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lement l'é xecution de cette anciene ordonance; AN. 1390. & que fi quelqu'uu y contrevenoit en acceptant quelque benefice Outre-mer, j'entens en cour de Rome, il demeureroit exilé & bani à perpetuité, & fes terres acquifes au roi par forfaitu& encourroit la même peine dans les fept fcmaines après fon retour en Angleterre. Enfin ce ftatut portoit défense à toute persone & au roi même, d'envoyer en cour de Rome pour obtenir

8. 17.

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aucune grace au contraire.

Le pape déclare qu'il eft fenfiblement afligé de. cette ordonance, & ajoûte : Il est plus clair que le jour que les laïques quelques pieux qu'ils foient, n'ont aucun pouvoir de difpofer des biens ecclefiaftiques; & quand même ils ordonent quelque chofe en faveur de l'églife & a fon avantage, il n'eft d'aucune valeur: une telle conftitution eft reputée par les peres deftruction & ufurpation de la jurifdiction d'autrui.

Le pape Boniface eût eu peine à montrer de teles maximes dans les peres de l'églife; & les loix des empereurs Chrétiens le dementent expreffément. Il conclut en déclarant nules les ordonances dont il s'agit,tant celles du roi Richard que des deux Edouards, comme notoirement contraires à la liberté ecclefiaftique & à l'églife Romaine; & ordone à tous ceux qui fe font emparez de quelques benefices fous prétexte de ces ordenances, de les quiter dans deux mois avec reftitution de fruits. La bulle eft du quatrième de Février 139 1.

Soit qu'elle ne fut pas encore arivée en Angleterre, ou qu'on n'y eût point d'égard, le roi Richard fit en ce tems-là faire une proclamation à Londres portant que tous les beneficiers qui étoient en cour de Rome revinffent en Angleterre vers la faint Nicolas, c'eft-à-dire au comenceinent de Dece m brc fous peine de perdre tous leurs

bénéfices; & que ceux qui n'en avoient pas encore, revinffent aufli fous peine de fortaiture. AN. 1391 Les Anglois frapez de cette nouvele comme d'un tonere, abandonerent la cour de Rome, & s'enfuirent chez eux. Le pape fut alarme fui-même, & envoya en diligence un nonce en Angleterre, favoir Nicolas abbé de Nonantule, qu'il recomanda aux évêques du païs par une lettre du quatorziéme d'Avril. Le pape voyoit combien il lui importoit de menager le roi d'An gleterre qui étoit le principal apui de fon obé dience: car on ne pouvoit faire aucun fonds fur f'empereur Venceslas, plongé dans la pareffe & la crapule. Boniface envoya donc un nonce reconoître l'état des chofes en Angleterre, & les caufes de ce ftatuit du dernier parlement.

345

Le nonce étant arivé près du roi Richard lui fit de grands complimens de la part du pape qui toutefois aboutirent à demander toûjours la revocation de l'ordonance du dernier parlement contraire à la liberté ecclefiaftique. Conime fi ç'eût été un article effentiel de cette liberté que le pape donât à Rome les benefices d'Angleterre au préjudice des évêques & des patrons. Le non- Valfing. p. ce ajoûta Je vous done avis de la du part pape que le roi de France & l'antipape ont fait un traité par lequel le roi doit chaffer de force le duc de Bourgogne (il faut entendre le duc d'Anjou) & inveftir le duc de Touraine de toutes les terres de l'églife en Italie; & il a promis de couroner un certain autre roi de Tofcane & de Lombardie; & d afermir le duc d'Anjou dans le royaume de Sicile. C'eft pourquoi le page vous exhorte & vous prie de prendre la défense de la foi & de l'églife.

Il vous reprefente auffi les périls où vous seriez expofé fi l'antipape & le roi de France prenoient le dessus; & combien les papes François

ont tâché d'abaiffer les droits du roiaume d'An

AN. 1391. gleterre. Si les François ufurpoient l'empire, ils étendroient leur puiffance par tout le monde. C'est dans cette vue qu'ils traiteront avec vous & pour ufurper enfin l'Angleterre. C'est pourquoi le pape vous confeille, atendu qu'ils font fchifmatiques, de ne comuniquer avec eux pour aucune autre chofe que pour les réduire à l'obéiffance de l'églife. En cas que vous traitiez de paix avec eux, le pape vous prie de ne convenir de rien qu'à condition que le roi de France n'envoïera point de troupes en Italie, & ne se melera point des afaires de ce païs-là, ni de celles de l'églife Romaine, ou de l'empire, & ne favosifera point l'antipape de ce côté-là. Le roi Richard aiant oui ces difcours du nonce réfolut d'y avoir égard autant qu'il feroit convenable; & lui dit d'atendre jufqu'au prochain parlement; à quoi le nonce confentit volontiers aiant déja fenti la liberalité des Anglois.

Gabel. c.

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PIX. Après que l'année du Jubilé felon la conftituJubilé en tion d'Ubain VI. fut paffée, c'eft-à dire cette Alemagne. année 13.9 1. le pape Boniface acorda à la ville de Cologne une année d'indulgence fous la même forme que celle de Rome, en forte que les habitans de Cologne ou ceux qui y viendroient pendant le cours de cette année gagneroient l'indul gence pleniere en vifitant certaines églifes & y faifant leurs ofrandes. On voit ici le comencement de la difpenfe d'aller à Rome pour gagner le Jubilé. L'année fuivante Boniface acorda la même indulgence à la ville de Magdebourg; & à chacune de ces deux villes il envoïa un colle teur qui reçut une certaine partie des ofrandes. Enfuite il acorda de pareilles indulgences à quelques villes d'Alemagne pour certains mois, d'ou vint à Meiffen & à Prague un grand concours.de peuple,

Boniface acorda enfuite à plufieurs lieux d'Alemagne, que ceux qui y vifiteroient certaines AN. 1391. églifes gagneroient des indulgences femblables à celles qui avoient été autrefois accordées à tel ou tel lieu exprimé dans la conceffion. Enfin ce pape devint fi prodigue d'indulgences, qu'il n'en refufoit à perfone, mais en payant : ce qui les faifoit tourner à mépris.

Cependant Boniface publia une lettre adreffée Spicil. to.. à tous les fideles, où il déclame contre le fchif- 49. me, & allegue pour preuves de fon bon droit les revelations de frere Pierre infant d'Aragon & de fainte Brigide,& rejette avec indignation la propofition d'un concile. Enfin toute la lettre tend à faire abandoner & détefter le pape d'Avignon. Elle eft du premier jour de Mars 1391. La miême année le pape Boniface canonifa la même fainte Brigide de Suede par bulle du fixiéme d'O- Sup. W tobre metant fa fête au vingt-troifiéme de Juil- xcv.. let jour de fa mort mais depuis elle a été trans- 17. 28. fcrée au huitiéme d'Octobre.

A Londres le vendredi dixiéme de Novembre Valfing, p. comença un parlement, où l'on traita l'affaire du 345. pape: c'eft-à-dire de fes plaintes contre l'ordonance du parlement de Janvier. Le roi & le due de Lancastre son oncle fembloient defferer au pape, mais les feigneurs ne voulurent en aucune maniere confentir que ceux qui alloient à Rome puffent y obtenir des benefices impunément, comme auparavant, toutefois pour ne paroître pas ne rien accorder au pape ou au roi, ils tolere rent que par la permiffion du roi on pût impetrer ainfi des benefices jufqu'au prochain pare

ment.

EX.

guerre de

Le parti de Loüis d'Anjou étoit toûjours le plus fort dans le roiaume de Naples & le dixié- Suite de la me d'Avril 1392. il remporta un avantage conLiderable fur le parti de Ladiflas que le pape BoR.iiij

Naples.

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niface foûtenoit à grands frais. C'est pourquoi AN. 1390. voyant fes finances épuifées, il vendit quelques Rain. 1392. terres de l'églife, puis il ordona que l'on payeroit

71.

Pign.

Labour liv.

12. c. 6.

J. Juven.
P. 94.
Du bonlai
1. 680.

1XI. Privileges du clergé attaquez. Labour.

XII. c. 2.

à la chambre apoftolique une demie annate de tous les benefices conferez par le faint fiege, c'eft-à-dire la moitié des fruits de la premiere année.

La même guerre fut une ocafion au pape Clement d'impofer une décine fur le clergé de France: nonobftant la parole qu'il avoit donée au roi Charles VI. de foulager le clergé. La reine Marie mere de Louis I I. roi de Naples reprefenta au pape Clement qu'en couronant fon fils, il ne lui avoit doné qu'une conquête à faire & une guerre dont il ne pouvoit fuporter le dépenfe, & le pape embraffa volontiers cette ocafion d'augmenter fes revenus. Il impofa donc une décime fur tout le clergé de France, fans en excepter perfone, ainfi l'univerfité s'y trouva comprife. Le recteur en porta fes plaintes au roi, qui les reçat & promit d'écrire au pape en tels termes que l'univerfité défireroit. La plupart des évêques ayant réfolu de ne point payer cette décime s'affemblerent pour ce fujer, & conclurent que s'ils étoient preffez par les collecteurs du pape, ils apeleroient au pape mieux informé : ils firent & envoierent exprès des notaires à Avignon, qui aficherent fecretement l'acte d'apel aux por tes du palais du pape mais le tout inutilement & la décime fut payée.

La méme année les privileges du clergé furent attaquez par les trois perfones qui avoient le plus de crédit auprès du roi, favoir le conêtable Olivier de Cliffon, Bureau de la Riviere & Jean le Mercier feigneur de Noviant. On difoit publiquement dans les confeils que l'empereur Conftantin n'avoit pû ceder à faint Silvestre la feigneurie temporele de Rome: ou trouvois

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