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fiècle, & rentrer dans fon duché. Mais le pape AN. 1374. ne trouvant point de caufe pour cette difpense, la refufa comme la premicre.

P. 28. D.

Alors Ladiflas à l'infçu du roiLouis, & acompagné feulement de quatre domeftiques, paila dans la grande Pologne: mais étant arivé à Gnefne, il fut reconu par fon hôte le jour de la nativité de la Vierge huitiéme de Septembre, qui étoit un vendredi, & par confequent l'an 1374. Se voyant découvert il fe retira promptement, & ayant pris quelques châteaux, foûtint la guerre quelque temps, mais fans fuccès. Enfin il fut réduit à fe foumettre au roi Loüis, & lui vendre fon duché de Gricucovie pour dix mille florius, & le roi lui dona de plus une riche abbaye de l'Ordre de Citeaux en Hongrie, pour y paffer le refte de fes jours. Après y avoir demeuré plufieurs années, il la quita encore,& revint faire pehitence à fon monaftere de faint Benigne de Dijon où il mourut.

XXXIII. Cette année 1374. mourut François PétrarLe Pocte que perfonage fameux qu'il eft important de coFétrárque. noître, pour juger de quel poids doit être fon

Vita per Squarz.

témoignage touchant les papes de fon temps &

la cour de Rome. Il naquit à Arezzo en Toscane le vingt-huitiéme Juillet 13 0 4. Sou pere étoit Florentin d'une famille ancienc: mais il avoit été chaffé de Florence par une faction peu de temps auparavant. François avoit environ neuf ans quand fon pere quita l'Italic & alla à Avignon cherchant à fubfifter à la fuite de la cour de Rome. Le jeune François comença fes études à Carpentras d'où fon pere l'envoya à Montpelier étudier en droit, puis à Boulogne: mais il n'avoit point de goût pour cette étude, toute fon application étoit pour Ciceron, Virgile & les hiftoriens, & en effet s'y appliqua fi bien; qu'il fut un des premiers qui ramena l'amour des belles lettres & les études agreables.

Etant revenu à Avignon il paffa quelques années à voyager en France & en Italie; il vint à AN. 1374. Paris, il alla à Rome où il obferva curieufement les antiquitez, puis il retourna à Avignon, & fe recira à un lieu nomé Vauclufe où il trouva une folitude agreable, & y compofa la plupart de fes ouvrages. Les plus conus font fes poëties Italie nes, dont le principal fujet cft fon amour pour la belle Laure. Il avoit toutefois mené la vie cle ricale dès fa premiere jeuneffe, & fut dans la fuite archidiacre de Parme & chanoine de Padoue:mais fa profeffion ne l'empêcha pas de doner dans la débauche, lorsqu'il étoit jeune, & il ne s'en retira qu'à l'âge de quarante ans. Il eut ainfi une fille qu'il noma Francifcole, & elle fut mariée. Le pape Benoît XII. voulut perfuader à Petrarque d'époufer Laure, lui promettant difpenfe pour garder fes benefices: mais le poëte lui reprefenta que s'il étoit une fois en poffeffion de Laure, tout ce qu'il prétendoit dire encore d'elle ne feroit plus de faifon. Quant à Laure qui n'avoit pas les mêmes raifons, fe voyant fruftrée de fon efperance, elle fe maria à un autre,

A l'âge de trente- fept ans Pétrarque alla à Naples voir le roi Robert amateur des gens de lettres, & à fa recomandation il vint à Rome fe faire couroner poëte, pretendant rapeler un ancien ufage, dont toutefois on ne trouve aucune trace dans l'antiquité. Cette vaine ceremonie plus profane que chrétiene fe fit le jour de Pâques huitiéme d'Avril 1341. auquel Petrarque reçut folemnelement au Capitole une courone de

laurier.

Mais ce qui montre le plus fon peu de fens & la legereté de fes pensées, c'est qu'il fe déclara hautement pour Nicolas Laurent, cet extravagant qui fous le titre de tribun du peuple fit ré- Sup. liv.` volter Rome en 1347. avec le malheureux fuc xcv. n. 38.

Hort. ad Nic. Laur. P. 535.

cez que vous avez vû, Péttarque lui écrivie AN. 1374. comme à un heros restaurateur de la liberté Romaine, il le compare aux Brutus, aux Camilles, à ce que l'anciene Rome a eu de plus grand : il l'exhorte à pourfuivre fon entreprife & les Romains à le fuivre, enfin il ne lui promet pas moins que la recompenfe celefte. Après cela peut-on aleguer Petrarque comme un auteur ferieux, & dire que fes lettres Latines font pleines de graviMyft. d'i- té, de zele & de doctrine?peut-on prendre avanniq. p. 440. tage de fes déclamations vagues contre la cour de Rome, pour dire comme lui qu'Avignon étoit Babilone, & l'églife qui y refidoit la proftituée de l'Apocalypfe Il mourut à foixante & dix ans le dix-neuviéme Juillet 1374.

XXXIV. Lettre du pape à

Cantacuzene.

Sup. liv.

xcvi. n. 37.

72.8.3.

?

Jean Cantacuzene alors moine & autrefois empereur fe trouvant à C. P. entra en conference avec des freres Prêcheurs que le pape envoyoit en Armenie & plufieurs autres Grecs prirent part à la difpute. On y parla des diferens entre les Grecs & les Latins ; & Cantacuzene dit : Je croi que l'églife Romaine a la primauté fur toutes les Rain. 1375. églifes du monde; & j'expoferois ma vie, s'il étoit befoin, pour la défenfe de cette verité. Le pape Gregoire aïant apris ce fait d'un évêque digne de foi, écrivit à Cantacuzene pour l'en congratuler, & dit dans fa lettre : C'est le refus de conoître nôtre primauté qui a caufé la divifion entre les Latins & les Grecs, & entretenu le fchifme. D'ailleurs vous avez une grande reputation de prudence, de gravité dans vos mœurs & de frence, outre l'éclat qui vous refte de la dignité imperiale: c'est pourquoi nous vous prions inftament de travailler de toutes vos forces à l'union des églifes, dont vous pouvez être le principal promoteur; & nous aurions un grand plaifin de vous voir & de traiter cette afaire avec yous, fi vous pouviez venir à Rome, où nous

avons réfolu d'aller l'automne prochain. La lettre eft du vingt-huitiéme de Janvier 1375.

AN. 1375.

folu d'aller

à Rome.

Le pape avoit déja déclaré fon dessein d'aller à XXXV. Rome dès l'année precedente, en conféquence Le pape ré. d'une ambassade folemnelle, qu'il reçut de la part des Romains. Voici comme il en écrivit à l'em- Id. 1574 pereur Charles IV. le huitiéme d'Octobre: Dès n. 23. le comencement de nôtre pontificat, nous avons toujours défiré d'aller à Rome, où eft principalement nôtre fiege, & d'y réfider avec nôtre cour, ou dans les lieux voifins. Divers obftacles nous ont empêché jufqu'ici de faire ce voyage, ni même d'en fixer le temps: mais à prefent nous ne voulons plus differer, & nous avons réfolu de partir, Dieu aidant, au mois de Septembre prochain. C'est pourquoi nous vous mandons cette nouvelle que nous croïons vous devoir être agreable: vous priant que nous puiffions faire furement ce voyage avec nôtre cour, & demeurer à Rome paífiblement. Le pape écrivit de même & en même tems au duc d'Autriche, à Louis roi de Hongrie, à Frideric roi de Sicile, & à tous les princes d'Italie.

XCVI. n. 53

n. 22.

Nous avons vû la répugnance qu'avoient les Sup. liv. François à laiffer le pape à Rome, & les remontrances qu'ils firent à Urbain V. fur ce fujet. C'est ce qui obligea Gregoire XI. à écrire au roi Rain. 1375 • Charles V. une lettre où il dit: Quoi qu'il nous foit dur de nous éloigner de vous, & de nôtre pays natal toutefois la bienfeance, l'interêt de la religion & de l'état temporel de l'églife, nous preffent d'aller à Rome, & après une mûre déliberation nous avons réfolu de nous y rendre au printemps prochain. La lettre eft du neuviéme de Janvier 1375. La même lettre eft cavoyée au roi Edouard d'Angleterre, Ferdinand de Portugal, Henri de Caftille, Pierre d'Arragon & Charles de Navare. Mais cafuite le pape efperant faire.

la paix entre la France & l'Angleterre pendant AN. 1375. l'automne de cette année, remit fon voyage au printemps de l'année fuivante: comme on voit par fa lettre au doge de Venife du vingt-huitiéme de Juillet.

Le long féjour des papes à Avignon sembloit autorifer la non-réfidence des autres évêques ; c'eft pourquoi le pape voulant finir ce fcandale de fa part, fit une conftitution pour le faire ceffer 23. par toute l'églife. Elle ordone à tous les évêques de quelque dignité qu'ils foient, aux abbez reguliers & aux chefs d'Ordre de fe rendre dans deux mois à leurs églifes, & y réfider affidûment exceptant feulement les cardinaux, les légats, les nonces, & les autres officiers nomez par le pape & les quatre patriarches dont les fieges font chez les infideles. Cette conftitution eft du vingtneuviéme de Mars.

XXXVI.

Les Vaudois & d'autres heretiques fe fortiHeretiques foient en Daufiné, & s'étendoient aux provinces poursuivis. Rain. n. 25. voifines, particulierement en Savoïe. A Sufe le B. .15. jour de la Chandeleur ils tuerent un Inquifiteur

Vading.

dans le convent des freres Prêcheurs. Un autre Inquifiteur du même Ordre nomé Antoine Paron, fachant qu'il y avoit nombre d'heretiques dans une paroiffe du diocefe de Turin s'y rendit, & le jour de l'octave de Pâques, après avoir dit la meffe, & prêché contre les heretiques, il fut tué dans la place publique devant l'églife par douze d'entr'eux, qui le percerent de plufieurs coups: Le pape l'ayant apris, écrivit à Amedée comte de Savoye, l'exhortant à faire juftice de ces deux meurtres commis par fes fujets. La let tre eft du vingtiéme de Mars 1375•

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Comme le Daufiné étoit dès-lors au roi de 1375. n. 12. France, le pape lui envoya en qualité de nonce, Antoine évêque de Maffe en Tofcane, accompagué de François Borille frere Mineur, docteur

ii

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