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quitez me feroient beaucoup de mal, s'ils me AN. 1387. pouvoient prendre. Il remercioit enfuite le pape Urbain de l'avoir mis en liberté & en état de fe retirer des mains de fes ennemis. Et voilà l'ufage qu'il faifoit de la qualité de chapelain du pape.

Valfing. p.

340

XLI.

Mort de Viclef.

Il étoit principalement foûtenu par les gentishomes que l'on nomoit chaperonez, parce qu'ils n'ôtoient leurs chaperons à perfone, pas même devant le faint Sacrement C'étoient les grands défenfeurs des Viclefistes. Un d'entr'eux nomé Jean de Montaigu fit ôter de fa chapelle toutes les images que fes ancêtres y avoient dreffées, & les mit dans les lieux cachez, confervant feulement celle de fainte Catherine. Un autre nomé Laurent de faint Martin ayant comunié la veille de Pâques retira l'hoftie de fa bouche, & la tenant à fa main la porta chez lui, nonobftant les remontrances du prêtre qui le fuivoit. Enfin il la mangea partie avec des huitres, partie avec de l'oignon difant qu'elle ne valoit pas mieux que le pain qu'il avoit dans fa maifon. Le chapelain de Jean de Montaigu étant prêt de mourir, & fe repentant de fon erreur, demanda un prêtre pour fe confeffer: mais ceux de fa fecte lui dirent: La confeffion exterieure

est inutile, confeffe-toi à Dieu qui a plus grand pouvoir de lier & de délier que les prêtres. Ainfi quoi qu'il pût dire il mourut fans fa

cremens.

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Depuis deux ans Jean Viclef auteur de tous ces défordres étoit tombé en apoplexie. Le jour de faint Thomas de Cantorberi vingt-neuvième Valfing. p. de Decembre 13 8 5. comme il prêchoit dans fa paroiffe de Luttervorh la bouche lui tourna, il gend. p. 35. perdit la parole, fa tête devint tremblante; & après avoir encore vêcu deux ans, il mourut le dernier jour de l'année 1387. fête de faint Sil

32.2. 539. Cave ap

veftre. Ce que plufieurs prirent pour une puni

tion divine, parce qu'il avoit fouvent declamé AN. 1387. contre ces deux Saints, faint Silveftre & faint Cavep. 36. Thomas. Viclef laiffa un très-grand nombre d'écrits tant en Latin qu'en Anglois. Quelques-uns font imprimez, la plupart font demeurez manufcrits dans les biblioteques d'Angleterre. Voici les plus importatans.

Une version Angloife de toute la fainte écriture compofée fur la vulgate Latine en 1383. fur quoi Knigton auteur du temps parle ainfi : Par ce moien l'écriture devient vulgaire & plus p. 2644. claire aux laïques & aux femmes qui favent lire, qu'elle ne l'eft d'ordinaire aux clercs les plus letrez; & aiufi la perle de l'évangile eft jetée & foulée aux piez par les pourceaux, & deviant le jouet du peuple Le principal ouvrage Latin de Viclef eft le dialogue nomé Trialogue fuivant l'ignorance du tems, parce qu'il y fait parler trois perfonages, la Verité, le Menfonge & la Prudence. C'est comme un corps de theologie qui contient tout le venin de fa doctrine.

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En voici la fubftance. Tout arive par neceffi- Boff. Var. té, tous les péchez font neceffaires, & inévita- liv. xi. bles. Dieu ne pouvoit empêcher le péché du Lib. 1. e. premier home, ni le pardoner fans la fatisfa- 7. 8.23.27. tion de J. C. mais auffi il étoit impoffible que Lib. 1. c. 10. le fils de Dieu ne s'incarnât, ne fatisfit, ne mourut pas Dicu pouvoit bien faire autrement s'il cût voulu, mais il ne pouvoit vouloir autrement. Le péché de l'home étant venu de feduction & d'ignorance, il a falu par neceffité que la fageffe divine s'incarnât pour le réparer. J. C. ne pouvoit fauver les démons, parce que leur péché étant contre le faint Efprit, il eut falu que le faint Efprit fe fût incarné, ce qui eft impoflible. Rien n'eft poffible à Dieu que ce qui arive actuelement la puiffance qu'on lui atribue pour

:

les chofes qui n'arivent point eft une illufion AN. 1387. Quand J. C. dit qu'il pouvoit demander à fon pere douze légions d'anges: il faut entendre qu'il le pouvoit, s'il l'eut voulu, mais qu'il ne pouvoit le vouloir. Dieu ne laiffe pas d'être libre comme il l'eft à produire fon verbe, quoi qu'il le produife neceffairement:mais la liberté de contradiction pour pouvoir faire ou ne pas faire,eft une chimere introduite par les docteurs. Tel eft le fonds de la doctrine de Viclef, neceffité abfoluë en toutes chofes.

XLII.

L'année fuivante 1388. le pape Urbain étant Progrés averti que les Mores de la côté d'Afrique faifoient des Turcs. des courfes frequentes par mer fur les Siciliens & Rain. 1388. les autres Chrétiens écrivit à Maffiole archevê

1. 2.

Ughell. to deux galeres contre les Turcs

5. 1352.

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que de Meffine de faire prêcher contre eux la Croifade avec l'indulgence de la Terie - fainte dans les églifes de Sicile. La lettre est datée de Peroufe le dix-huitiéme d'Avril 1388. Le même jour Urbain écrivit une lettre femblable à Ange Corrario évêque de Caftello ou de Venife, & depuis pape, où il dit, qu'il a refolu d'armer qui faifoient des conquêtes fur les Chrétiens en Romanie & dans les pais voifins ; & pour exciter les fideles à leur refifter, il promet pour cette guerre dulgence de la Terre-fainte. En cette lettre le pape nome les Turcs Phrygiens, parce qu'ils étoient établis en Natolie, & les confond avec les anciens Troïens ou Teucriens:tant étoit grande l'ignorance de l'hiftoire.

l'in

Le fültan des Turcs refidant à Burfe en Bithynie étoit alors Mourad ou Amurat-beg furnomé Sup. liv. Algazi, c'eft-à-dire le conquerant. Il fucceda XCIV. n. 28. à fon fon pere Ourchan en 761. de l'Hégire 1359. Potoc. fupl. de J. C. Amurat avoit alors trente-quatre ans & en regna trente & un, pendant lefquels il prit 624. plufieurs places fur les Grecs, entre autres An

P. 44.

Bibl. or. p.

dinople en 136 e. C'étoit le troifiéme des fultans Ottomans. Il mourut cette année 1388. de AN. 1387. PHégire 791. étant tue par un transfuge Chrétien de Servic qui feignoit de lui vouloir baifer la

main.

XLIII.

à Rome.

Th. Niem

c. 69.

Le pape Urbain prétendoit toûjours que le roïaume de Naples n'apartenoit qu'à lui feul : & Urbain VI. ne comptoit pour rois, ni Louis d'Anjou, ni Ladiflas. Voulant donc s'y acheminer, il partit de Peroufe vers la mi-Août avec une armée pour aller à Narni: mais il n'étoit qu'à dix mille de Peroufe quand le mulet qu'il montoit, fit un faux pas, & tomba rudement à terre avec le pape qui fe trouva bleffé en plufieurs endroits, en forte qu'il ne pouvoit plus aller à cheval. Il ne voulut pas toutefois retourner à Perouse, mais il fe fit porter à Tivoli au-delà de Rome. Comme il Y fut arrivé près d'un pont, & Y vouloit paffer la nuit, plufieurs Romains le vinrent trouver, le priant inftament de revenir à fon fiége: mas voïant qu'ils n'y gagnoient rien, ils s'en allerent. Le pape paffa outre, & fe fit ter par la Campanic jufques à Ferentine. Mais comme l'argent lui manquoit pour païer fes troupes & que l'hyver aprochoit : il lui falut bon-gré-malgré revenir à Rome où peu de gens vinrent au-devant de lui, & il y fut reçu avec pcu d'honeur. Il y entra au comencement d'Octobre.

y

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por

de

Tom. XI

conc. p.
2068.

En mêine-tems Pierre de Lune cardinal légat XLIV. en Espagne pour le pape Clement, tint un con- Concile de cile à Palencia en Caftille dans l'églife des freres Palencia. Mineurs. Le roi Jean I. étoit préfent; il s'y trouva trois archevêques, ceux de Tolede, Compoftele & de Seville & vingt-cinq évêques. On y publia fept canons, en deux defquels on recomanda l'obfervation du concile de Valladolid Sup. liv. tenu en 1322. Les canons du concile de Palencia

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fe réduifent à ce qui fuit. Exhortation aux évêAN. 1388. ques & aux autres juges ecclefiaftiques à coriger c. 2. 7. fes clercs felon les canons. Renouvelement des

c. 5. 6.

XLV.

4. p. 621.

Vita PP. t. 3. p. 597.

peines contre les clercs concubinaires & contre les adulteres mais fans prendre de précautions pour prévenir ces crimes. Défenfe d'aliener les biens de l'églife ou les charger de redevance. Reglement de police pour les Juifs ou les Moreslogez avec les Chrétiens particulierement pour Fobfervation des fêtes. Ces canons furent publiez le quatrième d'Octobre 1 3 8 8.

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On continuoit à Avignon les pourfuites conJean de tre frere Jean de Montfon; & pour informer le Montfon, public de toute l'afaire, l'univerfité de Paris condamné. écrivit une lettre circulaire datée du quatorzićDuloulai to. me Fevrier 1-3 8 7. c'est-à-dire 1 ; 8.8. avant Pâques. Le pape Clement dona pour commiffaires trois cardinaux Gui de Malesec évêque de Paleftrine, & deux prêtres Leonard Giffon du titre de faint Sixte, & Amelin de Lautrec du titre de faint Eufebe. Aprés plufieurs propofitions & requifitions de la part de l'univerfité, le cardinal d'Embrun défendit à Jean de Montfon de part du pape fous peine de fe rendre convaincu des cas dont il étoit queftion, de s'abfenter de la cour de Rome, c'eft-à-dire d'Avignon: jufqu'à la décifion du procès.

la

Enfuite le pape étant averti que Jean de Montfon n'avoit pas laiffé de fe retirer, ordona aux cardinaux commiffaires de proceder contre lui, nonobftant les vacations du mois d'Août où l'on étoit alors, En confequence de quoi les commif. 1000. faires envoïerent à l'auberge où frere Jean avoit long-tems demeuré dans Avignon ; & l'hotefle declara qu'il y avoit logé plus de trois mois, & s'en étoit retiré le troifiéme d'Août dernier. Alors les commiffaires le firent citer par afiches à la porte de la grande églife d'Avignon & de celle

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