne venoit en partie des guerres civiles & du fchifme que fomentoit Louis de Baviere. Or l'empereur Charles y voulant remedier, outre les ordres doncz verbalement à la diete de Mayence, écrivit encore aux prelats, menaçant de faire mettre en fequeftre les revenus ecclefiaftiques par les mains Rain. 1359. des princes feculiers. Sur quoi le pape lui écrivit n. ainfi: Nous loüons vôtre zele; mais prenez gar

de

que ce que vous faites à bone intention, ne nuife à la dignité du faint fiege & à la liberté ecclefiaftique C'eft pourquoi nous vous prions de vous abftenir de ces menaces de fequeftre, & fi elles ont eu quelque effet, de le réparer mais excitez les prelats que vous y jugerez les plus propres à faire leur devoir contre ce clergé, comme nous les y exhorterons de nôtre côté. La lettre eft du vingtiéme d'Avril.

:

Le pape écrivit effectivement fur ce fujet aux archevêques de Cologne, de Mayence, de Treves, de Breme & de Salfbourg. La lettre eft du vingt-neuvième du même mois d'Avril, & le pape y dit: Nous avons apris depuis peu qu'en Allemagne quelques ecclefiaftiques, même des évêques s'abandonent à leurs paffions, & imitent les feculiers, prenant part aux joutes, aux tournois & aux autres exercices militaires : qu'ils portent des habits, des fouliers & des ornemens qui leur font defendus, & diffipent ainfi les biens des pauvres au grand fcandale du peuple. C'eft pourquoi nous vous exhortons & vous enjoignons de reprimer ces excès en toutes perfones

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ecclefiaftiques de quelque rang & dignité qu'elles AN. 1359. foient, & de les faire vivre fuivant la gravité & la modeftie de leur profeffion. Vous ordonerez aux évêques vos fufragans de veiller de même fur la conduite du clergé qui leur eft foûmis.

XXXIX. Conftitution de

Pour le

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L'empereur de fon côté publia une conftitu tion pour la confervation des droits de l'églife, où il dit Les chapitres de Magdebourg, de l'empereur Mayence & de Cologne fe fon plaints à nous que clergé. quelques ducs, comtes barons & autres fei Gold Conftit. gneurs temporels, quelques confuls & recteurs 19. 2, p. 92. des villes & des bourgades on fait des ftatuts & des ordonances contre les perfones ecclefiaftiques & contre les droits, la liberté & les privileges des églifes par exemple qu'aucuns biens temporels ne puflent être transferez au pouvoir de l'églife; que les clers in facris ne foient point reçus à poftuler ou porter témoignage dans les afaires civiles, principalement en caufes pieufes; & que les laïques excomuniez & dénoncez ne foient point exclus de comparoître en cour laique. De plus ces feigneurs & ces magiftrats faififfent & arêtent le bien des clers, diminuent & reftraignent les oblations des fideles, extorquent des tailles & d'autres exactions fur les biens ecclefiaftiques, pillent & brûlent les maifons & les terres; refufent d'enregistrer & feller les contrats legitimes paffez entre les clers & les laïques; ils ufurpent les donations & les legs faits aux fabriques, & tirent des églifes & des cimetieres ceux qui s'y refugient. C'eft pourquoi nous caf fons & annulons tous ces ftatuts & ces reglemens ordonant fous peine du ban de l'empire à tous feigneurs & magiftrats de ces provinces de les revoquer & fuprimer. Nous déclarons auffi que quiconque aura défié, pris ou détenu en prifon, fpolié, tué ou mutilé un prêtre ou un clerc outre les peines canoniques fera déclaré

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