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foufcrite par huit cardinaux; & le même jour A N. 1381. le nouveau roi Charles dona au pape une lettre Rain. n. 3. où il reconoît cette conceffion & en exprime au

21.

Rain. n. 24.

long toutes les conditions, dont la plus finguliere eft celle-ci. Je promets de conferver à François Prignano prince de Capouë & à fes defcendans les donations que vous lui avez faites de la principauté de Capone, du duché d'Amalfi & de plufieurs autres terres qui font exprimées dans la letttre. Ce François Prignano étoit un neveu du pape jeune home fans merite, à qui Charles de la Paix donoit à regret ces ter res qui faifoient une grande partie de fon roïau me mais il ne pouvoit rien refufer au pape en cette ocafion.

Th. Niem. Il marcha enfuite vers Naples dont le peuple 1. fchifm. revolté contre la reine lui ouvrit les portes le feiziéme de Juillet. La reine s'enferma au château de l'Oeuf, & peu après fe rendit à compofition. Otton duc de Brunfvic fon mari fut auffi pris dans un combat ; & Charles de la Paix demeuVita. p. 502. ra maître du roïaume. On trouva dans Naples deux cardinaux de Clement, favoir Jaques de Itro & Leonard de Giffon avec d'autres prelats tant évêques, qu'abbez du même parti. Ils furent aretez & mis en de dures prifons, où ils vécurent dans la pauvreté & la mifere , ayant perdu leurs benefices & leurs autres biens: quelques-uns même y moururent, entre autres le cardinal de Itro que les Clementins regarderent

comme un martyr.

Le vendredi fixiéme de Decembre le pape Ur bain fit trois cardinaux, Landulfe Napolitiin nomé archevêque de Bari, cardinal diacre du titre de faint Nicolas in Carcere. Pierre ou Pertin Thomacelli auffi Nopolitain, protonotaire apoftolique, cardinal diacre du titre de faint Georges-au-voile d'or: qui fut depuis pape fous

le nom de Boniface IX Le troifiéme cardinal fut
Thomas des Urfins de Manupclle Romain, A N. 1381.
Frotonotaire diacre du titre de fainte Marie in
Dominicâ.

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ce fa

v 1.

22. 21.

Cette année mourut Jean Rubroc meux contemplatif dont j'ai déja parlé, étant Fin de Ruf parvenu à la quatre-vingt-huitième année de broc. fa vie; & la foixante-quatrième de fa prêtrife. Sup. xcv, Son aplication continuele à l'oraifun ne l'empê- Vita 6.120 choit pas de travailler quelquefois de fes mains avec les autres chanoines de fa comunauté pour leur doner l'exemple ; & il ne dédaignoit point les travaux les plus bas comme de porter le fumier. Il est vrai que quelquefois il étoit plus à charge au jardinier, qu'il ne le foulagoit, arrachant les bones herbes avec les mauvaises : mais fa prefence fervoit à exciter les freres au travail, pendant lequel il confervoit toûjours l'union interienre avec Dieu. Il difoit la meffe c. 157. tous les jours, & continua jufques à fon extrême vieillefle, finon en cas de maladie ou d'autre empêchement notable. Il mourut le fecond jour c. 16, de Decembre 1381. & laiffa grand nombre d'écrits.

Lib. 1. c. i4i

Le plus celebre eft le traité de l'ornement des MaŊh, xxv, nôces fpiritueles, fondé fur ce paffage de l'E- 9. vangile Voici l'époux qui vient, allez au-devant de lui. Ce que l'auteur aplique aux difercns avenemens de J. C. & aux diferentes manicres dont l'ame chrétiene va à fa rencontre. Voici ce que j'y trouve de remarquable. Parlant de l'obéiffance, il dit qu'elle produit en l'home le renoncement à fa propre volonté : en forte que Dieu prend un plein pouvoir fur lui, & fa volonté cft telement unie à celle de Dieu, qu'il ne peut vouloir ni défirer autre chose. Et c. 25, enfuite: Il faut fe repofer uniquement en Dieu non pas en fes dons, conime la grace, les

vertus & les bones œuvres. Il parle ensuite d'une A N. 1381. ivresse fpirituele qu'il décrit ainfi.

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Elle arive quand un home reçoit plus de goût & de plaisir spirituel que fon cœur n'en peut contenir : & produit en celui qui en eft ataqué des geftes extraordinaires. Les uns chantent des cantiques de loüanges, les autres pleurent de joie & répandent quantité de larmes. D'autres font telement agitez qu'ils ne fe peuvent contenir: ils courent, ils fautent, ils danfent, ils bat tent des mains d'autres témoignent par de grands cris le plaifir qu'ils fentent; quelquesuns enfin tombent en défaillance. Ceux qui fe trouvent en ces états doivent en remercier Dieu, & s'humilier profondement.

:

L'auteur vient enfuite à la parfaite refignation à la volonté de Dieu, & fait dire à fon contemplatif: Seigneur, je fuis tout à vous; s'il peut fervir à vôtre gloire, j'aimcrois autant être plongé dans l'enfer qu'être reçu dans le ciel. Ceft affurement pouffer trop loin la réfignation. En parlant de la comunion & des fentimens qui doivent la préceder & l'acompagner, il dit: En cet exercice l'amour fenfible, la come paffion & la confideration attentives des plaies de J. C. aidée de l'imagination, peut-être fi vive que l'home fpirituel croïe en fentir la douleur, non-feulement dans fon cœur, mais dans fes membres de forte que files ftigmates devoient être imprimées à quelqu'un, perfone n'y feroit mieux difpofé. Voilà prefque une methode pour fe doner les ftigmates.

Après avoir parlé de la rencontre de l'époux avec l'ame, & de l'union de l'efprit de l'home avec celui de Dieu, Rufbroc raporte les illufions des faux miftiques de fon temps, & dit: Comme tous les homes cherchent naturelement le repos, ceux qui ne font pas éclairez & toy

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chez de Dieu, ne cherchent qu'un repos naturel fous prétexte de contemplation: Ils demcu- AN. 1382. tent affis entierement oififs, fans aucune occupation interieure ou exterieure. Mais ce mauvais repos produit en l'home l'ignorance & l'aveuglement, puis la pareffe par laquelle il fe contente de lui-même oubliant Dieu & toute autre chose. On ne peut trouver Dieu dans ce repos naturel, où peuvent ariver les infideles & les plus grands pêcheurs, s'ils étoufent les remors de leurs confciences & fe delivrent de toutes les images & de toute forte d'action. Au contraire cette mauvaife quiétude produit la complaifance en foi-même & l'orgiieil fource de tous les autres vices, Ces faux fpirituels n'ont aucun defir ni exercice de vertu ils ne loüent ni ne remercient Dieu, ils croient avoir obte nu tout ce que l'églife demande par fon culte exterieur. Cette peinture reffemble fort aux mauvais quieftites de nôtre tems.

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Angleterre,

En Angleterre un prêtre nomé Jean Balle ou VII. Vallée difciple de Viclef prêchoit depuis plus Revolte des de vingt ans allant de village en village, & payfans en affemblant le peuple les dimanches à l'iffue de Th. Valfing. la meffe. Il leur tenoit des difcours qu'il favoit p. 275. être agreable au petit peuple, médifant des Froiff. vol. ecclefiaftiques & des feigneurs temporels. Car 2. c. 74. il difoit qu'il ne faloit point doner de dîmes ni d'oblations, fi celui qui les done, n'eft plus riche que celui qui les reçoit; ou fi le paroiffien eft de meilleures mœurs que le curé. Selon lui perfone n'étoit propre au roïaume de Dieu s'il 'étoit né en légitime mariage. Il enfeignoit plufieurs autres erreurs tirées de la doctrine de Viclef. Des évêque l'aïant empêché de prêcher dans les églifes de leurs diocefes, il prêchoit dans les rues & les places publiques, ou à la campagne, & il avoit toûjours un grand nom

bre d'auditeurs de la populace. Comme il ne AN. 1382. ceffoit point, quoiqu'il eut été excomunié, il fut mis en prifon par ordre de l'archevêque de Cantorberi, mais il fe vantoit qu'il en feroit tiré par vingt-nulle de fes amis. L'archevêque faifoit confeience de le faire mourir: ainfi après deux ou trois mois de prifon, il le délivroit; car il le fit arêter plufieurs fois mais fi-tôt que Jean Vallée étoit hors de la prifon de l'archevêque, il recomençoit à prêcher comme avant.

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Un jour il prit pour texte de fon fermon un proverbe Anglois qui porte: Quand Adam labouroit & qu'Eve filoit, qui étoit le plus noble? Sur ce fondement il prétendoit prouver que tous les homes ont été créez égaux, & que la fervitude a été introduite par l'opreffion injufte des méchans contre la volonté de Dieu. Çar, ajoûtoit-il, s'il avoit plû à Dieu de créer des ferfs, il auroit établi dès le comencement du monde qui devoit être le ferf & le feigneur. C'est à prefent le tems où vous pouvez, fi vous voulez fecoüer le joug de la ferviteude. Soyez donc gens de cœur, & ne perdez pas l'occafion : défaitesvous premierement des plus grands feigneurs du royaume, enfuite des jufticiers & des autres juges, enfin de tous ceux qui peuvent nuire à la comunauté : délivrez - en le pays. afin que vous puiffiez vivre en paix & en fûreté:ainfi vous ferez tous égaux en liberté, en noblesse & en puiffance.

Ces difcours fpecieux flatoient agreablement un peuple grofficr; & dont les feigneurs abufoient fouvent de leur pouvoir: mais au fond les maximes de ce prêtre ignorant tendoient au renversement de la focieté civile. Il eft faux même que la fervitude foit contraire à la volonté de Dieu. Sans en chercher l'origine, il eft certain qu'elle eft autorisée par la loi & par l'évangile. L'ancienne

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