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des ecclefiaftiques. Je fai encore que l'aumônier AN. 1394. du roi ne leur cft pas agreable, parce qu ils croient qu'il a été le principal confeil de l'univer fité en ce qu'elle a fait. Il fufira donc d'y envoyer un chevalier & un fecretaire avec le maréchal de Sancerre qui demeure près d'Avignon. Tout le confeil fut de cet avis.

III.

Le roi choifit donc pour envoyer à Avignon Conclave à Renaud de Roie le maréchal de Boucicaut, & Avignon. fit partir devant un courier chargé d'une lettre où il prioit les cardinaux de differer l'élection Spicil. p.63. jufqu'à l'arrivée de fes envoyez. Mais quand le

1. 6.

64.

Vita PP.

P. 567.

courier arriva ils étoient entrez au conclave dès le famedi au fair vingt-fixiéme de Septembre, feulement il n'étoit pas encore fermé. Le courier préfenta la lettre du roi au cardinal de Florence doyen du colege. Les cardinaux jugerent bien.ce qu'elle contenoit ; & pour ne paroître pas méprifer la priere du roi ils fe réfolurent tout d'une voix de n'ouvrir la lettre qu'après qu'ils auroient élû un pape. Or voici comme ils y procederent.

Ce

Premierement pour pouvoir dire qu'ils n'éRain. 1394 toient point fauteurs du fchifme, ils drefferent un acte, où ils difoient en substance: Nous prometons & jurons que nous travaillerons de bonne foi à finir le fchifme qui regne maintenant dans l'églife, & donerons pour cet effet aide & confeil au pape futur, fans faire rien au contraire. que chacun de nous obfervera, quand même il feroit élevé au pontificat: jufqu'à ceder cette dignité, fi les carninaux jugent qu'il foit dient pour l'union de l'églife. Les cardinaux foufcrivirent cet acte en jurerent l'obfervation fur les évangiles dans le conclave devant l'autel ou l'on celebroit la meffe comune. Ceux qui foufcrivirent éroient au nombre de dix-huit, dont le premier étoit Gui de Maloëffe évêque de Palestri

expe

ne

ne, dit le cardinal de Poitiers & Pierre de Lune étoit le feizième, il y en avoit trois autres prefens AN. 1394 qui ne foufcrivirent point, favoir le cardinal de Florence doyen,le cardinal d'Aigrefeuille & celui de faint Martial Hugues du titre de fainte Marie au Portique. Deux étoient abfens d'Avignon. Jaques évêque de Sabine de la maison royale d'Aragon & jean de Neuf-chatel évêque d'Oftie: c'étoit en tout vingt-trois cardinaux de l'obédience de Clement VII.

IV. Benoit XIII. pape Vita p.

566.

Le lundi vingt-huitiéme de Septembre veille de la faint Michel les cardinaux prefens élurent pape tout d'une voix Pierre de Lune; puis à l'heure du dîner ils fortirent du conclave & menerent le nouveau pape à l'églife cathedrale d'Avignon, où il prit le nom de Benoît XIII. & le garda pendant trente ans. Il y en avoit dixneuf qu'il étoit cardinal, l'ayant été fait par Gregoire XI. en 1375. on le nomoit le cardinal Sup. liv. d'Aragon. A la mort de Gregoire il fut eftimé xcvi. n. 17ễ digne de remplir le faint fiege à caufe de fes bo- 1182. nes mœurs, quoi que fort jeune. Il fut de ceux vita p. qui élurent Urbain VI. & témoigna d'abord 1186. &c! étre perfuadé de la validité de fon élection : mais il n'affifta que malgré lui à l'intronifation & fit ce qu'il put pour s'en exemter. Il fut toutefois le dernier qui fortit de Rome & vint à Anagni où il élut Clement VII. avec les auties, & lui demeura toûjours ataché.

Vita p.

Clement l'envoya légat en Aragon & en Cafille, & il demeura plufieurs années en Efpagne travaillant à étendre autant qu'il pouvoit l'obe- Th. Niem. dience d'Avignon, mais fans négliger fes inté- II. c. 33. rêts particuliers: de forte qu'il y amalla beaucoup d'argent. Il ne laifoit pas de blâmer fouvent le pape Clement du peu de foin qu'il prenoit de réünir l'églife; & il en parloit ainfi aux rois, aux princes, aux prélats, au peuple même en prêTome XX.

$

chant publiquement. En fa legation de France AN. 1394. il faifoit toûjours entendre au roi & à l'université de Paris, que fi jamais il fuccedoit à Clement, il vouloit à quelque prix que ce fût réunir toute l'églife, témoignant le défirer ardemment, c'est ce qui fit que les cardinaux d'Avignon croïant qu'il parloit fincerement, fe prefferent fi fort de l'élire pape, car ils ne furent dans le conclave qu'un jour, favoir le dimanche.

Spicil. p.

18.

de

Quand l'université de Paris eut apris l'élection du pape Benoît elle lui écrivit une lettre ou Rain. n. 7° elle dit : Nous avons prié les cardinaux de diffe rer un peu l'élection, efperant que ce feroit un moyen de faciliter l'extinction du fchifme: mais quand nous avons fu certainement qu'ils s'étoient tous accordez à vous élire, nous avons été comblez de joye, efperant que le defir ardent que vous avez eu jufqu'ici dans le cœur, la réunion de l'églife, & que vous avez encore, comme nous l'aprenons & le croyons, fe produira enfin au dehors en une occafion si favorable.Ils l'exhortent enfuite par les motifs les plus preffans à ne pas differer un jour, & ajoûtent : Vous direz peut-être La chofe ne dépend pas de moi feul. Croyez nous, faint pere, la paix de l'églife eft en vôtre pouvoir: nous ne vous deman dons que d'acomplir fidelement ce qui dépend de vous. Si vôtre adverfaire en fait autant, la chofe fera finie: s'il s'opiniâtre à rejeter toute voye d'union, tout le monde le condamnera & s'acordera à le pourfuivre comme un malheureux fchifmatique, & le chaffer du fiege qu'il a ufurpé. La lettre eft du neuviéme d'Octobre 1394.

Spicil, p.

48.

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Avant

le que pape Benoît reçut cette lettre, il en écrivit une à l'univerfité,pour lui doner part de fon élection, où après en avoir raconté la maniere, il ajoûte: Comme nous conoiffons par une longue experience de diverfes legations

la grandeur du fardeau, principalement dans le tems de ce malheureux fchifme: nous avons reprefenté nôtre infufifance & nôtre foibleffe, & demandé plufieurs fois inftament d'être déchargé; & n'ayant pû l'obtenir, nous nous fomes enfin foûmis avec confiance en la mifericorde de Dieu. La fuite fera voir la fauffeté & l'hypocrifie de cette proteftation, qui depuis quelques fiécles avoit prefque paffé en ftile La lettre eft du onziéme d'Octobre.

AN. 1394

Mais après que Benoît eut reçû la lettre de Spicil. pă Puniverfité il lui en écrivit une feconde en date 7. 123 du douzième de Novembre, où il témoigne toùjours le même défir de l'union, & ajoûte : Nous avons fait favoir nôtre intention fur ce fujet aux rois & aux princes catholiques par divers nonces, particulierement à nôtre cher fils le roi de France & aux princes de fa maifon, par Gilles évêque d'Avignon & Pierre de Blaic docteur en decret, qui vous l'auront fait conoître. L'évéque d'Avignon étoit Gilles de Bellemere fameux do&eur de droit qui fut premierement archidiacre d'Angers, évêque de Lavaur, enfuite du Pui, & enfin d'Avignon en 139 0.

Etant arivé à Paris il rendit à l'univerfité la Gall. Chie lettre du pape, & lui déclara que fi elle vouloit nova p. envoyer au pape un rôle des benefices qu'elle de- 816. mandoit, il le figncroit volontiers. L'univerfité Sp. p. 78 q envoya en effet à Avignon un rôle dreffé par un confeil de docteur & du recteur. Gilles de Bellemere vit auffi le roi Charles & l'exhorta à s'apliquer à l'union de l'églife: c'eft pourquoi le roi envoïa à Avignon Pierre d'Ailli docteur en theologie & fon aumônier,pour avoir une conférence fecrete avec le pape.

Boniface de fon côté ne faifoit autre démar- Rain. 13947 che vers l'union que de ramener s'il eût pû tout #. 15. le monde à fon obedience. C'eft pourquoi ayanr

Seu avis qu'en France, en Provence, en Piémont AN.1394, & en d'autres provinces quelques perfones qui

Concile de

Paris.

Spicil. p.

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p. 2.511. J. Juven. p.so. 108.

avoient reconu Clement VII. pour pape vouloient revenir à l'obedience de Rome, il dona pouvoir à Pierre patriarche de Grade qu'il envoioit à la cour de France de les abfoudre de toutes les cenfures qu'ils avoient encourues, après avoir reçû leur abjuration fuivant la formule qu'il lui en done. La commiffion eft du dix-feptiéme d'Octobre 1 3 9 4. Dès le mois d'Avril Boniface avoit envoyé en Espagne avec une pareille tommiffion François Hugacion archevêque de Bourdeaux Italien natif d Urbain, Jurifconfulte fameux mais fa legation n'eut pas plus d'effet que celle du patriarche de Grade; & les Efpagnols comme les François demeurerent atachez à l'obedience de Benoît, ou plutôt de celui qui feroit élu pape à la place des deux contendans.

En France le roi Charles & fon confeil voiant que le tems fe paffoit inutilement en députations & en ambaffades, convoqua une grande aflemblée à Paris pour le jour de la Chandeleur fecond de Février 1395. & le palais fut marqué pour To. XI. conc. le lieu des conferences. Plus de cent cinquante prélats étoient mandez à cette affemblée, mais plufieurs s'excuferent fur leur grand âge, leur infirmité ou leur pauvreté. De ceux qui vinrent les plus remarquables font: deux patriarches, Simon de Cramaud d'Alexandrie adminiftrateur de l'évêché de Carcaffone, & N. de Jerufalem adminiftrateur de l'églife de faint Pons; Sept archevêques de Lion, Sens, Reims, Rouen, Tours, Bourges & Befançon : quarante-six évêques, neuf abbez, quelques doyens & grand nombre de docteurs, qui font tous nomez.

Avant que le concile començât tous les prélats élurent pour préfider le patriarche Simon de Cramaud fameux docteur en decret, fubtil & élo

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