XCI. n. 33.

Le pape aprit auffi qu'en quelques lieux de AN. 1372. Sicile il fe trouvoit des perfones qui honoroient Rain. n. 36. comme faints des difciples de Douein & des freSup. liv. res de la vie pauvre, quoi que ces fectes euffent été condamnées par le S. fiege. Ils gardoient leurs os comme des reliques, érigeoient en leur honeur des églises ou des chapelles, & les vifitoient tous les ans à grandes troupes & avec du luminaire au jour de la mort de ces prétendus faints. Sur cet avis le pape écrivit aux évêques de Sicile d'empêcher à l'avenir ce culte fuperftitieux, non-feulement par les cenfutes ecclefiaftiques, mais s'il étoit befoin par le fecours du bras feculier. La lettre eft du douzième de Septembre.

XXIV. S. André Corfin.

Bull. 30. Ianv. to. 2. p. 161.

Au commencement de l'année fuivante 1373. mourut un vrai faint, favoir André Corfin évéque de Fiefole en Tofane. Il naquit à Florence vers l'an 1302. de la famille noble de Corfini. Avant qu'il fût né, fon pere & fa mere avoient promis à Dieu le premier fruit de leur mariage : mais d'abord André répondit mal à leurs intentions. Dès l'âge de douze ans il comença à être indocile & libertin, ce qui dura environ trois ans après lefquels fa mere qu'il venoit d'injurier, lui dit; Je voi bien, mon fils, que tu es le loup que, j'ai fongé car la veille de ta naissance je m'imaginai acoucher d'un loup; qui entrant dans une églife devint un agneau. Tu es à la fainte Vierge a qui nous t'avons voué & non pas à nous. Ces paroles fraperent tellement le jeune André, qu'il y penfa toute la nuit, & résolut de se

convertir.

Le lendemain il alla à l'églife des Carmes, demanda à être reçu dans l'Ordre, & l'obtint du confentement, & avec la benediction de fon pere & de fa mere. Après fa profeffion il prit pour. regle de fe doner rudement la difcipline tous les

vendredis, puis aller quêter dans la grande ruë de Florence, un grand cabas au cou: de quoi AN. 1373: Les parens fe tenoient ofenfez,mais il leur difoit: C'est ma profeffion, mon métier eft de mandier. Etant ordoné prêtre, il ne voulut point de folemnité à fa premiere meffe comme defiroient fes parens, mais il l'alla dire à un petit convent hors de la ville. Il vint étudier à Paris par ordre du chapitre general, & y demeura trois ans. En retournant il paffa à Avignon, où il fut retenu quelques jours pat le cardinal de Florence Pierre Corfini fon parent. André y guérit un aveugle, on lui atribue encore quelques autres guérifons

A fon retour il fut fait prieur du convent de Ughel. to. zĮ Florence, mais en 1 3 4 9. le treizième d'Octo- p. 329. bre il fut élu évêqae de Fiefole; & confirmé par le pape Clement VI. Il s'enfuit fecretement, & fe cacha chez les Chartreux : on le chercha inutilement, & on alloit proceder à une nouvele élection, quand un enfant de trois ans fe jeta dans l'affemblée, & cria: Dieu a choifi André, envoyez aux Chartreux, & vous le trouverez en priere Il fut donc facré, & gouverna l'église de Fiefole vingt-trois ans , exerçant, entr'autres vertus, une grande charité envers les pau. vres. Enfin il mourut le jour de l'Epiphanie fixiéme de Janvier 1373. Après plufieurs pourfuites pour fa canonization, reprises de tems en tems elle fut confomée par le pape Urbain

VIII. en 1 6 2 9..

Bullar. p

1064.

XXV.

Cenfures contre les Visconti.

Le pape Gregoire fuivant les traces de fes prédeceffeurs, renouvela les procedures contre les deux freres Bernabo & Galeas Visconti.Le vingtfixiéme de Juillet 1 3 7 2, il écrivit à tous les évê- Rain, 1372, que d'Alemagne une lettre, où il releve les aten- n. 1. tats de Bernabo contre l'empire & contre l'églife Romaine fa perfidie à rompre les traitez faits

avec le faint fiege & fes nouveles ufurpations. AN. 1372. Le pape conclut en défendant à qui que ce foit de doner aide, confeil, vivre ou argent à ces deux freres, il declara leurs fujets difpenfez de tout ferment, & prononce contre leurs adhérans anathême, interdit & privation de toutes charges & dignitez: enfin il ordone à tous les évêques de s'élever contre ces tyrans.

Id. 137 3.

1. 10.

Le feptiéme de Janvier 1373. le pape publia contre eux une autre bulle où il raporte en détail les cruautez qu'ils avoient exercées contre plufieurs ecclefiaftiques qu'ils avoient fait mourir depuis quatre ans. Les benefices dont ils avoient difpofé par violence, & les ufurpations des biens ecclefiaítiques. La conclufion eft que le pape cite Bernabo a comparoître le vingt-huitième de Mars à l'heure du confiftoire pour plaider fa caufe & oüir fa fentence. De plus le pape voulant empêcher que les Visconti ne fiffent de nouveles alliances avec les princes & les grands, défendit Vita. to. 1. de contracter mariage avec eux fous peine de nulité; & quelque extraordinaire que fût cette défense, elle porta plufieurs perfones à fe retirer de leur alliance qu'ils auroient volontiers recherchée.

. 450.

Mais le pape vit bien qu'il faloit des moyens plus éficaces pour retenir les Visconti: c'eft pourquoi il affembla contre eux une grande armée, tant de ses terres & de celles de fes alliez, que du royaume de France, & en fit general Amedée comte de Savoie. Il emporta quelques avantages fur Bernabo, qui fit des propofitions de paix: Rain. n. 13. fur quoi le pape répondit: C'eft un parjure notoire, & ces gens-là n'obfervent la paix & leurs promeffes que felon leur interêt : nous ne faifons point des dépenfes fi exceffives pour parvenir à une paix trompeufe.

VI. Paix entre

Le pape Gregoire eut foin de fe faire rendre

homa

homage par les feudataires du faint fiége, en

Sicile.

4.

n. S. &c.

tre autres par la reine Jeanne de Naples, qui fit AN. 1373. le fien dès le quatrième Janvier 1372. entre les Naples & mains de Bernard de Rouergue archevêque de Id. 1372. Naples, à qui le pape avoit doné commiffion de le recevoir. En même temps le pape procura la Ughel. to. paix entre cette princeffe & Frideric d'Arragon 6. p. 198. toi de Sicile. Cette paix fe troitoit depuis plufieurs années entre deux religieux de l'Ordre des Rain. 13720 freres Mineurs, favoir Ubertin de Corillon pre- Vading. mier chapelain de Frideric & Jean évêque de 1372.n. 18. Gravine confefleur de la reine Jeanne. Enfin le traité fut conclu entre eux, & confirmé par le Bzov. 1373. pape, avec quelques modifications le premier jour d'Octobre 13 72. Puis il envoya Jean de Reveillon évêque de Sarlat pour recevoir la ra- Rain. 1372. tification des parties: ce qui fut executé le der ". 25. nier jour de Mars 1373. & l'évêque de Sarlat

22.24.25.

&c.

paffa en Sicile, où il leva les cenfures dont cette Vite p. île étoit liée depuis longues années. Enfuite à la 432. 1122. priere du roi Frideric le pape dona ordre à ce pré- Rain. 1373. lat de le couroner roi de Trinacrie par commif- ". 19. fion du trentiéme de Mars 1375.

Cependant le pape Gregoire écrivit au roi de XXVII. France Charles V. une lettre ouì il dit: Nous Turlupins heretiques. avons apris qu'en quelques lieux de vêtre roiau- Rain. 1373• me des perfones de l'un & de l'autre fexe de la n. 19. 20. fecte des Begards, autrenient nomez Turlupins, fement diverfes herefies; & que vous avez comencé à les faire pourfuivre par les Inquifiteurs. On voit ici que Turlupin étoit alors un nom serieux d'une efpece de Manichéens ce qui eft Du Canz confirmé Gloff. Tr par un mémoire de la chambre des comptes de Paris daté de cette même année. La lettre du pape continue: Nous avons aufli apris qu'en Daufiné & dans les lieux voisins, il y a une grande multitude de Vaudois; & que quel ques-uns de vos officiers loin de foûtenir les In Tome XX,

L

lup.

quifiteurs comme ils devroient, leur metent des AN. 1373. obftacles, leur affignant des lieux mal-furs pour agir contre des heretiques ne leur permetant pas de proceder fans le juge feculier, où les obligeant à lui montrer leurs procedures. Ils delivrent ceux que les Inquifiteurs ont emprisoné comme heretiques ou fufpects; ils refufent de prêter le ferment ordoné par le droit de purger le pais d'heretiques. Le pape exhorte le roi à remedier à ces défordres ; & la lettre eft du vingt-feptiéme de Mars 1373. Mais il eft bon d'obferver les reftrictions aportées dès-lors à l'exercice de l'Inquifition.

Quant aux Turlupins ils fe nomoient la focieté des pauvres, & difoient qu'on ne devoit avoir honte de rien de ce qui eft naturel; & par confequent l'ouvrage de Dieu. Ils découvroient donc leur nudité, & fe mêloient indifferemment comme les bêtes: ne diftinguant pas de l'inftitution divine le défordre introduit par le peché. Le roi Charles V. arrêta le cours de cette fecte par les châtimens. A Paris on brûla leurs habits & leurs livres dans le marché aux pourceaux hors Gaguin. lib. la porte faint Honoré: On brûla deux des preCont. Fr, miers qui avoient profeffe cette fecte favoir Jeanne d'Aubenton & un homme dont on ne dit pas le nom.

9.

de Nang.

Rain. 1373.

n. 19.

Direct. Inquif. 2. par 2·11. p.267.

pape

Vers le même temps le dona fes ordres pour arrêter Arnaud Montanier frere Mineur de Pui-cerda en Catalogne, qui dès le tems d'Innocent VI. prêchoit & foûtenoit quelques erreurs, que l'on réduifit à ces quatre propofitions. J.C. & Les apôtres n'ont rien eu en propre ni en comun. Quiconque porte l'habit de S. François ne peur être damné. S.François defcend en purgatoire un jour de chaque année & en tire les ames de ceux qui ont été de fon Ordre. Cet Ordre durera perpetuelement. Er. Arnaud ne voulut point abjur