infame & exclus de toute affemblée des nobles. An. 1359. Doné à Prague le treizième d'Octobre l'an 1359. indiction douzième.

Pierre Thomas évêque de Patti nonce du pa

XL.

de Pierre

Ian v. to. D

pe à C. P. y étant arrivé & n'y trouvant point Suite de la l'empereur Jean Paléologue qui étoit à la guer légation re, alla le trouver à fon armée & en fut reçu Thomas. avec grand honeur & defraïé liberalement Sup. n. 28. mais l'empereur ne fit pas fi tôt réponse à la let- Vita c. 5. tre du pape, étant ocupé des afaires de la guer- ap. Boll. 29. re. Il promit cependant de faire depofer le patriarche Grec, c'eft Callifte, ennemi de l'union P1009. des églifes, & d'en faire élire un autre, & il comunia de la main du nonce. Puis étant de retour à C. P. il écrivit au pape une lettre, où il dit en fubftance: Nous travaillons avec tout le foin poffible à la réunion de nôtre église avec la fainte églife Romaine,& par le confeil des grands nous avons répondu au feigneur Pierre vôtre nonce, que, come nous l'avons promis,nous voulons être obéiffans, fideles & dévouez à l'églife Romaine, & nous en avons fait ferment entre fes mains en prefence de plufieurs évêques. Mais je ne puis faire quant à prefent que tous mes fujets lui obéiffent, parce que tous ne me font pas fideles & ne m'obéiffent pas à moi-même: au contraire plufieurs cherchent l'ocafion de s'elever contre moi: mais j'acomplirai tout fi vous m'envoyez le fecours que j'ai demandé. Toute ma famille dès le comencement a voulu obéir à l'eglife Romaine; & mon bifayeul eft mort dans cette obéiffance. Il veut dire fon trifayeul Michel Paleologue qui fit fa réunion au concile de Lion. La lettre continue: Je voulois vous en- Sup. liv voyer mon fils le defpote, c'eft Manuel : mais LXXXVI. %. le nonce ne l'a pas jugé à propos quant à prefent. 44. J'efpere qu'il ira bien - tôt. Plût à Dieu que je puffe aller moi-même rendre à vôtre fainteté, le

refpect que je lui dois. Ne craignez rien du paAN. 1359. triarche, je le depoferai, & en mettrai un autre que je fai être fidele à l'églife Romaine. Je vous remercie de nous avoir envoyé un home fi fage & fi prudent: il nous a fort confolez & tous les Grecs & les Latins, qui par fes inftructions ont été convertis ou confirmez dans la vertu. Doné à C P. au palais de Blaquernes l'an du monde 6866. le feptiéme de Novembre indiction onzième, c'est l'an de J. C. 1357.

Vita c. 6. p. 1001.

Le nonce Pierre Thomas ayant pris congé de l'empereur Jean Paleologue paffa de l'île de Chipre, & ariva à Famagoufte, où il fut très-bien reçu par le roi Hugues de Lufignan, qui vint au-devant de lui, & le mena à Nicofie ville de La refidence. Pierre y tomba malade, & la reine lui preparoit à manger de fes propres mains. Etant gueri il alla à Jerufalem, vifita les lieux faints, & prêcha publiquement fans craindre les Sarafins. Ce que le fultan d'Egypte ayant fü après le départ du faint évêque, il fit couper la tête à l'émir de Jerufalem pour l'avoir laiffé aller. L'évêque Pierre revint enfuite à Avignon où le pape Innocent bien informé de fon merite lui dona la legation univerfele de Chipre & des Rain. 1359. provinces voifines. La bulle eft du onzième Mai 1359 & pour mieux foûtenir la dignité le pape le transfera à l'évêché de Coron en Morée, plus Roccho. proche des païs de fa legation, & plus riche que celui de Patri en Sicile: dont il pourvut Jean Graffée de l'Ordre des freres Mincurs.

6.7.

n. 16.

Pierro. p.

401. 404.

Le même jour onzième de Mai le pape dona une autre bulle adreffée au même legat, au patriarche Latin de CP. aux archevêques du refte de la Romanie, de Chipre, de Crete, de Smirne, & à leurs fuffragans: par laquelle il leur repre fente les progrès des Turcs & les ravages qu'ils font dans la chrétienté. Il conclut en ordonant

à ces prélats de publier la Croifade contre eux. Ces Turcs étoicnt ceux de Natolie, dont le fe- AN. 1359. cond fultan Ourchan fils d'Othman mourut cet

Sup. live

XCIV. n. 28

te année 13 5 9.7 6 1. de l'Hégire, après avoir Pocot. fup. tegné trente-quatre ans. Son fucceffeur fut Mo- p. 44. rad ou Amurat furnomé Algazi, c'est-à-dire le Bibl. Orienta conquerant. Il étendit fort fa puiffance en Euro- p. 624 pe pendant environ trente ans qu'il regna, & prit entr'autres Andrinople en 1 3 6 0. & l'année fuivante il établit la milice des Janiffaires.

Rain. 1360.

Vers le même tems mourut Hugues roi de Chipre, laiffant pour fucceffeur Pierre fon fils, qui envoïa en cour de Rome deux ambassadeurs rendre obédience au pape, comme il paroît par . 13. la réponse datée de Villeneuve les Avignon le vingt-huitiéme de Juin. Le nouveau roi Pierre avoit un neveu noné Hugues, fils de Gui fon frere aîné mort avant le pere. Ce jeune prince prétendoit fucceder à la courone de Chipre preferablement à fon oncle: & pour cet éfet il envoïa au pape lui reprefentant fon droit & ofrant de le foumettre à fon jugement. Sur quoi le pape écrivit au roi Pierre dès le vingt-quatriéme de Mai, l'exhortant à faire justice à fon neveu, & prometant de la leur rendre à l'un & à l'autre fans acception de perfone. Pierre de Lufi- Vita c. 8. p. gnan ne laiffa pas de fe faire couroner, & man- 1004. da le legat Pierre Thomas qui revint en Chipre

& le facra & courona folemnelement dans l'égli

fe cathedrale de Famagoufte. Cependant Hugues Mart. The de Lufiguan étoit à Avignon auprès du pape qui faur. anced. lui avoit doné la charge de fenateur de Rome, to. 2. .p.846. comme il paroît par deux lettres du pape datées epift. §. 6. du huitiéme de Janvier 1361. F'une à Marie mere de Hugues imperatrice titulaire de C. P. l'autre aux Romains.

En même-tenis le pape écrivoit de tous côtez pour avoir du fecours contre les Blanches com

XLI.

Ravages

ches com

guerre

pagnies ce qu'il faut reprendre de plus haut. AN. 1359. Après la bataille de Poitiers & la prife du roi des blan- Jean, plufieurs de gens de divers païs pagnies. voyant leurs foldes manquées, & ne fachant plus Froiff vol coment fubfifter en France, s'affemblerent fous 3. C. 177. la conduite d'un gentilhome de Perigord nomé Math. Vill. Arnaud de Cervole, & par fobriquet l'ArchiVita 1. Inn. prêtre. Ils allerent premierement vers la Provence, où ils prirent plufieurs villes & autres places not. p. 946. fortes, & pillerent tout le pays en 1357. Le

lib. vn.c.87.

P. 334.

pape voyant venir cette tempête qui croiffoit de jour en jour, voulut voir toute fa cour fous les armes, & en fit la revuë qui fut grande & belle. Il s'y trouva quatre mille Italiens, qui étoient deux fois autant que tout le refte de cette cour. Enfuite le pape comença à faire fortifier Avignon par de bones murailles, fans prendre alors d'autre précaution au dehors contre la blanche compagnie, car on la nomoit ainfi.

Mais après que la paix entre la France & l'Angleterre eut été conclue à Bretigni près de Chartres le huitiéme de Mai 1360. ces compagnies augmenterent par le grand nombre de troupes congediées, & de malfaiteurs qui couroient la France, nonobftant l'ordre que le roi Jean avoit publié pour les faire retirer. Alors l'Archiprêtre prit & pilla la ville du faint Efprit fur le Rône à fept lieues d'Avignon où le pape & les cardinaux eurent l'allarme très chaude. Ils ordonerent une croifée, comme on disoit alors, à-dire une croifade > contre ces mauvais Chrétiens pires que des infideles : car ils ravageoient le païs, pilloient fur le champ tout ce qu'ils pouvoient trouver, violoient, tuoient homes, femmes & enfans,& qui cometoit les actions les plus infames, étoit le plus eftimé. Le pape fit donc prêcher contre eux, prometant abfolution de peine & de coulpe à ceux qui fe croiferoient &

c'est

expoferoient leur vie pour détruire cette maudite engeance. Les cardinaux élurent Pierre Ber- AN. 1360. trandi cardinal évêque d'Oftie pour être chef de cette croifade, & il alla demeurer à Carpentras, où il recevoit tous ceux qui vouloient fe croifer: mais comme on ne leur donoit rien que l'indulgence, les uns alloient en Lombardie, les autres s'en retournoient à leur païs, quelquesuns même prenoient parti dans la Blanche compagnie qui croiffoit ainfi de jour en jour. Au comencement de l'année 1361. le pape In- Thef. anecd. nocent écrivit plufieurs lettres fur ce fujet. Le to. 1. p.846. huitiéme de Janvier il manda à Louis élu évêque epift. 4. de Valence, de continuer à l'avertir de ce qui se pafferoit touchant cette Compagnic, & s'y opofer autant qu'il pouroit. Le dixiéme du même mois il écrivit à Philipe duc de Bourgogne, le ep. 8. priant d'empêcher les gens de la compagnie de paffer par fes terres, & l'avertiffant de la croifade qu'il a fait prêcher contre eux. Ce duc Philipe furnomé de Rouvre mourut la même an- Lab. Tabl. née, & en lui finit la premiere branche des ducs P. 130. de Bourgogne defcenduë d'un fils du roi Robert. Le pape écrivit de même au gouverneur de Daufiné, au comte de Savoie, à la ville d'Embrun, ep. 9. 10. au roi Jean, à Charles fon fils aîné duc de Nor- 13. 14. 20. mandie, à l'empereur Charles IV. & à plusieurs

autres.

La même année au comencement de Mars Rebd. ann. l'imperatrice acoucha d'un fils à Nuremberg. L'empereur Charles en eut tant de joie, que pour fon batême il convoqua une cour folemnele au même lieu, quù fe trouverent prefque tous les électeurs. L'enfant fut batifé le dimanche Mifericordia, fecond après Pâques, c'est-à-dite le onzième d'Avril 1361. plus d'un mois après fa naiffance, & nomé Venceflas. Ses parains furent trois archevêques, fix évêques &