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228.

avoit eû depuis douze sue Quand le légat Ber AN 1340. trand Poïet y arriva, il trouva, fur ce fiege Arnolde Sabatier, Bolonois, qui de chanoine de Meaux, avoit été élû évêque de Bologne en 1322. mais le clergé l'accufa d'avoir acheté l'évêché, & la fimonie étant prouvée, le légat F'en dépouilla en 1329. Toutefois la même année le pape le transfera à Riés en Provence, & pourvut de l'évêché de Bologne Etienne Agoner François de la Province de Narbonne, archidiacre de Parme, chapellain du pape, & chancelier du légat. Il étoit laid, boffu & de mœurs défagreables; ce qui le rendit odieux au peuple de Bologne mais il mourut au bout de deux ans. A fa place le légat fit pourvoir de l'évêché de Sigon de Bologne, Lambert de Poiet fon neveu, natif de epif. p. 171. Cahors qui fut facré au mois d'Octobre Baluz. vit. 1333. mais l'année fuivante dans le foûleve

to. 1. p.

$28.

Rain. n.

69.

ment du peuple, il fut enfermé au château avec
fon oncle, dont la conduite imperieufe, & l'in-
troduction de ces évêques étrangers avoient
beaucoup contribué à la révolte de la ville. Lam-
bert étant délivré, fuivit fon oncle en France
& renonça à l'évêché de Bologne en 1336.
Mais dès le cin quiéme de Juin 1332. le pape

avoit doné cet évêché à Albert Acciaioli Floren

tiu, élû évêque d'Apt en Provence, & il en eut l'adminiftration jufques en 1340. que Beltrarmin lui fucceda.

Plufieurs villes de Lombardie qui avoient fuivi le parti de Louis de Baviere & de l'antipape revinrent à l'obedience du pape Benoît, & envoïerent un findic chargé de leur procuration datée du lundi trentiéme d'Octobre 1340. pour déclarer qu'ils fe foûmettent à fes ordres touchaut les excés qu'ils ont commis contre lui &. Véglife Romaine. Qu'ils ne croient pas que l'em-pereur puiffe dépofer le pape, & en faire un autre

I

mais qu'ils tienent cette propofition pour heretique. Ils promettent de ne point adherer à Louis AN. 1340. de Baviere, ni à aucun fchifmatique ; & demanIdent pardon de lui avoit obéi & à Matthieu Vifconti, & d'avoir reçû les nonces de l'antipape. Les citoïens de Novarre, de Verceil & de Come firent même foûmiffion par le même findic; & tous furent abfous de cenfures.

Seconde

tentative

de Major.

Nous avons vu que Philippe de Majorque vri avoit demandé au pape Jean XXII. la permiflion de pratiquer à la lettre la regle de S. François, & de Philippe la lui avoit refufée. H revint à la que le рарс charge douze ans aprés, demandant au pape que. Benoît la même permiflion; & pour l'obtenir Sup. liv. plus facilement, il emploïa la recommandation xc. ne du roi de Naples Robert auquel le pape répon- ss. dit: Ce que nôtre prédeceffeur a refufé, aprés Rain. en avoir pleinement deliberé en confiftoire, ne 1340. doit pas être facilement remis à l'examen. Les n. 650 papes nos prédeceffeurs ont donné fur cette regle plufieurs déclarations à la priere des freres de 'Ordre, dont quelques-unes ont été mises entre les conftitutions autentiques. Or fi l'on acordoit cette demande, leur autorité feroit ébranlée, & l'union banie de l'ordre des freres Mineurs, où il n'y a déja que trop de divifion. De plus le faint fiege n'a aprouvé que quatre ordres de religieux mandians; & celui-ci en feroit un cinquième: ce que nous ne croions pas expedient d'accorder en ces temps-ci. Philippe ajoûte dans fa fupplique qu'il trouve une infinité d'obstacles à l'obfervation litterale de la regle : mais finous levions ces obftacles, on pouroit croire que nous ferions plus favorables à cette nouvelle religion, qu'à l'ancienne aprouvée depuis long-tems. Il en arriveroit encore un au tre inconvenient : c'eft que plufieurs freres de cet. ordre & des autres, que leurs fuperieurs vou

droient corriger, feindroient de vouloir paffer AN. 1340. ce nouvel ordre, & en prendroient occafion d'être vagabonds.

VIII. Réduction

de Milan

& des Vif

conti.

4. p. 978.

Enfin la perfone de Philippe eft odieufe : il eft notoirement promoteur & défenfeur de la fete des Beguins:il a tenu publiquement plufieurs difcours fcandaleux contre le pape Jean & le faint fiege, qui le rendent violemment fufpect ¿'herefie ; & nous n'aprenons pas qu'il ait encore doné aucun figne de repentir. Par toutes ces raifons nous ne pouvons en confcience lui accorder la demande; & vous terniriés vôtre gloire, fi vous foufriés un tel homme dans votre roïaume. La lettre eft du feptiéme d'Aout 1340.

L'année suivante: les deux freres Jean & Laquin Vifconti, fils de Matthieu, fe reconcilierent avec le pape Benoît. Luquin étoit en poffeffion de Milan après la mort de Galeas fon frere aîné, & Jean étoit évêque de Novare depuis l'an 1329. auquel le pape jean fui dona cet évêché, après qu'il eut renoncé au fchifme & au Ughell. to. titre de cardinal que lui avoit doné l'antipape. Ces deux freres envoierent donc au pape Guidole de Calice, citoïen de Milan, le même qui avoit negocié l'accommodement de Bologne & des autres villes de Lombardie. Il étoit chargé de la procuration de Jean & Luquin Visconti, & fit en leur nom les mêmes déclarations & les mêmes promeffes: foûmiffion & obeïffance au pape, reconoiffant qu'il ne peut être depofé par l'empereur, promeffe de ne jamais adherer à Louis de Baviere, ni à aucun empereur qui ne foit aprouvé par le pape: de paier au pape & aux cardinaux cinquante mille florins d'or en dedommagement de tous les torts faits par eux & leur famille aux légats & aux nouces du pape. Enfin ils reconurent que pendant la vacance de l'empire, comme il vaquoit alors, le pape en

Rain.

1341. n. 15. Ughell. p.

300.

avoit l'adminiftration ; & en confequence qu'ils vouloient tenir du pape & de l'églife Romaine le AN. 15 4 1. gouvernement de Milan & de fes dependances. Au fond il importoit peu aux Vifconti & aux autres petits feigneurs de Lombardie de fe foumettre de paroles au pape ou à l'empereur : pourvu qu'en effet ils demeuraffent maîtres des villes dont ils étoient en poffeffion.

Vghell p

305

Aprés ces déclarations & ces promeffes faites en confiftoire, le pape accorda aux deux freres, leur vie durant, le gouvernement de la ville de Milan : & de fon territoire avec toute jurifdition & toute puiffance temporelle, comme vi- Rain. n. 337 caires de l'églife Romaine pendant la vacance de Fempire, & pour réparation des fautes paflées, il impofa à la ville de Milan la penitence fuivan- ". 26, te: Vous ferés bâtir deux chapelles en l'honeur de faint Benoît, l'une en la grande églife, l'autre en l'églife de faint Ambroife, en chacune defquelles un prêtre celebrera tous les jours la mesfe, recevant pour revenu trente florins d'or ; & le jour de S. Benoît vous ferés l'aumône à deux mille pauvres, en donant à chacun un pain de douze onces. A ces conditions fut levé l'interdit & toutes les autres cenfures. La bulle eft du quinze de Mai 13 41.

I X.

du mont

L'abbé Barlaam à fon retour d'Avignon revint à Theffalonique, où il avoit deja paffé quel- Quietiftes Eques années, & il y eut de grandes difputes avec Athos. des moines du mont Athos, qui prétendoient Sup. n. 1, avoir pouffé la perfection de l'oraifon jufques à voir des yeux corporels une lumiere qui étoit Dieu même, & être arrivés à l'état de la sublime quietude. Barlaam les accufoit de renouveler Therefie des Maffaliens condamnés à Antioche vers la fin du quatrième fiecle; & les nommoit Sup. 1. Omphalopfy ques c'eft-à-dire, aiant Fame xx. n. 25, au nombril. Or le fondement de ce reproche 16.

Cave. p. 425.

Allar, de

Conf. p. 29.

-étoit la pofture où ces pretendus Quietistes fe AN. 1341. mettoient pour prier, & qui eft décrite dans un traité fpirituel de Simeon abbé du monastere de Xerocerque à C. P. vers le milieu de l'onzième fiécle. Voici fes paroles: Etant feul dans ta cellule, ferme ta porte, & t'affis en un coin. Eleve ton efprit au-deffus de toutes les chofes vaines & paflageres enfuite appuie ta barbe fur ta poitrine: tourne les yeux avec toute ta pensée au milieu de ton ventre, c'est-à-dire au nombril. Retiens encore ta refpiration, même par le nez cherches dans tes entrailles la place du cœur où habitent pour l'ordinaire toutes les puiffances de l'ame. D'abord tu y trouveras des tenebres épaiffes & difficiles à diffiper; mais fi tu perfe veres continuant cette pratique nuit & jour, tu trouveras, merveille furprenante, une joie fans interruption. Car fi-tôt que l'efprit a trouvé la place du cœur, il voit ce qu'il n'avoit jamais fû; il voit l'air qui eft dans le cœur, & fe void luimême lumineux & plein de difcernement. Telle étoit la methode d'oraifon de ces Quietiftes ou Hefycaftes, car on les nommoit encore ainfi.

Nic. Greg.
XIX. hift.

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Le chef de ceux que combattoit Barlaam étoit Gregoire Palamas, à qui Nicephore Gre goras avoit oui dire qu'il voioit de fes yeux Feffence divine. Nicephore difoit d'avoir oui dire à Palamas & à Drimyr fon compagnon, en prefen ce de plufieurs perfonnes, avant que Barlaam vint en Grece, c'est-à-dire avant l'an 15:38. Il les avoir dés lors vivement repris, & en avoit averti Boiv. vita le grand logotheté & quelques favans prélats, qui dirent que c'étoit l'herefie des Maffaliens, & lui ordonnerent de fuir la compagnie de ces genslà. Palamas fe trouvant donc à Theffalonique, lorfque Barlaam y revint, foûtint que cette lumiere divine dont il s'agiffoit, avoit apparu à plufieurs faints comme aux martyrs pendant

Ni. G.

Cantac

lib. 1. c. 39. p.

3326

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