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les églifes de vos diocefes que tous ceux qui auề AN. 1376. ront de ces livres vous les remetent dans un mois; & vous nous les envoïerez pour en faire faire un femblable examen. Cependant vous interdirez à toutes fortes de perfones cette doctrine & l'ufage de ces livres, jufques à ce que le faint fiege en ait autrement ordoné. La bulle eft du vingt-cinquiéme de Janvier 1376.

XXXIX. Bulle contre les Florentins.

cn

Cependant les Florentins fe prétendant mal traitez par les gouverneurs que les papes voïoient en Italie, firent une ligue où ils engaVita p.434. gerent prefque toutes les villes & les places de l'état ecclefiaftique & dont ils prirent pour fignal un érendard où étoit écrit en grandes lettres le mot Latin Libertas. Ainfi ils mirent fur pié une armée pour foûtenir ceux qui entroient volontairement dans la ligne, & y contraindre ceux qui réfiftoient Cet efprit de revolte fe répandit tout d'un coup dans l'état ecclefiaftique : en forte que les oficiers du pape étoient tuez ou chaffez honteufement, les châteaux & les fortereffes étoient abatus, ou ufurpez par d'autres. Boulogne comença le cardinal Noëllet qui y demeuroit comme vicaire general du pape, fut premierement arrêté, puis dépouillé de fes biens,& contraint de fortir. Peu après les citoïens de Perouse traiterent à peu près de même le nouveau cardinal Geraud du Pui.

P. 435.
Rain. 1376.
Bzov. eod.

n. 15.

Sup. liv. xcv. n. 35.

Rain. n.4.

Le pape Gregoire aiant apris cette révolte en fut extrêmement troublé & afflige, & y pourvut autant qu'il étoit en fon pouvoir. Il publia contre les Florentins une grande bulle, où il leur reproche premierement ce qu'ils firent en 1346. pour reftraindre l'exercice de l'Inquifition, puis quelques violences particulieres, entre autres celle qui venoit d'être exercée contre le cardinal Geraud du Pui. Le pape ajoûte : quoi que ces faits fuffent notoires, nous avons commis pour en in

qui

former le cardinal Pierre du titre de faint Laurent en Lucine : c'eft Pierre de Sortenac, nous en a certifié la notorieté : puis, par nos lettres du troifiéme de Fevrier nous avons fait fignifier aux Florentins, c'eft-à-dire à ceux qui ont été chez eux en charge depuis le mois de juin 1375. qu'ils euffent à ceffer leurs entreprises, & à comparoître devant nous dans le dernier jour de Mars, pour voir déclarer qu'ils avoient encouru les peines portées par le droit & par nos conftitutions precedentes.

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Comme ils n'ont point comparu à ce terme nous les avons reputez contumaces, & prononcé contre eux fentence d'excomunication & d'inter.. dit contre la ville & le diocéfe de Florence. Nous avons de plus interdit aux Florentins tout commerce avec les fideles: defendant à qui que ce font de leur porter ni argent, ni blé, ni vin, ni viande, ni laines, ni draps, ni bois ni aucune autre chofe ou marchandife, & de rien acheter ou recevoir d'eux, le tout fous peine d'excomunication des perfones & d'interdit fur les villes & les autres lieux. Nous avons auffi privé les Florentins de tous leurs privileges, de toute jurifdiction, & fuprimé les études de leur univerfité. Enfin nous avons confifqué tous leurs biens, & abandoné leurs perfones à ceux qui s'en faifiront pour les reduire en fervitude. La bulle eft du vingtiéme d'Avril 137 6. qui étoit le dimanche de Quafimodo.

AN. 1376.

Elle produifit quelques effets confiderables: Bzov. p. plufieurs Florentins établis à Avignon & en d'au- 1535tres lieux furent contraints de retourner chez eux après avoir fait de grandes pertes. Ceux qui étoient en Angleterre devinrent ferfs du roi, & Vita p.435 tous leurs biens lui furent aquis. Mais ils ai- Valfing. an. merent mieux le foufrir que de fe foûmettre à la 1376.p.1904 difcretion des Romains, & en general les Floren

tins furent peu touchez des cenfures du pape AN. 1376. & n'en furent que plus animez à foûtenir leur ligue: ils répandirent même de tous côtez des liBelles difamatoires contre l'églife & la perfone du pape.

Vita p. 436.

$193.

P. 447.

X L. Sainte Catherine de Siene.

Boll. 30.

Apri. 10. X'.
P. 359.

p. 873.1.

90.

Il comprit donc qu'on ne pouvoit les reduire qne par la force; & pour cet effet il envoïa en Italie le cardinal Robert de Geneve en qualité de legat à latere avec une grand armée comandée par Jean Agund capitaine des Anglois, & par Jean feigneur de Maleftroit capitaine des Bretons. Quand le legat fut arivé aux provinces de fon gouvernement, il agit vigoureufement pour la confervation de ceux qui étoient demeurez fideles au pape; mais il n'avança rien pour la reduction des rebeles : tant par la dureté de leur cœur que par la malice & la rufe des Florentins & de leurs aliez.

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Les Florentins toutefois voyant le préjudice que les cenfures du pape portoient à leur commerce dans les pays étrangers, temoignerent defirer la paix; & pour l'obtenir ils envoyerent Avignon Catherine de Siene religieufe, qui étoit en grande reputation de fainteté Elle étoit née à Siene même en 1347. & fille d'un teinturier : à l'âge d'environ vingt-ans elle embrafla l'Institut des fœurs de la penitence de faint Dominique, & continua de pratiquer de grandes aufteritez. Elle augmenta fon filence, fes jeûnes & ses veilles; s'apliquanr uniquement & prefque continuellement à l'oraison : mais je ne voi dans l'hi ftoire de fa vie aucune mention de travail des mains, ni d'autre ocupation exterieure, fi ce n'eft le fervice de quelques malades. Or cette vie a été écrite par fon confeffeur Raimond de Capoue frere Prêcheur, & depuis general de l'Ordre.

Il avoue qu'il douta quelque temps d: la verité

es grandes chofes qu'elle lui difoit, comme les aiant aprifes de J. C. même; car elle prétendoit AN. 13764 n'avoir point eu d'autre maître dans la vie fpirituelle. Mais ajoûre-t il, comme javois cette penfée de doute & regardois Catherine, fon vifage fut vû tout à coup transformé en celui d'un home de moïen âge portant une barbe médiocre, d'un regard fi majestueux qu'on voïoit manifeftement que c'étoit le Seigneur. Ce recit eft plus propre à diminuer l'autorité de Raimond qu'à affermir celle de Catherine.

Un jour elle eut une vifion où J. C. lui apa- p. 981. rut accompagné de fa fainte Mere & de plufieurs 15. autres faints, & l'époufa folemnellement,lui mettant au doit un anneau d'or orné de quatre perles & d'un diamant. Après que la vifion eut dif. paru, l'anneau demeura toûjours au doit de Catherine, mais il ne fut visible que pour elle, & jamais aucune autre perfone ne s'en aperçut. Il en eft de même des autres faveurs feinblables p. 894. m qu'elle difoit avoir reçues de J. C. comme quand 163. elle fuça la playe de fon côté : quand il changea p. 898. #. de cœur avec elle; enfin l'impreffion des ftigmates que perfone ne voïoit. Je ne doute pas P. 901. n. qu'elle ne crût de bone foi tout ce qu'elle racon- 161 toit mais une imagination vive, échaufée par les jeûnes & les veilles, pouvoit y avoir grande part, d'autant plus qu'aucune occupation exterieure ne détournoit ces pensées.

180.

Telle étoit Catherine quand les Florentins rép. 956. folurent de l'envoier à Avignon: mais ils y en- 419. voïerent premierement de fa part le pere Raimond de Capoue fon confefleur, pour adoucir la colere du pape. Enfuite ils firent venir Catherine de Siene où elle étoit, jufques auprès de Florence, où les prieurs de la ville, c'eft ainsi qu'ils les nomoient, la vinrent trouver, & la prierent juftament d'aller elle-même vers le pape, & trai

ter leur paix avec lui. Elle alla donc à Avignon, AN. 1376. & y arriva le dix-huitiéme de Juin 1376. Elle y trouva le pere Raimond qui lui fervit d'interprete: car le pape parloit Latin, & elle Italien, c'est-à-dire fon Tofcan vulgaire. La conclufion de l'entretien fut que le pape lui dic: Pour vous montrer que je veux la paix, jela remets simplement entre vos mains, ayez toutefois en recomandation l'honeur de l'églife.

XLI. Vencelas

roi des Romains.

Rain. 176.

72. 13. 14. Lovc.

Vita to. 2.

1.793. &c. f. 1190.) An. Silv. bil.

Bo. C. 33

XLII.

Mais les Florentins n'agiffoient pas de bone foi. Lors qu'ils prierent Catherine d'aller à Avignon, ils lui promirent qu'ils envoïeroient après elle des députez qui ne feroient que ce qu'elle leur preferiroit: mais ils y envoïerent fort tard, & le pape prédit à Catherine qu'ils la tromperoient. En effet quand les deputez furcnt arrivez, ils dirent qu'ils n'avoient aucun ordre de conferer avec elle; & toutefois elle ne laiffa pas de prier le pape de les traiter avec indulgence. Elle l'exhorta auffi d'aller à Rome, comme il fit, & elle retourna en Italie.

Cependant l'empereur Charles IV. voulant faire élire roi des Romains Venceslas fon fils aîné âgé de quinze ans, en écrivit au pare le fixiéme de Mars, reconoiffant qu'il ne le pouvoit fans fa permiffion. Le pape l'accorda, & les électeurs s'affemblerent premierement à Rents on Renfec le jour de la Pentecôte premier de Juin, puis le dixième à Francfort, où ils élurent Venceslas pour roi des Romains. Ils étoient gagnez par argent, & l'empereur Charles leur avoit promis à chacun cent mille florins d'or, pour lesquels ne pouvant les payer comptant, il leur engagea les revenus de l'empire: qui en fut tellement affois bli, qu'il ne s'en releva jamais.

Vers la fin du mois d'Août 1376. vinrent à Voyage du Avignon Luc Savelli avec un autre en qualité d'ambaffadeurs des Romains,pour fuplier le pape

pape.

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