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Sup. liv.

Xxx111. 7.

petit fils de Kelaon. Il étoit le vingt-deuxième AN. 1366. des Mamelus Turcs, qui toutefois n'avoient comencé qu'en 125 6. tant leurs regnes furent courts & miferables. Schaaban fut reconu fultan à l'âge de dix ans l'an de l'Hegire 764. de J. C. 1362. & après en avoir regné quatorze il fut dépofé & étranglé à vingt-quatre ans en Pococ. fup. 778. 1366. Ce prince donc ou ceux qui gouplem. p. 17. vernoient fous fon nom chercherent à fe mettre à couvert de pareilles infultes, & à cet effet ils envoierent à Venife un ambassadeur 1366.

20.

Rain.

22.12.

pour traiter avec le doge Marc Cornaro. Ce que le pape ayant apris, & craignant que cette negociation ne fût préjudiciable à la croifade, il écrivit au doge fui défendant étroitement de faire aucun traité avec le fultan fans permiffion particuliere du faint fiege. La lettre eft du vingt-cinquième de Janvier 1366.

Or comme le roi de Chipre & les Rodiens étoient les principaux auteurs de l'entreprise fur Alexandrie les Mufulmans d'Egypte firent aliance avec les Turcs pour les chaffer de Chipre & de Rodes. Sur quoi le pape écrivit au roi de . 15. France Charles une lettre du fixiéme Octobre de la même année, où il reprefente que fi les infideles s'emparoient de ces deux îles & des autres terres que le roi de Chipre & les Rodiens poffedoient Outre-mer, on perdroit l'efperance du recouvrement de la Terre-fainte. C'est pourquoi il exhorte le roi à les fecourir promptement, & rendre la mer fûre, afin que l'on puiffe paffer jufqu'à eux. Le pape écrivit fur le même sujet à l'empereur, aux rois d'Hongrie, d'Angleterre, d'Ecoffe, d'Aragon, de Danemarc, de Pologne & à la reine de Naples Jeanne. Mais ces lettres furent fans fruit.

22. 14.

Le même jour fixiéme d'Octobre le pape écri vit au patriarche d'Aquilée & à ses fuffragans,

AN. 1366.

leur ordonant d'exhorter tous leurs diocefains à
fecourir le roi de Chipre & les Rodiens; & pro-
metant l'indulgence de la Croifade à ceux qui les
aideroient de leurs perfones ou de leur biens.
La même lettre fut envoyée aux évêques d'Ita-
lie, de Sicile, de Dalmatie, d'Allemagne & de
France. Mais elle dona prétexte à quelques im-
pofteurs de prêcher la Croifade fans commiflion
du pape, & d'en titer de l'argent à leur profit:
ce que le pape ayant apris, il ordona aux évê-
ques de les mettre en prifon. Cependant le pape n. 13.
confeilla au Roi de Chipre de faire la paix
ou la trêve la plus avantageufe qu'il pourroit
avec le fultan: c'eft ce que porte fa lettre du
vingt-troifiéme d'Octobre.

LIII.

Promotion

naux.

990.

72. 10 1.

Le dix-huitiéme de Septembre de la même année 1366. qui étoit le vendredi des Quatre- de carditemps le pape Urbain fit une promotion de trois cardinaux prêtres. Le premier fut Guillaume Su Vita p. dre natif de l'Augene près de Tulle en Limoufin. 374. p Il entra dans l'Ordre des freres Prêcheurs au convent de Brive, puis étant devenu docteur en theologie, il l'enfeigna à Carcaffone: il fut enfuite provincial de la province de Touloufe, & deux ans après maitre du facré palais. En 1361. il fut Gall. Chrif. fait évêque de Marseille, & quatre ans après il affifta au concile de trois provinces tenu à Apt p. 658. au mois de Mai 1365. Il fut cardinal du titie de faint Jean & faint Paul. Le fecond fut Anglic de Grimoard frere du pape alors évêque d'Avignon qui eut pour titre faint Pierre aux liens. Le troifiéme fut Marc de Viterbe alors général des freres Mineurs, fon titre fut fainte Praxede. Le pape Urbain fe propofoit depuis longtemps d'aller à Rome établir fa réfidence, & fatisfaire au defir des Romains, qui l'en prioient inftament. Voci comme il leur en parloit dans une lettre du vingt-troifiéme de Mai 136 3. la

LIV.

Le pape ré folu d'aller

à Rome. Rain. 1363. 72.7.

10. 1365. 2.

9.

premiere année de fon pontificat: Nous avons AN. 1366. découvert confidemment à vos ambassadeurs nôtre defir fecret d'aller à Rome : que nous accomplirions promtement fans quelques obftacles confiderables que nous leur avons montrez, & dont nous efperons que Dieu nous délivrera. Id. 1364. . L'année fuivante il remercia l'empereur Charles de l'offre obligeante qu'il lui avoit faite de l'acompagner en ce voyage; & en 1365. il réïtera la promeffe qu'il avoit faite aux Romains, & enjoignit à l'évêque d'Orviete fon vicaire à Rome de reparer le palais apoftolique. Enfin cette année 1366. il déclara publiquement fon intention, & envoya des gens tant à Viterbe, où il 373 374 pretendoit aller d'abord & y faire quelque fejour, qu'à Rome, pour y preparer les chofes neceffaires, & marquer les ogemens des cardinaux, il dona pour terme de fon voyage le temps Pafcal de l'année fuiyante.

Vita 1. p.

Id. 1366. n. 26.

,

&

Après une diete tenue à Francfort où on traita des moyens de retablir la paix en Italie: l'empereur Charles envoya demander au pape: Voulez-vous que j'entre devant vous en Italie ave: mes troupes, ou que je vous y fuive?Le pape repondit: Nous avons refolu de nous mettre en chemin au mois de Mai prochain, & de continuer nôtre marche fi diligemment que nous puiffions arriver dans le même mois à Vicerbe; nous faifons faire tant là qu'à Rome les preparatifs & même les reparations neceffaires. Or je vous prie de confiderer les grands maux que font ces maudites compagnies, & les perils dont les terres de l'églife Romaine & de l'empire font menacez. Ayez donc la bonté de hâter vôtre marche le plus que vous pourez: car nous vous donerons de nôtre part tous les fecours qui dépendent de nous, foit des indulgences & des decimes, foit des follicitations de fecours de la part

du roi de Hongrie.La lettre eft du tientiéme d'Octobre

AN. 1366.

On trouve un difcours fait devant le pape Ur- Duboulai. bain V. & les cardinaux de la part du roi de Fran- to. p. 396. ce pour le detourner d'aller à Rome, & atribué à Nicolas Orefine docteur fameux grand maître du colege de Navare, qui avoit été precepteur du roi & fut depuis évêque de Lifieux. Ce difcours eft très-long & très-infipide, chargé de citations inutiles & de mauvaises raifons: aufli étoit-il difficile d'en trouver de bones pour un tel fujet. En voici quelques-unes. La France eft p. 403. un lieu plus faint que Rome même avant qu'elle eût reçu la foi. Cefar temoigne que toute la nation des Gaulois étoit fort adonée à la religion: depuis que la France a reçu la foi, elle eft ornée de precieufes reliques, la croix, la courone d'épines, les clous, le fer de la lance qui perça le côté de N. S. Il raporte enfuite le paffage de faint Bernard touchant les vices des Romains: p. 407. puis revenant à la France, il dit que les études ont été transferées de Rome à Paris par Charlemagne, & s'étend fur les louanges de l'univerfité. Enfin le pape doit refider en France, parce p. 408. que c'eft fon pais natal, comme J. C. a refidé 1. 411. dans la Judée. Nous voyons les mêmes raisons & prefque en mêmes termes à la fin d'un ouvrage anonime du même temps intitulé: Le fonge du Gold. Mo verger, qui eft un traité de la puiffance ecclefia- noc. to. 1. ftique & feculiere en forme de dialogue entre un P. 223. clerc & un chevalier.

Petrarque fameux

par fes poëfies Italienes & fes œuvres Latines, écrivit au contraire pour afermir le pape dans fa réfolution, & l'exhorter

à aller à Rome. Sa lettre eft datée de Venife le Senil. lib. vingt-ncuviéme de Juin. Il s'y propofe cette ob- v. 1. jection: Voulez-vous faire la loi au pape ? & ne p. 8144 lui doner pour époufe qu'une églife particuliere,

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UNIVERSIDAD CENTRAL

BIBLIOTECA

Lib. IV. epift. 8. Sur. liv. xxxv. n. 39.

au lieu de l'églife univerfelle? par tout où il AN. 1366. choifit fa demeure, là eft son épouse & fon fiege. Il eût été facile de répondre en disant avec faint Gregoire, qu'aucun évêque pas même le pape ne doit prendre le titre d'évêque univerfel, de peur qu'il ne femble s'attribuer feul l'épifcopat, & l'ôter à tous fes freres. Mais Petrarque n'en favoit pas tant, & il fe contente de répondre: Je ne reffere pas votre fiege, & je voudrois pouvoir étendre vôtre puiflance jufqu'aux extremitez de la terre. Je ne nie pas que vôtre fiege ne foit par tout où le nom de J. C. eft honoré mais on ne doit pas me nier auffi que Rome n'ait un raport particulier à vous, comme n'ayant point d'autre époux, ni d'autre évêque.

p. 815.

p. 820.

Vous avez éloigné de vôtre cour plusieurs évéques pour les rendre à leurs églifes, Rome n'aura-t-elle pas auffi le fien il s'étend fur les loüanp. 817.818. ges de l'Italie: il foûtient que le pape fera plus en fureté à Rome que par tout ailleurs ; & releve l'infulte qu'il a fouferte des Blanches-compagnies dont il a été obligé de fe racheter par argent. Il reprefente au pape le trifte état de rOrient, pour l'exciter à s'en raprocher & à ramener les Grecs qu'il dit-être plus ennemis des Latins que ne font les infideles. Il finit cette longue lettre en exhortant le pape à fonger à la mort & au jugement de Dieu.

p. 824.

p. 826.

LV.

Cette année les freres Mineurs firent en Bulgarie des converfions confiderables, comme on voit Converfions en par une lettre de Marc de Viterbe general de Bulgarie l'Ordre au miniftre de la province de faint FranVading. çois, où il dit: Je reçus hier des lettres très1366. 2.15. agreables du roi de Hongrie Louis & du vicaire S. Anton. de Bofnie. Il me mande qu'à la priere du roi par. 3. tit. il a envoié dans un païs voifin huit freres de nôtre Ordre, qui en cinquante jours ont batifé plus de deux cens mille homes; & afin qu'on ne

24. 12.9. §. 20.

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